11
Naos vint la chercher quelque minutes plus tard. Elle portait une robe d’un rouge presque sanglant. Ses longes manches ne la réchauffèrent pas pour autant, mais elle restait très belle.
Il ne parla pas. Il se contenta de marcher à ses côtés, la guidant dans le labyrinthe givré.
Ils débouchèrent dans une grande salle. Le dîner était déjà servi.
— Je sais que tu n’as pas mangé, dit-il, tu ne manges jamais avant d’avoir terminé ton travail.
Naos la connaissait par cœur par sa faute. Elle lui avait raconté ses secrets les plus sombres dont les coups de son père, sa plus grande peur, sa plus grande envie et ses rêves. Le silence était rare entre eux, sauf quand il lui ramenait un livre.
Il leva sa main vers son front.
— Parle-moi de ces hommes, Lyn.
Il posa ses doigts froids sur son front, la douleur la fit reculer d’un pas. Il s’avança et répéta son geste. Elle ferma les yeux au contact de ses doigts sur sa plaie encore fraiche.
Le froid parcourut son corps entier alors qu’il retirait sa main.
— Comme neuf.
Elle toucha son front. Il n’y avait aucune trace de blessure sur son front.
— Comment ?
Elle recule d’un pas, inquiète.
— Je t’en prie, Erlyn ! se moqua-t-il. La magie n’est plus un mythe. Et comment pourrais-tu penser à un mythe en sachant que la Grâce divine du dieu des glaces prenait la poussière dans le sous-sol du palais ?
— C’est pour cette raison que tu as tué ton père ?
Les yeux de Naos prirent une teinte plus foncée.
— Peut-être bien. Qui sont ces hommes ?
Elle déglutit.
— Tu n’as pas à avoir peur de moi, Lyn. Tu le sais.
— Le renfort.
Elle n’avait pas le sentiment d’avoir trahi le royaume en lui disant la vérité.
— Le renfort ?
Il semblait amusé.
— Et toi, que fais-tu là ?
Elle haussa les épaules.
— Je suis supposé être leur renfort ?
Il sourit.
— Dînons, veux-tu ?
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