5. Le voyage
Jason était sur le seuil de la porte. Karl et Emmanuel était de chaque côté du lit. Alors qu'il venait de franchir la porte, Anne tourna la tête vers sa direction. Son cœur se mit à battre un peu plus vite bien qu'il battait déjà la chamade dû à sa course. Il déglutit. Il était incapable de faire le moindre mouvement. Il était tellement soulagé de la voir en cet instant, voir son corps se soulever au rythme de ses respirations. Karl se tourna en voyant qu'Anne fixait en direction de la porte. Il sourit en constatant qu'il s'agissait de Jason. Il échangea un regard avec Emmanuel et tous deux se levèrent comme un seul homme.
- On te laisse te reposer, nous reviendrons te voir plus tard, dit Emmanuel
Jason se décala de la porte pour laisser passer les deux hommes. Il ne remarqua même pas qu'ils avaient fermé la porte derrière eux. Il s'avança doucement près du lit. Anne lissa nerveusement la couverture blanche. Elle regardait ses doigts puis leva à nouveau les yeux sur le jeune homme quand il fut près du lit.
- Bonjour, dit-elle d'une petite voix
- Scott est un prodige. Sans lui...
- Je sais mais ne parlons plus de ça, je vais bien maintenant.
- Sans ton ami ...
- Non, ne commence pas avec Jérémy. Il n'est pas responsable de ce qui s'est passé.
- Et tu ne trouves pas cela étrange que cette attaque soit arrivée peu de temps après sa venue. Avoue que c'est tout de même bizarre.
- Jason, tu vas trop loin. Comment peux-tu penser une chose pareille ? Déjà qu'il a été kidnappé
- Qui nous dit qu'il n'a pas basculé dans l'autre camp ?
Anne balança de rage un oreiller sur sa tête
- Si tu es venu dans l'unique but de m'énerver, je te conseille de partir. Tu ne changeras pas, n'est-ce pas ? Est-ce trop demander d'être gentil pour une fois ? Je viens à peine de me réveiller et tu commences déjà à me mettre hors de moi. Je ne comprends pas pourquoi tu fais cela. Maintenant, si tu permets, j'aimerais me reposer.
Jason ne dit mot. Il se sentait stupide et mal à l'aise. En effet, il était allé un peu loin. Il n'avait aucune preuve au sujet de Jérémy mais pourtant il n'arrivait pas à croire qu'il s'agissait d'une coïncidence.
- Ne souhaitais-tu pas me voir ? demanda Jason au bout d'un moment
- Qu'est ce qui te fait croire que je le souhaitais ?
- Scott est venu me dire...
- Je regrette, je ne vois pas de quoi tu parles. Et même si c'était le cas, ce fut une erreur vu ce qui vient d'être échangé. Il est très désagréable d'apprendre que j'ai failli mourir et de voir que cela ne t'affecte aucunement. De plus, tu accuses Jérémy d'être responsable de ce qui s'est passé. Tu ne peux imaginer dans quel état je suis en ce moment.
- Je suis désolé. Je suis bête.
- Pour une fois, nous sommes d'accord.
Emmanuel entra dans la pièce avec un sac dans la main droite qu'il lâcha au pied du lit.
- Navré de vous interrompre mais le temps presse. Nous devons partir.
- Mais, elle vient à peine de se réveiller ?
- Jason, depuis quand, te préoccupes-tu de l'état de santé de cette jeune femme ? Depuis le début, tu la pousses au maximum sans faire attention à elle.
- C'est différent.
- Toi, tu as quelque chose à te reprocher
- Mais pas du tout...
- Si, il veut se rattraper pour sa conduite d'il y a cinq minutes, intervint Anne
- C'est bien ce que je pensais. En même temps, tellement prévisible venant de toi. Bref, je suis désolé Anne de te bousculer mais nous devons faire vite. Le temps passe et si nous trainons encore, nous ne serons jamais sur Kalypso pour la fête des chamans. Point vital de la prophétie. Enfin, je crois.
- Non mais je rêve... tu crois ? tu n'es pas sûr ? tu te fiches de nous, râla Jason
- Oui un peu et ça marche plutôt bien avec toi surtout ces derniers temps, dit-il en souriant
Anne change toi. Jason quant à toi, rejoins Scott, il a besoin de ton aide pour charger la voiture.
- D'accord, je file. A plus tard.
Arrivé vers la porte, il tourna la tête vers Anne.
- Je suis content de te revoir.
Il quitta la pièce sans attendre.
- Merci, murmura celle-ci en le regardant partir.
Anne fixait la porte depuis une bonne minute avant de réaliser qu'Emmanuel l'observait. Elle se sentit rougir ce qui le fit sourire. Il semblait amusé. Elle ignora sa réaction et elle poussa la couverture pour se lever.
