J'ai marché sur les traces des anciens, traversé des plaines où, jadis, se dressaient, orgueilleuses, des cités ; toutes de pierres et de rumeurs, ruisselantes d'or et d'argent, de poussière et de sang.

J'ai gravi de monumentales montagnes ; crevé mes pieds sur leurs rochers, figé mon être dans le vent glacé, laissé sur les parois des parcelles de peau roidie.

J'ai rencontré l'anachorète, sage, fou, halluciné et grisé par l'air raréfié ; murmurants de contes étranges, d'âges terribles et de dieux courroucés.

Je suis allé quérir les mystères, d'énigmatiques palais sous la mer, rencontré mille créatures merveilleuses ou abominables, portant secrets ineffables, chuchotés à mon âme ardente.

Je me suis étendu sur des plages éclaboussées de soleil ; silice miroitant sous l'azur du ciel.

Alors, j'ai attendu là, que la nuit vienne ; à petit pas. Puis me suis nourri de poèmes et de clarté lunaire, de rimes et d'explosions stellaires et autres rêveries sidérales.

Succombant, mon corps desséché, s'est enfin éparpillé ; poussière enroulant les alizés.

Ainsi, je murmure à vos âpres esprits, vos grises âmes, mon incroyable odyssée qui s'enlace à l'éternité, au néant.

Chagrin ; vous n'entendez rien, sourds à jamais, vous demeurez.