Kondo

15 minutes de lecture

un technicien militaire Narween

201222-222912

Suite du récit de Narina. Vous êtes certainement convaincu à présent de la qualité de ce témoignage, malgré sa méthode de collecte par transmission orale.

Kondo était donc bien arrivé sur la planète Najol, via la dernière invention de son oncle Cipos, qui avait réussi à dissimuler l'autre extrémité de son conduit dans une pièce de stockage du septième sous-sol du Centre de Recherche numéro trois. Dissimuler, en effet, car cette invention était bien trop sensible pour que Cipos puisse en confier l'existence à quiconque en dehors de son cher neveu. Kondo se réjouissait de retrouver son oncle, mais dut prendre son mal en patience, car ce dernier restait introuvable.

Ce que trouva Kondo en premier lieu le surprit encore plus que cette absence. Il n'avait jamais imaginé que des Narween puissent être aussi peu enclins au dialogue, incompréhensifs voire butés et même brutaux envers un de leurs congénères. Les autorités, une fois alertées de sa présence et de son apparition en provenance de Ween alors même que l'attaque des Myrides était en cours, décidèrent de séquestrer Kondo et s'évertuèrent à l'interroger pendant plusieurs jours.

Les questions ont tout d'abord porté sur ce qu'il se passait sur la planète mère, sur le sort réservé à la population, sur l'état des infrastructures et des systèmes de défense, pour subrepticement s'orienter sur une faute éventuellement commise par Kondo dans la maintenance desdits systèmes. Par la suite, le mode de transport pour le moins original emprunté par Kondo attira l'attention des interrogateurs, qui en arrivèrent assez naturellement à questionner le neveu sur l'endroit où se cachait probablement l'oncle. À ce stade, Kondo se sentit fort las, mais aussi fort inutile. Il n'avait pas la moindre idée d'où pouvait se trouver Cipos.

Ses questions à lui ne conduisaient que rarement les militaires en charge de sa situation à formuler une réponse. Et il était bien en peine d'en imaginer d'autres par lui-même. Pourquoi ne voulaient-ils pas croire à la masse noire ? Pourquoi ne voulaient-ils pas admettre qu'un canon de défense opérationnel de plus ou de moins n'aurait rien changé au dénouement ? Pourquoi cherchaient-ils son oncle ? Pourquoi doutaient-ils de la véracité de son récit concernant son évasion par la machine ?

Ces questions hantèrent toutes ses nuits, jusqu'au jour où les interrogateurs changèrent d'uniformes, et, au-delà de leur tenue, de profession. Les scientifiques prirent soudain les choses en main, et se mirent en quête de revoir avec Kondo tout ce qu'il savait sur son oncle et cette fameuse machine. Notre pauvre ancêtre avait déjà tout dit à maintes et maintes reprises et ne se sentait plus la force de recommencer une énième fois. Mais il reprit néanmoins un peu de vigueur lorsque les scientifiques acceptèrent de répondre à quelques-unes de ses questions.  

En premier lieu, personne ne doutait plus de la véracité de ses dires, non pas grâce à la mise au point d'un détecteur de mensonges d'un genre nouveau, mais simplement par le fait d'observations menées au large de Ween par des sondes téléguidées. Bien que rapidement détruites, celles-ci avaient confirmé la présence d'un engin spatial de taille peu commune et l'état de désolation dans lequel se trouvait la planète. Les scientifiques compatissaient à ce qu'avait dû endurer Kondo et ne tarissaient pas d'éloges sur son évasion, laquelle les intéressait en réalité au plus haut point. Il apparaissait évident que le peuple Narween ne pourrait vaincre les Myrides, ni même survivre pour peu que ces derniers émettent le désir de les détruire, sans la découverte d'une nouvelle arme extraordinaire. À défaut d'arme, l'invention de Cipos passait pour ce qu'il y avait de plus proche d'extraordinaire et susceptible de donner un avantage tactique. Des dizaines d'ingénieurs et chercheurs inspectaient les moindres détails de ce qui ne semblait alors n'être qu'un bout de tuyau caché dans un placard. Aucun d'entre eux n'avait pu en comprendre le fonctionnement ni réussi à l'activer d'aucune manière que ce soit. Le coeur du système semblait être à l'autre extrémité, dans le système voisin, et restait donc hors d'atteinte.

