Qui se sert de l’épée périra par l’épée
Deux jours s’étaient écoulés depuis la bataille qui avait décimé le peuple Yiga. Kohga se sentait mal. À son retour, il avait dû affronter la rage destructrice de Xhinta. Mais s'il souffrait, ce n'était pas parce qu'elle avait voulu lui arracher le bras, non. Il souffrait pour ce Clan exsangue.
Le repaire puait le sang, la violence, la mort et la maladie. Le règne de Xhinta n’avait été que destruction. Cette femme sanguinaire avait le Conseil à sa botte. Elle avait tué toute forme de démocratie. Obéir, ou mourir. Plus personne n'était étonné de retrouver un opposant de Xhinta, mort, chaque os de son corps pulvérisé.
Il devait mettre fin à cette ère de cruauté.
Assise à la table de bois de l'armurerie, Xhinta nettoyait son tranche-vents. Elle entendit le jeune homme avant de le voir. Il était entré par la porte de derrière.
- Que veux-tu ? Comptes-tu me poignarder dans le dos ? Tu n’es qu’un gamin ! Ça ne t'a donc pas suffit de déshonorer le Clan face à ces chiens galeux d'Hyliens ?
Kohga secoua la tête. Xhinta ne savait plus ce qu’elle disait.
- Non, je ne m’abaisse pas à cela. Le motif de ma visite est tout autre. C’est d’un défi que je veux parler.
Le visage de Xhinta s’éclaira.
- Un défi ?
- Un défi. À mort.
- Tu as du cran, gamin ! D'accord. Tu auras l'honneur de périr de mes mains !
Kohga déglutit et acquiesça timidement. Mais il ne pouvait plus faire demi-tour.
Xhinta et Kohga entrèrent dans l’arène. C’était un défi à mort, et tout le Clan était venu y assister. Kohga salua comme le voulait la tradition et s’inclina. Xhinta ne lui rendit pas son salut.
- Agenouille-toi et supplie-moi de t’épargner, gamin !
Mais Kohga ne pouvait pas. Il devait tuer Xhinta et soigner ce Clan malade.
La cheffe des Yigas fondit sur lui et tenta de l’éventrer d’un coup de tranche-vent, mais il esquiva d'un bond en arrière et, de la pointe de son sabre, lui entailla l’épaule. Elle hurla de rage, essayant de l’attraper, à mains nues cette fois, mais échoua à nouveau. Kohga parait chacune de ses attaques et lui infligeait de petites blessures. Il ne faisait que la narguer, sans chercher à l’abattre. Ce choix étrange surprit les spectateurs. Les Yigas étaient venus pour voir un duel à mort, un combat sanglant, pas un entraînement d'apprentis !
Puis Xhinta fit mine de préparer un sort et le saisit par le col, avant de le projeter au sol à quelques mètres de là, dans le même mouvement qui avait coûté la vie au chef de guerre Hylien. Mais Kohga était autrement plus résistant que cet Hylien grassouillet. Il feignit de ne plus pouvoir se relever puis, quand Xhinta s’approcha pour l'achever, il la fit tomber en glissant le plat de son tranche-vent derrière ses genoux.
Il pressa son sabre contre la gorge de la cheffe de Clan.
- Et bien vas-y, achève-moi… siffla Xhinta.
Elle avait dit ça comme ça, sans peur, et, pour une fois, sans haine. Kohga prit une respiration difficile. Il n’en était pas capable. Un sourire narquois apparut sur le visage de la cheffe du Clan.
- Si tu me laisses la vie, je te tuerai, sois-en sûr.
Kohga ne savait plus quoi faire. Les actes de Xhinta étaient mauvais et destructeurs. Mais en la tuant pour accéder au pouvoir, en faisant couler le sang d'un autre Yiga, était-il en train de s'engager sur la même pente glissante ?
- Je… je… je ne peux pas.
- Tu es trop timoré, comme ces fichus Hyliens. Tu n’es pas digne d’être chef. Donne-moi ça !
Xhinta saisit son tranche-vent et le leva au-dessus de sa tête. Une lumière rouge se refléta sur la lame.
La lune. La lune avait pris la couleur du sang. Le sabre étincela, puis se ficha dans le ventre de Xhinta. L’ancienne meneuse laissa échapper un soupir tandis que le sol prenait la même teinte écarlate que la lune. Ses yeux rouges se posèrent sur Kohga, dans un dernier regard meurtrier.
- Incapable… je… je n’arrive pas à croire que tu es mon... mon...
Puis elle se raidit. Le règne de Xhinta était terminé. Kohga pencha la tête.
- Au revoir, Mère.
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