5 - La vie du clan reprend son cours
Ils furent accueillis quasi en héros. À eux deux, ils avaient rapporté plus de nourriture que les autres cueilleurs. Le clan était tranquille pour au moins deux semaines.
Raoc était très satisfait. Il avait bien géré la situation. La tribu ne mourrait pas de faim, ce qui était le principal. Même s’ils avaient perdu le feu dans la confusion, ce qui allait les priver de viande et de chaleur, ils pourraient tous manger convenablement.
Le seul qui semblait contrarié, c’était Rocca. Si les habitants ne manquaient pas de subsistance, ce serait en partie grâce à Tao. Le fait qu’il récolte de la gloire ne lui plaisait pas. Rocca n’avait jamais aimé Tao. Il avait lu dans les étoiles qu’un membre du clan remettrait en cause son autorité et finirait par le détruire. Pour lui, cela ne faisait pas de doute. Il s’agissait de Tao. Il avait failli réussir à s’en débarrasser il y a deux ans, quand une chasse avait mal tourné. Il lui avait fait porter le chapeau, démontrant que c’était à cause de lui qu’un des pisteurs avait perdu la vie. Avec son aura, tout le monde l’avait écouté. Même s’il avait largement arrangé la vérité afin d’en finir avec Tao, Raoc ne l’avait pas banni. Depuis, Rocca rongeait son frein en attendant de pouvoir s’en débarrasser définitivement. Mais ce ne serait pas pour cette fois. Tao avait finalement gagné le droit de partager sa hutte avec Osia.
L’hiver était passé et le quotidien du clan avait repris son cours normal. Tao et Osia allaient régulièrement en expédition trouver des provisions, ils connaissaient le plateau sur le bout des doigts. Ils avaient perfectionné leur technique sur l’eau, et c’était maintenant sur des morceaux de bois assemblés qu’il revenait. Ce radeau était beaucoup plus stable qu’un simple tronc. Ils partaient tous les deux une fois par semaine chercher des racines et diverses baies. La plupart du temps, ils passaient la nuit dans un arbre, c’était leur moment à eux, à l’abri des autres. Au fil du temps, le ventre d’Osai s’arrondissait. Ils allaient être parents. Cela inquiétait un peu Tao, car bientôt ils ne pourraient plus aller au ravitaillement en duo. Il lui faudrait trouver une source de nourriture plus proche. De plus, depuis l’épisode des bisons, le foyer de la tribu était toujours éteint. Au-delà du fait qu’il n’y avait plus de viande au menu, le soir il faisait de plus en plus frais. Tout le monde guettait le prochain orage, espérant que la foudre tombe sur un arbre pas trop éloigné et l’enflamme. Quelqu’un pourrait ainsi récupérer du feu et le ramener au campement, permettant de consommer à nouveau du gibier autour d’une joyeuse flambée.
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