Chapitre 17 - Anchor
Putain de merde! Elle regrette. J'essaie d'ignorer les griffes invisibles qui me lacèrent de l'intérieur. Elle regrette. Je la trouve dans les bras de ce p'tit enfoiré de prospect, elle me tient tête devant lui et défie mon autorité. Putain! La colère me chope aux tripes. Je serre et desserre les poings pendant qu'elle se lâche, me disant à quel point tous les mecs sont de vrais connards qui ne méritent aucune gonzesse. Putain. Je fais demi-tour et sors de mon bureau en claquant la porte avant de faire une connerie. Elle me fout en rogne autant qu'elle m'excite. J'ai autant envie de la coller au mur que de lui rouler une pelle monumentale avant de la basculer sur le canapé pour la prendre sans sommation. Putain, ça ne me ressemble pas. Elle me fait perdre tout contrôle.
Des jours que je l'évite, que j'essaie de me la sortir de la tête et de retrouver un semblant de calme. Mais impossible. Elle s'est incrustée partout. Dans mon crâne, si bien que dès que je ferme les yeux, je la vois. Et elle a charmé ma queue, foutue sirène. J'ai bien essayé d'en baiser d'autres, mais rien à faire. J'ai envie d'elle. Je ne bande que pour elle.
Je décide enfin d'affronter ce regard bleu qui me déstabilise autant qu'il m'envoûte et là putain, je la trouve dans les bras du gamin. Bordel de merde! Et, pour finir de bien me foutre la rage, elle me défie devant lui et m'envoie chier. Mon palpitant est sur le point d'exploser. Il va fracasser ma cage thoracique tellement il cogne. Merde! Elle est comme elle. Je tourne le dos et la retrouve dans les bras d'un autre! Putain! Une main invisible chope ma gorge et m'empêche de respirer. Je descends, traverse la grande salle et sors pour me diriger vers ma bécane. Mes frères me regardent passer, mais aucun ne m'arrête. La colère doit se lire sur ma gueule. Rouler m'a toujours détendu. Y'a pas mieux. Même la baise ne surpasse pas ça. Et là, j'en ai clairement besoin. Cette gonzesse m'a retourné le cerveau, putain!
Je démarre et le ronronnement de ma Harley m'apaise un peu. Je franchis le portail et me retrouve dans la circulation d'Oakland, assez fluide à cette heure. Je n'ai pas de destination. Juste besoin de rouler. D'évacuer. De retrouver cette liberté. Cette solitude. Mais son visage s'impose à moi. Elle ne quitte pas mes pensées. Fais chier!
La voir dans les bras du prospect. J'ai vrillé. Complet. Pourquoi? Putain, pourquoi elle était dans les bras de ce p'tit con? Et pourquoi ça me fait autant chier? J'en ai rien à foutre des nanas d'habitude. Mais elle? Qu'est-ce qu'elle me fait? Est-ce qu'elle pourrait préférer les bras d'un autre? Cette pensée me déchire de l'intérieur. Putain, je deviens une vraie gonzesse. Je ne sais pas ce qu'elle m'a fait, mais dès qu'elle est dans le coin, mon self-control fout le camp. Et ça me fait sacrément chier! Les émotions me submergent et je ne contrôle plus rien. Un vrai raz de marée. Et j'ai le pressentiment, qu'il va falloir m'y habituer...
Ses mots tournent en boucle dans ma tête. Merde! J'ai cette étrange impression d'avoir encore tout foiré. Je n'ai pas raté l'éclat de colère dans ses yeux, mais aussi sa déception et sa tristesse. Ça me broie les tripes, le cerveau et l'âme, si toutefois j'en ai encore une. Putain! Je ne sais pas ce qu'elle me fait, mais va falloir que je trouve très vite une solution. Depuis quand je perds la face devant une nana? Depuis quand je me casse plutôt que d'affronter le problème? Des images de nous deux se superposent à tout ce merdier. Elle, dans mes bras. Mes lèvres contre son cou. Son parfum. Sa chaleur. Sa douceur. Ses caresses. Putain, j'en rêve depuis des jours. C'était tellement bon.
