Résolution : Brèche

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Le robot de transport l’attend au milieu du mobilier complexe de la section de maintenance, principalement composé de tuyaux, câbles et réservoirs, accompagnés de témoins et lampes. La caisse de transport que l’échassier métallique a déposée au sol se déverrouille à l’approche de Skyline. Le modèle est conforme. Parfait. L’enquêteur charge les logiciels appropriés et lance l’immersion. Il active ensuite les deux aérobots de soutien qui se positionnent en formation d’escorte.

Son contact avec SolNet rétabli, il fait le point avec le reste de l’équipe. Razors n’est pas encore en place : Downlink a été gêné par un patrouilleur inopiné. La cyber-samouraï l’a neutralisé et le decker usurpe désormais l’identité de l’agent de sécurité autonome. Un retard utile en fait.

Quelques dizaines de secondes plus tard, la voix de Razors retenti sur leur réseau privé : « Skyline, tu en es où ? Je suis prête à entrer dans le hangar.

– Je suis en route, indique l’enquêteur en armant son fusil d’assaut. Tout va bien pour vous ?

– Impec’ ! répond le decker. J’ai même une méga-vue sur le hangar et leur navette. J’ai filé à Razors un relais : si elle doit entrer là-dedans, j’aurais même l’intérieur de la navette !

– Des traces de l’enfant ? demande Skyline.

– Pas pour le moment, mais je suis prêt à rejoindre les cercles de Zuko s’il n’est pas dans la navette, répond le decker.

– J’entre, indique sobrement Razors.

– Prêt à faire de même. », termine l’enquêteur.

Les portes d’accès principales du hangar sont massives. L’ouverture est suffisamment grande pour y faire passer un rover ou un robot d’assaut lourd. Pas de garde à l’entrée, mais la surveillance a certainement déjà dû remarquer la présence de l’enquêteur. Tant mieux, c’est le but.

« Je suis en place, il y a un cybernétique à côté de l’enfant. », indique Razors. Elle est rapide, il n’y a pas à dire.

Approchant de l’entrée, Skyline utilise le certificat fourni par ses contacts. La porte s’ouvre sur un bruit de dépressurisation puis coulisse avec le bruit de son imposante machinerie. De l’autre côté, une dizaine d’hommes et robots le tiennent en joue.

« Ceci est une inspection de routine des forces de sécurité. », annonce Skyline en déployant le certificat approprié et lançant le signal à destination de Razors. Accompagné de ses deux escorteurs, il s’avance au milieu des hommes armés, récitant le code martien supposé l’autoriser à effectuer la fouille du hangar.

« Merde ! Le cybernétique est plus solide que je pensais, s’écrie Razors.

– J’ai brouillé ses transmissions mais ses potes vont vite s’en rendre compte, intervient Downlink. La vache ! Comment tu fais ça ? »

Sur l’affichage partagé, Razors vient d’esquiver une série de coups avec une rapidité telle que le flux vidéo ne parvient pas à rendre plus que quelques images complètement floues. Puis soudain, elle chute à travers la trappe d’accès au stockage inférieur de la navette. Se raccrochant d’une main, elle tente de se hisser, mais l’humanoïde de métal lui abat un puissant coup qu’elle esquive en sautant sur la paroi opposée. Effectuant un rebond sur la surface verticale, elle remonte et escalade le robot lui-même. D’un mouvement trop rapide pour la vidéo, elle se glisse derrière. Au rétablissement de l’image, le dos de son adversaire est visible. Une large fente à travers son blindage montre la violence du premier assaut de la cyber-samouraï. D’une attaque vive et précise, elle branche l’émetteur de Downlink sur un port rendu apparent par la brèche.

« À toi Down ! » crie-t-elle dans l’espace virtuel. D’un geste le cybernétique tente de l’envoyer valser à travers l’espace passager de la navette, mais il se fige dans l’action et s’effondre sous l’inertie.

Les soldats vont bientôt se rendre compte d’un problème, c’est le moment d’un petit coup de pression estime Skyline. L’enquêteur s’avance avec les deux drones aéroportés et prend une attitude menaçante. En cas d’affrontement, il n’a aucune chance évidemment ; mais aucun des mercenaires d’en face ne souhaite être celui qui serait abattu dans l’opération. L’un des hommes sort un fusil pulseur, parfait, l’escalade de la violence va donner assez de temps à Razors. Skyline annonce froidement le règlement : « Les armes létales sont strictement interdites sur le sol martien à l’exception des forces de sécurité. Vous avez 5 secondes pour déposer vos armes ou transmettre votre certificat d’autorisation.

Bien sûr, le jeu n’est pas d’attendre les cinq secondes. Alors que le compteur indique encore « trois », Skyline envoie le signal aux drones ; simultanément, il ouvre le feu avec les drones sur celui sur sa gauche et plonge vers lui pour voler sa position. La fusillade initiale est brève. Les munitions supersoniques déchirent l’air et trois des mercenaires tombent, ainsi que l’un des deux drones.

Quelques fractions de secondes après le premier tir, Downlink lui transmet la position de ses adversaires qui lui apparaissent en surbrillance à travers la réalité augmentée : deux sont en train de le contourner. Le drone effectue un tir de suppression avant d’être abattu. Gardant la tête basse, Skyline tente de revenir vers l’entrée du hangar couvert par de nombreux tirs en aveugle. Gagner du temps… L’échange de tirs est nourri et le son des munitions supersoniques accompagne les flashs de lumière des armes shocks.

« L’enfant est en sécurité. », annonce Razors. Eh bien, ce fut rapide. Sur son écran virtuel, Razors dépose un jeune enfant au sol, à côté du decker. Finissons-en. Skyline ordonne : « Downlink, verrouille le hangar.

– Et toi ? conteste le decker.

– C’est juste un bot de la sécurité… », répond l’enquêteur alors que les logiciels de son enveloppe lui rapportent plusieurs impacts.

L’immersion cesse soudainement. Skyline se relève dans la coursive de maintenance devant la caisse, désormais vide. Plus loin les lourdes portes s’entrechoquent et l’écho de leurs verrous d’urgence résonne un bref instant. Renvoyant l’échassier, il se dirige vers ses coéquipiers. C’est l’heure de la livraison.

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