41. Retour à Saint-Vaast (partie 2/2)
Finalement le clapotis ininterrompu a fini par me bercer d’un étrange rêve où l’un des jumeaux était nu, menotté aux chevilles comme aux poignets, les bras tendus au-dessus de la tête. Je me lovais contre lui, le couvrais de caresses.
Le jour se lève sans que ne cesse la pluie. Je m’assois sur le lit et observe mon voisin au torse imberbe. La cicatrice à l’œil m’indique qu’il s’agit d’Urbain. La peau pâle tranche avec le teint hâlé de son visage. Les petits mamelons roses sont dessinés nettement et le nombril duquel part une ligne de duvet, monte lentement au rythme de sa respiration. J’ignore pourquoi il était entravé dans mon rêve, mais il est certain que me blottir contre lui serait agréable. Mieux : contre les deux en même temps. La promiscuité me laisse avec des envies déraisonnables. Sitôt arrivée au Païen, je saisirai le bel ébéniste par la main, et l’emmènerai dans ma chambre.
Jésus crie brutalement, réveillant les jumeaux.
— Oh ! grommèle Daniel. Ça va ?
— J’ai juste fait un affreux cauchemar.
Je m’assois sur le lit, enfile mes socquettes et mes bottes. Urbain commence à enrouler son tapis en encourageant son frère et Jésus :
— Allez, il ne faut pas manquer le train.
— Tu pourrais mettre ta chemise avant, lui fait remarquer Daniel.
— Je vous attends en bas, annoncé-je.
La chemise boutonnée, le corset resserré, je coiffe mon chapeau, puis emporte mon paquetage. Cela les laissera libre pour une petite toilette, il y en a au moins un des trois qui doit en avoir besoin.
Mes trois compères me rejoignent rapidement pour le petit-déjeuner. Œufs, saucisses grillées et café. Au dehors de l’hôtel, la pluie ne cesse, martelant nos chapeaux. Les caniveaux coulent comme des rivières, les gens longent les murs et laissent les rues libres jusqu’à la gare. Les quais sont inondés, les rails baignent dans l’eau.
— Quand il pleut dans votre pays, il pleut, fais-je remarquer.
— Ça va reverdir les prés, commente Urbain.
Le train en partance pour l’Ouest entre en gare dans un crissement de métal. Sitôt arrêté, nous ouvrons le wagon à bestiaux, avant de nous réfugier nous même dans une voiture seconde classe. Il n’y a que peu de places, alors nous nous répartissons chacun dans la rame. Je déverse l’eau retenue sur mon chapeau, puis l’accroche à une patère, avant de prendre place face à une femme et son mari.
— Excusez-moi.
— Sacrée pluie, commente le mari.
— Ça ne cesse depuis minuit.
— Les nuages font donc halte sur La Main ?
— On dirait bien.
La femme se contente de sourire, trop bien éduquée pour prendre la parole en présence de son mari. Je poursuis la conversation en m’adressant à elle :
— Voyage d’agrément ?
— Réunion de famille, répond l’homme. Et vous ?
— Retour à la maison. Je suis venue faire un peu d’archéologie.
— Vous accompagnez un archéologue ?
Piquée au vif, je me prête au jeu en me créant un personnage :
— Ce sont plutôt mes assistants qui m’accompagnent. Je me présente, Fanny Gaultier, professeure es archéologie, spécialisée dans les civilisations pré-êvaniques.
— Il existe des professeures femmes ? rit-il.
— Bien entendu.
Il n’a pas l’air d’y croire. Le train s’ébranle et la femme tente de me sauver du malaise en changeant la conversation :
— Ouf ! Ça repart.
Je mets mes doigts devant ma bouche pour dissimuler un rire.
— Je me sens confuse. J’ai cru que vous étiez muette.
— Pourquoi cela ? s’étonne le mari.
— Comme vous seul faisiez la conversation.
