Ouverture dans 16 minutes -Temps : 3 minutes

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Elle frissonna de la tête aux pieds et leva les yeux vers la porte d'entrée de l'appartement baignée dans l'obscurité. Ses mains se posèrent sur le plan de travail, elle tenta de maitriser sa respiration qui essayait de s'emballer. Elle pensa, confusément, que c'était l'effet de la nuit et de son sommeil torturé ; que dans ces conditions tout prenait une allure menaçante, les petits papiers dans les boîtes, les portes, les ombres ; et que ce message ne voulait rien dire, qu'il perdait tout sens puisqu'il était trois heures du matin (elle s'assura de l'heure sur le cadran du four : 03:04) !

Elle surveilla sa respiration, il fallait garder son calme. Personne n'allait frapper à sa porte en pleine nuit, il était inutile de s'affoler. L'immeuble est calme, il y a un ouvre-porte, des voisins paranos qui ne laissent jamais le passage ouvert sans raison. Personne ne peut s'infiltrer comme ça. Son frère ou encore ses amis, aussi farceurs qu'ils pouvaient l'être, n'allaient pas camper dans le couloir pour la surprendre pendant la nuit.

Son cœur s'emballa d'un coup. Se pouvait-il qu'il y ait quelqu'un à l'intérieur de chez elle ?

Elle commença à chercher du regard chaque espace : cuisine, salon, hall, chambre, salle de bain. À part la cuisine, tout était baigné dans l'obscurité. Sa chambre se présentait comme un rectangle s'ouvrant sur du néant ; le hall, légèrement éclairé, laissait apparaitre une grande forme oblongue, presque humaine, baignée dans l'ombre...

Le portemanteau. C'était le portemanteau ! Elle prit son courage à deux mains, et avança vers le hall. D'abord, il fallait allumer les lumières... Non, d'abord !

Elle sortit d'un des tiroirs de la cuisine un très long couteau (pas très coupant songea-t-elle, mais vu sa taille il était plus dissuasif que dangereux) et s'avança vers le hall en quête de l'interrupteur.

Lentement, très lentement, elle chemina vers le coin clair-obscur. Elle ne pouvait s'empêcher de regarder tout autour d'elle comme si le danger était potentiellement n'importe où. Même au plafond ! Devant elle, la grande forme oblongue semblait la toiser - le portemanteau, c'est juste le portemanteau ! - elle pointa son couteau de cuisine dans sa direction, au cas où il se mettrait à bouger.

Dans quelques centimètres sa main allait enfin atteindre le bouton.

Puis la lumière revint d'un coup baigner le hall, la forme menaçante reprit sa consistance purement vestimentaire, les ombres s'estompèrent. Restait la porte...

Elle se retourna vers le four. 03:05, non ! 03:06. Encore une minute...

Deux parties d'elle s'affrontaient. La première pragmatique, lui disait : ouvre la porte, il est impossible qu'il t'arrive quelque chose ; la seconde, lui hurlait d'aller se tapir dans un coin (pour réduire les possibilités de l'atteindre) et de brandir son arme pour dissuader tous les monstres de la nuit.

Mais le temps pressait.

Elle essaya de réfléchir. Si on lui avait prévu une mise en scène pour le début de soirée, supposant qu'elle ouvrirait la boite, les farceurs avaient surement placé quelque chose à peine trois minutes après qu'elle soit rentrée, puisqu'il leur était impossible de savoir quand elle ouvrirait la boite. En toute cohérence, si elle ouvrait sa porte elle trouverait alors un message ou une seconde boite sur son pas de porte, conclut-elle, en essayant de rester logique.

Elle souffla, cala sa respiration et son glaive dans ses mains crispées et ouvrit...

Rien.

Couloir vide. Elle balaya rapidement l'espace obscur, alluma même la lumière. Rien de spécial, juste son bon vieux couloir.

Elle referma la porte. Soulagée, mais inquiète.

Elle se tourna vers la cuisine lumineuse. Sur son four, elle vit 03:06 devenir 03:07.

Un long glissement sur la porte derrière elle la fit soudain sursauter.

Elle tomba presque au sol d'émotion. Tout tremblante elle pointa l'entrée avec son couteau.

— Il y a quelqu'un ?

Evidemment, aucune réponse, songea-t-elle. Elle retourna à reculons dans la cuisine, et prit un autre couteau dans le tiroir. Elle songea soudain à appeler la police. Mais la perspective de réveiller tout l'immeuble pour un "glissement" sur sa porte la terrifiait presque autant que l'idée même d'ouvrir la porte.

Elle céda sur la part la plus irrationnelle de ses pensées, elles venaient de recevoir le meilleur des carburants : un évènement étrange, quelque chose d’impossible. Elle partit se blottir dans un coin du salon, le plus dégagé possible. Pour s'y installer durablement, réfléchir, surveiller, sans jamais relâcher sa vigilance. Chaque espace semblait hanté par des fantômes, elle avait l’impression de percevoir des mouvements danser dans les ombres. De loin, sur le plan de travail, la boîte se tenait placidement ouverte, comme une bouche s’ouvrant sur le néant. Elle ferma les yeux, ça bourdonnait dans sa tête. Mais elle tenait ses lames, elle était prête à tout, le moindre mouvement se verrait taillader mille fois. Elle le promit au néant : Tu ne m’auras pas !

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