Chapitre 11: APEX Capital (1)

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Après plus de trente minutes de trajet, David et son chauffeur arrivèrent devant un impressionnant immeuble de plusieurs dizaines d’étages situé en plein centre-ville et sur lequel les mots « APEX Capital » étaient inscrits en grand caractère. Le duo prit la direction du parking sous-terrain dans lequel une jeune femme à lunettes vêtue d’une chemise blanche, d’une jupe noire, et d’une paire de talons assortis les attendait. Cette personne, qui tenait dans une de ses mains une tablette, partit à la rencontre de l’homme d’affaires au moment où son véhicule se gara et l’accueillit avec un « Bonjour, monsieur Linch. »

- Bonjour, mademoiselle Henningsen. Comment vous portez-vous en cette matinée ? rétorqua-t-il en descendant de la voiture.

- Je me porte à merveille. Et vous, monsieur ?

- Tant que je deviens plus riche que la veille, nous pouvons dire que je porte également à merveille.

Durant ce bref échange de formalités, le duo composé désormais de Linch et Henningsen prit la direction des cages d’ascenseur où ils poursuivirent leur conversation une fois à huis clos.

- Comment se déroulent les opérations ? questionna David.

- Nous avons procédé comme vous nous l’avez ordonné et avons lancé une proposition de vente ce matin à l’ouverture des marchés.

- Quel pourcentage d’actions a été acheté depuis ce matin ?

- Nous sommes aux alentours de 20 % et ça continue de grimper.

À l’entente de cette nouvelle, l’homme d’affaires ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire tout en se frottant légèrement le menton. Il allait vraiment se faire une quantité phénoménale d’argent. Cependant, il tâcha de contrôler sa joie, se disant qu’il restait encore beaucoup à accomplir avant que cette opération financière soit un véritable succès. De son côté, Henningsen remarqua la réaction de son employeur en plus de constater quelque chose d’autre. En effet, elle se rendit compte que David ne portait pas son alliance autour du doigt, ce qu’elle trouva très inhabituel. L’esprit de la jeune femme ne fit qu’un tour, imaginant toute sorte de scénarii qui auraient pu le conduire à la retirer. Il ne fallut pas très longtemps à Henningsen pour arriver à la conclusion qu’il avait eu une aventure extraconjugale.

Linch tourna soudainement le regard vers sa secrétaire, ce qui obligea cette dernière à détourner le sien. Se demandant pourquoi elle avait réagi de la sorte, l’homme se rendit compte qu’il ne portait pas son alliance autour du doigt. Il se rappela alors qu’il l’avait retirée peu de temps avant sa rencontre avec Yasmine et avait oublié de la remettre. David savait que Henningsen n’était pas studio. Non, loin de là. Vu son comportement, elle avait certainement compris qu’il avait eu une aventure extraconjugale, ce qui entachait quelque peu son image.

- Mademoiselle Henningsen…

- Selon toutes nos prévisions, nous aurons vendu toutes les actions avant la fermeture des marchés financiers, rétorqua-t-elle brusquement en interrompant son patron.

Pour David, le message de sa secrétaire était clair. Elle lui disait tout simplement que ce qu’il faisait de sa vie ne la concernait absolument pas et que tout ce qui l’intéressait était de faire son travail. Ce n’était pas plus mal pour lui, quoique les deux devaient toujours discuter de ce qui venait de se passer.

- Tenez-moi informé lorsque toutes les actions auront été liquidées, poursuivit-il comme si de rien n’était.

- Comme vous voulez, monsieur Linch.

- Bien. Aussi, Brighton a-t-il déjà pris son poste ?

- Je pense. Vu l’heure qu’il est, je suppose que c’est déjà le cas.

- Vous irez vous si c’est effectivement le cas et vous lui direz de venir immédiatement dans mon bureau.

- Tout de suite, monsieur.

Henningsen appuya sur un des boutons de l’ascenseur, forçant ainsi ce dernier à s’arrêter au 25e étage. Se retrouvant désormais seul, David récupéra sa bague dans la poche intérieure de sa veste et la passa à son doigt avant de prendre quelques instants pour réfléchir à ce qui venait de se passer. Cela ne faisait que quelques heures qu’il avait rencontré Yasmine et cette dernière foutait déjà le bordel dans sa vie. Comment avait-il pu oublier de remettre son alliance ? Comment avait-il pu commettre une telle erreur ? Était-ce à cause de tout ce qu’elle lui avait fait subir ? Même si c’était à cause de son expérience plus qu’inhabituelle, ce n’était pas une raison pour lui de faire une erreur pareille. Ce petit incident renforça David dans l’idée qu’il devait à tout prix trouver un moyen de se débarrasser de cette femme, et ce avant qu’elle fasse de sa vie un véritable enfer. Mais pour l’instant, il devait partir gagner de l’argent, beaucoup d’argent.