Urbain qui nous écoute depuis le début se lève et s’abaisse à ma hauteur avec un carnet à la main :
— Excusez-moi professeur Gaultier. J’ai terminé de recopier vos notes sur le tombeau. Mais je voulais être sûr de l’orthographe du mot tombeau.
— T, o, m, b, e, a, u. J’espère que vous vous êtes appliqué, cette fois-ci.
— Bien sûr.
Urbain s’éclipse. L’homme m’interroge alors :
— Un tombeau ? Où l’avez-vous étudié ?
— Nous l’avons découvert dans un village abandonné. Il est très difficile de le dater, il n’en reste pas grand-chose.
— Ce serait celui d’une personne importante ?
— Le quotidien d’une professeure es archéologie, malheureusement, c’est d’explorer le passé et la culture de personnes comme vous et moi. Découvrir la dépouille d’un roi, ça n’arrive qu’une fois dans une vie.
— Vous êtes jeune, ça pourrait arriver.
— Espérons.
La conversation se poursuit, sur un fond fantasque, mélangeant mes souvenirs de Tomb Raider et d’Indiana Jones. L’homme gobe absolument tout.
Arrivés à Saint-Vaast, les nuages ont laissé place au soleil. Il ne reste aucune trace dans le ciel bleu. Midi est passé, je suis affamée, comme assoiffée d’avoir trop parlé. Urbain m’interpelle :
— Professeure Gaultier, nous sommes arrivés.
— Excusez-moi, il faut que j’aille. Un peu de repos nous fera du bien.
— Et bien bonne continuation à vous. Ce fut un plaisir de converser.
— Également.
— Au revoir, hasarde la femme d’une voix discrète.
Daniel se précipite :
— Laissez-moi prendre vos affaires, Professeure.
Je quitte le train puis retrouve le quai brûlant. Urbain est déjà en train d’ouvrir le wagon à bestiaux, et l’adjointe au shérif avance vers nous :
— Ma parole ! Vous revoilà ! Comment ça s’est passé ?
— Merveilleusement bien, répond Jésus.
— Il a rencontré une femme, traduis-je.
— C’est vrai ? Je suis très heureuse pour toi, Jésus ! Ça doit être une femme bien.
— Un peu expansive, confié-je.
— Comme moi, sourit Jésus.
Les animaux descendent. Je récupère Marmiton. Ses oreilles sont dressées de la joie de rentrer au pays. Une fois Jésus en selle, nous partons en direction du centre-ville. Moins de quatre jours, et j’ai l’impression d’être partie deux semaines. La côte pour grimper jusqu’au Païen est toujours aussi ardue. L’enseigne a été repeinte, le nom est en lettrage doré, suivi d’une silhouette féminine cambré à la perpendiculaire d’une barre, une sorte de blason pour préciser la raison d’exister de ce lieu. La foule du midi est en train de le quitter. Les sourires émerveillés se dessinent sur les visages. On me lance des sourires de bienvenue :
— Bonjour Fanny !
— De retour, Fanny ?
— Ça fait plaisir de te revoir, Fanny !
Jésus, un peu jaloux, me dit :
— Ils s’en fichent que je sois de retour. Un pianiste, c’est remplaçable.
— Une danseuse aussi, dit Daniel.
— Non, pas une danseuse comme Fanny.
Je pose pied à terre, puis passe le portillon, suivi de Jésus. L’odeur familière des lieux me fait sentir chez moi. Jacques s’exclame depuis son comptoir :
— Ah ! La Punaise ! L’Estropié ! Comme je suis content de vous revoir !
Le frère, accoudé au comptoir a un rictus lorsqu’il me scrute des pieds à la tête.
— La poule aux œufs d’or est revenue ?
— Tu as bien fait de passer, lui lance Jacques. Tu vas pouvoir remmener ton âne et ton cheval.
— Marmiton va me manquer, confié-je en posant mon paquetage.
— Tu pourras toujours venir le voir à la ferme.
Les arrière-pensées d’Emmanuel sont aussi limpides que l’eau du puits. Néanmoins la politesse me fait répondre :
— Je n’y manquerai pas.
