Scène 29
Kisanna passa du sommeil à l’éveil, sans avertissement. Yeux écarquillés dans le noir, elle écouta. Ses oreilles saisirent la respiration calme de ses camarades de chambrées. Elle reconnut le discret ronflement de Bonny. En pleine nuit, le dortoir était silencieux.
Dehors, elle crut distinguer le bruit aigu de lames qu’on entrechoquait.
— Un combat ? pensa-t-elle. À cette heure-ci ?
Kisanna releva la tête, puis s’assit. Jetant un œil vers le rideau de la fenêtre, elle s’aperçut qu’une lueur orangée provenait de l’extérieur. La jeune femme frissonna, sa gorge se serrant inexplicablement.
Les cloches d’alarme retentirent, la faisant vivement tressaillir : le camp subissait une attaque ! Tandis que ses camarades de chambrée se réveillaient, Kisanna revêtait déjà son armure de cuir, ceignait sa rapière et sa dague, se passait au bras son bouclier. Remarquant que les filles enfilaient aussi leur armure, elle saisit au fur et à mesure les armes sur le râtelier sis à l’entrée et les leur envoya.
— Ça flambe, dehors ? questionna Rika.
— On dirait, rétorqua Kisanna. Prêtes, les filles ?
— Presque, répondirent en chœur Berthe et Bonny.
— Je passe en premier, finit Kisanna.
Et elle passa la porte. Les autres dortoirs s’ouvraient aussi, chaque responsable de chambrée dirigeant son groupe. Frankie était devenue mercenaire confirmée l’année précédente, aussi avait-elle quitté le dortoir des apprenties ; bien que Kisanna soit la dernière arrivée, sa rapide progression et ses qualités lui avait valu d’être nommée à sa suite en tant que responsable de chambrée, ce que les trois autres avaient accepté avec bonhomie.
Conformément au protocole, chaque chambrée descendit en bon ordre. Les moins expérimentées furent regroupées dans la pièce commune, les plus aguerries se postant aux fenêtres et aux portes, sur leurs gardes. Kisanna fit partie de celles qui se dirigèrent vers les entrées et les autres fenêtres du bâtiment afin de surveiller l’extérieur.
D’après ce que la jeune femme observa, plusieurs incendies avaient éclaté dans le camp fortifié. Bien que les dortoirs des apprentis soient situé vers le cœur du camp, le bruit des combats se rapprochaient…
— Là, une silhouette ! s’exclama une consœur. Silence !
Tout le monde se raidit. Par l’embrasure de la salle commune, Kisanna voyait certaines des plus jeunes jeunes contenir leurs sanglots, se serrant les unes contre les autres pour se calmer. Puis, à l’autre extrémité du couloir principal, un juron assourdi suivi d’un :
— Le dortoir a pris feu !
— Sortons tant que le gros des combats ne nous a pas atteint ! émit Kisanna.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Kisanna et les autres sortirent en bon ordre, groupe par groupe, armes dégainées, surveillant les alentours, et entraînèrent leurs camarades vers le gymnase…
Annotations
Versions