Chapitre 6

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   — Il faudrait qu'un jour on passe à ton appartement, sort ma mère en attrapant les assiettes sales sur la table.

— Tu sais, je suis très occupée avec le cabinet, ça risque d'être compliqué. D'autant plus qu'en ce moment ils sont en pleins travaux devant chez moi, mentis-je honteusement.

Je n'ai jamais apprécié cacher la vérité à mes parents, mais s'ils apprennent que j'habite dans un quartier où les graffitis recouvrent les murs ils me forceront à déménager. J'ai fini par aimer mon petit appartement. Je lance un regard à ma sœur qui est l'une des seules à êtres au courant de mon mensonge. Je m'en veux de l'entrainer à participer à tout ceci, mais je ne peux pas faire autrement. Heureusement, j'ai son soutien même si elle s'inquiète pour moi.

— Tu sais lorsque ton père sera de retour de la plate-forme pétrolière, on pourrait venir chez toi pour prendre un verre, et ensuite on ira chercher un bon petit restaurant. Apparemment, il y en a un excellent sur la Baie à deux rues de ton appartement.

— Je vais tenter de trouver du temps libre, mais comme je te l'ai dit les semaines à venir cela risque d'être très compliqué. Peut-être plus vers octobre ou novembre.

— Si loin ! Je vais finir par croire que ne souhaite pas inviter ta famille chez toi, rit ma mère.

Si elle savait à quel point elle est proche de la réalité ! J'essaie de faire un sourire même si celui-ci doit être crispé. Je termine de débarrasser la table et éviter de croiser son regard, je n'ai aucune envie qu'elle comprenne que je lui cache la vérité.

— Quand est ce que papa rentre ? intervient Fanny.

— J'espère d'ici fin septembre, d'ailleurs je voudrais organiser un diner tous ensemble. Tu penses pouvoir te libérer Camélia.

À moi aussi, ça me fera plaisir de le voir. J'ai eu beaucoup de mal avec ses absences à répétition pour son travail. Pourtant je devrais avoir l'habitude, j'ai passé mon adolescence ainsi. Il revenait tous les deux mois, et ça si l'on avait un peu de chance. Je me suis toujours demandé comment ma mère arriver à le supporter, ça n'a pas dû être facile tous les jours. Je pense que c'est aussi pour cette raison qu'on est proche.

— J'essaierai d'être là, promis.

— Tu devrais te ménager, trop travailler n'est pas bon pour la santé. Tu manges suffisamment au moins ?

— Maman il faut que tu arrêtes de t'inquiéter, je vais bien.

Entendant mon portable sonné dans mon sac à main je sors de la cuisine et pars le récupérer dans le salon. En voyant qui m'appelle, je ne décroche pas et le range dans la poche arrière de mon jeans.

— C'est ton petit ami ? tente subtilement de me questionner ma mère.

— Avoue que c'est celui pour qui a fait le gâteau l'autre fois, surenchérit Fanny.

— Tu n'y es pas du tout, c'est juste un collègue de travail.

— Et il est mignon ce collègue ? continue-t-elle.

— Mêle-toi de ce qui te regarde, répliqué-je en attrapant un peu de mousse pour les lui mettre sur le bout de son nez.

Entendant de nouveau mon portable sonné je ne peux m'empêcher d'expirer bruyamment.

— En tout cas, il n'est pas près d'abandonner, se moque-t-elle en rajoutant plus sérieusement, tu devrais peut-être lui répondre.

Sachant qu'elle a raison, je lâche mon torchon humide pour aller décrocher dans le jardin, loin des oreilles curieuses de Fanny.

— Roger, je suis en plein repas de famille, je ne peux pas te parler maintenant.

— Ce soir, je t'emmène dans le nouveau restaurant brancher le Farallow et tu n'as pas le choix qu'accepter.

Surprise par son invitation qui n'en est pas vraiment une, je reste interdite. Je me reprends rapidement n'ayant aucune envie de me retrouver en tête avec lui.

— Je vais peut-être te décevoir, mais ma réponse est non. Je ne sais pas à quelle heure je vais rentrer et je fatigue, mais merci..

— Il faut plusieurs semaines pour réserver, mais j'ai quand même réussi à obtenir une table.

