Chapitre 7. Inscription.
Je suis consciente mais pas réveillée. J'ai l'impression d'être sur un bateau. Décidément je n'aime pas ça. Je suis secouée de tous les côtés. J'ai envie de vomir. Brusquement j'ouvre les yeux. Des barreaux. Hein ? Ils n'y étaient pas avant. Je vois des cheveux blancs. Hmm, ma cage. Je ne peux plus me retenir, la bile me remonte dans l'oesophage, je vomis le peu que j'ai dans l'estomac. Sentant l'odeur horrible, je revomis derechef. J"ai arrêté d'être secouée quand j'ai vomi. Une femme se tient accroupie à côté de moi. Son visage est serein mais je décèle la panique dans ses yeux. Elle ne sais pas vraiment quoi faire. Une nouvelle vague de vomi me submerge. C'est elle qui m'a secouée pour me réveiller.
— Je suis vraiment désolée, s'excuse t-elle.
_ Pas grave.
_ Nous allons aller voir les infirmiers puis je t'emmènerais voir deux personnes : le général de combat et bien sûr, le patron. C'est normal, tu fais maintenant partie de notre unité de combat et il est normal qu'il veuille te rencontrer, et il aura quelque chose à te donner. Ça va mieux ?
_ Je ne sais pas. Un peu.
_ Bon, allez, allons-y. Tu peux te lever ?
_ Oui, je crois.
Je titube un peu et je la suis. Elle ouvre une porte surmontée d'une croix rouge. Deux hommes en blouse médicale se précipitent vers nous, ayant vu ou entendu la porte s'ouvrir. Ils me font asseoir sur une chaise et ils s'éloignent pour discuter. Au bout d'un moment un des deux infirmiers s'en va. Il revient avec un verre d'eau et quelques médicaments sur un plateau. Il me donne un Smecta pour le mal de ventre, un Vogalène pour ne plus vomir et un doliprane pour calmer la douleur de mon corps. Il me demande si ma tête va mieux. Il soulève me cheveux pour regarder derrière mon oreille. Il me dit que ça cicatrise bien. Je me rappelle mon opération de la veille si j'en constate par l'heure affichée par l'horloge murale. En effet, j'ai un peu mal mais pas suffisamment pour que ce soit gênant. Il me dit que Sonia lui à expliqué la situation et qu'il ne comprend pas pourquoi mon organisme a réagi comme ça. En prononçant le prénom Sonia il a légèrement tourné la tête vers celle qui m'a emmenée ici.
— En fait, c'est qu'elle m'a secouée pour me réveiller et je me suis sentie tellement mal que j'ai vomi.
_ Ah, d'accord ! Ce n'est pas suite à ton opération ?
_ Non.
_ Bon, bah tant mieux pour toi. Tiens ! Mange ça, tu retrouveras des forces et tu auras quelque chose dans le ventre.
Il me tend une banane et deux carrés de sucre. Il part vers Sonia et son collègue en riant. Une fois la banane et le sucre engloutis, je suis Sonia comme un petit chien dans un dédale de couloirs presque identiques. Elle pousse une porte blindée. Sur les murs du couloir il y a quelques panneaux : " salle d'entrainement ", " salle de combat " , " recrutement "... Je n'ai pas le temps de tout lire, elle me traîne vers celui qui indique " bureau du général" . Elle toque puis entre sans attendre de réponse. Un homme baraqué et musclé se tient debout derrière un bureau rempli de paperasse. Il lève sa tête rasée vers nous avant de s'exclamer d'une voix joviale :
— Sonia ! Ça fait longtemps ! Quel bon vent t'amène ?
_ Salut Victor ! J'ai quelqu'un à te présenter.
Elle me pousse devant elle. Présente-toi me souffle t-elle à l'oreille.
— Heu, bonjour, je m'appelle Sélène et j'ai quinze ans.
_ De quel arrivage fais-tu partie ?
_ Pardon ?
_ Elle ne fait pas partie d'un arrivage, Victor, intervient Sonia, Elle est arrivé...
_ Avec ma mère, David et ses parents, l'interrompis-je.
Elle me lance un regard réprobateur et Victor ne semble pas savoir de qui il s'agit.
— Voilà c'est ça, finit pas approuver Sonia à contrecoeur.
_ D'accord, reprend Victor. Pratiques-tu du sport ?
_ Non.
_ Si tu es là c'est que tu as reçu l'opération et j'en déduis que tu fais partie de la section combat.
Je réponds par l'affirmative.
_ Bon, je vais t'inscrire sur l'entrainement basique, pour les novices. Sonia m'appellera quand elle jugera que tu seras prête. Je vais te mesurer pour te préparer un uniforme. Je vais aussi prendre ton poids et ta taille pour savoir si tu dois faire un régime ou, au contraire, maigrir. Ne le prends pas mal, ce n'est pas méchant, mais ici il faut une bonne condition physique. C'est tout.
_ D'accord.
Tiens, me voilà à parler comme un robot. Il me mesure, un mètre soixante-dix. Je suis assez grande, ça me va. Je monte sur la balance, cinquante-et-un kilogramme. Il me dit que c'est bien, que je n'ai pas de régime à suivre. Tant mieux. Manger c'est la vie, je n'ai pas envie de faire un régime, moi je suis bien comme je suis ! Il prend la mesure de mon bassin, de mes côtes, de mes cuisses, de mes mollets et de mes bras. Il faut bien que tu rentres dedans me dit-il en rigolant. Son bureau est simple, il y a cependant une trousse à pharmacie. Je vois quelques diplômes, et des coupes en or et en argent, mises en valeur sur des étagères en bois. Sur le bureau, il y a un pot à crayons presque vide, les autres crayons et affaires traînant dans la masse de papiers étalés sur toute la surface du bureau, laissant juste une place pour son ordinateur portable. Il prend en note mes mesures et écrit au stylo rouge : Urgent ! sur le haut du Post-It, puis il le laisse sur son bureau. Sonia me dit qu'il faut y aller sinon on va être en retard. Elle lui dit au revoir avant de sortir de la pièce. Rebelote, je la ressuis comme un chien et l'on passe dans plein de couloirs tellement identiques que je ne pourrais pas dire par où nous sommes passées. Sans personne pour me guider, c'est sûr que je vais me perdre.
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