Chapitre 11. Mise en route.
L'Ancien nous écarte pour être auprès de lui. Après avoir longuement regardé David, le doyen annonce qu'il va entamer le processus de sa transformation.
— C'est une épreuve longue et dure qu'il faut accomplir seul. Ce jeune homme va donc nous quitter pour quelques temps. Il devra se débrouiller seul, et ne revenir qu'une fois qu'il sera prêt et que les Esprits l'auront jugé apte à nous rejoindre. Il ne faudra révéler ni ton don, ni ton pouvoir, à personne. Pendant cette épreuve, ne fais confiance en quiconque, cela doit être accompli seul, j'insiste bien. Fausse compagnie à quiconque veuille faire du chemin avec toi. Tue si besoin, je te donne un couteau et une couverture. Maintenant il faut que tu partes. Lorsque ta transformation sera terminée, entaille toi le petit doigt et inscrit le nom de Raven ou encore celui d'Eric que tu connais et qui seront toujours avec nous. Ton sang te guidera jusqu'a nous. J'ai désormais trop parlé, le temps t'es compté jeune homme, pars et que les Esprits te guident et te protègent !
C'est le coeur lourd qu'il nous quitte. Il prend donc le chemin opposé à celui que nous comptions emprunter. C'est étrange, je ne le connais pas beaucoup mais le destin ne semble pas vouloir qu'il reste avec moi. Je l'aime bien pourtant. Je lève la tête pour voir la réaction de Mickael. Il est triste que son fils le quitte mais il y a une certaine fierté dans son regard baigné de larmes. Je sais qu'il se retient de pleurer. Une main se pose sur mon épaule (celle intacte ^^), c'est ma mère qui me dit de rester forte, de ne pas me laisser aller, qu'il n'est pas mort et que ce n'est pas ce qu'il y a de pire au monde. Je la regarde, haussant les sourcils, l'incitant à poursuivre et elle s'explique :
— Tu as les larmes aux yeux ma chérie, tu pleures.
Je pleure, moi ? Je ne m'en étais même pas aperçue. Je m'essuie les yeux, mais ne lui répond pas. Pour une fois, elle me laisse tranquille et repart sans rien dire pour parler avec Lilianna. Au lieu de retrouver Raven et "Magnéto", qui d'ailleurs s'entendent super bien, mes pas me portent vers l’Ancien. En passant, je croise Carlson et je ne lui prête aucune attention. Derrière moi, j’entends mon prénom ; on m’appelle. Je n’ai pas envie de me retourner, j’ai quelque chose à faire, de plus je suis persuadée que c’est Monsieur Carlson qui me nomme. Quand l’Ancien me voit arriver il se met à rire. Je m’arrête net, je plisse les yeux et sèchement je lui demande ce qui le fait rire. S’il y a bien une chose dont j’ai horreur, c’est que l’on se moque de moi, surtout sans raison ! Devant mon ton agressif, il me demande de me calmer avant de m’avouer, comme excuse, que c’est mon air décidé qui l’a fait rire.
— Plus sérieusement, mon enfant, qu’y a-t-il ?
_ Quand ma transformation débutera est-ce que je vais vomir moi aussi ?
_ Non, toi, tu vas tousser puis cracher du sang, comme toutes les femmes avant toi.
_ Quoi ? Mais c'est horrible !
_ Eh oui, mon enfant, mais c'est comme ça.
Nous décidons enfin à nous mettre en route vers l'Armurerie. Le but de ce peuple, auquel je ne me considère pas comme un membre à part entière donc je dis <<le >> et <<ce >> ou <<leur >>, est de reprendre leur monde des mains de cet infâme Roi qui les a chassés et reniés. Quand on fait une révolution non-pacifique, il faut avant tout des armes. C'est ce que nous allons faire en premier. Le trajet est long, les égouts ça ne sent pas bon et nous sommes partis si précipitamment que nous n'avons pas eu le temps de prendre de la nourriture pour notre fastidieux périple. L'épuisement et la faim s'emparent de certains qui s'arrêtent en nous promettant de rejoindre le groupe et nous somment de continuer. Malgré la formation et l'expérience en plus de l'opération C, certains ne tiennent pas. Moi, je vais bien, de toute façon je dois résister et continuer. Notre avenir et notre vie sont en jeu. Dans ce combat, je suis leur seul espoir, sauf si ma transformation commence avant. Lorsque ça arrivera ils devront se débrouiller seuls et moi de même. Il devient indispensable de nous reposer si nous voulons être capables de continuer le lendemain. Nous faisons attention à nos doigts de pieds. En effet, les rats même ici, sont dangereux. Il y a un venin anesthésiant quand ils mordent leurs proies, donc on ne sent rien, mais c'est de courte durée, et ils mangent les doigts de pieds (même si il y a des chaussures).
Bon, trêve de bavardages, si je ne dors pas tout de suite, je ne dormirais pas du tout. J'ai une technique efficace pour m'endormir : je pense à un paysage calme et le paysage que je préfère est la forêt. Je me vois dans ce lieu et je me blottis au creux des racines, dans la mousse, je me vois m'endormir et je finis par m'endormir dans la vraie vie. Cela marche vraiment.
Mon paysage paradisiaque se colore de noir et de rouge carmin. Ma forêt printanière s’estompe pour me dévoiler ce même lieu mais cauchemardesque, dévasté. Je ne me réveille pas pour autant. Un homme richement vêtu se tient à ma place, là où aurait dû se trouver mon coin de racines et de mousse. Il y a de la fumée qui part du sol pour monter s’évaporer dans l’air. Voici pourquoi c’est noir, c’est calciné, le rouge était pour les flammes ou le sang des arbres qui est la sève. Quelque chose de doré et brillant attire mon attention sur l’homme. C’est une couronne, c’est le Roi ! Mais, c’est mon rêve même s’il l’a changé. J’en fais ce que je veux, il ne faut pas que je me laisse déstabiliser. Je suis la seule maîtresse ici. Je remplace la forêt en créant une prison, où c’est lui qui est dans une cellule. Il ne pourra pas me faire du mal, a part en paroles mais là aussi je peux me bloquer.
Un rire sonore s’élève, c’est lui qui rit. Je n’aime pas son rire machiavélique. Ça se voit que c’est une mauvaise personne, un mauvais Roi. On a raison de vouloir s’emparer du trône pour retrouver notre liberté. Il faut que nous nous dépêchions. Je reste muette devant lui, je fais celle qui ne veut ou qui ne peut pas parler. Ça le fait rager, je le sens. Il m’observe pendant que j’élabore mon plan. Il faut rapidement que l’on arrive à l’armurerie pour du ravitaillement et des armes. Beaucoup d’entre nous sont à bout, si l’on veut reverser ce maudit Roi, il faut des gens qui tiennent debout. Je me sens mal. Ce rêve n’est pas un vrai rêve normal, j’ai la tête qui tourne ! Que m’arrive t-il ?
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