Les couloirs du Nexus-47 étaient d’une obscurité presque totale. Le vaisseau, en perpétuelle activité, semblait parfois s’arrêter dans des zones isolées où l’écho des pas se faisait lourd, presque oppressant. Cyan s’avançait prudemment, ses pas résonnant faiblement sur le sol métallique. Sa mission était simple : réparer un circuit dans la salle de contrôle de la ventilation. Mais plus il avançait, plus un sentiment étrange s’emparait de lui.

Il n’était pas naïf. Cyan savait qu’il était loin d’être un technicien, mais c'était sa chance de prouver sa valeur à l'équipage. Pourtant, il avait l’impression que cette zone du vaisseau, où les lumières clignotaient sans cesse, renfermait une atmosphère oppressante. Il se sentait… observé.

Calme-toi, ce n'est que le vaisseau qui fait des bruits, rien de plus se dit-il, en essayant de chasser la sensation qui grandissait dans son ventre.

Il tourna dans un couloir étroit et s'arrêta net. Une ombre s’était déplacée au bout du corridor, disparaissant presque instantanément. Son cœur s’emballa dans sa poitrine. Il n’était pas seul. Quelqu’un ou quelque chose se déplaçait là, dans l’obscurité.

"Qui est là ?" appela Cyan d’une voix incertaine, essayant de maintenir son calme.

Aucune réponse. Rien que le silence, lourd et oppressant.

Il n’y avait personne. Pourtant, Cyan se sentit irrémédiablement attiré par cette présence. Il secoua la tête. Ce n'était qu'une illusion, n'est-ce pas ? Il se remit en marche, pressant le pas, bien décidé à en finir avec sa tâche.

Le bruit de ses pas, réguliers, résonnait toujours dans l'immensité du vaisseau. Mais il ne pouvait pas secouer ce sentiment de plus en plus fort qu'il n’était pas seul. Il tourna encore un coin et, soudain, il le vit.

L’imposteur.

Une silhouette dans une combinaison noire, presque parfaitement intégrée dans l’ombre. Le masque recouvrant son visage laissait entrevoir aucune émotion. Cyan s’arrêta, une boule de panique se formant dans son ventre. Non… Non, ce n’est pas possible…

"Qui... qui es-tu ?" balbutia Cyan, se reculant instinctivement. Son esprit courait, tentant de saisir la réalité de la situation. Il savait bien qu’il ne faisait pas erreur. L’imposteur était là, devant lui.

L’imposteur leva la tête, fixant Cyan de ses yeux invisibles. Sa voix, basse, résonna comme un écho dans la pièce silencieuse.

"Tu n'aurais jamais dû venir ici, Cyan," dit l’imposteur d’une voix menaçante, sans émotion. "Ce n'est pas ton terrain de jeu. Tu as vu trop de choses."

Cyan sentit son cœur s’emballer davantage. Il n’était pas stupide, il avait compris. L’imposteur était parmi eux. Un d'eux. Mais... comment ? Pourquoi ?

"Je... je... je n’ai rien vu, je suis juste là pour faire ma tâche," tenta de dire Cyan, sa voix tremblante. Mais l’imposteur s’avança lentement, ses pas presque imperceptibles. Cyan, les yeux écarquillés, observa chaque mouvement.

"Non, tu sais trop. Trop pour continuer à vivre." La voix de l’imposteur s’adoucit légèrement, mais son ton resta glaçant. Cyan recula d’un pas, sentant la panique s’emparer de lui.

"Je... je ne veux pas de problèmes... je veux juste finir cette tâche et partir d'ici !" Cyan tenta de reprendre le contrôle, mais l'imposteur n’avait aucunement l'intention de le laisser partir. Ses mouvements étaient trop rapides. Trop fluides. Et avant qu’il n’ait pu faire un geste, l’imposteur s’avança d’un pas fulgurant et l'attrapa par le bras.

"Tu n’as pas le choix, Cyan," dit-il, un sourire glacé se dessinant sous son masque. "Tu es déjà trop impliqué."

Dans un instant de terreur pure, Cyan sentit une douleur fulgurante dans son côté, comme si une lame venait de se planter dans sa chair. Il poussa un cri étouffé alors que la douleur l'envahissait. Ses mains se refermèrent sur la plaie, mais tout ce qu’il ressentait, c’était l’étreinte glacée de la mort qui s’approchait.

L’imposteur se pencha au-dessus de lui, comme pour l'observer de plus près, tandis que Cyan s’effondrait sur le sol froid, le souffle coupé.

"Ce n'était pas personnel, Cyan," murmura l’imposteur, sa voix étrange, presque mélancolique. "C'est juste… la nécessité du jeu. Pour que tout fonctionne correctement, certains doivent disparaître. Et toi, tu étais l’un des derniers obstacles."

Les lumières du vaisseau vacillèrent encore une fois, comme si elles réagissaient à la tension, à la violence de l’acte. Cyan sentit son esprit se brouiller alors qu’il commençait à perdre conscience, les étoiles de la douleur dansant devant ses yeux.

"Non… je ne peux pas mourir ici… pas maintenant..." pensa Cyan, alors que le froid le gagnait lentement. Mais ses pensées devinrent de plus en plus floues.

Dans un dernier souffle, Cyan tenta de murmurer : "Il faut... dire aux autres… l’imposteur… c’est... c’est..."

Et puis, tout se vida. Ses pensées s’éteignirent dans un souffle rauque, et le vaisseau, éternel témoin silencieux, continua de vibrer autour de lui.

L’imposteur se redressa. Il observa Cyan une dernière fois, puis tourna les talons, se fondant dans l’obscurité du vaisseau. Il avait accompli sa mission. Une autre victime pour garantir son objectif.

Le vaisseau, seul, continuait d’avancer dans l'infini du vide spatial, inconscient des drames qui se tramaient à l’intérieur de ses parois métalliques.