Chapitre 2. Visiteurs improbables.

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Devant moi, se trouvent trois personnes vêtues de grands manteaux. Deux adultes, un adolescent de mon âge qui se cache derrière sa mère. Le père me tend la main :

<< Bonjour jeune fille, est-ce que ta mère est là ?

— Oui, mais elle est au téléphone. (je ne lui serre pas la main de peur qu'il ne voit la mienne, blafarde.)

_ Euh, peux-tu lui laisser un message ? Nous allons être vos nouveaux voisins et...

_ Entrez, entrez, allez dépêchez vous !>> l'interrompis-je, affolée et surexcitée dès qu'il a prononcé ces mots.

Cette fois je lui tends la main et il tressaille.

<< Vous ! C'était vrai alors vous êtes comme mon fils, oh merci !!>>

Et il rentre, sa femme et son fils derrière lui. je referme vite la porte avant que d'autres voisins ne remarquent leur présence. Puis, me souvenant de notre repas, auquel nous n'avions même pas touché, je les invite à s'installer dans la salle à manger. Comme je suis derrière eux, j'en profite pour observer le fils. Il est bien comme moi, la peau pâle, cheveux gris-blancs et il cherche à cacher chaque parcelle de sa peau. Sentant probablement que je l'observe, il se retourne et ses yeux gris me détaillent rapidement et, fiers de leur constat, ils pétillent de joie. Je lui souris maladroitement. Il a vu que j'étais réellement comme lui. Maman a raison, ce sera peut-être un ami. Il a l'air bien ici. Ses parents et moi, qui suis comme lui, semblons le rassurer. Pour ma part je n'ai pas vraiment confiance en ses parents. Je me dirige vers la porte du bureau en annonçant que je vais chercher ma maman.

Avant de toquer, j'écoute. Il n'y a aucun bruit. Toc, Toc. Pas de réponse. J'ouvre la porte. Ouf, celle-ci n'était pas verrouillée. Je vois ma mère assise sur sa chaise, en pleurs. Je m'approche.

<< Maman ?>> je demande, anxieusement.

Elle lève la tête, renifle, s'essuie les yeux et se mouche. Je me rapproche encore d'elle pour lui faire un câlin. Je reprends :

<< Maman, qu'est-ce qu'il y a ?

_ Anne, ma collègue, veut venir à la maison, là ce soir, pour parler car elle ne veut pas parler au téléphone. Tu sais que je lui ai dit que je n'ai pas de fille. Au fait, dis-moi, c'était quoi le bruit dans le couloir ?

_ Euh, je, bon, c'est les nouveaux voisins. Leur fils est bien comme moi, alors je me suis permise de les faire rentrer, annonçais-je d'une traite.

_ Quoi ? s'écrie t-elle. Tu les as fait rentrer !

_ Oui. Pardon, je ne savais pas qu'Anne allait arriver.

_ Oh noon, soupire ma mère avant de se remettre à pleurer.

_ Maman, maman. On va se cacher dans ma chambre ne t'inquiètes pas.

_ Ok.

_ Maintenant arrête de pleurer s'il te plaît. Sinon quand elle va arriver elle va se douter de quelque chose.

_ Tu as raison. Dépêche-toi ! Et tu t'enfermeras avec eux dans ta chambre. Ne fait surtout pas de bruit !

_ Ok, ça mar...

Un Ding Dong sonore m'interrompt soudain.

— Vite dépêche-toi ! me presse ma mère.

_ Je vais les chercher !

_ A tout-à-l'heure !

Je sors en courant, pars les chercher, les pressant, pour les enfermer dans ma chambre. Une fois enfermés je leur explique la situation, ils sont très compréhensifs. J'apprends que l'adolescent s'appelle David. Comme le bureau, où se sont réunies ma mère et sa collègue, se trouve à côté, je peux écouter leur conversation.

— Essindra, j'ai peur.

_ Mais de quoi, Anne ?

_ De cet enfant et de ses parents.

_ Pourquoi ?

_ Je te jure, il fait peur, il est blanc et tout, je ne sais pas comment dire. Je n'ai pas envie que tu ais ces gens dans ton entourage. Je ne veux pas que tu souffres avec ces gens à côté de toi.

_ Ne t'inquiète pas je vais m'en sortir, et plus que tu ne le crois.

_ Ce n'est pas toi qui les a reçus hier soir en attendant que les locataires les reçoivent.

_...

J'en ai assez entendu comme ça. Je me détache du mur et me retourne vers nos <<invités>>. David me rejoint et me demande si j'ai toujours vécu avec ma mère.

— Oui mon père est parti à ma naissance. Et toi ?

_ Moi, c'est ma mère qui s'est barrée, on est une famille reconstituée. Mais je la considère comme ma vraie mère.

