Chapitre 7 (première partie)
-Mort vous dites ? demandait la mère de famille.
-En effet, je l’ai retrouvé près du vieux port, acquiesçait Jack.
La femme s’écroulait sur elle-même en pleurant et Goldhand ne sortait un cure-dent de son manteau en guise de réponse. Le détective avait dû acheter un autre vêtement pour remplacer son pardessus mauve et Il avait choisi un habit de couleur pourpre dans une boutique du quartier Bonne-Aventure. Jack avait posé son bras mécanique sur le bureau cachant son avant-bras meurtris sous sa large veste. Le détective se trouvait à présent dans son bureau de la rue du chaton roux avec la sœur de Donovan Malcom et du défunt mari de Lucie Sullyvan. La ville résonnait à l’extérieur en ce beau milieu d’après-midi mais la pièce était coupée de toute l’agitation de la cité, comme dans une bulle. Après que la femme se soit calmée, Jack jetait son cure-dent dans un sceau en bois avant de se lever précipitamment.
-J’ai décidé de vous appeler tous les deux car j’ai une hypothèse. Vos deux pertes sont liées.
-Ils ne se connaissaient pas de ce que je sais, disait la femme.
-Ma femme ne vagabondait pas avec des marins de l’Est, j’en suis sûr, disait Monsieur Sullyvan avec fermeté.
-Je vous parle des causes de la mort, elles sont très similaires.Un étranglement et des bleus sur les épaules. Ce n’est pas anodin.
Il retournait maintenant à sa place en s’appuyant contre son bureau en bois usé. Il caressait du doigt le bras doré qu’il avait réparé durant la matinée.
-Sachez que je mettrais tout en œuvre pour retrouver l’assassin. Je vous tiens au courant dans la semaine des avancements.
La femme se levait en larmes avant d’agripper le détective à la manche.
-Merci pour ce que vous faites, personne ne s’intéresse aux petites gens de Saltship.
Monsieur Sullyvan acquiesçait timidement mais Goldhand ne laissait transparaître aucune émotion, à peine surpris du geste de la femme.
-Ce n’est que mon travail.
-Vous vous donnez tout de même la peine, finissait la mère avant de quitter le bureau du détective en essuyant ses larmes.
Donald Sullyvan fit un bref signe d’au revoir avant de quitter la pièce à son tour d’un pas nonchalant. Jack, contre le bureau sortait une pomme de sa poche en observant ses deux clients quitter son piètre cabinet. Tout en la dégustant, il réfléchissait à ces enquêtes et surtout aux derniers mots de Donovan qui semblait insensé selon Jack. Le défunt disait avoir été retrouvé par son dieu qui soi-disant ressemblait à une pieuvre mais le détective se demandait ce que l’illuminé avait bien pu réellement voir.
Après quelques instants de réflexion, il décidait de s’installer à son bureau et écrire toutes les informations qu’il possédait sur les deux victimes. Il sortait un crayon du bureau, un stylo avec de belle gravure et des initiales « M.S » avant d’attaquer la feuille dans un crissement sourd. Le mode opératoire semblait le même mais les causes différentes. La femme de Sullyvan avait des dettes envers Sir Dustin, le parrain du cartel de la pieuvre rouge et elle confectionnait de la poussière de Kraken pour rembourser ceux-là. Elle fréquentait les bas-fonds du quartier pourpre et elle a été retrouvée morte sur les bords du fleuve de la vapeur bleu et non loin du quartier pourpre. Quant à Donovan Malcom, il était ouvrier au port Est de Saltship et Il militait pour l’élection de Sir Thaddeus Newton. L’adorateur d’Oc’dal habitait dans le quartier de la locomotive rouillée, un lieu où séjournait les marins du port. Il fréquentait le bar du « requin brun » près de ce dit-port et il a été retrouvé mort dans le vieux port abandonné.
Après avoir écrit ces quelques lignes, Goldhand s’éloignait du plan de travail de son bureau net s’attelait à nettoyer son bras mécanique en réfléchissant. Le détective observait la foule mouvante de la rue du chaton roux, le regard vide. Le vacarme mondain n’agaçait pas Goldhand, le plus souvent elle l’aidait à réfléchir et alors qu’il finissait de remettre en place le dernier boulon doré du membre articulé, il entendait quelqu’un frapper frénétiquement à la porte. Il sortait rapidement de sa torpeur réfléchie avant d’ouvrir doucement la porte en bois.
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