Les jumeaux entrent avec le paquetage de Jésus. Jacques me demande :
— Alors ? Il est parti le tu sais quoi ?
— Non, grimacé-je. Il est toujours là.
— Le quoi ? demande Emmanuel.
— Nous en discuterons après, tranche Jacques.
Frustré, Emmanuel pousse son verre vide, puis se lève. Il traverse le portillon puis inspecte les paturons de ses chevaux. La taverne est vide de clients.
— Il a l’air vexé, commente Urbain.
— Il y a des choses qu’il vaut mieux éviter que les gens sachent, grogne Jacques avant de quitter le comptoir.
Ses mains robustes se posent sur mes épaules et il m’admire :
— L’important c’est que tu sois en bonne santé. La guérisseuse n’a donc rien pu faire ?
— Elle a libéré Jésus de son passé, c’est pas mal, réponds-je.
— Médecine extraordinaire, surenchérit Jésus.
Jacques qui ne relève pas l’allusion regarde à hauteur de mon ventre et questionne :
— Aucun changement maléfique ?
— Pas pour le moment. Il m’a même plutôt sauvé la vie.
— Un inquisiteur et son apprenti, explique Daniel.
— Un inquisiteur ? répète Jacques.
— Il avait reçu une missive de l’exorciste, précise Daniel.
— Il nous a pistés avec efficacité, ajoute Urbain. Dans l’histoire, le point formidable, c’est que Fanny et Martine ont trouvé un moyen de retourner dans leur monde.
— Qui est Martine ? grogne Jacques mécontent d’apprendre mon départ prochain.
— Mon médecin, répond Jésus.
— La guérisseuse vient de mon monde, ajouté-je. L’inquisiteur a fait ébouler le passage souterrain vers notre monde, mais Martine pense qu’en deux mois, on peut avoir creusé le passage.
— La seule difficulté, souligne Urbain, ce sera de passer inaperçu aux yeux de l’Inquisition.
— Deux mois sur un site condamné par l’Église, précise Daniel, il faudra des hommes de mains païens et discrets.
— Nous embaucherons deux gardes du corps expérimentés, leur souris-je.
— Ce sera un plaisir, confie Daniel.
Urbain opine du menton et ajoute :
— Nous serons chez notre père. Bon courage pour l’argent.
— Rentrez bien. Et passez demain soir pour la première représentation, Jacques vous offrira l’entrée.
Je pose un baiser tendre sur la joue de chacun d’eux. Un frisson les rend aphone, alors ils s’éclipsent en silence sur un regard entendu. Je suis impatiente qu’ils viennent au spectacle. S’ils sont là, c’est décidé, j’enlève mes sous-vêtements. Je m’étonne :
— Christophe n’est pas là ?
— Il est en cuisine, répond Jacques.
— Et Sébastien ?
— Il a terminé son travail.
Jacques découvre les caches en bois montés sur les deux colonnes de la taverne. Chacune est sculptée d’une danseuse. Je ne remarque qu’à l’instant que les rideaux ont été changés par d’épais tissus rouge carmin. Sur le mur côté piano, Jacques dévoile quatre cadres avec des représentations au fusain de femmes nues et filiformes dans des postures de danseuses.
— Ça c’est un cadeau d’un des adjoints du maire.
— Et le bar ? Sébastien l’a fait ?
— C’est sa femme qui l’a commencé et il l’a apporté ce matin.
Jacques démonte le panneau du comptoir et le retourne. Un haut relief en chêne représente quatre positions du Kâma-Sûtra. On ne voit des deux corps rien d’intime, mais les courbes retranscrivent le mouvement avec sensualité. Puis, il me montre avec fierté une bouteille de sirop de canneberge.
— Nous allons pouvoir faire ton fameux mélange que tu appelles sexe sur la plage.
— Parfait.
— À partir de cette heure, nous sommes fermés, et le soir, c’est désormais un lieu réservé aux plus de treize ans.
— Bien. Je devrais peut-être aller remercier Sébastien.