Cette nana va me rendre dingue. Je n'ai jamais ressenti ça. Pas même avec elle. Merde. Non. Je m'étais promis que ça n'arriverait plus. Pourtant, mon p'tit chat s'est insinué sous ma carapace et y'a élu domicile. Je sais qu'elle n'est pas comme cette salope de Tracy. Que je ne la retrouverai pas dans le plumard de mon paternel ou d'un autre. J'en suis certain. Mon instinct ne me trompe jamais. J'aurais dû lui faire confiance. Elle est trop loyale pour ça. Alors pourquoi était-elle dans les bras du prospect?
Ce gamin ne baise pas à la chaîne et je dois reconnaître que c'est un type bien. Élevé dans un ranch, ce qui lui vaut son surnom, il a du cœur, le sourire facile et la gentillesse chevillée au corps. C'est dur de croire qu'il veut devenir biker. Les nanas le kiffent parce qu'il est "adorable" d'après elles, même avec les plus salopes. Il se sacrifierait sans hésiter pour ses frères et les gens qu'il aime. Habitué à bosser dur, il ne rechigne jamais à la tâche, même les pires. Il est prometteur, courageux et loyal. Jamais il ne toucherait Bri en l'ayant vue dans mes bras. Et elle ne trahira jamais ceux qu'elle aime. Ouais, mais le voilà mon putain de problème.
Que ressent-elle? A-t-elle senti ce truc entre nous? Je sais que je lui plais. Mais pourrait-elle m'aimer? Avec ce qu'elle a vécu, peut-elle encore faire confiance à un mec? Son discours de tout à l'heure était clair. Non. Y'a pourtant ce truc entre nous. Cette connexion, cette complicité, je ne sais pas vraiment comment l'appeler, ni ce que c'est. Mais c'est bien là. Est-ce qu'elle l'a ressentie elle aussi? Je secoue la tête pour essayer de reprendre pied. Les questions me vrillent le cerveau et je n'ai aucune réponse.
Ce dont je suis sûr, c'est qu'aucun mec ne la mérite. Moi, encore moins. Elle mérite mieux qu'un ex-SEAL. Blasé. Solitaire. Taciturne. Un biker. Sergent d'armes en plus. Les mains couvertes de sang. Avant, je tuais sur ordre d'Oncle Sam. Aujourd'hui, je tue pour mon club. Ma famille. Mon boulot se résume à les protéger et à buter des mecs si nécessaire pour y parvenir. Est-ce que je le regrette? Non. Je ne tue jamais d'innocent. Mais elle mérite sacrément mieux. Je comprends soudain mon frangin. Sa difficulté à être éloigné d'elle. Le manque. La frustration. Tout en étant conscient qu'il ne la mérite pas. D'autant que si elle venait à nous accepter, elle deviendrait une cible de choix.
D'un coup, l'image d'un p'tit con en costard cravate à ses côtés, s'impose à moi et m'arrache une grimace. Putain. Pourquoi l'imaginer avec un autre me tord le bide? La vérité m'explose à la gueule comme une putain de bombe. La jalousie. Bordel. Je suis jaloux. Aucun autre mec ne pourrait l'approcher si ce n'est Hunter, sous peine que j'explose sa petite gueule. Pourtant, elle ne m'appartient pas. Je ne suis rien pour elle. Cette idée fait remonter ma colère d'un cran. Si elle m'appartenait, le prospect aurait pris cher. Et elle aurait été punie d'une bonne fessée et d'une bonne baise sans prendre son pied. J'aurais fait durer le plaisir, pour bien lui faire comprendre qu'elle est mienne. Peut-être même devant mes frères, pour que ce soit clair pour tout le monde. Putain! Des images m'assaillent. Toutes plus bandantes les unes que les autres. Le cul de mon p'tit chat, rougi sous ma main. Ses gémissements d'excitation et de plaisir. Elle s'empalant sur ma queue. Ses seins frottant contre ma poitrine, alors que je lui ravage la bouche devant mes frères, qui la matent avidement. Merde! J'ai une trique d'enfer! Je la veux comme je n'ai jamais voulu une autre femme.