— Tu n'as qu'un demandé à Ethel, je suis persuadée qu'elle sera ravie.

— Si je t'invite, c'est justement pour me rattrapera cause de vendredi.

— C'est vraiment gentil de ta part, mais je suis fatiguée.

— Tu sais que je n'aime pas supplier et en plus je suis sûr que tu vas te régaler. Et cela évitera que ça devienne étrange au travail.

— Vue comme ça, je n'ai pas le choix...

— Génial ! Soit prête à vingt d'heure précise. Ne soit pas en retard ! m'ordonne-t-il an me raccrochant au nez.

Est-ce que je viens réellement d'accepter un rendez-vous avec lui ? Je vais devoir me préparer psychologiquement pour ce fichu rendez-vous que je regrette déjà.

En rentrant dans la cuisine, ma mère et Fanny se jettent des coups d'œil complice tout en ayant ce sourire moqueur.

— Je vais devoir y aller, annoncé-je sans grande joie.

— Tu as un date, me taquines Fanny.

— C'est juste un diner avec un collègue de travail rien de plus.

— Bien sûr.

— Fanny, laisse ta sœur tranquille. Si elle te dit que ce n'est qu'un collègue, réplique ma mère en appuyant bien sur son dernier mot.

— Vous vous faites vraiment des idées pour rien, leur assuré-je en récupérant mes affaires avant d'ajouter, je vous aime fort.

— Fais attention, ne roule pas trop vite.

— Promit maman, lancé-je avant de monter dans ma voiture.

Sur la route, je laisse mes musiques envahir ma tête pour oublier un peu ce qui m'attend ce soir. J'angoisse déjà alors qu'il ne vient me chercher que dans cinq heures. Peut-être que je me trompe et que je serai agréable surprise. Même moi je n'y crois pas, comment est-ce que ça peut bien se passer ?

Il est ingrat, imbu de lui-même et surtout il est persuadé qu'il est parfait alors qu'il est loin de l'être. Comme si le temps s'accorde avec mon humeur maussade, plusieurs gouttes de pluie s'écraser sur mon pare-brise. Arrivant devant mon immeuble de me gare tout en cherchant du regard Kieran. Depuis le repas chez Faith j'ai énormément du mal à me le faire sentir de la tête. Il hante mes pensées jour et nuit...

Chaque fois que nos yeux se croisent, la chaleur de mon corps augmente. Un léger picotement s'empare de ma peau tendis que tout mon être me supplie d'en faire mon gouter, contrairement à mon cerveau m'avertit de rester loin de lui.

J'ai l'impression d'être redevenue une adolescente ressentant ses premières pulsions devant la gent masculine. Si je fantasme sur Kieran, c'est surement dû au fait que cela fait longtemps que je n'ai pas couché avec quelqu'un. C'est peut-être également du torse qui doit être incroyablement beau. Il faut vraiment que j'arrête de penser à lui. Enfin de compte mon diner avec Roger est peut-être une aubaine, s'il arrive à me faire oublier Kieran au moins pendant deux heures.

En pénétrant dans mon appartement, je me dépêche d'aller prendre une douche. J'en profite pour m'épiler, ne sait-on jamais. La soirée pourrait avoir un déroulement inattendu même si j'ai un doute. La chose positive est que je vais avoir l'occasion de porter le petit haut transparent que j'ai acheté vendredi. Mon corps sécher j'hydratante mes jambes toutes douces. J'enroule une serviette autour de moi après avoir rapidement séché ma longue crinière brune.

Je les brosse puis passe une noisette de gel. Je fais une raie au milieu puis prends deux mèches sur le côté droit et commence à faire une tresse. J'en récupère d'autres tout en m'assurant de bien serrer. Je fais de même pour l'autre côté avant d'utiliser mon sèche-cheveux dessus pour accélérer.

Remarquant qu'elles sont presque sèches j'en profite pour m'habiller. Je sors un des sous-vêtements noirs en dentelle, dont le soutien-gorge bustier de ma commode ; cela ira parfaitement avec mon haut transparent. Je mets l'ensemble avant de prendre un jean foncé rangé sur l'une des étagères de la penderie ainsi que le débardeur qui est accroché au cintre.

