Sur un chemin de glace sinuant sur la plaine, vêtu d'immaculé, il s'empresse, se hâte.

Son chapeau sur la tête, nez rouge face aux frimas, sac chargé sur le dos, on l'attend sans retard.

La steppe gelée il passe, s'engage sous des sapins. Le silence immobile scande sa progression.

La tête remplie de joie, ses yeux flamboient : lumière.

Sous le ciel rougeâtre, sensiblement il accélère.

Quelques flocons autour de lui virevoltent. Le gel ambiant cristallise sur les ramures épineuses, d'infimes et artistiques structures géométriques.

Étoiles éphémères, brefs présents qui disparaitront à l'issue de l'hiver.

Pour l'heure notre quidam passe sous les branches, lourdes de névés, qui tombent derrière ses pas.

Ainsi, des nappes d'ouate froide suivent et perdent sa trace.

Il s'engage plus avant sous les résineux enneigés, plus de sentier pour le guider, pourtant il semble savoir où aller.

La nuit est tombée, la bise à chassé les nuages qui se sont déchirés

La lune et les étoiles glacées étincellent sur la neige cristallisée.

Il arrive enfin, auréolée de gel, dans une vaste clairière.

Il sourit, car ils sont tous là.

Les lieux sont diaprés de luminosité, la nature immobile est figée par le givre.

Une ambiance idéale, pour la célébration qu'ils attendent chaque année à la même date.

Le dernier arrivant s'avance, pose sur une table de glace le contenu de sa besace, salue joyeusement ses frères. La fête peut commencer, une musique limpide se diffuse dans l'air, tous se mettent à danser sous la voute céleste opalescente.

On festoie en ce solstice d'hiver, on se congratule, jusqu'au matin, on ondule.

L'aurore embrase la clairière, l'astre du jour illumine les festifs. Ils sourient une dernière fois. Ultime lumière au ciel bleu pâle.

Progressivement, ils s'en vont, l'un après l'autre sous l'ardente matinée, les convives de la nuit fondent petits à petits.

Le rassemblement des bonhommes de neige se termine.

À l'année prochaine !