Je m'arrête un moment sur le bord de la route. Conduire une bécane avec une gaule pareille, c'est la merde. J'essaie de museler mon cerveau qui continue à m'envoyer des images de ma belle, toutes plus torrides les unes que les autres. Elle, dans sa tenue de working girl en train de me faire un strip pour m'allumer. Une fois le chemisier et la jupe envolée, elle se trouve devant moi, en dessous de dentelle noire, jarretelle et talons hauts. Oh putain! Si je continue, je vais jouir dans mon jean comme un foutu puceau. Cette gonzesse est un putain d'appel à la luxure. Un putain de foutu fantasme ambulant.
Je pourrais faire comme avec toutes les autres : la baiser et ne plus y revenir. Mais mon instinct me dit que ce serait une belle connerie. Je la veux. Mais je suis certain qu'une baise ne suffira pas à m'en rassasier. Mon putain de problème c'est que j'ignore comment faire autrement. C'est pas mon truc. Les sentiments et toutes ces conneries. En plus, avec ce qu'elle a vécu. Sa méfiance. Son caractère de merde. Et la peur d'avoir mal à nouveau. Je connais. Je peux comprendre. Même si, ça ne va pas me faciliter la tâche. Putain, je suis vraiment dans la merde. Je secoue la tête et essaie de penser à autre chose. Le MC. Mes frères. Hunter. Putain!
Penser à lui m'arrache un sourire. S'il me voyait, aucun doute qu'il se foutrait de ma gueule! À me prendre la tronche pour une nana. Le nombre de fois où je me suis foutu de la sienne. Quand elle le rendait dingue. Qu'il tournait en rond sans nouvelle. Qu'il la sentait s'éloigner. Ou encore qu'il avait besoin d'elle. Il était complètement accro à une gonzesse que je ne connaissais pas, que je n'avais jamais vu. Et elle le rendait dingue. Moi, j'aimais pas ça. Le nombre de fois où je lui ai dit de lâcher l'affaire. Qu'il y avait trop de chattes à baiser pour n'en baiser qu'une seule. Et Dieu sait qu'on en a baisé. Ensemble ou séparément. Le plus souvent ensemble. Sauf cette salope d'Amber.
Pour moi, les gonzesses n'avaient aucune putain d'importance. C'était juste de la baise. Aucun sentiment. Encore moins d'engagement. J'avais tout enfoui bien profond. Mais je me rends compte que la douleur, la rancœur et la colère liées à la trahison de Tracy, n'étaient pas si loin. Hunter, lui, baisait pour oublier. Oublier que son palpitant était à des milliers de kilomètres. Et que la nana qui le possédait, ne le savait même pas. Pathétique. Ouais. L'un comme l'autre, on ne peut pas dire que les émotions soient notre fort. En parler encore moins.
Mais, celle-là, j'avoue que je ne l'avais pas vu venir. Putain. Tomber à genoux devant la gonzesse de mon frère! Foutu karma! Parce que soyons lucide, même si elle l'ignore, elle est la femme de sa vie. Il en est fou. Et moi... L'évidence me percute avec la violence d'un quarante tonnes. Moi aussi. Putain de merde. Moi aussi, je suis dingue de cette nana à l'aspect fier, dur et glacial. Parce que même si c'est une vraie tigresse, sous l'armure, c'est aussi mon p'tit chat. Fragile et blessé. Fort et courageux. Doux et chaleureux. Merde. Va falloir que j'ai une sérieuse discussion avec Hunter.
Je roule maintenant depuis des heures et ça n'a pas amélioré mon humeur. Je pensais que bouffer de l'asphalte me permettrait d'évacuer le trop plein d'émotions aussi désagréables que tentatrices, qui ravagent mon crâne. Habituellement, titiller ma liberté et avaler du bitume me vide. Mais là, une seule chose me calmerait. La tenir dans mes bras. Faut se rendre à l'évidence, j'aime être près d'elle. Sentir sa chaleur. Goûter la douceur de sa peau. J'aime ce qu'elle éveille en moi. Mais elle regrette. Putain. Et je ne sais toujours pas comment changer ça. Je ne suis pas bon dans ce genre de truc. J'ai jamais voulu garder une nana. C'est plutôt l'inverse. Je suis un vrai connard. Spécialiste pour les dégager. Fais chier. J'ai l'impression de me jeter dans le vide sans rien pour me retenir.
