Chapitre XVI-Le Conseil de Solaris

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- Le Grand Maréchal Alexänder Eisenwald, le Colonnel des Armées Impériales Shaitana Meisterhart !

Les grandes portes de bois précieux, serties d'or, s'ouvrent dans un grand grincement à ces mots. Shaitana et Alexänder pénétrèrent d'un pas décidé dans la salle de Solaris, la salle du Thrône.

Une grande allée de marbre blanc, sertie d'une dizaine de colonnes du même matériau, menait tout droit vers un grand prommontoire au fond de la gigantesque salle, là où siège l'empereur suprème d'Akumarmorique.

La salle du trône est rayonnante de par ses grandes baies serties de vitraux, d'une finesse sans égal, la lumière qui s'y infiltre tache d'une multitude d'éclats colorés ses murs. Le maigre mobilier qui s'y trouve est taillé dans le plus précieux des bois, par les plus habiles menuisiers de l'empire. Les toiles colossales de grands maîtres, exposées entre les vitraux représentent les membres de la famille impériale. Elles se font concurrance de par leur beauté presque surnaturelle.

Les talons du colonnel résonnent comme des coups de tambour dans le silence religieux de la pièce. Quelques secondes plus tard, Shaitana est devant l'empereur, et fait face à toute sa cour. Le Maréchal se trouve près d'elle. Elle baisse les yeux, puis se prosterne devant l'Empereur.

Un rictus de dégout se dessine discrètement sur son visage, caché par l'épaisse peau de Worg qui recouvre ses épaules.

Le Seigneur des Géants de Terre ressemble à vieux tas de débris nauséabond. Il croule sous des bijoux et des vêtements tous plus lourds et chers les uns que les autres. Ses doigts boudinés sertis de pierres reposent sur un ventre gras et tout autant boudiné, dans des étoffes de soie et de satin. Ses misérables petites jambes grassouillettes touchent à peine le sol de la salle. Le gras de ses fesses vient se mouler parfaitement aux boiseries de son imposant thrône.

La vilaine tête porcine de Günter Eisenwald se promène sur les épaules de son immonde Majesté. Son cou s'est apparemment noyé, comme ses nombreux coliers, dans les multiples mentons du personnage. De petits yeux vicieux peinent à s'ouvrir sur ce visage inspirant le dégout, écrasé par le poids d'une titanesque couronne.

A ses côtés rayonne la splendide impératrice Aengella Meisterhart. Une beauté presque divine aux cheveux de jais. Une délicate coiffure aux boucles bien faites encadrent son visage en amande, de jolis yeux ambrés illuminent sa peau porcelaine. La robe raffinée et épurée qu'elle porte donne une mine angélique à la soeur ainée de Shaitana. Celle ci esquisse un léger sourire gêné en voyant sa soeur s'agenouiller au pied des thrônes impériaux.

Alexänder salue d'un mouvement de tête solennel l'Empereur, son oncle. Une fois les saluts effectués, le colonnel détourne les yeux et se relève devant sa Majesté et la cour.

Elle jette un coup d'oeil en coin vers sa droite. Le cousin d'Alexänder, Ludwig Eisenwald, le dauphin de l'empire, est prostré sur son siège, un peu à l'écart du couple impérial.

Comment est-ce possible que le porc qui leur sert de dirigeant puisse donner à sa soeur un fils aussi beau ? Jamais elle n'aurai la réponse. Ludwig est un charmant jeune homme proche de la vingtaine, bien bâti, aux traits fins et nobles. Sa mâchoire carrée commence à se couvrir de quelques poils discrets. Elle structure un visage symétrique au nez concave, de grands yeux gris acier - héritage de la famille impériale - brillent d'intelligence au centre de son faciès, encadré par une belle épaisseur de cheveux brun, coiffé en catogan avec un délicat noeud de soie bleu nuit.

Ludwig Eisenwald mesure environ un mètre quatre vingt dix. Son trench coat bleu bien coupé, les épaulettes cuivrées sur ses épaules, donnent de la prestance à sa carrure, certes moins imposante que celle de son cousin. Les mains jointes solennellement dans son dos, il se tient droit comme un piquet, devant son siège.