J'enfile mes habillés tout en me regardant dans le miroir de la salle de bain. Je me trouve plutôt jolie, j'ai bien fait d'opter pour le soutien-gorge noir. J'avais peur que cela fasse mauvais genre, mais pas du tout, au contraire. Je passe à l'étape maquillage en appliquant un eut plus sur mes lèvres avec un rouge marqué. J'enlève mes tresses pour laisser mes cheveux désormais ondulés effleurer le haut de mon dos.

Le résultat est très soft attirant les yeux sur ma bouche pulpeuse. Je sors des talons avec plate-forme ouverte noire de la boite sous mon lit pour les mettre. Bien que je sois assez complexé avec mes pieds que je trouve horribles, ses chaussures arrivent cependant à me les faire moins détester. Entendant mon portable sonné je me retiens de soupirer. Je ne peux plus faire marche arrière maintenant. J'attrape ma veste en cuir, mon sac et ferme à double tour la porte.

En passant par le hall d'entrée, je ne peux m'empêcher de regarder aux alentours pour voir si Kieran est là. C'est une pointe de déception que j'avance vers la belle Ford.

— Tu es ravissante ! s'exclame Roger tandis que je m'installe sur son siège, tu as eu raison d'accepter mon invitation.

— Je n'ai pas eu vraiment le choix, lui reproché-je.

Il fait à peine pas attention à ce que je dis, il est beaucoup trop concentré à observer avec insistance mon soutien-gorge. La soirée va être longue s'il reste bloquer sur ma poitrine. Sur le trajet je ne parle pas et le laisser discuter seul. Je me demande s'il m'a invité juste que je fasse jolie, comme un accessoire.

Sa vie est aussi passionnément que celle d'un poisson rouge malgré le fait qu'il en rajoute énormément. Arrivé devant les restaurants il ne prend pas le temps de m'attendre et entre dans l'établissement sans même faire attention si je me trouve avec lui.

En franchissant la porte, je suis agréablement surprise par la décoration chic et raffinée du lieu. Une odeur délicieuse vient m'effleurer mes narines, m'ouvrant l'appétit. Même si Roger est loin d'être un homme galant il connaît les bonnes adresses.

— Vous avez une réservation ? interroge poliment une belle rousse.

— Malkavians, lui répond Roger en lui faisant un clin d'œil.

J'ai l'impression de rêver, a-t-il perdu la mémoire, je suis juste derrière lui et pourtant il ne gêne pas pour draguer quelqu'un d'autre devant moi je me demande bien ce qu'elles peuvent bien toutes lui trouver. Il est beau garçon certes, mais à l'intérieur il est aussi vide d'une plante verte, et encore c'est insulter la végétation.

Je les suis docilement jusqu'à notre table essayant de me contenir. Je n'ai aucune envie de balancer les quatre vérités à mon patron dans une salle bondée. Le seul réconfort que j'ai ce sont les plats que le restaurant propose. Tout à l'air succulent, je n'arrive pas à décider ce que je vais commander.

— Non n'avons pas besoin de carte je sais déjà ce qu'on va prendre ! Une bouteille de château haut Monplaisir avec deux assiettes deux filet de bœufs grillé, lance Roger sans même avoir jeté un coup d'œil au menu.

— Excellent choix est-ce que..

— En fait moi je vais plutôt commander saumon roi pêché à la ligne s'il vous plait, coupé-je la serveuse qui soudainement a l'air de se rappeler de ma présence.

— Très bien mademoiselle.

— Ne l'écoutez pas, elle ne sait pas ce qu'elle veut.

— Excuse-moi ! Je pense être assez grande pour faire mes propres choix, tranché-je.

Je tente tant bien que de mal à garder mon calme et remplie un verre d'eau que je bois d'une traite. Il faut que je prenne sur moi pour ne pas le lui envoyer en pleine figure.

— Je vais vous laisser encore un peu de peu pour réfléchir, bégaye la serveuse en fuyant presque.

— Tu peux nous arrêter de nous afficher s'il te plaît, me réprimande Roger-t-elle une enfant, je t'ai emmener dans un restaurant très cher...

