Son téléphone l'interrompit. Fab'frère, à l'écran.

— Allo ? Fab ? Ça va, j‘te dérange pas ?

Elle manipula paresseusement la boite en écoutant la voix de son frère. Elle avait l'impression qu'il était un peu nerveux.

« Il y avait une boite sur ma table de salon, quand je suis rentrée. J'voulais savoir si c'était toi qui l'avait déposée ?

Son frère ne lui répondit pas directement, il y eut un temps suspendu. Puis, avec une hésitation dans la voix, il lui intima de se méfier.

« Comment ça : fais gaffe ? C'est toi ou c'est pas toi qui me l'as déposée ? Vous cachez quoi là, avec les potes, vous me faites un mauvais coup, c'est ça ?

Son frère ne lui répondit qu'à grand-peine, balbutiant des réponses qui se contredisaient.

« Fab ! Est-ce que tu pourrais s'il te plait te montrer clair ?

Une brusque idée la fit soudain rigoler nerveusement.

« On dirait papa ! Je comprends rien à ce que tu racontes ! Dis-moi juste si tu sais ce dont il s'agit et arrête avec ton numéro ! Ça me fait flipper !

À l'autre bout du fil, son frère fit soudain silence.

« Fab ? Tu m'entends ? Arrête tes blagues, c'est pas drôle !

La pâle tonalité se fit à nouveau entendre.

Que son frère puisse jouer un jeu avec elle, ça, elle pouvait l'admettre, mais qu'il lui raccroche au nez, c'était inacceptable ! Elle s'empressa de lui envoyer un message distillant quelques volées d'insultes bien senties et qui allaient faire mouche à coup sûr !

Une fois, dégagée de sa haine par écrit. Elle repensa à l'appel, elle ne pouvait se départir de l'impression que son frère savait quelque chose. Ce qui en soi était déjà rassurant. Cette boite ne pouvait donc pas contenir quelque chose de dangereux.

Lentement l'idée d'une sorte de jeu se forma dans sa tête. Elle en avait déjà entendu parler : des jeux, du style enquête et jeu de piste, mais grandeur nature. Avec une mise en scène. Qui pouvaient parfois durer plusieurs mois. Jusqu'à l’aboutissement : une grande fête d'anniversaire. Et après tout le sien était dans trois mois...

À la fois excitée à cette idée et vexée d'être potentiellement le dindon de la farce, elle reposa son téléphone et la boite. Si c'était un événement orchestré par ses potes avec l'aide de son frère, elle voulait y participer, mais en même temps elle souhaitait leur mettre des bâtons dans les roues. Elle savait que ces jeux de piste étaient savamment orchestrés et qu'il fallait bien préparer son coup. S'ils avaient prévus qu'elle allait ouvrir la boite en rentrant, elle n'allait pas leur faire ce plaisir - en tout cas pas directement !

Oui au fond, pourquoi ne pas la laisser trainer ? Ce serait drôle de voir comment ils allaient se débrouiller avec ce contretemps dans leur mise en scène, tiens ! Ils devraient rattraper la sauce d'une façon ou d'une autre !

Devant sa boite, elle ricana intérieurement. Que se passerait-il si elle ne l'ouvrait pas ? Ou alors demain ? Recevrait-elle un appel de l'un ou de l'autre, pour la reprendre dans le jeu, voire même lui intimer directement d'ouvrir le carton ?

Ce fut décidé en quelques instants, elle ne leur ferait pas ce plaisir ! Elle reposa le colis sombre et prit la télécommande et alluma la télévision. Rien ne valait la bonne soirée de repos qu'elle s'était promis. Qu'ils attendent, ses potes, et qu'ils se débrouillent. Ils n'avaient qu'à pas rentrer chez elle !