Chapitre 4
— Tu es prête.
— Oui, je dois juste éteindre mon ordinateur et j'arrive, précisé-je à Roger en levant les yeux des écrans.
Je me dépêche de ranger mes affaires et enlève l'élastique qui retient ma chevelure tout en récupérant mon sac et ma veste en cuir. Je rejoins Roger qui m'attend impatiente devant la porte de mon bureau. Depuis qu'il m'a demandé de l'accompagner, prendre un verre après le travail, il n'arrête pas de trépigner sur sa chaise.
— Je suis content que tu aies accepté mon invitation, tu vas voire c'est un endroit est classe, au style lounge. Il est idéal pour mieux faire connaissance, ajoute-t-il en faisant un sourire un coin.
Je fais mine de ne pas avoir entendu sa dernière remarque et descends les marches. Roger est quelqu'un de très charmeur qui aime plaire. C'est vrai que physiquement il est très séduisant et cela, il le sait parfaitement. C'est d'ailleurs cette facette de sa personnalité qui me dérange le plus chez lui. J'essaie d'en faire abstraction pour me focaliser sur ses bons côtés.
— Vous voilà enfin j'avais peur que vous soyez partie sans moi ! s'exclame Ethel en nous voyant descendre la dernière marche.
— Comment ça sans toi ?
Remarquant le froncement de sourcil de Roger, je réponds avant qu'elle puisse le faire.
— C'est moi qui l'ai invité, je me suis dit que ça serait plus sympa. J'espère que ça ne te dérange pas.
— De toute façon, c'est trop tard.
Sa réflexion donne un froid dont j'ai l'impression être la seule à le ressentir. Ethel fait semblant de n'avoir rien entendu et attrape son sac rouge vif.
— Alors c'est parti, s'enthousiasme-t-elle en passant son bras autour du mien.
— Après vous mesdames, déclare Roger en ouvrant la porte du cabinet.
Bras dessus, bras dessous avec Ethel on suit Roger à travers les ruelles animées de San Francisco, jusqu'à arriver devant une façade noire aux lettres dorées. En pénétrant dans le bar, elle me lâche pour aller saluer un homme colossal à la peau foncée.
Roger avait raison, l'endroit est très sympa. Des néons bleutés le décorent fessant ressortir les fauteuils en cuir blanc. J'ai un petit sursaut en sentant la main de Roger se poser dans le bas de mon dos, je lui lance un regard de travers et avance pour aller m'assoir sur l'un des sièges.
— Je vais aller te commander un mojito.
— Je ne suis pas trop fan de ce cocktail.
— Oui, mais tu vas gouter, c'est moi qui t'invite.
Je lève les yeux vers lui, étonner par son ton presque autoritaire qu'il vient t'employer avec moi. Je commence à ouvrir la bouche pour répliquer, mais en même moment Ethel s'assoit près de moi.
— Moi je veux bien un cosmopolitan, rétorque-t-elle en faisant son plus beau sourire.
— J'en prendrai également un, lui précisé-je assez fort pour que Roger puisse m'entendre.
— Tu sais que tu n'es pas distraite.
— Je ne cherche pas à l'être, plaisante-t-elle.
C'est vrai qu'il est plutôt sexy dans son genre, mais son caractère macho le moins rend séduisant. Ce n'est ce genre de personne qui croit qu'elles peuvent avoir toute la personne à ses pieds.
— S'il te plait tant que ça, pourquoi ne vas-tu pas lui dire ?
— Roger est attiré seulement par ce qu'il ne peut avoir, précise-t-elle en me lançant un regard.
Pourquoi cela ne m'étonne guère de lui, Ethel ne fait que confirmer l'idée que j'avais sur lui.
— Je vois tout à fait le style.
— Le style ?
— Tu sais bien, c'est ce genre d'homme qui se croit irrésistible avec un égo surdimensionner, lui répondis-je en appuyant bien sûr le dernier mot de ma phrase.
— C'est la description de la moitié de la gent masculine que je côtoie, se met-elle à dire en pouffant.
Plus je passe de temps avec elle et plus que je l'apprécie. Elle me fait penser parfois à Cloé, mais avec un côté beaucoup plus excentrique. Je suis persuadée qu'elles pourraient très bien s'entendre.
— Vous parliez de moi, nous interromps Roger en venant s'assoir juste en face de moi.