Un bleu profond m'assaille. Ses yeux. Putain. Ils sont démentiels. Je n'en ai jamais vu de pareils. Je pourrais me noyer dedans. Quand on dit qu'ils sont le miroir de l'âme. Je me sens vulnérable quand elle me regarde et j'aime pas ça. Mais j'aime encore moins lire déception et tristesse dans le sien. Surtout si c'est moi qui les lui inspire.
J'arrive au club, pas de meilleure humeur qu'en partant. Le soleil vient de se coucher et la musique résonne à l'intérieur du MC. Vu le nombre de Harley, tous mes frères sont là ce soir. Y compris les nomades. J'aperçois des régulières. Et des mômes qui jouent. Putain, la fête pour Stormy et ma sirène. Merde.
J'entre, jette un coup d'œil, mais ne la vois pas. Je me dirige vers le bar. J'ai besoin d'un verre. Les portes sont ouvertes sur la terrasse et j'aperçois mes frères s'affairer aux barbecues. L'ambiance est détendue et festive. Bien différente de mon humeur. Une fois installé au bar, Whisper me sert un bourbon et me laisse la bouteille. Vu ma gueule, c'est préférable. Il faudra bien ça pour me détendre. Wolf, Devil, Scar, Jam, Death, Tiger, War et Spider me rejoignent, malgré ma tête de dogue. Ils ont l'habitude aux entraînements. Comme ils doivent être les meilleurs, je ne leur fais pas de cadeau. Ce sont des faucheurs. L'élite du club. Ils doivent être au top et surentraînés.
Après un long moment de silence à picoler, Scar ouvre les hostilités.
- Vu ta gueule, lâche-t-il, je dirais que ça chlingue la gonzesse à plein nez.
- Ouais mon pote, ajoute Devil, t'as la gueule du mec qui s'est pris la tête avec sa nana, et crois-moi, on sait ce que c'est.
- Je te rappelle qu'on est marié à la femme la plus caractérielle que la Terre ait portée, se marre Scar.
C'est clair, Debbie leur donne du fil à retordre. Elle a un putain de caractère. Mais pour se maquer avec un biker, il faut avoir des tripes et du répondant. Alors deux... Et puis, ils grognent, mais ils adorent ça. Depuis qu'ils ont trouvé leur moitié, mes frères sont plus sereins, même si elle les rend dingues. Et faut bien avouer, que ça nous fait marrer. Surtout depuis qu'elle attend leur gosse.
Mon p'tit chat aussi, elle a du caractère et des putains de couilles. Il en fallait pour me parler comme ça, et devant le prospect. Je suis sûr qu'elle n'aurait pas hésité non plus devant mes frères. Et cette idée me fait grogner. Mais, je dois admettre qu'il en faut pour se dresser devant ma carcasse rageuse et ma tête de tueur. Pour me balancer ce qu'elle pensait direct, quitte à me foutre encore plus en rogne. Mais elle ne s'est pas démontée. Putain. C'est la première qui ose m'affronter. Me dire les choses en face. Me tenir tête. Qui me résiste. Me renvoie dans mes vingt-deux, la queue entre les jambes. Sans peur, ni remords.
Le bruit des verres de mes frères qui heurtent le zinc me ramène à la réalité. Ils me matent tous avec un putain de p'tit sourire à la con que j'ai tout de suite envie de leur faire ravaler à grands coups de tronche.
- Pas besoin de te demander comment elle s'appelle, se marre Wolf, on en a une petite idée.
- Putain! Stormy, c'était déjà de la bombe, ajoute Spider. Mais là, enfoiré, c'est...
- Anchooor, hurle une voix que je connais bien.
- Tiens, quand on parle du loup, rigole War.
- Putain de connard de merde! Je t'ai cherché partout! hurle-t-elle.
Lorsque je me retourne, un poing s'écrase violemment sur ma mâchoire. Bordel! Stormy. Cette gonzesse a une sacrée droite. Mes frères se marrent.
- Si tu t'avises encore une fois d'agir comme un enfoiré avec Bri, je te pèlerai les couilles, avant de t'les couper et de t'les faire bouffer, connard! me menace-t-elle.
- Nina, grondé-je.