-----*-----

Quelques minutes avant que David arrive devant les locaux de son entreprise, le taxi dans lequel Yasmine se trouvait s’arrêta dans la rue Duke devant un immeuble contemporain de trois étages. Venant de régler sa course, la jeune femme resta quelques instants de plus dans le véhicule, ce qui perturba quelque peu le conducteur. Il lui demanda alors si tout allait bien, pensant à cet instant qu’il s’était peut-être trompé d’adresse.

- Ne vous inquiétez pas, tout va très bien. Je me demandais par contre si ça vous intéresserait de prendre un petit verre à l’intérieur. Et qui sait ? Peut-être que ça pourra conduire à un dénouement intéressant.

La raison pour laquelle Ferra l’invitait chez elle était très claire, elle voulait le baiser comme elle l’avait fait avec David. Il fallait dire que sa libido avait atteint un niveau assez élevé avec toutes les réminiscences de la nuit précédente qu’elle avait eues durant le trajet. Yasmine voulait se vider et il était un parfait candidat. En plus, elle se dit que ce serait sa dernière chance de profiter de ce qu’elle avait à offrir. Quel homme saint d’esprit refuserait de sauter une femme comme elle. Quelle fut alors sa surprise quand l’homme qui se tenait devant elle lui ordonna brusquement de dégager de son taxi.

- Pardon ?! s’exclama-t-elle alors.

- Tu m’as bien entendu, sale pédale. Dégagé de mon putain de taxi !

La jeune femme était plus qu’outrée par les propos qu’il venait de tenir, elle était extrêmement offensée, en plus de ne pas en croire ses oreilles. Néanmoins, afin de ne pas envenimer les choses, elle s’exécuta et descendit du véhicule, prenant cependant la peine de lâcher un « sale enculé » avant de fermer la portière.

- Ouais, c’est ça ! Sale tafiole ! s’exprima-t-il une toute dernière fois avant de partir en trompette avec son taxi.

Observant le véhicule s’éloigner de plus en plus, la jeune femme lâcha un dernier « sale enculé » avant de finalement prendre la direction de son domicile.

Alors qu’elle venait tout juste de rentrer dans son appartement qui était équipé de façon luxueuse, Yasmine était toujours en colère vis-à-vis de ce qui venait de se produire. D’ailleurs, elle était si en colère qu’elle n’hésita pas à jeter son sac à main contre son canapé, ne se préoccupant alors pas de son contenu. Yasmine n’arrivait pas à croire que ce « maudit » chauffeur de taxi avait non seulement osé refuser sa proposition, mais qu’il l’avait également insultée.

- Mais pour qui il se prend cet enculé ?! s’exclama-t-elle soudainement.

Pour Yasmine, son comportement était tout simplement inacceptable et il devait donc en subir les conséquences. Oui, il ne pouvait pas s’en sortir aussi impunément. La jeune femme se dirigea vers son canapé, prit dans son sac son téléphone portable qui était encore intact, et parvint à obtenir l’identité du conducteur via l’application qu’elle avait utilisée. L’attention de Ferra fut alors attirée par le nom de famille de la personne qui l’avait conduite jusqu’à chez elle : Weakman. Elle se dit que c’était vraiment une dénomination appropriée pour une personne comme lui. Maintenant qu’elle avait son nom, son prénom, et une photo de lui, il était désormais temps pour elle de passer quelques appels.

- Tu ne vas pas t’en tirer ainsi, Wilton. Ça, je te le promets.

-----*-----

De retour dans les locaux d’APEX Capital, David était assis derrière son bureau. Le visage de l’homme était quelque peu froissé du fait que son fauteuil était très inconfortable. Et pour cause, les conséquences de sa nuit de débauche étaient toujours présentes. L’homme avait toujours mal au cul et il se demandait si cette douleur finirait par s’en aller. Il espérait que ce soit le cas, ne se voyant pas passer le reste de ses jours avec cette déplaisante sensation.

