Londres, un jeudi en fin d’après-midi.

Une Rolls-Royce Phantom bleue vint se garer devant le Mandarin Oriental Hyde Park, l’un des plus luxueux hôtels de la ville. Quelques secondes plus tard, le portier se tenant devant l’entrée de l’immeuble s’approcha du véhicule avant d’ouvrir une des portières arrière. Un homme d’une quarantaine d’années, vêtu d’un costume de marque entièrement noir, affichant quelques cheveux blancs dans sa tignasse châtain clair, et arborant une barbe de trois jours descendit de la voiture.

- Bienvenue à vous, monsieur Linch, déclara le portier.

- Merci beaucoup.

L’homme sortit deux billets de 50 livres de son portefeuille qu’il avait au préalable récupéré dans la poche intérieure de sa veste avant de les remettre au portier.

- Monsieur est trop généreux.

Linch esquissa un léger sourire avant de boutonner sa veste et de prendre la direction de l’hôtel. L’intérieur de ce bâtiment de onze étages était tout ce dont on pouvait attendre d’un des hôtels les plus luxueux de la capitale avec sa décoration qui rappelait celle que l’on pouvait observer dans certains châteaux européens, son personnel toujours prêt à venir en aide à n’importe lequel des convives, mais également avec ses prix exorbitants. En effet, cet établissement hôtelier n’était accessible qu’à une élite n’éprouvant aucune difficulté à dépenser des milliers de livres sterling par nuit.

Traversant le hall du bâtiment, Linch emprunta un des deux ascenseurs afin de se rendre au troisième étage où sa chambre se trouvait. À l’aide d’une carte magnétique blanche qu’il récupéra au préalable dans la poche intérieure de sa veste, il déverrouilla la porte avant de rentrer dans la pièce. L’homme défit sa cravate puis la retira, ainsi que sa veste, avant de les déposer délicatement sur une des chaises présentes dans la pièce. Il alla ensuite se placer devant une fenêtre de sa chambre à travers laquelle il observa les passants. Peu de temps après, l’homme reçut un coup de fil qu’il décocha immédiatement.

- Je suppose que si vous m’appelez c’est pour m’annoncer que le client a signé le contrat d’emprunt, ai-je raison ?

- Oui, monsieur. Vous aurez à ses actions demain matin à l’ouverture des marchés, répondit l’interlocuteur à l’autre bout du fil.

- Excellent. Dès que ce sera le cas, vous procéderez à une vente à découvert et demanderez à Brighton d’entamer la phase suivante.

- Bien, monsieur.

Mettant fin à l’appel, Linch était fier de lui et affichait un sourire narquois. Il avait de quoi l’être, il venait d’obtenir un contrat qui allait lui faire gagner énormément d’argent.

- Cela mérite bien un somptueux dîner, se dit-il.

Cette nouvelle tombait à un moment opportun, l’homme commençant à avoir un creux d’estomac. Il rangea donc son téléphone portable dans sa poche, récupéra son portefeuille dans sa veste, puis partit en direction du restaurant de l’hôtel.

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Ce fut sans surprise que Linch fut accueilli par un des employés de l’hôtel lorsqu’il arriva dans le restaurant. Une table lui fit alors fournie ainsi qu’un menu afin qu’il puisse faire son choix parmi tout ce que le Mandarin Oriental Park Hyde avait à lui offrir. Après plusieurs dizaines de secondes à parcourir leurs différentes offres gastronomiques, l’homme porta finalement son dévolu sur du homard grillé et sur une bonne bouteille vin plus précisément sur un Château Lafite Rothschild.

Finissant de noter ce dont avait envie de manger l’homme, le serveur se rendit immédiatement dans les cuisines afin de transmettre sa commande à un des chefs. Pendant ce temps, Linch sortit de nouveau son téléphone portable de sa poche et le déverrouilla, ce qui fit apparaître en fond d’écran une photo de lui aux côtés d’une jeune fille et d’un jeune garçon. Il contempla momentanément l’image avant de partir consulter le cours de la bourse. Alors qu’il regardait la valeur des actions d’une société en particulier, il ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire.

- Je vais me faire tellement d’argent, pensa-t-il à cet instant.

Tandis que Linch avait les yeux rivés sur l’écran de son téléphone portable, l’employé de l’hôtel revint avec la bouteille de vin qu’il avait commandée.

- Voici votre Château Lafite Rothschild, monsieur Linch.

- Merci beaucoup, répondit l’homme pendant qu’on lui servait un verre.