Les fauteuils sont tellement rapprochés que mes genoux frôlent quasiment les siens, malgré le fait que je me recule au maximum dans le fond. Cela dit, ça n'a pas l'air de lui déplaire plus que ça, puisqu'il s'avance un peu plus du bord du sien. Cette proximité me rend assez mal à l'aise.
— Sinon Camélia tu viens d'où ? Me demande-t-il tout sourire ?
— De Fairfax...
— J'y ai vécu deux ans moi aussi, ajoute Ethel enthousiasme en ce penchant le plus possible, mettant ainsi son décolleté en avant.
Néanmoins, ses tentatives pour attirer l'attention de Roger n'ont pas l'air de faire grand effet à celui-ci qui ne peut s'empêcher de me reluquer de la tête en pieds. Heureusement, il cesse de fixer ma poitrine lorsque le serveur vient déposer nos consommations sur la table.
— Bonjour ! madame, j'ai un Alexander, un cosmopolitan et un mojito.
— Attend-tu n'avais pas commander un cosmos toi aussi, proteste Ethel en fronçant les sourcils.
— Si, mais tant pis, cédé-je en lançant un regard accusateur à Roger qui fais mine ne rien voir.
— Mais non tient prend le mien, ça ne me dérange pas.
Elle attrape le verre que vient de poser le serveur pour l'échanger avec le sien ; agaçant Roger.
— Merci.
Je lui fais un sourire pour la remercier avant de tremper mes lèvres dans le liquide rougeâtre. Roger ne me lâche pas du regard tandis qu'il avale sa boisson à base de cognac.
— Et du coup, tu es fille unique.
— J'ai une sœur de dix-sept ans, répondé-je a Ethel en me tournant vers elle ne supportant plus les yeux lubriques de Roger.
— Tu as de la chance j'ai toujours voulu en avoir une. Malheureusement, mais parents on décider qu'un seul enfant leur suffisez amplement et toi ? s'enquiert-elle auprès de Roger.
— Je suis fils unique, réplique-t-il sèchement en lançant un regard blasé. Personnellement, cela me convient. C'est tellement mieux de ne rien partager.
— C'est une façon de voir...
— Et du coup, tu as quelqu'un dans ta vie.
Je me sens déconcerter par la question de Roger. Heureusement une fois de plus c'est Ethel qui vient à ma rescousse.
— Tu es vachement intrusive non.
— Dis celle qui s'est fait inviter.
L'ambiance devenant un peu trop oppressante, je préfère rentrer chez moi. Je bois cul sec le reste du liquide rougeâtre dans mon verre à pied et me lève.
— Tu t'en vas déjà.
— Oui, je commence à être fatigué.
— Je vais te ramener, tranche-t-il sans vraiment me laisser le choix.
— C'est une grande fille, elle n'a pas besoin de toi, raille Ethel s'attirant les foudres de Roger.
— Ça ne me gêne pas, fini-je par dire à contrecœur.
Au moins, je n'aurai pas à prendre le bus pour rentrer. Sans un regard vers Ethel, il sort du bar précipitent. Je ne sais pas s'il veut faire croire qu'il est un bad boy ou autre, mais le comportement qu'il a tout de suite m'énerve au plus haut point.
Je dis rapidement en revoir a Ethel qui fais la moue et part rejoindre Roger qui m'attend devant l'entrée les bras croisant. En passant la porte, il retrouve son sourire chaleureux et sa bonne humeur. C'est à se demander s'il n'est pas lunatique.
Sur la route, je ne décroche pas un mot, je le laisse faire la conversation tout seul. Depuis qu'il a mis le contact de sa Ford, il n'arrête pas de me parler de sa vie. Je savais qu'il avait un côté égocentrique, mais cette soirée m'a montré que j'étais loin de la vérité. Le trajet pour rentrer chez moi ne m'a jamais paru être aussi longtemps.
J'essaie tant bien que mal de prendre sur moi pour ne pas lui répondre faire attention à ses propos désobligeants concernant mon quartier. Lorsqu'il emprunte la rue de mon immeuble, mon regard est aussitôt attiré vers deux des hommes de la bande qui traine une nouvelle fois devant les portes. Je ne peux m'empêcher de chercher où est celui aux yeux perçants. Je me stupide de ressortir une pointe de déception en ne l'apercevant pas.
— C'est vraiment là que tu habites, lâche en lançant un regard presque de dégout.
— C'est quoi le problème ! répliqué-je sèchement en le dévisageant.