- Vas-y doucement. Tu reviens quand même de loin.
- Ne tant fait pas, je fais attention.
- Ne laisse pas l'occasion à Jason de te casser à nouveau les oreilles si tu vois ce que je veux dire.
- Je n'y tiens pas.
Emmanuel prit congé, il devait préparer les cartes et autres affaires. Anne en profita pour se changer. Une fois prête, elle observa son reflet dans le miroir. Elle était encore pâle. Ses cheveux étaient ébouriffés et électriques. Ses yeux noisette ne pétillaient pas du tout en cet instant. Elle remarqua un bleu sur son visage ignorant comment il était arrivé là. Elle regretta de ne pas pouvoir prendre sa douche mais d'après Emmanuel elle devrait attendre d'être sur le bateau. De plus, son bandage l'empêchait de prendre sa douche pour le moment. Elle rassembla ses cheveux pour faire une queue de cheval. Elle grimaça en levant les bras, la douleur fut réveillée par son geste.
Anne avait voyagé en silence perdue dans ses pensées. Elle était complètement déprimée. Son corps la faisait atrocement souffrir mais elle ne devait rien laisser paraitre alors qu'ils étaient à l'aéroport. Ils prenaient l'avion direction St Nazaire. Elle ne comprenait pas pourquoi ils allaient là-bas. N'était-ce pas plus judicieux de se rapprocher davantage du point de rendez-vous ? St Nazaire semblait bien éloigné par rapport aux autres ports pour se rendre au Triangle des Bermudes. Cependant, elle ne fit aucun commentaire à ce sujet. Elle n'était pas d'humeur à faire la conversation. Elle descendit de la voiture puis claqua la portière derrière elle un peu trop fort à son goût mais elle s'en fichait.
- Doucement avec la portière, râla Jason
- Désolé, dit-elle sans pour autant le penser.
Elle mit les mains dans ses poches et fixa devant elle. Elle écarquilla les yeux en voyant le bateau.
- Pas mal, n'est-ce pas ? demanda Jason plutôt fier
- Il est à toi... je comprends mieux...
- Quoi donc ?
- Je comprends maintenant pourquoi, on ne va pas directement aux États-Unis
- Tu connais les américains, on ne passe pas inaperçu. Et puis, pourquoi louer un bateau quand on en possède déjà un
- Ce n'est pas comme si tu n'avais pas les moyens de le faire non plus.
- Est-ce un reproche ?
- Non, juste une simple constatation. Peu importe, je n'ai pas envie d'ouvrir ce débat maintenant car je suis fatiguée par la route et j'aimerais me reposer.
Anne s'avança près du bateau et grimpa sur le pont de celui-ci. Elle resta sur le pont un moment à fixer l'horizon. Emmanuel, Karl et Scott s'affairaient déjà pour ranger les provisions ainsi que leurs bagages. Anne ferma les yeux, les larmes coulant sur ses joues.
Perdue dans son esprit, Anne n'avait plus la notion du temps. Le monde avait cessé de tourner au moment où elle fut blessée dans cette chambre. Elle se sentait étrangère avec son propre corps.
A son réveil, elle pensait encore à l'apparition de Sybil. Avait-elle vraiment été présente ou était-ce le fruit de son imagination ? Elle ne savait plus ce qu'elle devait croire ou non.
Quand elle remarqua la présence d'Emmanuel et Karl près de son lit, elle eut envie de pleurer mais elle ne le fit pas. Elle ne voulait pas être vue ainsi. Leur présence confirmait tout ce qui s'était passé. Tout avait été réel jusqu'à maintenant. Son cœur se serra dans sa poitrine à cette pensée. Cette abominable femme avait enlevé Jérémy, il était aux mains de l'ennemi. Elle perdit le fil en entendant des bruits de pas puis une voix. « Tiens, voilà du Thé, ça te fera du bien. Tu devrais aller te reposer, cela fait bientôt quatre heures »
Anne redressa la tête et accepta le thé avec plaisir. Ce fut au moment de toucher la tasse qu'elle se rendit compte qu'elle était frigorifiée. Jason retira sa veste et la déposa sur les épaules de la jeune femme.
- J'ai l'impression que je n'arriverais jamais à te suivre. Tu es tellement versatile.
C'est déroutant. Qui es-tu ? Le bon ou le mauvais garçon ? Un peu des deux ?
- Je ne suis pas fréquentable
Anne étouffa un rire.
- Tu plaisante, j'espère. En quoi, être riche et beau garçon fait-il de toi, une personne non fréquentable ? En fait si, je vois très bien. C'est ton caractère qui gâche le tableau.
- Tu es très loin du compte, tu ne sais absolument rien sur moi.
- Pour ce qui est du caractère, si. La preuve tu recommences à être désagréable.