- Ce qu'elle a fait lui a demandé du courage devant des mecs qu'elle ne connaît pas et qui lui rappellent tout ce qu'elle fuit. Et quand elle a eu besoin de toi, t'as rien trouvé de mieux que de la virer et de te barrer. Ensuite, tu l'évites, tout ça pour finir par lui taper une putain de crise de jalousie! Non, mais t'as un sérieux problème!!
- Nina, tonné-je pour qu'elle comprenne qu'il est temps qu'elle la ferme, alors que le silence est tombé dans la grande salle.
- Non, connard. T'as vraiment rien compris, hein? T'es le seul qu'elle a laissé approcher en deux putains d'années. Tu piges ou faut te faire un dessin? Alors, si t'assumes pas, fous-lui la paix. Mais si tu la veux, porte tes couilles et ne t'avises plus jamais de la lâcher. Elle ne mérite pas ça. Et crois-moi, si tu foires, je te mettrai la branlée de ta vie, connard! Le premier, j'ai pas eu l'occase de lui expliquer ma façon de penser, mais ça n'arrivera plus!
Elle fait demi-tour et se casse en direction du premier étage, sans que j'ai eu le temps d'ouvrir ma gueule. Bordel!
- Putain, t'as réussi à en contrarier deux dans la même journée, se marre Tiger.
- Mon frère, ne me dit pas que t'as foiré avec la p'tite guerrière, me demande Wolf, incrédule.
S'il savait à quel point. Je grogne pour toute réponse, me rassois au comptoir, attrape mon verre et le vide cul-sec. Putain. Je sens que je vais en avoir besoin.
- Merde, mec, tu peux pas laisser passer une nana pareille, me dit Devil, très sérieux. Faut que tu te bouges. Stormy a raison.
- C'est clair, ajoute Scar, c'est un putain de p'tit bijou. La carrosserie en jette et la mécanique... Wow! N'en parlons même pas!
- Pas sûr que Debbie apprécie, marmonné-je pour qu'ils me lâchent, mais rien à faire.
- Putain Sergent, c'est un putain d'avion de chasse, avec du caractère, un sacré sang-froid et des couilles, lance Devil.
C'est vrai que mon p'tit chat est une vraie bombe. Et le pire, c'est qu'elle semble ne pas en avoir conscience. Même si l'envie me prend, je ne peux pas descendre tous ceux qui l'ont matée. Il ne resterait plus grand monde au club. Même notre Près', qui n'est pas un mec qu'on peut facilement distraire, l'a reluquée. Putain. Faut dire qu'elle était bandante dans sa jupe droite et son chemisier blanc, sous lequel on pouvait deviner de la lingerie noire sexy.
- Une gonzesse pareille, ajoute Scar, ça se bichonne autant qu'une belle bécane.
- Elle restera pas seule longtemps, assène Death.
Je reconnais bien Death. Pragmatique. Direct. Il va droit au but. Ça met en rogne un paquet de gens. D'ailleurs, ceux qui ne le connaissent pas le prennent pour un psychopathe. Il n'exprime jamais d'avis ou d'émotions. On pourrait croire qu'il n'en a aucune. Mais, il est juste sauvage, ne se lie pas facilement aux autres. Et encore moins, aux gonzesses.
- J'ai ordonné que personne ne la touche, grondé-je.
- Et personne ne la touchera, affirme Devil.
- Ouais, mais tant qu'elle sera pas en main, ça ne les empêchera pas d'essayer, lâche War.
- Ce p'tit con de prospect a tenté, se marre Tiger.
Je me tends à ces mots. Putain, je le savais.
- ...et il s'est pété les dents, rigole mon frère. Sweet était furax, elle l'a méchamment rembarré.
Attends, ce merdeux de Sweet? Qu'est-ce qu'il vient foutre là?
- Ce p'tit con mérite une bonne branlée, assène Death.
Je le regarde sans comprendre.
- Il n'a toujours pas intégré que les Sons touchent pas aux gonzesses, ajoute-t-il. Si tu veux, je m'en charge. J'aime bien Bri.
On le mate tous comme des cons. Death aime bien une nana. Putain, il va tomber de la merde. Il aime bien ma nana. Il veut péter la gueule du prospect pour elle. Putain, mais c'est quoi ce bordel? Tout part en couille!