Plus je reste près de lui et plus l'envie de le gifler devient forte. Il se croit tellement supérieur que c'en est navrant. Je ne bossais pas avec lui, ça fera longtemps je lui aurais dit c'est quatre vérités.
— Ne le prend pas pour toi Camélia, mais une aussi belle femme ne devrait pas dormir sous le toit que des gens de la classe inférieure. Tu mérites mieux.
— De la classe inférieure ! lui redemandé-je estomaquer par ses propos.
— Ne fais pas cette tête. Tu comprends ce que je veux dire...
Une soudaine envie de vomir sur son costume sur mesure me prend en l'écoutant. Tandis qu'il tente de poser sa main sur mon genou, je lui repousse immédiatement.
— Je pense que la conversation va s'arrêter avant que je m'emporte.
— Ne soit pas si susceptible, te mettre en colère ne te vas vraiment pas, lance-t-il en venant effleurer une de mes mèches de cheveux.
J'ai l'impression d'halluciner maintenant il me drague ouvertement. Je n'arrive pas à comprend comment elle peut vouloir sortir lui.
— À lundi, concluais-je énerver en sortant de la voiture.
Je fais exprès de claquer sa belle portière. Irrité je fouille dans mon sac à la recherche de mes clés tout en ne pouvant pas m'empêcher de le traitée de connard les dents serrer. C'est quand je relève la tête que je m'aperçois que le mec aux prunelles perçant me dévisage une nouvelle fois.
Je me demande depuis quand il est là à m'observer ainsi. Je me retrouve comme paralysée par lui, j'ai l'impression que notre échange dure plusieurs minutes. Je reprends une respiration un peu près normale lorsqu'il détourne les yeux. Le cœur battant, j'avance droit devant en évitant de croiser leurs regards. J'essaie de ne pas faire attention ce qu'ils disent jusqu'à ce l'un d'entre eux balance.
— Elle a plutôt à beau cul pour une latino.
Blasée par sa remarque je me tourne vers le blondinet qui devait être surement l'homme qui avait le visage cacher sous sa capuche. Ses yeux marrons ne se gênent pas pour me scruter avec amusement. Malgré mes talons, il me dépasse facilement d'une tête comme les autres. Même s'il est derrière moi, je sens son regard sur moi.
— Tu viens de dire quoi ?
Mon exaspération a l'air d'insuffisant le reste de la bande tandis que celui qui se trouve en face de moi ne se démonte pas.
— Tu as un beau cul dommage que tu as une grande gueule !
— Va te faire foutre ! articulé-je alors que la paume de ma main effleure sa joue dans un son sourd.
Ses yeux qui étaient marron deviennent sombres. Son souffle s'alourdit alors qu'il s'approche de moi, plus aucune trace d'humour n'est sur son visage.
–Death ! Siffle d'un ton autoritaire l'homme derrière moi. Quant à toi, tu devrais rentrer chez toi.
Je tourne la tête et remarque que c'est celui aux yeux perçants qui vient de prendre la parole. Entendre sa voix pour la première fois me procure une sensation étrange en moi.
— Tu n'as aucun ordre à me donner, m'adressé-je en lui faisant face.
Une esquisse de sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'il plonge ses prunelles sombres dans les mens. Sauf que cette fois c'est moi qui romps le contact.
C'est le cœur battant que je monte l'escalier. Les mains tremblantes j'ouvre la porte de chez moi en me rendant compte de ce que je viens de faire. Je la ferme à double tour ayant peur qu'ils m'aient suivie. Je me dirige vers la fenêtre d'un pas précipiter et remarque qu'ils ne sont plus là. En entendant quelqu'un frapper à ma porte, je sursaute, mon cœur s'emballe lorsque je m'approche du judas. Voyant que c'est Faith je reprends ma respiration et ouvre.
— Excuse-moi de te déranger avec Maisy on voulait t'inviter à manger demain. Je vais faire un poulet rôti cajun et ça me ferait vraiment plaisir que tu viennes.
— Dans ce cas-là, je n'ai pas vraiment le choix, mais à une condition je rapporte le dessert.
— Parfait ! À demain soir alors.
Elle me fait un dernier sourire chaleureux avant de rentrer dans son appartement. Je referme la porte fessant attention, de la verrouiller. Je n'arrive pas à penser à autre chose, sa voix chaude, prenante et attirante ne cesse de hanter mes pensées. Elle procure en moi une sensation de sécurité.
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