— Il est à son atelier, il travaille sur le mobilier de la mairie.
— Je monte juste mes affaires.
Passant dans le couloir, je jette un œil à la cuisine et y croise Christophe.
— Coucou !
Il sourit, ma joue rencontre la sienne, puis il demande :
— Alors ? Elle l’a fait partir ?
— Non. Mais pour le moment je m’en accommode. Je te laisse, j’ai rendez-vous.
Je grimpe les marches deux par deux, la libido à fleur de peau. Une brève toilette intime plus tard, un préservatif en poche, sans avoir changé de tenue, je quitte le Païen. J’ai conscience que je n’ai rien à attendre de Sébastien. Malgré tout, mon cœur bat à toute vitesse à l’idée de le revoir. Mon ventre papillonne de chaleur à l’idée de reproduire la même scène que la semaine dernière.
Parvenue à l’atelier, je pénètre sous l’appentis. Troncs et planches se côtoient, triées, rangées et ordonnées. À l’ombre de son atelier fourni d’outils, accroupi sur un tapis de copeaux clairs, le robuste hipster est occupé à poncer les accoudoirs d’une chaise. Il en est à sa douzième.
— Quel travail de titan.
Il sursaute et se retourne, esquissant un sourire.
— Tu es revenue ?
— Tu en doutais ?
— Plus les jours passaient, plus Jacques maigrissait.
— C’est temporaire. Deux ou trois semaines. Et j’ai pu admirer tes œuvres.
Je m’approche de lui et ses mains se posent sur mes hanches. Il me confie :
— J’ai perdu le modèle, mais j’étais inspiré.
Nos bouches viennent se trouver, sans que nous ayons besoin de nous dire ce que nous attendons l’un de l’autre. Mes mains parcourent sa barbe et ses cheveux longs, tandis que mes lèvres se délectent des siennes. Ses doigts pétrissent mes fesses avec fermeté. Il me soulève, puis m’assoit sur son établi. Je ris.
— T’as oublié d’enlever quelque chose.
Il tire sur ma ceinture, puis je soulève le bassin le temps qu’il baisse mon pantalon. Il enlève mes bottes avec empressement. Mes doigts s’emparent de sa boucle et son pantalon tombe en libérant son pénis bandé. Alors qu’il veut me débarrasser de ma culotte, je l’interromps.
— Attends deux secondes. Passe-moi mon pantalon.
Il me le tend et me permet de sortir le préservatif. Je précise :
— Ça c’est obligatoire.
— Tu devrais prendre de l’élixir de lune, c’est tout de même plus simple pour une catin.
— Mais ça, c’est encore mieux, c’est enduit d’un produit qui rend plus performant.
— Pas besoin de ça pour être performant.
Il me laisse enfiler malgré tout le capuchon, et alors je soulève une seconde fois mes fesses pour qu’il retire ma culotte. Il se rapproche de moi et tandis qu’il me pénètre, je me blottis contre sa chemise. Quel plaisir divin que sentir son corps qui s’unit au mien ! Mes doigts déboutonnent sa chemise, se perdent dans son pelage, tandis qu’il me tamponne.
Le plaisir monte crescendo, mais il manque la bestialité de la dernière fois. Aussi, je lui susurre :
— Tu veux bien qu’on prenne la position de la dernière fois ?
Nos corps se désunissent, mes chaussettes se posent dans la sciure puis mes talons se tournent.
— Vas-y franchement !
Ce n’est pas un homme à qui il faut le dire deux fois. Son retour est violent. Mes phalanges se cramponnent à l’établi, mes yeux se ferment et mon ventre savoure la brutale cadence qui m’écrase les cuisses contre le plan de travail. Ses hanches claquent férocement mes fesses et me font échapper des gémissements. Le plaisir se décuple, se dénoue de tout complexe et isole mon esprit de tout autre préoccupation.