- Parce que tu ne sais pas...
- Oui, je sais. Je ne sais rien de toi. Dans ce cas, laisse-moi apprendre qui tu es vraiment.
Ça serait plus simple.
- Ce n'est pas dans ce froid de canard que tu en sauras davantage. Viens, je vais te conduire à ta cabine avant que tu n'attrapes la mort.
Anne prit le gobelet contenant le thé dans sa main droite. Elle but quelques gorgées avant de se lever pour suivre Jason.
Au bout du couloir, Jason s'arrêta pour ouvrir une porte sur sa droite. Il alluma la lumière et posa la clé sur un meuble près de la porte.
- Voici la cabine ou tu voyageras en espérant qu'elle te conviendra.
- C'est très bien. Peu importe, tout est parfait comme toujours avec toi.
Elle se posa sur le fauteuil qui ne se trouvait pas loin du lit. Elle but à nouveau.
- Ça n'a pas l'air de te réjouir
- Excuse-moi, je suis simplement fatiguée. Comme tu la suggéré, j'ai besoin de repos.
- Tu sembles mal à l'aise, je me trompe ?
- Effectivement, tu te trompes mentit-elle
- Tu es sure de toi ?
- Ecoute Jason, j'ai besoin de repos. Je n'ai pas envie de discuter pour le moment. Je viens à peine de sortir du coma. J'ai perdu un ami cher. J'ai vraiment besoin d'être tranquille.
- Tu n'es pas convaincante, je vois très bien comme tu es mal à l'aise. Est-ce parce que je suis riche ? Et je comprends très bien, tu es dans une mauvaise période.
- Une mauvaise période ? Pour toi, c'est une mauvaise passe ? Tu ne sais pas ce que je traverse en ce moment, tu ne te rends pas compte. Et si ton pognon me mets mal à l'aise, est-ce ta seule préoccupation ? Je m'en contrefiche de ton argent à l'heure qu'il est. Tu es riche, tant mieux pour toi. Ça fait juste de toi un parfait crétin ! Tu n'essaies même pas de chercher à me comprendre ne serait qu'un instant. Je viens de te dire que j'ai besoin de repos et tu ne le prends même pas en considération. Tu l'as pourtant dit toi-même alors pourquoi t'acharnes-tu sur moi ? J'ai un ami qui se retrouve je ne sais ou avec des gens abominable, j'ai été blessée et me suis retrouvée dans le coma. J'ai quitté mon corps. Tu entends ? mon propre corps, je l'ai quittée, j'étais morte. Je... j'ai besoin de rester seule.
Anne passa une main sur son visage, à bout de nerfs. Elle se mit à sangloter, incapable de poursuivre.
Jason alla près d'elle et l'attira contre lui dans ses bras. Elle ne fit rien pour le repousser tellement elle pleurait.
- Excuse-moi Anne. Tu as raison, je suis un crétin. Je suis maladroit. J'essaie seulement de te sortir de ton enfermement mais je m'y prends comme un manche. J'aimerais te voir sourire comme avant. Mais si tu refuses de parler, comment vais-je y parvenir ? Je suis désolé pour Jérémy. On a rien pu faire. Cette femme était trop puissante par rapport à nous.
- Je sais... répondit-elle entre deux sanglots.
Anne se redressa quand elle se rendit compte qu'elle était dans les bras de Jason puis se frotta les yeux. Elle prit un mouchoir, se leva puis se tourna dos à lui pour se moucher.
- Tu comprends maintenant pourquoi il est si important pour toi de recevoir ces pouvoirs
- Pense-tu vraiment que cela suffira face à cette femme ? Quand je vois son regard. Rien que d'y penser j'en ai des frissons, elle est déterminée à nous tuer. Elle était même sure que j'allais mourir. Dans un sens, elle a eu raison.
- Mais, tu es toujours là. Elle n'a pas le don de voyance, et si tu veux mon avis, elle est trop sure d'elle et ça joue des tours aux personnes comme ça.
- En attendant, je ne fais pas le poids. Et je ne sais pas si les pouvoirs dont je dois hériter feront l'affaire face à ce genre de personnes. Je commence à douter.
- Emmanuel ne se trompe jamais. Tu es l'élue.
Anne soupira. Lui redire qu'elle était l'élue ne l'aidait pas. Elle posa son gobelet de thé qu'elle tenait toujours dans sa main droite, sur la table basse qui se trouvait près des deux fauteuils rouge vif. Elle grimaça de douleur. Celle-ci se réveillait par moment. Emmanuel lui avait expliqué que le temps pressait et qu'ils ne pouvaient attendre qu'elle soit complètement remise. A force de rester debout, la douleur la rappelait à l'ordre. Elle se posa sur le bord du lit.
