Tout tourne en boucle dans ma tête, je ne comprends rien, c'est un cauchemar!

Des pas, j'entends quelqu'un approcher, je suis pétrifiée. Que faire? Fuire? Me cacher? Mais où?

Je suis toujours dans mes réflexions quand la porte s'ouvre. Putain de merde, me voilà en face de... De moi même, en beaucoup plus jeune.

Ben merde alors, j'étais pas si mal que ça en fait, aujourd'hui je ne ressemble plus à rien. J'ai trente-cinq ans et j'en parais cinquante, il faut dire que la vie n'a pas été tendre avec moi, ou bien, c'est moi qui n'ai pas été tendre avec elle ? Peu importe, seul compte le résultat! Je suis devenue un déchet vivant, une loque humaine, un rebut de la société.

Un hurlement se fait entendre, elle hurle comme si quelqu'un était en train de l'égorger. Putain, mais elle va pas la fermer sa gueule, elle me file mal de crâne c'te gourde. Bon en réfléchissant bien, je crois qu'à sa place je serais aussi flippée, mais il n'empêche que je vais devoir la faire taire, avant qu'elle ameute tout le quartier!

Je me précipite vers elle et l'entraîne à l'intérieur avant de fermer la porte. Je la colle au mur en lui mettant la main sur la bouche, elle me regarde horrifié.

- Ferme là un peu, c'est moi... Enfin c'est toi... Enfin moi, c'est toi.

Putain, je me perds dans mes explications. En même temps, hier, j'ai encore bu plus qu'il ne le fallais. Je n'ai pas su m'arrêter, comme souvent. Comment lui faire comprendre, ce que je ne comprends pas moi même? Elle est terrifiée, je le vois dans ses yeux, et j'ai peur que si je la lâche, elle ne me frappe. N'oublions pas quand même, que je me connais! Elle cligne plusieurs fois des yeux.

Reprends-toi ma fille!

- Sam, je suis toi, en plus âgée. N'aie pas peur, je ne te ferais aucun mal.

Mais putain qu'est-ce que je raconte, je n'y crois déjà pas moi même, alors comment je pourrais la convaincre? Il faut que je trouve quelque chose pour qu'elle me crois, parce que ,vu la gueule, que j'ai aucune chance que l'atout du physique fonctionne.

- Tu t'appelle Samantha, tu es née un 17 novembre, tu dors toujours la porte ouverte parce que tu as peur du noir. Tu caches sous ton coussin un vieux kiki jaune tout habimé, mais tu refuses de le jetter, parce que c'est le premier cadeau que t'as fait Mina ta soeur... Et... Tu as perdu ta virginité avec le fils du voisin à l'âge de seize ans.

Personne n'est au courant de ça, elle ne peut que me croire. Elle me fixe avec de grands yeux, tout en avalant sa salive.

- Si je te lâche, tu promets de ne pas te remettre à crier?

Elle hoche la tête, bon il va bien falloir que je la libère de toute façon. Je m'écarte d'elle lentement en me tenant sur mes gardes. Elle me fixe toujours, mais ne dit rien. Nous sommes là, toutes les deux à nous regarder dans le blanc des yeux, sans bouger. Elle finit par ouvrir la bouche.

- Comment est-ce possible?

- Alors ça, je n'en ai pas la moindre idée, je me suis réveillée sur le sol, un peu avant que tu n'arrives.

Elle me toise de haut en bas, en plissant le nez et en fronçant les sourcils. Ouais, je sais, je fais peine à voir.

- Putain, mais t'as quel âge? Sans déconner, j'vais vraiment devenir comme ça?

J'avais oublié à quel point je pouvais être con à cet âge là!

- Y'a des chances ouais!

- Putain, la loose!

C'est bien ça, complètement conne j'vous dit!

Du bruit se fait entendre à la porte!

- Sam! Qu'est-ce que tu fiches là dedans? T'en fous un bordel, ouvre!

Cette voix, je la connais. Elle n'est qu'un souvenir, pourtant je l'entends clairement. Mon double ouvre la porte et je me fige. J'écarquille les yeux, c'est impossible, elle ne peut pas être là, elle est morte.

Je l'ai tuée, il y a quinze ans!

A suivre...