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— Je vous en prie, prenez place.

L'homme était presque affable. Il fit un signe au garçon pour qu'on les laisse tranquilles.

Julie posa son sac sur le siège à côté d'elle. Elle retira ses lunettes de soleil, les glissa dans leur étui puis sur la table. Karl Pop s'était levé pour saluer la jeune femme :

— Quel plaisir de vous rencontrer, chère Julie. Une cigarette ?

— Je vous remercie, dit-elle, levant la main droite en signe d'un refus poli.

Le garçon apporta deux verres, avec une bouteille de whisky et une bouteille d'eau minérale.

— Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ma chère Julie...

— Oui, d'autant plus que tous les chemins mènent à Rome, ajouta celle-ci malicieusement.

— Je vois que vous avez toujours votre esprit d'à-propos, et cela me plaît bien, vous le savez Julie, n'est-ce pas ?

— Il y a longtemps que vous n'aviez pas fait appel à mes services, et je suis très flattée que vous m'ayez sollicitée pour cette affaire.

Elle fit couler de l'eau dans un verre et le porta à ses lèvres.

— Julie, vous maîtrisez parfaitement votre charme, et ce que j'apprécie d'autant plus chez vous, c'est votre précision, votre professionnalisme.

— Arrêtez Karl, vous allez me faire rougir...

— Pour cette affaire vous ne serez pas seule.

Le visage de la jeune femme resta impassible. Elle goûtait la fraîcheur de l'eau dans le fond de sa gorge. Sa main droite balaya la table pour s'assurer qu'aucune poussière n'y résidât.

— Votre prix sera le mien, ajouta Karl Pop, les yeux plissés comme s'il percevait une réalité au-delà des apparences.

Julie secoua la tête, riant presque : "vous êtes incorrigible, Karl, dans les imitations de Robert de Niro ! "

— Je ne sais pas comment je dois le prendre. Bon, voici la première part de votre travail, dit-il en sortant une enveloppe qu'il posa sur la table, devant lui, la deuxième part une fois le contrat achevé.

Julie prit l'enveloppe et la mit dans son sac.

Karl Pop envoya un message depuis son téléphone portable. Puis il saisit son verre et Julie y versa du whisky. Un silence s'était installé entre eux. Julie tira un petit miroir de son sac et vérifia son maquillage. Karl Pop avait fermé les yeux et son attitude tout entière dégageait une plénitude, comme s'il avait l'éternité à portée de mains.

Le garçon revint et susurra quelques mots à l'oreille de Karl.

— Merci, vous pouvez lui dire d'entrer.

Un homme de grande taille, musclé, le visage émacié, apparut dans l'embrasure de la porte du salon. Le garçon la referma avant de se diriger vers la salle à manger. La voix de Tina Turner faisait résonner les premières paroles de Simply the best, dans tout le restaurant : "I call you, I need you... "

— Julie, je vous présente mon plus fidèle lieutenant : Craig Vermont.

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