7
Les mois passèrent. Personne ne revit Naos, pas même Erlyn. Il n’était jamais revenu réclamer son dû. Il n’avait pas attendu sa réponse ce soir-là, il s’était contenté de la regarder avec ce même regard qu’il avait arboré au bord de la falaise.
Naos créa une monarchie douteuse. Il exécuta le conseil de son père la semaine suivant le meurtre du roi. Il ne fit rien d’autre. Ce silence venant de sa part ne fit que plonger son royaume dans la peur d’une prochaine attaque. Et aucun des pays voisins ne vint pour venger le meurtre du roi.
La boutique était vide. La tempête de neige faisait grincer les fenêtres et la porte menaçait de céder à tout moment. Erlyn n’en parut pas surprise. La tempête avait commencé depuis le meurtre de son père et ne s’était pas arrêtée depuis.
Elle leva les yeux de la robe qu’elle confectionnait depuis des heures déjà. Ses doigts étaient endoloris et ses yeux fatigués. Elle relâcha son aiguille et soupira.
La porte s’ouvrit en fracas faisant hurler Erlyn sur son passage. Elle laissa échapper l’étoffe bleu nuit.
Des gardes avaient fait irruption dans la boutique ramenant le froid avec eux. Ils restèrent un instant à la regarder avant de retirer le casque de leur tête et l’écharpe autour de leur visage. Erlyn n’en reconnut aucun, mais l’épée qu’ils avaient accrochée à leur ceinture l’effraya assez pour ne pas leur hurler dessus.
Le premier fit un pas en avant.
— Nous sommes le renfort, s’exclama-t-il.
Elle ne comprit pas.
— Le renfort de quoi ?
— Du royaume, madame.
Alors ils n’avaient pas baissé les bras ?
— Pourquoi être venu ici ? Le palais se trouve de l’autre côté.
Il sourit.
— Nous savons que le prince vous a parlé en privé avant le meurtre du défunt roi. Qu’a-t-il dit ?
Erlyn ne mentit pas. Elle leur expliqua leur rencontre et leur relation jusqu’à maintenant secrète. Cette révélation sembla amuser le soldat.
— Soit.
Il posa son casque humide sur les robes à vendre.
— Tu as une unique solution qui s’ouvre à toi, Erlyn. Naos a confiance en toi. Tu as confiance en lui. Je veux te manipuler pour le tuer.
— Pardon ?
Il rit
— Le cœur des femmes est d’une faiblesse, vous ne trouvez pas, messieurs ?
Le regard moqueur des hommes, derrière lui, mit Erlyn mal à l’aise.
— Tue Naos et tu deviendras la grande sauveuse de ce monde. Échoue et tu ne seras qu’une petite perte.
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