- Le prospect est à moi, grogné-je.
Personne ne touche à mon p'tit chat, putain. Encore moins ce p'tit con qui veut jouer dans la cour des grands sans en connaître les règles. Une p'tite mise à jour lui fera du bien. Tous acquiescent silencieusement.
- Ça change rien Sergent, assène Scar, si tu la veux, va falloir te bouger le cul.
- La liste est longue de ceux qui veulent l'approcher et tenter leur chance, lâche Wolf. Elle en a fait bander plus d'un quand elle a réglé son compte à la brebis.
Il lance un regard en direction de Spider qui chauffe une brebis à deux mètres de nous. Putain de merde! Pas lui. Ça m'arrache la gueule de l'admettre, mais putain, les gonzesses lui courent toutes après. La rage me submerge. Elle est à moi. Je me lève et, sans réfléchir, lui fonce dessus.
- Espèce d'enfoiré! T'as des vues sur Bri! grondé-je en chopant Spider par le col de son cuir, prêt à lui en coller une.
- Qui n'en a pas mon frère? Putain, tu l'as regardée? C'est une bombe au cas où t'aurais de la merde dans les yeux, me répond-il avec un sourire carnassier.
- Si jamais tu la touches...
Je vois rouge et m'apprête à lui balancer une bonne droite, quand mon regard se pose sur elle. Elle ne m'a pas vu, contrairement à Stormy qui me fixe et se marre. Putain, cette gonzesse est grave. Ma sirène descend les escaliers et putain, elle est magnifique.
- Je f'rai jamais ça, me répond Spider en me fixant. La p'tite bombe est à toi et je respecte sacrément ça, mon frère.
Son regard s'assombrit. Spider est un mec toujours de bonne humeur et prêt à déconner. Mais quand il est contrarié ou dans ses mauvais jours, il peut se montrer impitoyable. Avec lui, c'est soit blanc, soit noir. Aucune nuance possible. Il vous adore ou il vous hait. Et si c'est le cas, vaut mieux pour vous ne plus le croiser. En revanche, il est d'une loyauté infaillible lorsqu'il vous a à la bonne. Merde. Je le connais assez pour savoir qu'il ne toucherait pas à Bri.
- Mais fallait qu'on te fasse réagir, Sergent.
Pour toute réponse, je hoche la tête. Et mes yeux se posent à nouveau, sur mon p'tit chat. Bordel de merde. Elle est vraiment sublime. Sa crinière brune remontée en un chignon coiffé décoiffé, qui découvre son cou et sa nuque, elle porte un haut rouge à fines bretelles, cintré sous la poitrine, ce qui la met vraiment en valeur. Le décolleté n'est pas provoquant, mais suffirait à me pousser au crime. Et elle ne porte pas de soutif. Putain de merde. Elle est tellement bandante dans son jean noir moulant qui ne laisse aucune place à l'imagination. Ma queue est au garde à vous.
D'un coup, son regard bleu profond percute le mien. Ses yeux charbonneux leur donnent encore plus de profondeur. Et je me perds dans cette mer d'un bleu intense, tandis qu'une tempête d'émotions se déchaînent dans mon crâne.
- Bordel de merde! lâche Spider en la matant, ce qui me fait grogner. Tu peux pas laisser une nana pareille t'échapper.
- Mec, me dit Scar, si tu la laisses filer...
- Ta gueule, réponds-je déterminé à régler cette situation, tant la distance qui nous sépare me broie les côtes.
Je me dirige vers l'extérieur. Après avoir attrapé une bière, je me cale contre un mur pour l'observer tranquillement. Pour la première fois, je remarque qu'elle est aussi tatouée. Un oiseau sur l'épaule droite et dans le bas du dos, mais impossible de distinguer le motif. Ça m'excite encore plus. Elle est tellement belle, putain. Elle illumine la terrasse de sa présence, sans même s'en rendre compte. Stormy lui présente mes frères qui la charrient. Elle les taquine à son tour. Ils semblent tous sous le charme de ma sirène et ça me rassure presque autant que ça m'inquiète. Elle se détend petit à petit et semble même à l'aise au milieu de tous ces cuirs.
