Chapitre 5
░ ░ ░ DIXIE ░ ░ ░
Il m'a rendu folle de rage, j'arpente le bureau de long en large les poings serrés. Telle une lionne en cage, Charles fait irruption dans la pièce le visage ouvert accompagné d'un large sourire. D'habitude c'est moi qui donne du fil à retordre, l'entretien qu'il vient d'avoir avec l'homme que j'ai reçu ce matin, juste avant semble avoir retenu son attention.
- Madame Brunetton, qu'avez-vous pensé de Monsieur Venet que vous avez reçu ce matin ? m'interroge t-il. Il semble être un solide atout pour l'entreprise.
- Pardon ? répondis-je outrée me retenant de lui dire qu'il se fout de moi mais cela aurait bien pu sortir. C'est NON, NON et ENCORE NON ! Et puis quoi encore Monsieur David ? Cet homme est arrogant au plus haut point ! Il m'a tenu tête, il m'a mis en rogne comme pas possible ! Un culot à clouer le cul sur place ! Il a tout fait pour me destabiliser, on ne peut pas embaucher quelqu'un comme ça !
- Peut-être mais je pense qu'il peut faire un excellent manager pour l'équipe des services techniques, ils ont tendance à se reposer sur leurs lauriers ces derniers temps ! Renchérit Charles. Il a l'expérience, le bagout et de la bouteille !
- Monsieur, le directeur avec tout mon respect, pourquoi me demandez-vous mon avis si vous prenez la décision finale ?
- Parce que vous êtes à la tête des ressources humaines, une de mes meilleurs employés, affirme Charles. Votre avis compte.
- Embaucher cet homme ça serait nous tirer une balle dans le pied, répondis-je en articulant pour appuyer mes propos. Il va vous retourner tout un service en moins de deux ! Ça ne peut pas maintenir un climat de bonne ambiance, c'est un fout la merde Monsieur.
- Vous ne le connaissez pas, alors ne tirez pas de conclusions trop vite. Il faut laisser la chance à chacun surtout qu'ici les compétences sont là, vous ne pouvez pas le nier. Et puis vous aussi vous avez un sacré caractère, on ne vous a pas fermé les portes de l'hôpital pour autant ! À méditer, jeune fille.
- Certes, je l'admets Monsieur, dis-je irritée en gardant un sourire de façade. Pas d'embauche directe, un mois à l'essai alors, ça sera son ultime chance je n'en laisserai pas d'autres.
Charles ne peut s'empêcher de lâcher un petit rire d'amusement face à ma tenacité. Je le défie du regard avant d'ouvrir le dossier de Pierre Venet sur mon bureau. Je lève les yeux au plafond en recherchant un contrat type dans mon ordinateur de travail pour pouvoir l'imprimer afin qu'il puisse le signer la prochaine fois, je vais devoir me charger de l'appeler pour lui annoncer que l'on a retenu sa candidature, ça va m'écorcher la gueule de le formuler oralement. Une fois seule dans mon bureau je pousse un grand soupir d'énervement en dénouant mon chignon pour libérer et aérer ma chevelure brune. Je repousse mes cheveux en arrière, ma collègue de travail entre à son tour, on se croirait dans un moulin, il ne me faudrait pas grand chose pour tout envoyer péter.
- Je repasserai plus tard, s'exclame Rose en voyant que je suis en train de bouillir.
- Non, c'est bon. Tu peux rester ! dis-je pour la retenir. Qu'est-ce qui t'amène ?
- Je voulais juste te faire signer tous ces documents, commence t-elle. J'ai également rangé toute la réserve de papeterie ainsi que les archives je n'en peux plus ! Je me dis que l'on pourrait s'accorder une pause, tu as l'air d'humeur exécrable.
- Oui, poses les sur le bureau, je te fais ça en remontant ! Une pause est la bienvenue ! C'est le moins que l'on puisse dire ! Prends ta cigarette électronique meuf, y'en a pour un moment !
Mon assistante en ressources humaines entre juste derrière moi dans l'ascenseur, Rose est une jeune femme très agréable avec qui j'ai de bons liens. Elle me fixe derrière ses grosses lunettes rondes, un léger sourire fait son apparission, j'attends que l'on soit sous l'abri en bas de l'hôpital pour me libérer.
- Je peux savoir ce qui t'a énervée comme ça ? S'intéresse Rose. Tu ne nous as pas habitué à ça... Dis-moi ce qui te chiffonne.
