Tu te réveilles avec un mal de crâne épouvantable. La lumière du minuscule dortoir dans lequel tu te trouves agresse tes yeux endormis. Tu ne sais pas où tu es, rien de ce qui t'entoure ne ressemble à ce que tu as pu connaître par le passé.

Tu t'assois sur le rebord du lit, tes yeux s'habituent à cette immonde lumière blanche projetée par les néons du plafond. D'ailleurs, tu remarques que tout est blanc ici : mur blanc, lit blanc, draps blancs... Même la peinture qui sert de décoration n'est rien d'autre qu'une toile blanche.

Tu te lèves et tu décides de franchir le sas qui s'ouvre automatiquement lorsque tu t'approches grâce au capteur de chaleur situé juste au-dessus de l'ouverture.

Te voilà de nouveau ébloui, mais par une vive lumière jaune cette fois. Oui, tu es dehors, à l'extérieur, dans le monde d'avant, une luxuriante forêt t'entoure, tu peux entendre le chant des oiseaux. Tu te retournes pour te rendre compte d'où tu viens. Un simple bâtiment structurel, un pod de sauvetage largué par les Mastodontes, ces énormes cargo de l'espace qui transportent à eux seuls des millions d'êtres humains.

Comment tu as pu arriver ici, seul ? . Voilà les questions que tu te poses. Quel est cet endroit ? Que vas tu devenir ici ? Comment repartir ?

Mais en voyant ce paysage merveilleux qui s'offre à toi, toutes ces futiles questions s'envolent de ton esprit.

L'herbe est verte, grasse, les arbres sont gigantesques, tu aperçois même des écureuils qui s'amusent à se courir après. Au loin, de tes yeux qui sont désormais habitués à cette nouvelle luminosité, tu aperçois un lac bleu turquoise, immense, et des animaux qui te sont inconnus s'y abreuvent.

En te rapprochant, tu distingues clairement que certains ont des cornes sur la tête, comparables à de petits arbustes sans feuilles en hiver. D'autres sont vraiment imposants, avec la queue au milieu du visage, qu'ils plongent dans l'eau tel une paille. D'autres encore nagent àa la surface de l'eau, tu n'avais jamais vu ça, des oiseaux flottant au plumage magnifiques, des couleurs châtoyantes et vives.

Ils te regardent, mais n'ont pas peur, et reprenant le cours de leur vie, tu te rends compte que l'harmonie qui vit ici t'es totalement inconnue, toi qui n'a connu que la guerre, la souffrance et le carnage, tu te sens bien, paisible, en confiance.

Alors tu t'allonges dans l'herbe, et tu oublies la notion de temps, tu te laisses aller à cette nouvelle sensation qui t'envahit, le bonheur. Oui, tu en es sûr désormais, tu es heureux.

Tu es la conscience de M884-636, soldat d'élite mortellement blessé au combat. Tu es dans le Programme, une intelligence artificielle dans lequel nous avons transféré ta conscience pour que tu puisses finir ta vie en paix.