Vacances
J’étais en train de me reposer avec des vacances bien méritées.
Enfin, méritées, non, sans doute pas, vu que je n’avais strictement rien branlé ces derniers mois.
Mais bon, vous voyez ce que je veux dire.
Ou pas.
Je me dorais donc la pilule sur le pont d’un bateau de croisière en lisant un livre de poésie passablement daubique. En fait, c’était juste un récit en prose où l’auteur allait à la ligne toutes les douze syllabes – et il appelait ça de la poésie.
J’étais perplexe.
Mais il était temps de m’équiper : j’allais plonger. J’avais pris l’avion ; en comptant le vol retour, j’allais brûler pour ma seule petite personne sept cents vingt litres de kérosène et émettre dans l’atmosphère plus d’une tonne et demi de gaz à effet de serre. Je suppose que je suis un salaud, comme une bonne partie de mes congénères.
À l’arrière du bateau, les poubelles s’entassaient, notre bilan carbone s’alourdissait. Avec la gentille insouciance qui régnait, on aurait presque pu croire qu’on s’en foutait.
J’étais l’un des rares jeunes du groupe sur le bateau de plongée, principalement composé de petits vieux laissant négligemment sortir leurs bites de leurs slips élimés ; il y avait parmi eux un narcoleptique toujours prompt à faire tourner une plongée au tragique. À la réflexion, c’était tout le groupe qui était fou à lier, certains étant largement prêts à zapper un palier de décompression mais certainement pas le goûter.
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