Ironiquement, il devint vite évident que la seule personne capable de sauver les Narween n'était autre que l'inventeur le plus génial de l'univers connu, mais aussi le plus honni par ses pairs. Kondo avait beau se tordre l'esprit à la recherche d'un détail qui aurait pu donner une indication sur la destination suivante du voyage de son oncle, cela restait vain. Alors les scientifiques adoptèrent une autre démarche. Après tout ce que Kondo avait raconté des nombreuses rencontres avec son oncle, le jeune militaire était devenu, aux yeux de ses interrogateurs, le détenteur de la mémoire de Cipos. Ils se mirent donc à le questionner ardemment sur le fonctionnement même de la machine, sur sa conception, sur sa disposition et sa forme à l'autre bout, et ainsi de suite pendant des heures.
Mais encore une fois, Kondo se sentit inutile, car son oncle, bien que d'habitude très loquace sur ses inventions, ne lui avait jamais expliqué le fonctionnement de celle-ci, du moins pas d'une manière permettant à son neveu de se remémorer  quoi que ce soit de cohérent sur le sujet. Les scientifiques n'étaient cependant pas du même avis, et ils firent de Kondo l'ingénieur en chef du projet CT1, sensé apporter au peuple Narween le premier conduit de téléportation capable d'envoyer des troupes au coeur du combat de manière la plus inattendue qui soit.

Alors, poussé par cette reconnaissance, et dans un élan de courage peu habituel, Kondo se mit au travail. Il passa tout d'abord de nombreuses journées à fouiller dans sa mémoire monumentale pour en extraire quelque information utile, avant de se rendre compte que cette approche était vouée à l'échec. Il avait passé tellement de temps dans cette caverne, à écouter son oncle parler longuement de ses inventions, qu'il lui faudrait plusieurs années pour faire le tri de ses souvenirs.
Il passa ensuite ses jours et ses nuits sur les plans, les calculs et les prototypes produits par ses ingénieurs dans l'espoir de reconnaître un élément aperçu dans le laboratoire sous-terrain de Cipos. Tout cela ne mena nulle part jusqu'au jour où, pris de lassitude, il releva les yeux des plans, calculs et prototypes pour interroger l'ingénieure face à lui sur la réelle efficacité de ce processus. L'ingénieure en question n'avait a priori rien de particulier, vêtue d'une blouse blanche somme toute classique, elle se contentait de jouer avec ses mains en évitant le regard de Kondo. Pour se rendre compte de la scène, il faut savoir que les mains des Narween possèdent sept doigts chacune, dont deux pouces opposables en première et dernière position, ce qui offre un nombre conséquent de possibilités pour les jeux digitaux. Au-delà des jeux, la légende veut que l'intelligence même des Narween soit directement issue de ces quatorze doigts, qui leur ont permis originellement de compter bien plus rapidement et plus loin que d'autres espèces telles que les Gromov qui n'ont que huit doigts. Cela reste hypothétique, mais a minima, nous en avons hérité notre système de numération  tétradécimal.

[Le système de numération tétradécimal est basé sur les 14 chiffres 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, X, I, D, T. À titre de comparaison, les humains, qui n'ont eux que dix malheureux doigts, se basent sur le système décimal dans lequel uniquement les chiffres de 0 à 9 sont utilisés. Qu'est-ce que cela peut bien changer ? Eh bien, par exemple, un nombre aussi grand que 145 en notation décimale ne requiert que les deux chiffres X5 pour être écrit en tétradécimal. Par ailleurs, il est évident que tous les plus jeunes Narween connaissent leurs tables de multiplications jusque 14, ou plutôt 10 comme l'écrivent ces derniers.]

Kondo regardait donc, pour ainsi dire pour la première fois, cette ingénieure lorsque son cerveau s'illumina. Le nom même de l'ingénieure lui était inconnu, mais ce qui importa à ce moment précis fut son habitude, pour le moins inhabituelle pour un Narween, de porter un stylo bleu dans la poche de sa blouse. Déjà à l'époque, personne n'utilisait un moyen aussi volatile que le stylo pour noter quoi que ce soit de significatif, et encore moins un Narween, dont la mémoire à elle seule est bien souvent suffisante. Cela était plutôt considéré comme un accessoire de mode, dénué de réelle utilité et, pour dire vrai, bien peu à la mode. Cependant, en un éclair, Kondo revit dans son esprit l'image du stylo dans la blouse de Cipos. Et alors il comprit, pas seulement pourquoi son oncle en portait un, ni uniquement pourquoi il en portait parfois un autre, mais bien plus que cela. Il comprit que son oncle lui accordait une confiance, à lui, le plus inapte scientifiquement parlant de la famille, au-delà de tout ce qu'il aurait pu accorder aux plus grands scientifiques de la galaxie.

