Plusieurs jours que la capsule de survie dérive. Le professeur Grominoff présente les premiers symptômes de la folie. Jean-Patrick-René n'ose dormir de peur que son mentor ne gaspille le peu de vivres qui leur reste. La balise de détresse s'est éteinte ce matin, le dernier espoir d'être retrouvé vivant s'est envolé. Jean-Patrick-René Delapointe se remémore sa vie, il se dit qu'il aurait mieux fait de rester un petit employé de laverie. Certe, ce n'est pas un travail passionnant, mais il ne serait pas sur le point de mourir au milieu de nulle part. Les deux scientifiques finissent par s'endormir d'épuisement.

    Jean-Patrick-René rêve de la tribu Imonticha. Il se sent apaisé et serin. Il se réveille en sursaut. Quelque chose vient de heurter la capsule. Avec Alexandre, ils se jettent sur le hublot et découvrent qu'ils sont emportés  par un champ d'astéroïdes. Ils sont ballottés d'un météore à l'autre, ce qui rend malade le professeur Grominoff. Quand arrive enfin l'accalmie, Jean-Patrick-René remercie son dieu. En rebaissant la tête, il remarque que son ami fixe le hublot. La panique et le désespoir se lit sur son visage. Jean-Patrick-René pense tout haut.

• Il faut qu'on échappe à un malheur, pour en rencontrer un bien pire.

Il se retourne lentement en soupirant. La buée recouvre le hublot. La traversée du champ d'astéroïde a endommagé L'étanchéité de l'appareil. Cette fois, plus échappatoire, la grande faucheuse les tiens.

    L'oxygène s'amenuise lentement, une estimation rapide du professeur Grominoff conclu qu'il ne reste qu'une journée avant de mourir asphyxié. Sans savoir comment, ils se mettent à discuter de l'au-delà. Jean-Patrick-René pense que trois juges examinent la vie passée et attribut des points, si le total est supérieur ou égale à six cents treize, l'âme sort du cycle de la réincarnation. À peine son explication terminée, Alexandre Grominoff explose de rire. Il ne peut pas se contrôler et finit par contaminer Jean-Patrick-René. Après les rires, c'est au tour des pleurs. Chacun regrettant ses mauvais choix.

• La fin approche. Il faut se rendre à l’évidence, les miracles ça n’existe pas. C’est un plaisir de passer ces dernières heures à tes côtés Jean-Patrick-René. Au fait, quel est l’origine de ce prénom à rallonge ?

• Mes parents. Quand ma mère est tombée enceinte de moi, ils n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur la façon de me nommer. Au moment de l’accouchement, quand l’infirmière à demander à mon père quel prénom inscrire sur l’acte de naissance. Il a trouvé ça drôle de dire Jean-Patrick-René.

• Un sens de l’humour douteux.

• Tout comme ma vie.

Nouvelle crise de fou rire. Alexandre déclare qu’il faut éviter ce genre d’émotion, cela diminue fortement l’oxygène. Ils ont beau essayés de se calmer, rien n’y fait. Soudain, la voix de l’ordinateur centrale résonne.

• Planète détectée…  Procédure d’atterrissage enclenché….

Ils ne peuvent y croire, un miracle c'est produit. Jean-Patrick-René sent son cœur battre rapidement, une montée d'adrénaline qui lui redonne force et espoir. Les yeux collés sur le hublot, il guette cette fameuse planète. Enfin ils la perçoivent, la capsule s'en rapproche rapidement. Les moteurs se mettent en route. Ils entrent en orbite autour du globe. L'ordinateur de bord confirme la procédure d'atterrissage.  Ils entrent dans l'atmosphère, les flammes font rage autour de la coque. À cause de l'étanchéité abîmé, le feu pénètre dans l'habitacle.

• Anomalie détectée… Procédure défectueuse…

La capsule prend de plus en plus de vitesse. Par la pression, la porte explose. Alexandre est emporté dans les airs. Jean-Patrick-René s'accroche aussi fort qu'il le peut. L'impact tant redouté se fait moins violent. La capsule s'enfonce dans la mer. Toujours à l'intérieur, Jean-Patrick-René perd connaissance.