— Et ? Le faite que tu m'invites dans ce genre d'endroit ne change absolument rien. Je ne suis pas une de ses femmes qui se trainent à tes pieds et à qui tu peux mal parler.

Ma réponse a le mérite de le surprendre, devant son regard ahuri je devine très clairement qu'il ne s'attendait pas à ça. Néanmoins, il se reprend vite et vient agripper ma main sur la table.

— Au moins, ses femmes qui te dégouter tant ont toute une chose au commun, et tu veux savoir laquelle.

— Pas d'estime, lui balancé-je en retirant ma main.

— Elles ont la richesse. Avec moi à leurs côtés rien ne les arrête bien au contraire. L'argent fait le bonheur et c'est exactement ce qu'elle obtienne.

À ces mots, je ne peux m'empêcher de rire aux éclats attirant certains yeux qui nous foudroient. Voyant cela Roger fulmine et me lance un regard meurtrier.

— Je n'ai que faire de ton fric, précisé-je en tentant de me calmer.

— Ment tant que tu veux, mais je sais que tu as besoin de moi autant que moi je te désire. Lorsque tu l'auras compris, tu viendras me supplier de m'intéresser à toi, mais il sera déjà trop tard.

— Voici votre Château haut Monplaisir, nous coupe un autre serveur.

Roger me défie du regard tandis que le sommelier verse le vin. Sentant sans doute la tension électrique qui règne, l'employer s'enfuit presque en laissant la bouteille sur la table.

— J'espère que ça t'aidera à être plus docile, peste Roger en tournoyant le liquide dans son verre pour le humer.

— Tu me fascines, tu es un pervers narcissique, qui se sent obligé de rabaisser les autres pour se valoriser alors qu'au fond on sait tous les deux que tu ne vaux pas grand-chose. Et si tu crois un seul instant que je peux tomber dans tes bras, tu te trompes lourdement !

— C'est exactement ça qui me plait chez toi, c'est cette fougue. J'ai tellement hâte de te gouter, tu dois être exquis.

Incapable de contrôler ma colère, je me lève d'un coup faisant renverser la chaise attirant tous les regards vers nous. J'attrape mon verre rempli pour lui jeter dessus.

— Je préfère être enfermé plutôt que de te sentir prêt de moi, lui murmurai en me penchant vers lui, ah et au fait tu avais raison il est délicieux ce vin !

Je ne prends même pas la peine de me retourner pour savoir qu'à cet instant il doit vouloir ma mort. Je sors d'un pas précipiter hors de ce restaurant sans trop faire attention au monde qui m'entoure.

Je marche dans les rues, appréciant l'odeur de la fine pluie qui arroser le béton. Je viens surement de mettre un coup de pied dans ma carrière, mais je ne pouvais plus le supporter. Demain j'irai lui expliquer que désormais notre relation sera strictement professionnelle, et que s'il a le moindre geste déplacé qu'il aura envers moi j'irai tout de suite le dénoncer à nos supérieurs.

Heureusement pour moi j'ai pensé à recharger mon portable en me préparant. J'entre mon adresse dans le GPS et commence a le suives quand une très belle voiture noire faire demi-tour dans ma direction.

Ce n'est pas la première fois que je la remarque ; je l'ai déjà vue près de mon immeuble. Surprise qu'elle se soit garée à côté de moi, j'avance prudemment vers la portière du conducteur qui baisse la vitre teintée.

Mon instant me dit de fuir en apercevant un homme âgé d'une cinquantaine d'années derrière le volant. Un sourire malicieux fessant froid dans le dos s'étire sur ses lèvres craquelées montrant toutes une rangée de dents jaunie. Sa peau est foncée, marquée par les années passées, accentue ses rides.

— Alors ma jolie, tu cherches ton chemin. Et si tu venais poser ton beau cul sur le siège chauffant de Lang Rover, papa pourrait t'aider, me propose ce vieux pervers.

— Je suis enceinte connard ! Rétorqué-je en le fixant droit dans les yeux.

Il ne prend même pas le temps de fermer sa vitre qu'il démarre au quart de tour. Ce truc marche toujours ce genre d'individu. Je continue d'avancer laissant mon esprit vagabonder, j'espère juste que les jours à suivant seront plus tranquilles que ceux que je viens de passer.  

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