Kondo s'empressa de remercier la timide ingénieure au stylo et courut jusqu'au bureau du directeur de centre, qui était en réalité l'un des scientifiques à l'avoir interrogé. Il lui raconta alors comment son oncle avait ancré en lui un moyen mnémotechnique aussi subtile qu'efficace pour lui transmettre les plans de sa dernière invention. Tous les jours, Cipos venait à son laboratoire muni d'un stylo noir. Mais, lorsqu'il travaillait sur la téléportation et en contait tous les détails à son neveu en visite, il portait un stylo bleu. Il suffisait maintenant à Kondo de se concentrer sur la mémoire de ce stylo pour retrouver, aussi facilement qu'un ordinateur retrouve un mot dans un document, tout ce qu'il savait sur le cylindre et la téléportation. Cipos avait utilisé son neveu comme un support de stockage et mis au point cet ingénieux système de sauvegarde pour éviter de devoir s'en remettre aux ordinateurs.

Les jours suivants furent donc consacrés à la construction d'une nouvelle machine sur la base de cette nouvelle mine d'informations. Chacun était à sa tâche. Kondo se concentrait et notait tout ce dont il se souvenait en fixant le stylo bleu droit devant lui. L'ingénieure lui apportait tout le soutien nécessaire en se tenant face à lui, le stylo bleu dans la poche de sa veste. Les autres ingénieurs transcrivaient, esquissaient et imaginaient les plans, tandis que les scientifiques écoutaient religieusement dans l'attente d'une révélation majeure, se permettant une ou deux questions à l'occasion   pour approfondir certains points. Les techniciens travaillaient dans la pièce voisine, modelant les prototypes, juxtaposant les différents composants dans un ordre prédéterminé et réglant le plus finement possible tout ce qui méritait de l'être. Tout cela était très encourageant, mais il semblait toujours rester un détail ou un autre empêchant la machine de fonctionner correctement.  

Kondo finit par apprendre le nom de la jeune ingénieure au stylo bleu, Kamelia, et alla même jusqu'à l'interroger sur la raison de la présence de cet objet dans sa poche. Elle avoua que celui-ci lui avait été transmis par un être cher à son coeur et qu'il lui semblait naturel de le conserver toujours proche de cette partie anatomique de son corps. Kondo réalisa alors que l'ingénieure au stylo bleu avait, non seulement un nom, mais aussi un corps. Est-ce à cet instant précis qu'il se décida à l'épouser un jour ? Je n'en suis pas certaine... Il est resté assez vague sur le sujet, mais toujours est-il que c'est à ce moment qu'ils décidèrent de se retrouver pour une balade en dehors du centre de recherche le soir venu.

De cette balade, nous ne connaissons que peu de choses, hormis sa conclusion... Le hasard voulut que leur chemin passe devant une affiche vantant les mérites d'une visite à la grotte Wekar, un des plus beaux joyaux géologiques de Najol. À sa vue, Kondo fut pris de nostalgie en pensant à cette journée à la grotte organisée par son oncle et qu'il avait tant appréciée dans sa jeunesse. Toutes ces stalactites, stalagmites, draperies, fistuleuses et autres concrétions excentriques avaient nourri son imagination de nombreuses nuits durant. Sans trop savoir pourquoi, il proposa alors à Kamelia de pousser leur escapade jusqu'aux merveilles de Wekar. Ils empruntèrent donc un véhicule de survol rapide et prirent la direction du désert de rocailles qui entoure la grotte sur plusieurs centaines de kilomètres. Ils arrivèrent sur le site à l'heure où Nara, l'étoile du système 36, se couche sur l'horizon, et purent admirer les teintes rougeoyantes inlassablement prises par les roches sédimentaires oxydées en fin de journée. La vue de l'entrée de Wekar est aussi saisissante que tragiquement dangereuse : une ouverture en arc de cercle d'une centaine de mètres de diamètre sous un arceau de roche striée de bandes irrégulières aux couleurs variées mais toujours en harmonie avec l'esprit des lieux. Celle-ci a souvent été décrite par les visiteurs fraîchement arrivés comme un gouffre immense et incliné à l'horizontal par les Dieux. En réalité, cette entrée abrite bien un gouffre, un gouffre réel, vertical, terriblement profond et horriblement meurtrier de part sa position. Son pourtour marque le seuil de la grotte, ses bords venant lécher les parois de l'arceau rocheux sur les côtés, longer les pieds de ce qui serait l'invisible porte de la grotte sur le devant, et se perdre dans les ténèbres à l'arrière. Nos archéologues, bien que certainement moins doués dans leur art que vous mon cher Lephiareardechrodelemduc, ont découvert que de nombreux animaux et individus primitifs du peuple originel de Najol sont morts à la suite d'une chute à cet endroit, et affirment que de telles chutes sont simplement le fruit de la grandeur et la beauté de Wekar qui incite les visiteurs à lever les yeux en passant son seuil.  