Soudain, un cri de furie me fait sursauter. Le sexe de Sébastien quitte mon écrin. Sa femme brandit un tasseau et l’abat avec force sur mes flancs. Lâchant un cri de douleur, je me recroqueville au sol par réflexe. Le second coup heurte mes bras. Sébastien s’interpose avant le troisième en la ceinturant.
— Chérie ! Arrête, chérie !
— Dégage sale pute ! hurle-t-elle. Dégaaaaage !
Sébastien emmène sa femme dans la pièce voisine. Ses protestations traversent les murs. Les côtes douloureuses, ma libido éteinte, je ramasse ma culotte et l’enfile sur mes fesses couvertes de sciure. Lorsque je boucle mon pantalon, Sébastien revient et me tend cent francs.
— Désolé. Je pense que le mieux, c’est que tu ne reviennes pas me tenter.
J’arrache le billet de ses doigts et le range dans ma poche.
— Bien. C’est dommage.
Je quitte l’atelier, refroidie. À croire que chacune de nos rencontres doit se transformer en cauchemar. Dommage, il était bon amant. S’autorise-t-il une telle vaillance avec sa femme ou ses limites tombent-elles par ce qu’il me considère comme une prostituée ?
Il a raison sur ce point, je ne pense pas qu’il soit le genre d’homme à changer d’avis sur ce que je suis. Il n’y a pas d’espoir de construire des rencontres durables, mêmes en les gardant secrètes. Ce n’est pas le genre à rester après l’acte pour que je me blottisse contre lui. C’est quelque chose qui me manquera toujours dans une relation avec lui. Il y a les femmes respectables d’un côté, les filles de joie de l’autre. Je suis définitivement cataloguée, pourquoi se soucier de ma réputation ? Au moins, je n’aurai aucun scrupule à réaliser ma prochaine représentation en tenue d’Êve. Pourvu qu’elle veuille préserver l’honneur de son mari et qu’elle ne raconte à personne qu’elle nous a trouvés tous les deux.
Le Païen m’ouvre la porte. Jésus est assis à une chaise avec Jacques à lui parler de Martine. Jacques s’étonne de me voir.
— Déjà revenue, la Punaise ?
— Pourquoi ? Combien de temps voulais-tu que ça dure ? Je lui ai dit merci, je lui ai claqué une bise, au revoir. Vous avez fini ou Jésus et moi on peut commencer à travailler ?
— Je vous laisse libre.
— Je fais un brin de toilette, j’arrive.
Jacques se lève, et Jésus rampe jusqu’à son piano. Je grimpe les escaliers et me déshabille pour rincer ma peau des copeaux. Le coup de tasseau dans les côtes me fait beaucoup plus mal qu’aux mains. La représentation de demain est compromise.
Je glisse en sous-vêtements sur la barre, puis rejoins le piano.
— Alors ? demande Jésus. Tu fais la totale ?
— Oui. Je pense sur la seconde partie.
— C’est beaucoup mieux. Jacques t’as dit qu’il avait des néons de plusieurs couleurs ?
— Je les ai vus dans ma chambre. Penses-tu qu’il faille accélérer crescendo le rythme de la tension de la salle ?
— Non. Je pense qu’il faut ralentir. Il faut du suave, un deuxième air. Par exemple, dès que cet air se fait entendre, tu enlèves un vêtement. Une fois que tu es en petite tenue, déjà juste d’entendre l’air, ils imagineront la suite. Tu commences à faire les gestes, mais hop, je reprends le premier thème et tu continues de danser. Et chaque fois, j’interromps l’effeuillage, jusqu’à ce qu'évidemment, il n’y ait plus rien.
— Il va falloir répéter quand Jacques ne sera pas là. Sinon il va rouspéter.
— Déjà, j’ai un air en tête. Je reprends notre ancien thème.
Jésus joue les notes qu’il a inventées pour moi, puis il interrompt d’un accord pour entamer une mélodie lente et poétique. Être aveugle offre une vision claire sur les gens et lui donne raison dans sa composition. Nous commençons la répétition, sans que je n’enlève un vêtement, mais en initiant les gestes. Demain, ce sera beau.
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