Le cœur du petit loup
S'il est des jours où les rencontres amoureuses entre deux êtres de la même espèce sont simples et faciles, il en est d'autres où les différences – quelles qu'elles soient – apportent de sérieuses difficultés. Surtout aux yeux extérieurs.
Mais sur ce dernier point, il conviendra de s'en moquer éperdument.
Une étrange légende courait à propos d'une rivière,
Dont l'eau turquoise y cacherait un mystère ;
Quelques louveteaux sans repère seraient tapis,
Au bord du cours, n'ayant jamais quitté le nid.
Cette étrangeté est bien ce qui m'avait attiré
À poursuivre le choix, une fois, de les dégoter.
Livrant alors mon âme à ce besoin primaire,
C'est un soir de pluie que j'en trouvai la matière.
Perdu dans le milieu d'une grande forêt bretonne,
Dans le frais clapotis des gouttes s'écrasant,
je découvris la rivière dont l'eau bouillonne,
Où se disputaient de jeunes loups chahutant.
Belles joyeuses images des jeunes canidés,
Offrant leurs peaux au grain et aux remous du bain.
Impudique et drôle moment dont j'ai pu profiter,
Avant qu'ils ne m'aperçoivent, ces petits cabotins.
En un instant, un mystique silence était revenu,
La meute ayant soudainement filé dans son terrier,
Laissant s'installer une atmosphère ambiguë.
Alors je continuai, du bord lentement, à m'approcher.
Un petit loup blanc, moins timide que ces jeunes frères,
De la rive sortit et tourna la tête dans ma direction.
Dans un coup de foudre, me reconnut comme un pair,
Et son amour, à l'étrange visiteur, s'anima de passion.
Se rapprochant à tout petits pas et à découvert,
Me souriant comme le ferait un trop naïf faon,
Il me lança de doux yeux comme on fait à un père
Dont on cherche l'affection depuis très longtemps.
Mes sens eurent tôt fait de se faire chambouler,
Lorsque le jeunot vint alors, de moi, tout près,
Le museau en avant, vers mes babines, déposer
Une langue parfumée contre mes dents acérées.
Peu de temps après, au retour, il s'était mis à pleurer.
Pris à partie par sa meute, du groupe il avait été chassé,
Et ne rêvait que pour ce jour nouveau enfin merveilleux,
Où près de lui enfin, reviendrait l'aimé mystérieux.
Il ne fallut que quelques jours au jeune animal,
Pour face à moi de nouveau, impatient, me retrouver,
Et par le fort souhait, de la meute réprimé,
Offrir à mes yeux son petit cœur rose en pétales.
Mes chers lecteurs, vous l'aurez bien compris,
La rivière bleue n'est qu'une sombre allégorie
D'un tourment interne qui tracasse ma vie :
Doit-on laisser vivre en chaque loup, une noire brebis ?
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Écartant hâtivement les replis obscurs de son pelage,
Le petit loup, désireux de fêter mon retour, en hommage,
Montra avec aplomb et sourire son gratifiant bonheur,
Et m'invita à glisser mon amour...
...au plus profond de son cœur.
Ajout du 08/04/2023 :
J'ai demandé à l'IA ChatGPT de m'expliquer ce qu'elle comprend dans ce poème... Voici son résumé :
Le texte raconte une histoire poétique et allégorique, dans laquelle le narrateur est attiré par une légende mystérieuse concernant une rivière turquoise cachant un secret. Il décide de partir à sa recherche et découvre un groupe de louveteaux au bord de la rivière, jouant et s'amusant. Le narrateur est alors remarqué par l'un des loups, un petit loup blanc qui l'accueille avec enthousiasme et qui développe une relation d'affection avec lui. Le texte se termine sur une métaphore suggérant que le narrateur doit accepter les côtés sombres et obscurs de chaque être, même les loups, qui peuvent être considérés comme des brebis noires. La dernière phrase laisse entendre une connotation sexuelle, bien que celle-ci soit ambiguë et suggérée plutôt qu'explicite.
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