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Sa robe était magnifique. Son père y avait mis la fortune familiale et l’avait menacée pour rendre le prince fou amoureux d’elle. Il lui avait donné un avant-goût de sa menace en lui laissant une marque violacée sur sa joue. Il se fichait bien de savoir ce qu’on pensait de lui. Et Erlyn savait très bien ce que tout le monde pensait de lui.
Le palais était aussi beau de l’intérieur. La pierre blanchâtre l’avait suivi dans les couloirs et les immenses salons. Les tapis somptueux lui donnaient envie de retirer ses chaussures et faire profiter ses pieds nus.
À mesure que les invités s’approchaient de la salle de réception, le givre reprenait une place dominante sur les murs, si bien qu’elle frissonnait. Son père lui avait interdit de porter ne serait-ce qu’un morceau de tissu sur sa peau nue. Le prince devait tomber amoureux d’elle.
Elle resta bouche bée face à l’immense salle de bal. Un lustre givré était suspendu au centre et illuminait la pièce. Il n’y avait pas de murs en pierre blanche, mais de longues vitres qui donnaient une vue sur le blizzard au-dehors.
Erlyn ne quitta pas son sourire de la soirée. Les invités créaient un immense brouhaha par leur discussion et leur rire. Elle n’osa pas entamer une discussion ni accepter une danse.
— Tu es magnifique.
Elle se détourna pour faire face à Naos.
Ses yeux bleu acier la pétrifièrent et elle sut qu’elle ne pouvait pas oublier une telle couleur. Ses cheveux avaient poussé et son visage s'était légèrement allongé. Il n’avait pas perdu sa beauté.
Il la détailla autant qu’elle le faisait. Il n’y avait plus rien d’innocent dans son regard. Elle pouvait sentir une légère tension émaner de lui alors qu’il glissait ses yeux sur sa joue marquée.
Elle resta, les bras ballants à le dévisager. Il finit par s’impatienter comme chaque fois et s’avança vers elle.
— Tu devrais me faire la révérence, tout le monde nous regarde, chuchota-t-il avec un regard moqueur qu’elle reconnut aussitôt.
Elle répondit à son sourire avec l’impression de revenir à des années en arrière. Son cœur se réchauffa alors qu’elle effectuait une révérence.
— C’est bien la première fois, se moqua-t-il à voix basse.
— Et sûrement la dernière, répondit-elle d’une même voix.
Elle était certaine que si tous les visages n’étaient pas rivés vers eux, ils auraient éclaté de rire.
Une main apparut devant ses yeux. Erlyn se redressa et leva les yeux vers lui. Un sourire vainqueur étirait ses lèvres.
— Que dirais-tu d’un endroit plus calme ?
Le salon dans lequel il la fit prendre place était bien plus majestueux que les autres. Un tapis rond s'étalait sur le milieu de la pièce. Des canapés et fauteuils habillaient la pièce. Les murs étaient nus. Un lustre éclairait la pièce et rendait l’atmosphère chaleureuse.
— À quoi penses-tu ? demanda-t-il alors qu’il fermait la porte derrière lui.
Elle se tourna vers lui, les sourcils froncés.
— À quoi pourrais-je penser, d’après toi ?
Il sourit.
— Mon départ.
— Donc tu es parti.
Il secoua la tête.
— Non.
— Où étais-tu ?
Le regard de Naos se perdit.
— À la recherche de quelque chose.
Il s’approcha d’elle avec un petit sourire malicieux. Erlyn crut que la chaleur des bougies n’existait plus. Un froid tomba dans la pièce à mesure que Naos s’approchait d’elle. Elle déglutit.
— As-tu peur, Lyn ?
Elle secoua la tête.
— Tu devrais.
Elle rit.
— C’est pour cela que tu m’as fait venir ici ? Pour me dire d’avoir peur ?
Le jeune prince s’approcha si près d’elle qu’elle pouvait voir la prunelle de ses yeux s’assombrir et se perdre dans les siennes. Son cœur comprit que la tension qui enfla dans la pièce était peut-être quelque chose dont elle devait avoir peur.
Il enroula une de ses mèches autour de ses doigts pâles. Ses yeux la lachèrent du regard pour fixer la marque violette sur sa joue. Ses doigts abandonnèrent ses cheveux pour toucher la blessure. La douleur l’obligea à reculer doucement.
— Tu sais qu’il paiera pour ça, n’est-ce pas ? Une promesse ne se brise pas.
Elle se perdit dans son regard.
— Peux-tu me promettre quelque chose en retour ?
Elle hocha la tête et il sourit.
— Épouse-moi.
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