Tous les Narween connaissent l'histoire de cette grotte, et Kondo et Kamelia ont donc pris soin d'arrêter leurs pas bien avant le seuil endeuillé. Alors que Kondo semblait hésiter à poursuivre par l'ascenseur construit depuis pour prolonger la balade dans les profondeurs du gouffre et des nombreuses galeries, Kamelia mentionna à quel point elle trouvait cette arche magnifique et comment le fait d'être le résultat du travail de la nature elle-même lui conférait une certaine magie supplémentaire. Kondo répondit alors que ce n'était pas la seule chose magnifique ici, ni même la plus magique des oeuvres de la nature. Il s'ensuivit un échange quelque peu gêné lorsque Kamelia prit cette remarque à son compte et que Kondo dut avouer qu'il pensait en réalité à toutes les autres cavités naturelles entourant ce site. Il finit néanmoins par admettre qu'elle était effectivement magnifique à ses yeux, avec ou sans stylo bleu. Vous me pardonnerez certainement mon cher Lephiareardechrodelemduc  de faire l'impasse sur les détails de ces quelques instants d'intimité...

[Vous remarquerez peut-être comme je me laisse amadouer par cette conteuse hors pair. Ce n'est certes pas très académique, mais comment voulez-vous qu'un personnage de ma profession reste insensible aux charmes d'une archive vivante me livrant avec autant de détails les faits historiques ?]

Toujours est-il que Kondo en vint à conter à Kamelia les mérites des lieux autour de Wekar, des nombreuses failles, brèches et autres départs de tunnels parsemés dans le désert sur un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres et laissant entrevoir de nombreux secrets cachés dans les profondeurs des galeries les rejoignant.
Il partageait avec Kamelia les détails que lui avait inculqués son oncle sur la formation de ces merveilles et leur étude approfondie rendue impossible par la longueur et la profondeur des galeries, mais aussi par la densité de fer des roches dans lesquelles elles sont creusées. D'après Cipos, tout cela rendait inutile la plupart des moyens d'investigation basés sur les ondes électromagnétiques et tout ce réseau souterrain formait encore aujourd'hui un immense labyrinthe impénétrable aux communications radios et autres radars.

Kondo aurait dû se rendre compte à ce moment de la clé qu'il détenait, mais peut-être qu'après l'avoir tant inspiré grâce à son stylo, Kamelia limitait maintenant ses capacités de réflexion. Il fallut donc attendre que leur pérégrination les rapproche de l'entrée d'un tunnel à même le sol pour voir surgir une révélation dans leur esprit. Je ne saurais dire lequel des deux esprits s'est illuminé en premier, Kondo aimait à raconter qu'ils avaient réagi tous deux simultanément. Toujours est-il qu'ils savaient maintenant avec une quasi-certitude où se cachait Cipos. Nul autre endroit n'aurait pu lui fournir un tel havre de paix, hors des réseaux de communication et de la portée des recherches des autorités. Kondo se souvint alors de la petite cavité jusqu'à laquelle son oncle l'avait amené autrefois et se convint que si Cipos souhaitait revoir son neveu un jour, il devait s'y trouver.