- Mes chers amis ... Commence Sa Majesté. Je vous ai convoqué au sujet des attentats de Telmar. Nous avons reçu des informations de Monsieur Van Aslan, dirigeant du résau d'esclavagisme des hérétiques. Son rapport fait allusion au combat mené par Hermann Wanderwurst, un des sous fiffre de Monsieur le Compte.

Des murmures commencèrent à faire bourdonner la salle. Ils s'apaisèrent bien vite, sous le mouvement de la main de l'Empereur.

- Le rapport de Hermann fait bien mention de Leviathan et d'Orias. Cependant, un troisième individu a fait acte de présence lors des hostilités. Gromelle Günter dans ses mentons. Une femme qui plus est ... Lisez moi le rapport je vous prie ...

L'Empereur avait craché ces mots comme la gangrenne. Sur ses paroles, un laquais s'avança entre la foule et déplia un parchemin dont on arrivait à reconnaître le sceau.

- Suite aux déclarations que nous ferons incessamment sous peu, nous renforcerons les patrouilles et les brigades de recherche de surnaturels. Ce fléau doit être érradiqué de la surface de mon empire !

Suite à ses mots, Sa Majesté claqua des doigts, et le jeune vallet se mit à lire un parchemin qui descendait jusqu'à ses mollets.

- Monsieur Hermann fait mention d'une femme aux cheveux rouge, à l'oeil gauche crevé. Elle aurait en sa possession un bras bionique de technologie indéniablement humaine. Il est également fait mention d'usage de la pyromancie à une puissance suffisemment inquiétante pour mettre en danger la Couronne. L'individue a été vue aux côtés d'Orias et de Léviathan, durant la nuit du onze au douze décembre de l'an six cent dix neuf de notre ère, sur le pont du vraquier OBC Balathar, sur le quai numéro trente deux.

Le garçon marqua une pause, avant de reprendre sa respiration.

- De nouvelles informations au sujet d'Orias ont aussi été collectées. D'après l'informateur, l'individu, âgé d'une vingtaine d'année, s'avère avoir des pouvoirs de transmutation très puissants et dévastateurs. Il serait fait allusion de capacités démoniaques majeures, et de mutation gangrennée en créature disparue depuis des siècles.

Un nouveau murmure inquiet s'éleva dans l'assemblée, compréhensible. Le seul nom d'Orias fesait déjà trembler n'importe quel personne sensée. Les nouvelles informations collectées seraient de la plus grande utilité pour l'armée impériale.

- C'est ainsi, et pour tous ces chefs d'accusation, que nous avons prit les mesures suivantes, concernant les attentats de Telmar. Les primes sur les têtes respectives d'Orias et de Leviathan s'élèveront de cinquante mille Atalles, soit un montant de deux cent cinquante mille pour le premier, et de deux cent soixante-dix mille pour le second. Quand à cette mystérieuse femme au bras mécanique, nous annonçons une prime de quarante mille Atalles sur son chef, ainsi qu'un patronyme pour l'identifier. Il sera d'orénavant fait mention de Tengri.

***

- La sphère de Fàfnir ... Murmure Shirô, poussé par la voix de Himminin.

Ses compagnons se retournent et lui font des yeux ronds. Leur grand dadais a les yeux perdus dans le vague, et fixe un point devant lui. Ils n'avaient rien capté à l'allusion du démon. Fronçant les sourcils, Hotsuki l'interroge du regard, inquiet et intrigué. Il en sait plus qu'eux, c'est certain.

- De quoi nous parles-tu ?

La furie noire soupira. Le jeune homme s'étire non sans quelques grognements, et désigna le dessin qui s'était constitué sur le papier, quelques secondes plus tôt.

- Ceci.

Un silence d'incompréhension vient s'ajouter à cette scène. Yuki et Hotsuki se regardent, hébétés, avant d'essayer de lire la légende située en dessous du dessin. Chose difficile pour tous les deux. L'intégralité du texte étant rédigé en Khankla, cela ne facilite en rien les choses. Tous se mirent à dévisager le démon dragon. Il lâcha un léger soupir de lassitude, et entamma une seconde fois la dure besogne de traduction. Après quelques minutes de réflexion acharnée, Prince d'Opale révèle les phrases écrites en dessous de la fameuse shpère.