- Ce qui me chiffonne ? répéte-je en pouffant. C'est ce connard de première que j'ai reçu en entretien ce matin ! Charles veut l'embaucher ! Et ça me fait chier ! Le mec il est beau comme un dieu, j'avoue mais il se prend pour je ne sais pas qui, c'est insupportable ! Il est trop sûr de lui, il s'est amusé à me provoquer, bref il m'a rendu folle ! Il a trop cru que c'était lui qui faisait la menée de l'entretien, je n'ai pas réussi à en placer une ! Et il a fait je ne sais combien de remarques sur mon jeune âge pour être directrice des ressources humaines ! Je suis verte !
- Il est fait pour quel poste lui ? m'interroge ma collègue.
- Chef des agents techniques de mes deux ouais ! Il a bien plu à Charles, pour lui quelqu'un qui a de l'expérience, une grande gueule et de l'assurance, c'est un bon chef. En plus ce con est très compétent ! Ah ça on ne peut pas lui enlever !
- Oh aller, ne fais pas cette tête. Si ça se trouve, tu ne le verras jamais, me rassure Rose. Après ça doit être quelqu'un quand même !
- Comment ça ?
- Pour arriver à te tenir tête, il faut déjà y aller, rigole t-elle. Ah ça va Dixie, je plaisantais. Ecoute on verra bien mais toi aussi tu as des compétences et de l'expérience alors ne doutes pas de toi. C'est le seul conseil que je peux te donner et tu es une excellente manageuse !
Je fais la moue en tordant mes lèvres avant de lancer un regard adoucit à Rose.
- Au fait Rose, est-ce que tu as pu tester ton nouvel achat ? dis-je d'un air coquin.
- Hum, plutôt plusieurs fois qu'une ! Rigole Rose en me regardant par dessus ses lunettes. C'est une pépite ! J'ai bien fait de l'acheter, le womanizer duo 2 est juste incroyable !
Un groupe de collègues femmes passe juste à côté de nous, j'attends qu'elles se soient éloignées pour reprendre la conversation.
- J'adore te voir les yeux pétillants et heureuse, renchéris-je. C'est ça que je veux Rose ! Te voir aussi radieuse le sourire aux lèvres ! Le plaisir solitaire te rend vraiment belle et épanouie.
- Je te remercie d'avoir été là pour moi Dixie, lorsque mon ex m'a quittée, déclare Rose. Je pense que je commence à passer à autre chose.
- Oh alors là tu ne peux pas me faire plus plaisir ! Je pensais que ce serait pas demain la veille ! Bon alors, tu m'en dis un peu plus ?
- Volontiers, s'exclame t-elle. En matière de sexe, nous n'avons pas de secret l'une pour l'autre. C'est un combo qui se marie bien, il stimule à la fois le clitoris sans contact direct et le vagin par vibrations. C'est une intensité vraiment unique.
- Oh, ça a l'air incroyable ! Quelles sensations cela procure ?
- Tu vois le doux aspect d'un cunnilingus ? Commence Rose. C'est le même genre de sensations mais décuplées, comme si plusieurs langues te suçotaient les lèvres et le clitoris. Et ça ne monte pas crescendo, c'est très puissant et rapide ! Et puis la partie vibrante contre le point G c'est un délice, franchement je te le recommande !
- Hummm ça me laisse rêveuse Rose. J'imagine même pas le plaisir que tu as dû ressentir !
- Pour tout te dire, c'était très orgasmique, me chuchote t-elle. J'ai connu une belle jouissance et j'ai même squirté tellement j'étais dans un état. Même un homme ne m'a jamais autant fait jouir. Cela te transporte comme jamais et dans ces cas, crois moi mieux vaut des cloisons épaisses.
Nous nous mettons à rire de bon coeur, en échange je la mets dans la confidence du moment charnel auprès de Soren. Je n'omets aucun détail, Rose s'empourpre de plus en plus et me murmure que cela est en train de l'émoustiller.
- Je ne sais pas comment tu peux rester dehors en petit blazer avec ce froid, remarque Rose. Surtout que tu n'as pas l'air d'avoir grand chose en dessous.
- Oh ne t'inquiète pas, nos conversations me tiennent chaud, dis-je en rigolant. Hé non, ils sont libres comme l'air ! Je trouve cela joli de porter mon blazer de cette façon, il est un peu épais donc on ne voit rien et avec une petite poitrine ça rend bien. J'aime jouer sur le suggestif sans en dévoiler.
- Tu es plutôt sexy comme femme si je peux me permettre, s'exclame Rose. Et charismatique surtout, ce n'est pas donné à tout le monde. Rentrons, on risque de prendre froid. Est-ce que je peux faire quelque chose pour t'avancer dans ton travail ? Je pars que dans une heure et demie et j'ai accompli toutes mes tâches !