Une fois de plus, Linch sortit de son portefeuille un billet de 50 livres qu’il remit immédiatement au jeune homme après que celui-ci ait fini de remplir son verre. Ce dernier le remercia pour son geste avant de retourner s’occuper d’autres clients. Se retrouvant de nouveau seul à sa table, l’homme huma le doux parfum qui se dégageait de son breuvage rouge avant de prendre une légère gorgée de celui-ci.

- Vraiment excellent !

Alors que cela faisait quelques minutes qu’il avait commencé à savourer son vin, l’attention de Linch se porta sur une jeune femme vêtue d’une robe rouge moulante et venant tout juste de prendre place au bar du restaurant. Cette belle créature, dont les formes généreuses ne laissaient pas l’homme indifférent, affichait une magnifique chevelure brune et était légèrement plus petite que lui. À vrai dire, selon ses propres estimations, elle devait faire aux alentours de 1 mètre 77, ce qui n’était pas vraiment dans ses critères. Cependant, étant de très bonne humeur en ce début de soirée, il se dit qu’il pouvait cette fois-ci faire une exception.

Venant de prendre sa décision, Linch retira par conséquent l’alliance qu’il portait autour du doigt et la rangea dans la poche de son pantalon avant d’appeler auprès de lui un autre employé du restaurant.

- Monsieur Linch, que puis-je faire pour vous être utile ? questionna-t-il à son arrivée.

- Vous voyez cette jeune femme habillée en rouge ? Celle qui est juste assise au bar ?

Le jeune homme retourna doucement afin de voir à qui cet important client faisait allusion. Il vit alors cette demoiselle assise toute seule au bar et comprit immédiatement pourquoi Linch avait porté son dévolu sur elle.

- Aimeriez-vous que je lui transmette un message de votre part, monsieur ?

- C’est à peu près cela. J’aimerais que vous lui offriez un verre en spécifiant que cela vient de moi. Vous mettrez également cela sur ma note.

Linch sortit de nouveau une coupure de son portefeuille qu’il remit discrètement au jeune homme.

- Il sera fait comme vous le désirez, monsieur.

Après avoir pris le billet, le serveur se retira afin d’accomplir la mission qui lui avait été confiée. Il se rendit donc auprès du barman à qui il murmura quelques mots au creux de l’oreille. Celui-ci échangea ensuite un bref regard avec Linch avant de hocher sa tête en guise d’approbation. Il s’exécuta ensuite en sortant un verre qu’il posa et remplit devant la jeune femme.

- Excusez-moi, mais je n’ai encore rien commandé, dit-elle tout en arrêtant d’écrire sur son téléphone portable.

- Courtoisie du client de la table 9.

En entendant cela, la jeune femme chercha immédiatement du regard l’individu qui venait de lui offrir ce verre. Ce fut peu de temps après que son regard croisa celui de Linch qui esquissa à ce moment un léger sourire. Elle lui rendit l’appareil, faisant également de même. Elle attrapa alors son verre, se leva de son siège, puis partit à la rencontre de l’homme. Tandis qu’elle se dirigeait vers lui, Linch ne pouvait s’empêcher d’admirer sa magnifique plastique. L’envie de coucher avec elle s’accentua par conséquent et l’homme se promit de tout mettre en œuvre pour y arriver.

Se tenant désormais devant Linch, la jeune femme lui demanda si la chaise qui se trouvait devant elle était occupée, ce à quoi il répondit qu’elle était libre et qu’elle pouvait y prendre place. Au même moment, et ce alors qu’elle venait de s’installer à table, le serveur qui lui avait apporté sa bouteille de vin revint cette fois-ci avec le plat qu’il avait commandé.

- Désirez-vous quelque chose d’autre, monsieur Linch ? questionna l’employé après avoir déposé le repas de monsieur sur la table.

L’homme se tourna alors vers la jeune femme et lui demanda ce qu’elle désirait avoir comme dîner.

- C’est très aimable à vous, mais je me contenterai du verre que vous m’avez offert, répondit-elle.

- Je me vois dans l’obligation d’insister.

- Non, c’est bon. Je n’ai pas vraiment faim.

- S’il vous plaît, j’insiste vraiment. Que penseront les autres clients de l’hôtel s’ils nous voyaient dans une telle situation ? Ce ne serait absolument pas correct à leurs yeux.

Face à l’insistance de Linch, la jeune femme n’eut nulle autre chose que d’accepter. Elle se saisit donc du menu et commanda quelque chose de léger tandis qu’il dit au serveur de mettre le tout sur sa note personnelle.