Les régulières les rejoignent, impatientes de faire sa connaissance. Son altercation avec la brebis a dû rapidement faire le tour. Elles la félicitent et mon p'tit chat rougit légèrement sous leurs compliments. Lorsque certains gosses courent se réfugier dans les jambes de leurs mères, Bri s'agenouille pour leur parler. Au bout d'un moment, elle leur murmure quelque chose, mais je suis trop loin pour entendre. Les gamins, ravis, hochent la tête et se dandinent d'impatience. Je la vois se relever doucement et me fixer un sourire aux lèvres. Je comprends trop tard que je viens de me faire avoir. Une nuée de gamins s'abat sur moi en criant et riant. Bri éclate de rire devant mon air ahuri. Et putain que j'aime ça! Elle est suivie par Stormy, qui se fout tellement de ma gueule qu'elle en chiale. Mes frères me regardent ne sachant pas trop comment je vais réagir. Leurs régulières, inquiètes, m'observent sur le qui-vive, prêtes à me sauter à la gorge si j'abîme leurs précieux trésors. Les mômes se marrent, tout comme mon p'tit chat, qui ne me lâche pas du regard. Je ne peux m'empêcher de sourire comme un con, face à cette offensive bien menée et à son sourire lumineux.
Tous se détendent, se marrent et félicitent la responsable des opérations. Ils se foutent clairement de ma gueule. Mais j'en ai absolument rien à foutre. La seule, qui a de l'importance ce soir, pour moi, c'est elle.
Après m'être débarrassé gentiment des gosses, je m'avance vers elle. Sans la quitter des yeux, je tends mon majeur à mes frangins qui me sifflent et se foutent de ma gueule de plus belle. Si elle pense s'en tirer à si bon compte, elle se trompe. Je comble rapidement l'espace entre nous, la saisit possessivement par la taille et la nuque et écrase mes lèvres contre les siennes sous les huées et sifflets de mes frères et de leurs femmes.
Putain que c'est bon! Un truc explose dans mon crâne, mon palpitant s'emballe et je bande comme jamais. Bordel de merde! C'est le pied! Ses lèvres sont sucrées. Douces. Charnues. Sensuelles. Jamais je n'aurais pu imaginer ça. Je ne suis pas de ceux qui roulent des pelles. Je baise, mais j'embrasse pas. Pas depuis Tracy. Mais putain, avec elle tout est tellement différent. Tellement bon. Intense. Elle bouscule tous mes repères. D'un coup, une foutue pensée de merde me traverse et me vrille les tripes. Va-t-elle me repousser? Pour elle aussi, c'est sans doute la première fois depuis l'autre connard. Putain, faut pas que je déconne.
Au moment où je décide qu'il vaut mieux que je m'éloigne, elle me prend de court et se colle à moi. Putain! Sa bouche contre la mienne. Sa poitrine contre mon torse. Son bassin plaqué contre le mien. Je veux qu'elle sente à quel point je la désire. À quel point, j'ai envie d'elle. Un de ses bras se place dans le bas de mon dos et déclenche une onde de choc qui se répercute direct sur ma queue, qui durcit encore. Bordel. Son autre main remonte le long de mon bras et crochète ma nuque, pendant que ses doigts caressent la base de mon cou et me filent des frissons. Je grogne de plaisir sous cette caresse, ce qui la fait sourire contre mes lèvres. Mais, j'en veux plus. Je la veux, elle. Viscéralement. Depuis que j'ai posé les yeux sur elle. Je resserre mon étreinte sur son corps et force la barrière de ses lèvres pour prendre possession de sa bouche. Je veux me fondre en elle. Ne faire qu'un. La baiser fort. Puis lentement. Dans toutes les positions possibles. Puis m'endormir en la tenant dans mes bras et me réveiller à ses côtés. Je la veux. Je veux qu'elle m'appartienne. Qu'elle soit mienne. Putain, elle anéantit toutes mes résistances. Fout le bordel dans ma tête. Met en vrac mon palpitant, qui est prêt à exploser.
Notre baiser n'a plus rien de doux. C'est brut. Passionné. Sauvage. Putain, elle me répond avec la même envie. La même fougue. La même intensité. Elle va me rendre dingue. Plus rien n'existe, en dehors d'elle, dans mes bras. Elle me fait un putain d'effet!
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