Après quelques errements et erreurs d'orientation, qui n'était pas non plus le domaine de prédilection de Kondo, ils arrivèrent devant la fameuse minuscule grotte. Celle-ci ne semblait pas avoir été visitée plus que les autres depuis des années, mais Kondo entra d'un pas sûr et décidé, du moins aussi sûr et décidé que pouvaient être les pas de quelqu'un d'aussi peu confiant envers lui-même que mon ancêtre. Le premier boyau étroit se divisa rapidement en deux branches, lesquelles se révélèrent après inspection à la fois vides de toute vie et terminées par un embranchement similaire au premier. Il fallut donc faire un choix, puis un autre, avant de devoir certainement en voir encore apparaître davantage. Devant le nombre de combinaisons possibles pour ces choix qui risquait fort de croître exponentiellement, Kondo s’assit et ferma les yeux pour prendre le temps de la réflexion (et peut-être éviter d'être distrait par la présence de Kamelia). Il repensa au code qu'il utilisait pour pénétrer dans la cave secrète de Cipos sur Ween : un code numérique tapé sur les barreaux d'une fenêtre représentant un clavier binaire (toucher le barreau pour un 1, ne pas le toucher pour un 0)... binaire comme le choix entre la gauche et la droite ! Le code devait être le même, simplement, le choix des embranchements où il fallait tourner à droite remplaçait le choix des barreaux à toucher !

Ils s'élancèrent donc dans les couloirs en suivant les indications du code de la fenêtre, qui semblait bien être le bon, puisque chaque embranchement leur offrait effectivement un choix binaire entre la droite et la gauche. Ils finirent cependant par se retrouver face à un mur après le quatorzième embranchement et Kondo, qui avait été tellement sûr de lui, eut du mal à admettre que son idée ait échoué. Ils rebroussèrent chemin, puis retentèrent leur chance en prenant les directions exactement inverses, après tout, peut-être qu'un 0 représentait la droite et un 1 la gauche et non l'inverse ? Mais cela ne les conduisit qu'à un résultat identique au premier essai.

Ainsi, Kondo se retrouva à nouveau assis, les yeux clos, à la recherche d'une réponse dans sa mémoire qui ne paraissait pourtant pas en contenir. Kamelia en profita pour ausculter la paroi à l'aide de la lampe torche en quête d'une porte dérobée ou d'un quelconque mécanisme. Il devint clair que l'ingénieure avait choisi la bonne approche quand elle décela un message gravé au dos d'une draperie : C'est un code à quatorze chiffres, ou plutôt quatre, qui n'en sont en réalité qu'un, et le plus petit possible. Alors Kondo réalisa que son oncle avait dissimulé son antre sur Najol de manière à se rendre invisible, y compris aux yeux de ceux qui auraient réussi à percer le secret de son laboratoire sur Ween. Il se leva d'un bon pour reprendre l'ascension tout en réfléchissant à cette énigme. Certainement, Cipos ne souhaitait pas être découvert par quelque ignorant indigne de son génie. Cela inquiéta Kondo, qui, bien que bercé dans les secrets de son oncle, n'en partageait pas la sagacité.

Arrivés à la surface, Kondo n'avait toujours pas la moindre idée de la solution, mais l'ingénieuse Kamelia annonça :

--- Trois ! Le code est le chiffre trois ! Quatre ferait l'affaire, mais trois est le plus petit !

Kondo resta un moment dubitatif, avant de se rendre à l'évidence : le chiffre trois reproduit quatre fois donne 3333, ce qui, en notation binaire, s'écrit avec les quatorze chiffres 10001010100001, qui indiquent de tourner à gauche, puis trois fois à droite, puis à gauche, à droite, à gauche, à droite, et ainsi de suite...

[Pour ceux qui, comme moi, ne maîtrisent pas la notation tétradécimale, je rappelle à toutes fins utiles que 3333 en tétradécimal s'écrit 8865 en décimal, soit 8192 + 512 + 128 + 32 + 1, ou encore 2^13 + 2^9 + 2^7 + 2^5 + 2^0.]

En suivant ce raisonnement, ils atteignirent cette fois une salle, dont la taille supérieure à tout ce qu'ils avaient vu jusqu'alors sous terre ne les surprit pas tant que le fait qu'elle était éclairée par elle-même, ou du moins, indépendamment de leur lampe torche.  

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