En toute amitié...
Nous nous connaissions depuis toujours. Il habitait à l'autre bout du quartier, mais venait souvent dormir à la maison. L'ambiance était autrement chaleureuse dans ma famille baba cool que dans la sienne, sévère, terne et triste. Lui, vilain petit canard, rayonnait en permanence. Ce n'est pas pour ça que nous étions inséparables, c'était une évidence pour nous et pour tout le monde.
Il était le deuxième fils et mes parents nous avaient installé un grand lit, car c'était simplement plus confortable.
Nous échangions tout, nous avions comparé nos pubertés, naturellement, en toute simplicité. Il n'y avait jamais eu aucun geste entre nous, hormis ceux de tendresse ou de consolation, parfois si nécessaires quand on est enfant ou adolescent. Nous parlions de nos conquêtes, de nos émois avec les filles, tellement désirables et tellement incompréhensibles.
Nous partagions tout, sauf le sport. Tom était mieux bâti que moi, plus musclé et plus joli garçon. Intellectuellement, il était plus brillant, mais infiniment fainéant, alors que la curiosité me tenait en effervescence. Je l'ai toujours admiré, pour son physique, sa jovialité, son amitié si chaleureuse qui me faisait me sentir indispensable. Je n'aimais pas ses camarades de foot, trop cons. Surtout Mat, le capitaine et le meneur.
Ce soir-là, il y avait eu une victoire à fêter, chez Mat, où les parents étaient toujours absents. C'était quelques maisons plus loin. Comme chaque fois, je récupérais Tom complètement soûl, incapable de rentrer chez lui, où il se serait fait incendier.
Je le fis monter, arrivai à le déshabiller avant qu'il s'effondre sur le lit. Je dus encore le faire rouler, pour avoir une petite place. C'était mon ami, je prenais soin de lui.
Ses ronflements me réveillèrent et j'allais pisser. Quand je revins, il était étendu sur le ventre. Je le connaissais, mais ce matin, je vis son derrière, pris dans son boxer. Cette rondeur me fascina et une envie irrésistible m'envahit. Je me penchais et posais un petit baiser. Cela me fit perdre la tête. Je fis glisser le tissu pour libérer ces courbes, à peine duveteuses. Je le sentis se réveiller. Honteux, je reculais. Il se mit à gigoter pour se libérer, avant de m'exposer cetre harmonie. L'invite était evidente. Je posais un, puis deux, puis d"incessants petits baisers, pris par une frénésie incontrôlable. Son absence de réaction m'enhardit. Je caressais de mes mains, alternant avec ma bouche. Son sillon m'attirait, je l'écartais, trop désireux d'atteindre un interdit. J'étais perdu dans une enivrante folie. Quand ma langue se posa sur sa fleur, alors que j'étais aux portes du Nirvana, la raison me revint brutalement. Horrifié par ce que je venais de faire, je me reculais à nouveau, heureux qu'il ne m'ait pas repoussé avec dégoût. Encore confus, j'entendis alors :
— C'est déjà fini ?
Il s'était retourné, exhibant un mat que j'avais déjà vu souvent dans cet état, fin et élégant, lisse et marqué de veines, couvert d'un beau chapeau qui laissait entrevoir un rosé tentant. Sa phrase me désinhiba, libérant une fougue inconnue. Je me jetais sur ce membre, l'avalant goulument. Nous étions tête-bêche et je sentais son souffle sur mon pubis. J'étais trop occupé pour regretter une absence de contrepartie. Que c'était délicieux de savoir que chacun de mes petits mouvements entraînait une réaction ! J'avais une main sur ses adorables rondeurs et une autre sur son ventre. J'ai ressenti des contractions avant d'être plein de son nectar. J'avalais sa semence, poursuivant mes câlins bocaux jusqu'à ce que son sexe se soit relâché. Il s’était rendormi, un sourire immense baignant son beau visage. Je le rejoignis dans le sommeil.
