Chapitre 4 (dernière partie)

4 minutes de lecture

Le nain, face à l’allure imposante de Goldhand, se faufila tel un fantôme entre les personnes qui parsemaient l’entrée du grand bâtiment. Le hall de la bâtisse était une grande allée. Au bout de celle-ci, une immense salle de conférence apparaissait.

Quelques affiches trônaient sur les murs de pierre autour des lanternes accrochées. Des portraits d’hommes oubliés de Saltship scrutaient du regard le hall bondé. Dans la grande salle de réunion, un meeting avait lieu vu les cris d’acclamation que Jack perçût.

-Sir Pinkman est en plein discours, vous allez devoir patienter quelques instants, souriait le petit annonceur.

Jack fit un signe d’approbation avant de faire comprendre au nain distributeur de tracts qu’il pouvait se débrouiller seul. Le petit annonceur accouru alors vers la sortie de la salle en saluant discrètement le détective.

Jack sortit une pomme d’une des poches de son grand manteau mauve tout en observant le spectacle devant lui. Des grandes fenêtres et rideaux entouraient l’espace éclairés par une dizaine de lanterne toutes juste allumées. L’assemblée écoutait un homme sur une estrade, sûrement Sir Pinkman. Autour de son pupitre s’affichait des drapeaux représentant les emblèmes de Saltship : Les couleurs bleu marine et or ainsi que le requin jonché d’une couronne.

Sir Pinkman était un homme à la carrure fine et à la démarche élégante. Son visage inspirait la sympathie et ceci était accentué par sa longue moustache brune. Il portait un chapeau melon noir ainsi qu’un petit costume bleu marine et une chemise bleu clair. Il ne semblait pas appartenir à la classe ouvrière de l’assemblée par son accoutrement sobre et raffinée. Cependant, la foule présente dans la salle semblait tout à fait en accord avec l’homme à moustache qui était complètement absorbé par son discours.

Jack Goldhand, en dégustant sa pomme, écoutait d’une oreille le discours plein d’enthousiasme de ce cher Pinkman.

-Vous le savez tous, Saltship est une cité en mouvement, brillante d’innovation et économiquement en avance sur le reste du monde. Cependant, la haute sphère de cette ville nous oublie trop souvent, nous les petites mains de l’Est. Tandis qu’ils se cloîtrent dans leurs beaux appartements de l’Ouest, des familles meurent de faim et ne profitent pas de la prospérité de notre ville. Mais, aujourd’hui pour réunir les deux parties de cette ville, un homme est en marche, un homme qui comme nous, a commencé ici-bas. Anthony Thaddeus Newton vient d’une famille de poissonnier du quartier de Bonne Aventure, un endroit où certains d’entre vous habitent. Il a monté sa chaîne de restaurant et fait fortune en partant de peu. Ce monsieur nous montre que chacun d’entre nous peut devenir quelqu’un malgré nos origines diverses. Il veut réinstaurer l’ordre à l’Est, se débarrasser des milices et cartels de nos quartiers. Il a pour ambition de nous permettre de goûter à la modernité des quartiers Ouest de Saltship, de retrouver l’égalité entre nous et eux. Pour cela, je n’ai qu’une seule injonction. Voter Newton la semaine prochaine ! Pour changer cette cité où l’injustice a trop longtemps régné ! »

Sir Pinkman, en sueur après ce discours, déclencha un tonnerre d’applaudissement. Il semblait heureux mais épuisé par son oral plein d’enthousiasme. Le moustachu ravisa son costume avant de se diriger vers la foule, descendant son estrade avec un sourire véritable.

Tandis que l’orateur serrait des mains, Jack Goldhand en profita pour approcher Sir Pinkman. Le détective posa sa main gauche mécanique sur l’épaule de l’homme politque, ce qui fit sursauter celui-ci..

-Sir Pinkman, j’ai quelques questions à vous poser.

L’homme à la moustache brune se retourna pour découvrir le visage de son interlocuteur. Il inspecta haut en bas Jack avant de souffler un bon coup.

-Quelle apparition détonante, monsieur Goldhand ! Un instant je vous prie. Attendez-moi près de l’estrade je suis à vous dans un instant !

Jack sourit en guise d’approbation avant de rejoindre tranquillement l’estrade. Il s’assit sur le bois usé tout en observant Sir Pinkman aller à la rencontre des partisans avec un enthousiasme incroyable. Notre détective en profita pour attraper un des livres qu’il avait trouvé chez Donovan Malcom.

« L’avènement du sauveur des profondeurs »

Goldhand était amusé par le titre de l’ouvrage à la couverture cramoisie. Il feuilleta quelques pages avec attention oubliant les allées et venues de Sir Pinkman dans la foule.

« Des eaux profondes renaîtront les horreurs du passé. La pieuvre retrouvera sa place dans notre cité et sauvera les hommes de leurs fautes inavouées. »

Alors qu’il essayait de comprendre la portée des textes du livre, Sir Pinkman bondit devant notre détective.

-Je suis à vous Monsieur Goldhand ! Oh mais vous avez un livre bien mystérieux. Où l’avez-vous trouvé ?

-Chez votre ami Donovan Malcom.

-Lui lire des choses pareilles ? Incroyable. D’ailleurs, que me vaut votre visite ?

-Il a disparu.

-Diantre !

Jack approuva la réaction de l’orateur en rangeant le livre dans son manteau.

-Hé bien c’est vrai qu’il n’était pas là, la semaine dernière, mais je me disais qu’il avait eu un empêchement, exprima Pinkman en grattant sa moustache.

-Quelle place occupait-il vraiment ici ?

-C’était mon adjoint. Il m’aidait brièvement à l’écriture des discours. Je comprends pourquoi vous avez trouvé des livres chez lui à présent. C’était en effet un bon écrivain, enfin pour un homme de l’Est.

-Un endroit où il allait souvent ?

-Après les réunions, il me parlait souvent d’une taverne sur la côte Est. « Le requin brun », je crois.

-C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre.

Goldhand prit congé de Pinkman d’un signe de la main avant de se diriger vers la sortie. La foule avait presque entièrement disparu, seules quelques personnes restaient, plongé dans des conversations politiques sans fin.

-Vous devriez-vous présenter à la mairie Pinkman, clama Jack avant de passer la porte.

-Voyons monsieur Goldhand ! Je ne suis qu’un messager de Thaddeus Newton.

« Nous verrons cela Sir Pinkman. », pensa Goldhand avant de disparaître de la salle de conférence.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire ErwanJboy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0