L'attente

2 minutes de lecture

La jeune femme se tenait devant la haute fenêtre et regardait au-dehors. La nuit était claire, froide et belle. Une lune presque pleine s'accrochait à la voûte et ses rayons caressaient les champs et les arbres aux branches nues. Ce serait bientôt le plein hiver et, déjà, une fine couche de givre recouvrait tout et les sommets alentours s'étaient parés de blanc. Bien qu'un grand feu brûlât dans l'âtre, elle frissonna : la nuit était calme, trop calme. Et une nouvelle journée d'attente venait de s'achever.

Un léger bruit la fit se retourner : dans un berceau près du grand lit dormait un bébé de trois mois. Une petite fille aux boucles rousses, aux joues constellées de tâches de rousseur, comme autant d'étoiles qu'elle pouvait distinguer par la fenêtre. L'enfant avait simplement eu un de ces petits mouvements des lèvres, mais elle dormait paisiblement.

La jeune femme reprit sa contemplation. Où était-il ? Où étaient-ils ? Cela faisait maintenant plus de deux semaines qu'ils avaient quitté l'abri du château pour se lancer sur les routes et rejoindre le clan voisin pour une mission confiée par son père, pour s'accorder avec le chef du clan. Mais elle craignait pour eux, pour lui, les embuscades, les traîtrises et plus encore, les Anglais. Petit à petit, ils resserraient leur étau et si l'on n'y prenait pas garde, ils seraient bientôt comme chez eux, même dans les Hautes Terres. Et cela, elle le savait, ni son beau-père, ni son époux, ni ses beaux-frères ne le supporteraient. Rester maître chez soi était la phrase qu'elle entendait quasiment le plus depuis ces derniers mois.

Elle poussa un long soupir : aucune ombre ne se détachait sur le chemin à travers la lande, aucune silhouette n'apparaissait sur le col, au loin, entre les deux crêtes. Ce ne serait pas encore cette nuit qu'ils rentreraient. Elle ne pouvait que les espérer en chemin, mais à l'abri, peut-être dans un village proche.

Elle se résolut à gagner son lit : demain, sa petite fille la réveillerait tôt, il lui faudrait la nourrir, veiller sur elle. Elle était, à l'heure actuelle, la seule héritière du vieux chef de clan. Mais elle ne serait sans doute pas la seule à l'avenir : ses beaux-frères étaient tous de jeunes et vaillants hommes et au moins deux d'entre eux ne tarderaient pas à prendre épouse. L'accord entre les deux clans qui serait peut-être scellé prochainement amènerait d'ailleurs au moins une noce.

Elle retira sa longue robe blanche, coiffa sa chevelure noire, la tressa sommairement, puis se coucha. Le sommeil la prit alors qu'elle priait encore pour que Dieu accorde sa protection à son cher époux. Mais était-ce de penser si fort à lui ? Ses rêves furent si réels qu'elle en eut le corps, le coeur et l'esprit tout agités.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Pom&pomme ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0