Je me réveillai seul dans le lit. J'entendais sa voix et celle de mes parents en bas. Soudain, le souvenir de ce que j'avais fait me plomba. J'avais souillé à jamais notre relation, avec cette pulsion irrépressible. Il m'avait laissé faire, à cause de sa gentillesse habituelle et de sa tendresse pour moi. Et puis, j'avais aimé ces caresses, boire cette ambroisie, le voir heureux. J'étais doublement coupable. Ma vue s'arrêtait là. J'avais tout détruit sans m'en rendre compte.
Mon nom fut lancé, pour me faire descendre. Comment me présenter devant celui à qui j'avais tout pris ? Je me présentais la tête basse, triste à en mourir, avec le seul désir qu'il ne soit pas là, qu'il n'ait jamais existé. Mes parents étaient silencieux, s'interrogeant sans doute sur mon attitude. Je sentis son regard darder sur moi et ma honte. Sous ce feu, je ne pus que lever les yeux pour voir son merveilleux sourire et l'éclat d'un clin d'œil. C'était impossible. Je m'assis pour aussitôt sentir ses jambes nues s'emmêler aux miennes sous la table, déclenchant une réaction, heureusement invisible.
Ce fut tout. Aucune parole, aucun geste ne survint ensuite. Notre relation se poursuivit, inchangée dans son intensité. Les études nous séparèrent pour des retrouvailles encore plus chaleureuses. Il connut Anna, comme je connus Alice. Nous étions quatre, c'était non négociable.
Il fut le témoin de mon mariage et moi du sien. Le jour de sa cérémonie, alors que nous attendions pour partir à l'église, tous les deux, dans un dernier moment de complicité, il me dit :
— Marc, tu te souviens du lendemain de ma nuit de beuverie ?
Je rougis, tellement c'était frais et intact dans mon esprit.
— Tom...
— Tu sais, j'ai regretté de ne pas être allé plus loin.
— Tom...
— Je n'ai jamais osé t'en parler. Mais, c'est le plus beau souvenir de notre amitié.
— Tom...
— Marc, avant de nous séparer, j'ai envie que tu me fasses tes adieux.
La pulsion revint avec la même intensité. Je défis son beau costume gris pour retrouver cette verge déjà tendue pour moi. La même sensation de plénitude. Je ralentissais mes mouvements, les voulant éternels, alors que la porte pouvait s'ouvrir à tout instant.
On nous appella. La tension était au maximum et j'allais retrouver cette délicate ambroisie, la remâcher avec délectation. Ça allait trop vite. Je ne pus le conduire jusqu'au repos, laissant perdre une goutte sur son pantalon. C'est ainsi marqué de ce sceau qu'il épousa Alice. Au cours de la soirée, alors que nous dansions ensemble, ses yeux obligèrent les miens à descendre sur cette tâche. Son sourire de remerciement m'en disait tellement long !
***
La vie continua. J'ai eu beaucoup de mal à faire accepter par Anna mes explorations d'intimité. J'adorais la forcer à cette ouverture, recherchant un plaisir inachevé. Rapidement, cependant, elle céda devant ce plaisir interdit. Elle en ressortait honteuse et satisfaite. Je persévérais, y trouvant un aboutissement à ma pulsion profonde.
L'amour s'estompa, car il manquait quelque chose qu'Anna alla chercher chez un collègue bellâtre plus jeune, malgré notre fille. Tom vécut la même chose et nous partagions les mêmes déceptions, les mêmes incompréhensions.
C'est ensemble que nous assumèrent nos échecs conjugaux, nos séparations. Leur fils et notre fille restaient plus liés qu'un frère et une sœur et, malgré leur dizaine d'années, ils partageaient également ce choc dans leur petite vie.
C'est donc naturellement que nous sommes partis en vacances, les deux potes désabusés, les deux enfants, trop heureux d'une vie sans contrainte. Nous savions ce que nous allions trouver même si nous n'avions jamais évoqué cette recherche. Nos enfants vivent maintenant avec deux papas, heureux de leur bonheur.
Peut-être que nous devions simplement attendre...
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