Je succède Rose dans l'ascenseur, elle se cale contre le miroir juste en face de moi.
- Je veux bien que tu appelles le candidat que l'on a reçu pour lui annoncer que sa candidature a été retenue et lui donner rendez-vous pour signer son contrat, répondis-je. Cela ne m'enchante pas d'entendre sa voix de prétentieux. Et comme moi tu as fait beaucoup d'heures supplémentaires, je me dis que l'on pourrait finir un peu plus tôt aujourd'hui et prendre un verre toutes les deux ?
- Pas de souci, comme ça je ferai sa connaissance, me taquine t-elle. Je suis éreintée, avec la fin d'année qui approche, le travail, tout ça, ça me fera du bien de finir en avance.
Nous entrons dans le bureau, je tends le dossier de Pierre à Rose qui le prend soigneusement entre ses mains. Elle se lèche le bout du doigt pour ouvrir la première page pour prendre connaissance de son CV. Ses yeux semblent perdus, elle ouvre la bouche bêtement puis la referme.
- Tu disais vraiment, il est plutôt très bel homme ! lâche t-elle en parcourant des yeux sa photo. Par contre, je remarque qu'il ne reste jamais bien longtemps au même endroit.
- Ouais c'est ce que j'ai vu aussi mais ça n'a pas freiné Charles pour autant...
Rose pose son index sur ses lèvres lorsqu'elle décroche le combiné. La sonnerie retentit plusieurs fois avant qu'elle ne tombe sur une voix masculine plutôt suave.
- Bonjour Monsieur Venet, C'est Madame Crozier, l'assitante de Madame Brunetton qui vous a reçu ce matin.
- Oui, Bonjour Madame, je vous écoute ?
- Je vous appelle pour vous annoncer que votre candidature a été retenue.
- Oh je n'en suis pas étonné, se vante t-il d'une voix joviale. Si avec mon expérience je n'étais pas pris hahaha ! Vous verrez que vous avez fait le meilleur choix, je ne vous décevrai pas bien au contraire ! Je possède beaucoup de talents !
Nous échangeons un bref regard, Rose et moi, je lève clairement les yeux au ciel. Il m'exaspère au plus haut point.
- Dixie et Charles ne se trompent jamais, déclare Rose avec un grand sourire. Je vous propose donc de venir signer votre contrat demain matin à neuf heures. Vous aurez bien entendu une période d'essai avant acceptation, pour voir comment vous gérez votre poste.
- Hum Dixie, un prénom de coquine ça, affirme t-il sans gêne, je bouillonne. Je serai présent demain à neuf heures ! J'ai hâte de faire votre rencontre Madame Crozier, si toutes les femmes qui bossent pour l'hôpital sont des bombes, ce sera un plaisir pour moi !
- Demain neuf heures, répète t-elle d'un ton sec et autoritaire. Bonne soirée Monsieur Venet !
Rose finit par raccrocher.
- Sa voix est juste trop sensuelle quoi ! Déclare t-elle les yeux brillants.
- Non mais tu es tombée sur la tête Rose ! T'as vu le culot du mec ? C'est du genre à baver et à prendre les femmes pour des bouts de viande ! Eteins l'ordinateur, on s'en va j'en ai ma claque !
Rose appuie sur l'interrupteur de la lumière, je la laisse passer et ferme à clés mon bureau. Nous montons dans sa voiture pour aller en ville, dans notre bar habituel. Nous nous installons toutes proches de la fenêtre, notre passe temps habituel lorsque l'on vient ici c'est d'observer les gens qui passent dans la rue. Nous portons notre verre de vin chaud à nos lèvres en échangeant un regard complice. Elle me détaille le dernier épisode de sa série fétiche, je renchéris sur les acteurs qui sont à tomber.
- On se laisse jusqu'à quelle heure ? me demande Rose.
- Je n'ai pas d'heure, personne ne m'attend à la maison ce soir.
- Soren est de garde ?
- Oui, je ne le revois pas avant demain. Alors d'être ici avec toi, ça me fait oublier un peu mon inquiétude lorsqu'il part en intervention.
- Tu n'as qu'à venir un moment à l'appart, me propose Rose. On peut dîner ensemble, se regarder quelques épisodes et je te raccompagne juste après ?
J'acquiesce d'un signe de tête, sa proposition est gentille et ainsi j'éviterai de me torturer l'esprit dans la crainte de retrouver demain mon chéri dans un piteux état. Il fait froid lorsque nous quittons le bar mais je sais que chez Rose il fait toujours chaud, que son appartement est très accueillant.
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