En parlant de déplaisante sensation, David se rappela qu’il avait un autre rendez-vous avec Yasmine à la fin de sa journée de travail. Et après ce qui s’était passé entre eux ce matin dans la salle de bain, l’homme était certain qu’elle voudrait à nouveau le baiser. Linch ne voulait absolument pas réitérer l’expérience de la veille, c’était beaucoup trop désagréable, douloureux, et humiliant. En plus, il avait également peur que la gêne qu’il avait en ce moment s’accentue. Si cela venait à se produire, sa vie risquerait de prendre une tournure extrêmement déplaisante. Il fallait donc qu’il se débarrasse de cette femme, mais comment ?

Ferra détenait des fichiers compromettants sur lui et elle lui faisait littéralement du chantage avec. Il pouvait bien évidemment demander à un de ses employés du service informatique de trouver un moyen de récupérer les données ou de les détruire, mais cette solution risquerait de se retourner contre lui. Peut-être, faire appel à ses avocats ? Non, l’histoire pourrait être exposée aux yeux des médias et du public, ce qui aurait des conséquences néfastes sur son entreprise. N’y avait-il pas de solution viable pour lui ? Devait-il jouer au jeu de cette femme et attendre qu’elle se lasse de lui afin d’être libre de son emprise ? Devait-il jeter sa dignité en tant qu’homme et devenir son toutou ? Que penseraient ses pairs de lui ? Mais surtout, que penserait son amour propre de ce qu’il deviendrait ?

Tandis que l’homme d’affaires était perdu entre questions existentielles et recherche de solution à son problème, quelqu’un frappa brusquement à la porte de son bureau. Revenant sur terre, David lui demanda de rentrer. L’individu qui venait tout juste de pénétrer dans le bureau de Linch arborait des cheveux noirs et des yeux de couleur marron, affichait une mâchoire légèrement carrée, et était vêtu d’un élégant costume trois-pièces bleu nuit.

- Vous avez fait appeler moi, monsieur Linch, dit-il après être rentré.

- Oui, prenez place.

Le jeune homme referma la porte derrière lui avant de venir s’asseoir en face de son patron, le tout pendant que Linch affichait son dossier sur son ordinateur de bureau.

- Brighton, je suppose que mademoiselle Henningsen vous a fait part des détails de l’opération en cours ?

- J’ai en effet lu le document qu’elle m’a envoyé par email et je comprends ce que j’ai à faire. Toutefois, il manquait une information cruciale dans les documents qui m’ont été transférés et je déduis que ma convocation dans votre bureau a un rapport avec cela. Est-ce bien cela ?

- Perspicace. J’ai bien étudié votre cas depuis que vous avez rejoint mon entreprise. Vous êtes intelligent, ambitieux, et vous n’avez pas peur de prendre des risques…

- Sans risque, il est impossible d’obtenir des résultats satisfaisants, rétorqua-t-il brusquement.

À ce moment, Linch ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire devant ce jeune homme qui n’avait pas peur de lui couper la parole.

- Comme je l’ai dit, vous êtes très ambition, Brighton. Et l’ambition est quelque chose que l’on apprécie énormément ici à APEX Capital. C’est la raison pour laquelle je vous ai choisi pour mener à bien cette opération. Et pour revenir à l’information cruciale dont vous parliez, vous aurez une semaine.

- Pardon ! s’exclama Brighton, surpris.

- Vous m’avez très bien entendu. Vous aurez une semaine et pas un jour de plus pour conclure cette affaire. Menez là à bien et vous monterez au 21e étage.

Un brin d’excitation pouvait se voir sur le visage du jeune homme tandis que les mots « 21e étage » étaient prononcés. Brighton dit ensuite à David qu’il ferait tout son possible pour mener à bien la tâche qu’il venait de lui confier.

- Je sais que vous ne me décevrez pas. Votre carrière en dépend.

Pour Brighton, les enjeux étaient clairs. Soit il réussissait et obtenait une jolie promotion, soit il échouait et se retrouvait sans emploi. Malgré la présence cette épée de Damoclès qui flottait au-dessus de sa tête, le jeune homme était plus qu’excite de faire ses preuves, ce que David aperçut bien évidemment dans son regard.

- Était-ce tout ce que vous aviez à me dire, monsieur ?

- Oui, Brighton. Vous pouvez maintenant disposer.

Sans se faire prier, le jeune homme se leva de son siège et quitta le bureau de David, le laissant avec toutes ses interrogations et responsabilités.

A suivre !!!

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