_ Tu as de la chance, David, dis-je sincèrement. La mienne n'a jamais voulu se remettre avec quelqu'un.

_ Tu as l'air fatiguée, et moi je le suis aussi, dit-il en baillant. Je sais que j'ai de la chance mais ça n'a pas toujours été facile avec Claudia.

_ Hmm, tu as raison, je vais dormir un peu.

Neuf heures s'écoulent, presque sans bruit, juste troublées par les bruits étouffés de personnes qui parlent.

Je suis réveillée par un bom bom bom bom incessant derrière ma porte. Je regarde mon réveil : 5h07. Je me frotte le yeux et regarde avec étonnement les trois personnes devant moi. Je vois David et tout me revient soudainement. Reprenant mes esprits, je remarque leurs mines apeurées et crispées. Des bom bom retentissent encore. Ils cessent d'un coup. Instant où la famille de David respire comme si c'était la première fois depuis des jours. Après ce court laps de temps une voix aiguë s'élève assez fort.

<< Sélène ! Ouvre, c'est maman ! SELENE ! >>

Mon prénom, cette fois crié me fait me précipiter sur la porte. Je l'ouvre à la volée et découvre avec stupéfaction ma mère, debout, avec un visage emplis de désespoir. Je lève les yeux pour voir ce qu'il y a de si affreux, et là je vois des policiers armés et Anne, souriante, à côté d'eux. Quand ils me voient, j'entends une série de clics et dans la seconde qui suit, je me retrouve avec plus d'une vingtaine d'armes à feu braquées sur moi. Ok, je recule d'un pas, me tourne vers la famille Fontenau et avec la main dans le dos je leur fait signe de partir par la fenêtre. Oups ! Je suis repérée ! Les policiers ont vu mes gestes maladroits, ils me demandent de sortir de ma chambre. J'obéis, ayant nullement envie de mourir avant d'avoir servi à quelque chose d'autre qu'à faire peur et de servir de bouc émissaire aux autres.

Le chef de la police s'avance en me poussant, et j'en profite pour faire un câlin à ma mère. Il rentre dans la chambre en baissant son Desert Eagle.50 mais de sorte à toujours pouvoir l'utiliser en cas de besoin. Quand il voit David qui essaye vainement de se cacher derrière ses parents, il penche la tête vers le côté droit pour tenter de l'apercevoir. Il pousse un cri et manque de se tirer dans le pied par mégarde.

<< Ahh, il y en a un autre !

(Pan ! Le coup part à côté.)

_ Tout va bien chef ? demande un jeune homme prêt à donner sa vie pour son supérieur.

_ Oui, oui, ça va ! Bon assez parlé comme des pipelettes, nous avons assez perdu de temps. Embarquez-moi tout ça !!

_ OUI, CHEF ! dit en coeur la brigade en se mettant au garde-à-vous.

Pendant ce temps...

— Maman, je chuchote.

_ Ahh, tressaille t-elle, pff tu m'as fait peur !

_ Haha, je ricane tout bas, tu vois je fais peur !

_ Arrête, je ne rigole pas ! me réprimande ma mère en chuchotant, tu vas etre mise en prison je ne sais pas ce qu'ils vont faire de toi ! Tu es en danger ! Si, au lieu de te désintégrer au soleil, tu pourrais avoir des pouvoirs, ce serait mieux ! soupire t-elle tristement.

_ Hé, m'énervais-je doucement en mettant mes poings sur mes hanches, si t'es pas contente, t'avais qu'à me tuer pendant que je n'étais qu'un bébé monstre. C'est pour ça que mon père (décidément je n'arriverais jamais à appeler mon géniteur << papa >>.), est parti n'est-ce pas ? Tu aurais dû faire ce qu'il aurait fait : me laisser mourir.

_ Je... ce n'est pas ce que tu crois ! Je, il... Non je ne peux rien te dire ! s'emporte t-elle confuse et vexée, une fois de plus en deux jours.

_ Alors c'est ça, tu m'as menti ! Mon père n'est donc pas un homme d'affaire superstitieux ! m'emportais-je à mon tour, rouge de colère.

_C'est pour ta sécurité ! se défendit Essindra.

Le policier, lassé par nos bavardages incessants nous sépare et nous emmène, nous et la famille Fontenau et, en les regardant je ne peux m'empêcher de culpabiliser de les avoir entraînés dans cette histoire. Ils savent que l'on craint le soleil alors ils prennent des parapluies pour nous emmener jusqu'au fourgon (même s'il fait encore nuit...). On nous emmène certainement au poste, le commissariat ou bien dans un endroit bien plus funeste, l'horrible prison.

Je ne savais pas que le trajet était si long. Allons bon, ce n'est ni au poste ni en prison, là je commence à avoir peur.

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