- Ca parle d'une prophétie ... Une prophétie contenant les clés de l'avenir des Enfants de l'Ancien Culte ...

" Ca me fait une belle jambe, tiens ! " Se dit Yuki.

Cerait-ce impossible d'obtenir des propos clairs et réfléchis sur ce genre de documents ? Il faut croire que oui ... De toute façon, à chaque fois qu'il se passe des choses importantes, on préfère que ce soit révélé dans des phrases alambiquées que d'aller droit au but ! Et rien n'énnerve plus que ça la pyromancienne.

- Et elle est où cette prophétie ?! Se lance la jeune femme. Au palais de Solaris je suppose ? Ce serait trop simple ...

- Exactement.

Elle se retourna vers Shirô, stupéfaite de ses paroles. Avait elle rêvé ou réellement bien entendu ?

- Pardon ?

- La prophétie se trouve au palais de Solaris.

On navigue d'incertitudes en éventualités, c'est quand même un monde ! A quel moment ce bougre diable sait-il que ce ballon prophétique se balade entre les murs du palais impérial ?! On peut tout à fait comprendre l'éventualité d'une telle théorie, mais la passer du statut d'éventualité à une certitude, Yuki pense quand même à une arnaque en carton pâte.

- Et à quoi bon se farcir une excurtion dans les quartiers de l'ennemi pour une vulgaire balle de fumée ? On a déjà le texte en notre possession, non ?

Ses mots étaient criants de vérité. C'est du suicide de se jeter comme ça dans les filets de l'empire, et qui plus est dans une période aussi houleuse pour nos trois personnages. Mais cependant, une chose cloche. Il est vrai qu'il n'est pas nécessaire de posséder "l'original", si l'on puis dire, quand on possède la première copie ? La question a le mérite de se poser.

- Nous n'avons jamais dit qu'il était nécessaire d'y aller. Cependant ...

Le claquement de la main de la jeune femme sur la table à carte coupe la parole de Hotsuki. Hébété, il décide de ne pas répliquer.

- Parfait ! Le débat est clos, cap sur Saryn, j'ai des sorcières à tabasser !

La grande paluche de Shirô l'arrêta de suite dans son élan. Un index accusateur s'agitait orgeuilleusement devant le nez de la jeune femme.

" Je pourrai geuler dans le cul de mon poney, ça ferait pareil !" Tout est exaspérant ! Toujours des gens pour lui mettre des batons dans les roues, décidément !

- Quoi ?!

- Le texte que nous avons peut être erroné, l'artefact peut contenir des pouvoirs dont nous n'avons pas eu la mention, de ce fait, le texte peut s'avérer incomplet ...

Pour Shirô, sa décision s'aiguille de plus en plus vers le palais impérial. Bien sûr, des recherches approfondies s'avèrent nécessaires avant d'entammer de nouvelles hostilités. Cependant... Son instinct lui souffle à l'oreille une seule et unique option. De plus, les paroles de son frère, Kurô, trottent de plus en plus dans sa tête.

" On trouvera une carte dans la cale numéro cinq ... Les dieux t'appellent ... "

Serait-ce cela, la signification des mystérieuses paroles de Pheles ? Son destin serait de retrouver la prophétie ?! Tout se tient. Les paroles que lui soufflent le sang de son sang necessent de tourner dans sa tête, et Himminin n'en est pas en reste. Depuis qu'il lui sert de réceptacle, et ce, depuis son plus jeune âge, l'esprit lui a toujours répété des phrases alambiquées de ce genre, sans jamais être clair, à coup de " Prophétie " , " Les Dieux t'appellent " , " Les Temps sont venus ..." Tout cela lui donnait des migraines à n'en plus finir.

" Tu ne peut échapper à ton destin ... "

Tout son être lui crie que c'est ça, la bonne chose à faire. Peut être qu'après cette aventure, la furie noire le laisserai vaquer à ses occupations, et surtout à sa vie, en paix. Mais avant de céder à ses pulsions, le jeune homme se dit que le mieux à faire est de contacter l'Organisation.

- Hotsuki, nous nous devons d'en dire plus aux anciens.

L'intéressé hocha la tête, et alla chercher le mesoko, pour contacter Canna.

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