À la bonne heure
La poursuite des aiguilles nous a encore tenue en éveil.
La suite… Nous n'avons pas entendu sonner le réveil.
Même dans la retenue d'un mode veille, pas de pauses.
Pendant nos nuits sans sommeil, nous composons une ode
À l'ennui, que l'on aimerait parfois voir nous rattraper
Et happés dans l'attente, nous regardons les secondes passer.
La perspective de l'avenir s'égraine, de plus en plus latente.
Ça y est, les heures à peine éclosent se sont évaporées.
La trotteuse, semblant plutôt courir, a fait fuir l'instant.
Parce que pour avoir du bonheur, il faut se lever de bonne heure…
En tentant de traquer les moments manqués,
Détraquée est l'horloge nous faisant tourner en rond d'un soir à son aurore.
Les minutes qui valent de l'or logent dans les traits noirs…
Ceux tirés par intervalles sur des histoires. Pour un mieux.
Notre temps est précieux, cela fait peut-être un quart d'heure(ux).
Nous voulons de la qualité dans le contenant qu'est la durée.
Retenant la douceur furtive aux battements de nos cœurs
Pour qu'elle puisse perdurer éternellement lorsque la fuite récidive.
La peine tenue en haleine, forcée de constater que l'on avance.
Parce que pour avoir du bonheur, il faut se lever de bonne heure…
En décalage horaire on s'adapte à la cadence, savourant l'intense
Tant que nous ne nous sentons pas mourant aux aléas du temporaire.
Aller à l'essentiel stoppe le mouvement décadent.
Décompose en bien d'autres valeurs le cours de la vie.
Et, si nous osons mettre notre grain de sable pour enrayer la trahison du sablier,
Nous passerons maîtres par-delà les extrêmes de sa démesure.
Tic, tac… Tic, tac… Tic, tac… Tic, tac…
Mais chaque pas claque perpétuellement jusqu'à l'usure.
Nos éventuelles tactiques n'arrêtent pas notre vive allure.
Se sentir vivant c'est aussi les sourires s'effaçant après notre passage
Et accepter de céder aux heures qui passent.
Ceux que ça lasse restent dans le lit de leurs habitudes.
Celles se répétant avec exactitude.
Ne craignant pas d'être en retard
Au rendez-vous d'un bonheur prévu de toute part.
Parce que pour avoir du bonheur, il faut se lever de bonne heure…
Pour ma part, je me voue à l'attendre patiemment, peut-être constamment.
Sur cette idée je m'aligne pour écrire mes lignes.
D'ailleurs je m’arrête là, brève fin, sans autre prétexte que mes aiguilles ont fait le tour du cadran.
Je m'apprête à mon tour pour un nouveau jour…
Il est tôt. Peut-être arriverai-je tantôt à déjouer la course contre la montre.
© Slamity Jane - SACEM
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