- Eh bien ! Monsieur Linch, votre générosité me va droit au coeur, rétorqua la jeune femme.

- Vous pouvez m’appeler David. Et vous n’avez pas à me remercier.

La jeune femme esquissa un léger sourire avant de se présenter à son tour en tant que Yasmine Ferra.

- Yasmine Ferra, quel beau nom. Un nom magnifique pour une femme tout aussi magnifique.

- Vous me flattez, David.

- Je ne fais que dire la vérité. À vrai dire, j’ai la mauvaise manie de dire tout haut ce que je pense et je peux dire que Ferra est un nom qui vous sied à merveille. D’ailleurs, puis-je savoir de quelle origine il est, si cela ne vous dérange pas bien sûr ?

Yasmine lui répondit alors que celui-ci était d’origine brésilienne, ce qui interpella David et lui fit comprendre pourquoi cette femme avait des formes aussi attrayantes. Il se demanda alors si certains stéréotypes au sujet des femmes provenant de ce pays étaient vrais. Il avait notamment entendu dire que leur appétit était insatiable ou quelque chose du genre. Si cela s’avérait être la réalité, alors il était certain de passer une agréable nuit.

Pendant que Linch pensait à tout ce qu’il ferait avec la jeune femme au cours de la nuit, cette dernière examinait l’homme du regard. Elle savait déjà qu’il était quelqu’un de fortuné, la quasi-totalité des clients du Mandarin Oriental Park Hyde l’étant, mais elle était tout de même curieuse de savoir ce qu’il faisait dans la vie. Elle n’hésita donc pas un seul instant à lui poser la question. David ne fut en aucun cas surpris par sa demande. À vrai dire, il s’attendait à ce qu’elle la lui pose depuis un certain moment, en fait, il attendait cela depuis l’instant où elle avait quitté le bar pour venir le rejoindre.

- J’aimerais bien vous le dire, mais ce serait trop facile. Pourquoi n’essayeriez-vous pas de le deviner ?

- Le deviner, dites-vous ?

- C’est cela, en effet.

- Cela risque de s’avérer très difficile.

- Essayez tout de même. Vous savez, dans notre société, être capable de lire autrui est un avantage non négligeable.

Ferra finit par accepter le défi de Linch et l’observa de la tête aux pieds pendant plusieurs minutes. Ce n’était vraiment pas chose aisée pour elle de deviner ce que cet homme faisait dans la vie. Il y avait tout simplement trop de possibilités. Elle opta donc pour celle qui était la plus simple.

- Après mûre réflexion, je dirais que vous êtes un homme d’affaires, peut-être même le directeur une société.

- Qu’est-ce qui vous fait croire cela ?

- Votre façon de vous habiller et votre manière d’agir. Vous êtes l’un des rares clients de ce restaurant à être vêtu de la sorte. Il sera bientôt 18 heures, donc j’en déduis que vous avez récemment terminé avec votre journée de travail et profitez d’un copieux repas. Ensuite, vous semblez être quelqu’un de très confiant comme en témoigne votre insistance à m’inviter à dîner. C’était bel et bien une invitation, n’est-ce pas ?

David ne répondit pas à sa question et se contenta de sourire, quelque peu surpris par l’analyse de la jeune femme. Cette dernière poursuivit en lui disant que s’il n’était pas un homme d’affaires, alors il était une célébrité. Cependant, elle doutait grandement de sa deuxième supposition.

- Et pourquoi doutez-vous de cette seconde supposition ?

- Je ne sais pas. Mon instinct me dit juste que ce n’est pas le cas.

- Votre analyse est très intéressante et il semblerait que vous ayez un très bon instinct. Vous aviez tout à fait raison de l’écouter, je ne suis en aucun cas une célébrité. J’évolue plus dans le domaine de la finance, ce qui fait effectivement de moi un homme d’affaires travaillant à Apex Capital, un fond d’investisseur.

Linch lui donnant ensuite quelques détails concernant les activités de cette société sans pour autant lui dire le poste qu’il occupait dans ladite entreprise. En entendant cela, la jeune femme se dit qu’elle avait tiré le gros lot en tombant sur une telle personne. À ce moment, l’employé du restaurant revint auprès d’eux avec le dîner de Yasmine qu’il déposa juste devant elle. David profita alors de l’occasion pour lui donner un pourboire, ce qui permit à la jeune femme de voir la liasse de billets qui se trouvait dans son portefeuille. Le travailleur le remercia ensuite pour sa généreuse donation avant de les laisser et de partir s’occuper d’autres clients.

A suivre !!!