Ode à la vulnérabilité. 

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Je suis vulnérable. Lorsque j’ai fait mon arrivée dans ce monde, il y avait encore de la place et de l’espoir pour la vulnérabilité. Aujourd’hui, il y a cette connotation péjorative qui semble dire : vous êtes faibles si vous êtes vulnérables. Je trouve au contraire que c’est l’inverse.

Je suis allée regarder ce que cela voulait dire, plusieurs définitions pour parvenir à exprimer la mienne car je trouve ça difficile à décrire. J’ai lu que cela venait du mot latin, signifiant être blessé. Pour le reste, la définition littérale est trop large pour être appliquée à ce que j’aimerais écrire. Alors, je vais me contenter de faire fonctionner mon cœur pour en parler.

Je suis vulnérable. Je le sais parce que c’est ainsi, depuis toute petite, je ne vis pas toutes les choses avec facilité et aisance. Cela n’est pas grave, ce n’est ni une fatalité, ni un manque d’optimisme et encore moins de chance. C’est que la vie me rend quotidiennement vulnérable. Mais c’est, de façon contradictoire, de toute cette vulnérabilité-là que je puise ma force. Elle me permet d’appréhender des obstacles, de gérer les environnements délicats et de mieux anticiper mes failles et les faiblesses. Elle me fait emprunter des chemins qui sont plus adaptés pour mes besoins. La route est longue, mais elle est parfois simplifiée par cette qualité-là.

A mon sens, la vulnérabilité se traduit par une affectation émotionnelle franchement présente dans le quotidien.

En d’autres termes, être facilement affecté pour et par beaucoup de choses.

En une image, c’est la délicatesse d’un fil tendu sur lequel je marche et dont il faut chercher un équilibre que je parviens difficilement à trouver.

Selon moi, accepter d’être vulnérable, c’est dire tenez, je vous offre mes peurs, mes failles ou mes faiblesses, je prends quelque chose dans l’obscurité pour le mettre dans la lumière et l’accepter, sans porter de jugement sur moi-même, en étant consciente de cela et en le travaillant. Je m’autorise à faire des pauses sur mon parcours de vie : je pleure et cela me fait du bien. Je ne dis pas qu’il faut que j’arrête de pleurer, je laisse aller les larmes. Je ne dis pas que je suis faible, je contrebalance le poids des maux.

En ayant conscientisé la vulnérabilité, je sais comment agir lorsque j’arrive sur le devant de la scène. Le rideau s’ouvre, et ça a au moins le mérite d’effacer un peu le trac qui s’empare de mon corps face à tous ces yeux inquisiteurs. Je vais prendre l’exemple concret de la conduite pour illustrer ce propos. En ce moment, j’apprends à conduire et je savais que ce serait délicat pour moi, ce n’est pas inné ou facile comme pour d’autres. L’accepter n’est pas aisé mais c’est libérateur et surtout révélateur, car je sais pertinemment comment me comporter dans cette situation. Le résultat positif qui découle est une monitrice particulièrement attentive à mes besoins, douce et compréhensive. En apprenant mieux à cerner qui je suis, je me fais guider convenablement par l’autre personne en face de moi.

C’est comme sur le terrain de tennis, on se renvoie la balle mais il arrive qu’elle me revienne en pleine figure aussi.

Bien sûr qu’il arrive que certains ne soient pas réceptifs à cette vulnérabilité : c’est même souvent le cas. Je le comprends, on ne peut pas sans cesse adapter qui l’on est face aux autres, notamment lorsque soi-même, on n’est pas enclin à cette vulnérabilité. Dans un environnement professionnel, c’est compliqué. Il y a les vagues qui arrivent pour me cogner, et je ne peux pas toutes les évaluer pour mieux les enjamber. Il m’arrive de boire la tasse aussi. Et de regarder mes châteaux de sable piégés, emportés par l’écume et la mousse de toute cette tempête de vie.

J’aime ouvrir les portes de la vulnérabilité lorsque je me confie à l’être dont je tombe amoureuse. J’étire d’abord un peu les parois du cœur, et ensuite je découpe une à une les barrières qui s’étaient épaissies au fil des années. Jusqu’à ce qu’il ne reste que cela, lui et moi, assis l’un en face de l’autre, accoudée à ma vulnérabilité. Ça peut faire peur, je le conçois et me le concède. Mais c’est comme ça que j’envisage la relation, en écoulant cela sur sa peau pour qu’il sache. Il a le droit de ne pas regarder. Ou de faire semblant de ne pas la voir.

Mais ce que je préfère avec la vulnérabilité, c’est l’inspiration qu’elle me donne lorsque j’écris. C’est la part la plus importante, car c’est celle qui offre des spectres multiples à mes mots.

Nous sommes des compères de vie, elle est ma boussole et m’accompagne partout pour guider mes paniques et la fragilité lorsque l’équilibre sur le fil menace de se rompre.

Il faut parfois tendre les mains loin devant soi pour en saisir toutes les opportunités.

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