Le jardin givré n’était pas aussi beau que dans ses souvenirs.

Il la fit asseoir sur un banc donnant une vue sur une bonne partie de la montagne. Il prit une longue inspiration et lui raconta comment les hommes avaient commandé, par pouvoir, le peuple des glaces. Ils avaient maudit le peuple à n’être que des êtres humains. Le chef de clan se fichait bien du peuple. Il prit les commandes du royaume de Nara et enfouit le secret dans le sous-sol du palais. Le chef épousa une femme née à la peau givrée sans le savoir, ce qui transforma la lignée. Cette union fit des membres royaux des êtres capables de faire renaitre le royaume de Nara.

Erlyn l’écouta sans le couper. Elle ne l’avait jamais vu aussi bavard. Il racontait ses batailles avec les archives de son peuple et le secret que son père tentait de cacher ; celui du terrible sort de Nara. Il évoqua la voix dans son crâne et le désir de la Grâce divine.

— En tuant mon père, j’ai cru que ça ferait renaitre le peuple de Nara. Je ne comprends pas pourquoi ça n’a pas fonctionné.

Il prit une longue inspiration.

— Les conseillers ont tenté de me tuer pour renvoyer les secrets de Nara de là où ils venaient.

— Et les domestiques ?

Il sourit.

— Par colère, dit-il, une colère que je n’ai su éteindre parce que je ne parvenais pas à faire réapparaitre le peuple de Nara.

Naos se tourna vers elle, incertain.

— Je l’ai fait pour sauver mon peuple, ce n’est pas ce qu’un roi doit faire ?

— Il y a différentes façons de le faire, murmura-t-elle.

Il hoche la tête.

— Je le concède.

Un silence s’engouffra entre eux et Erlyn fut incapable de bouger. Elle s’autorisa à imaginer un après-midi au bord de la falaise.

— Je vais lancer mon plan d’attaque, coupa-t-il.