- Je vais te laisser, tu sembles très fatiguée. Une sieste te fera le plus grand bien. Je vais demander à Scott de passer tout à l'heure pour t'apporter à manger.
*Alléluia, il a mit le temps pour comprendre. Il est blond par moment*
- Merci, dit-elle alors qu'elle se laissait tomber sur le lit. Elle s'endormit peu de temps après.
Anne fut réveillée par des coups frappés à sa porte de cabine. Elle se redressa dans son lit et s'étira.
Elle n'eut le temps de répondre, Scott passait la tête par l'entrebâillement de la porte.
- Coucou. J'ai un plateau repas pour Mademoiselle.
- Scott, ce n'était pas la peine. Je pouvais venir.
- T'inquiète pas, ça me fait plaisir. Bien reposé ? dit-il alors qu'il posait le plateau près d'elle sur la table de nuit.
- Je me sens mieux. Chouette bateau hein ? Par contre j'aurais choisi une autre couleur pour les fauteuils parce que le rouge flash un peu trop aux yeux. J'imagine qu'il est normal de voir des couleurs aussi voyantes dans ce milieu.
- Tu comptes me parler décoration ?
- C'est toujours mieux que de m'apitoyer sur mon sort ou de t'entendre être tout gentil avec moi, bien que tu l'es toujours depuis notre rencontre. Tu es l'opposé de Jason. En fait, je ne comprends pas comment vous pouvez être si proche Jason et toi. Vous semblez tellement différent tous les deux.
- C'est simplement l'impression qu'il veut te donner. Tu ne le connais pas aussi bien que moi. Le jour où tu sauras qui il est, tu ne penseras plus la même chose.
- Alors pourquoi se donne-t-il tellement de mal pour me jouer ce personnage ? Pourquoi n'est-il pas lui-même avec moi comme il l'est envers toi ?
- Pour la simple et bonne raison d'être une femme. Il ne fait plus confiance envers les femmes.
- Eclaire-moi parce que j'ignore ce que tu veux insinuer.
- Ce n'est pas à moi de te parler de lui. Tu devrais lui demander directement.
- Scott, je t'en prie... Tout ce que Jason a réussi à me dire c'est qu'il n'était pas fréquentable après s'être continuellement moqué de moi et s'être comporté comme un crétin. Donc, je doute qu'il accepte de se confier sur sa vie. S'il te plaît, aide-moi à mieux le connaître.
Scott hésita un instant. Il savait que Jason lui en voudrait s'il parlait de lui. Il n'aimait pas qu'on parle de sa vie sans son consentement. A vrai dire, en y réfléchissant, Scott n'aimerait pas non plus cela mais s'il le faisait, peut-être que les choses s'arrangeraient entre eux. Et puis Scott, voyait combien Jason faisait des efforts pour ne pas montrer sa véritable nature avec elle. Avait-il un faible pour la jeune femme ? Il est clair qu'il l'avait vu changer depuis l'arrivée de cette jeune femme dans leur groupe. Il sourit en coin en pensant au fait qu'ils l'avaient tous intégré et ce d'une facilité déconcertante. C'était bon signe.
- Scott ne me demande pas de te supplier.
Scott reprit ses esprits en entendant Anne. Il soupira puis s'installa sur l'un des fauteuils.
- D'accord. Je vais tâcher de t'en apprendre un peu plus à son sujet. Que désires-tu savoir ?
- Explique-moi pourquoi il n'a pas confiance en la gente féminine ?
- Il sort d'une relation. Il était avec une fille nommée Elodie. Ils sont restés en couple pendant deux ans et demi et ils viennent de rompre il y a deux mois. Jason a du mal de tourner la page et d'oublier ce qui s'est passé. Enfin, jusque-là, il ne souhaite pas approcher les femmes en général. Il fait un break et donc quand il t'a vu débarquer forcément ça ne lui a pas fait très plaisir. De plus, il ne voulait pas que tu viennes au manoir pour la simple et bonne raison qu'il ne voulait pas que tu saches de quel milieu il est issu. Elodie a profité de lui durant toute leur relation. L'unique raison d'être resté avec Jason, c'était parce qu'il avait de l'argent. Elodie était une acheteuse compulsive et elle a dépensée beaucoup d'argent et elle en voulait toujours plus. Aveuglé par son amour pour elle, Jason a cédé à ses caprices. Puis, un soir, il l'a surprise avec un autre homme et donc ils ont rompu. Mais, visiblement Elodie n'a pas eu l'air d'être affecté plus que ça. Elle lui a dit qu'elle était avec lui uniquement pour son argent et elle lui a dit qu'il finirait seul car personne ne voudrait d'un mec tel que lui à cause de son caractère. Et l'homme en question avec qui elle est allée...
- C'était mon père, coupa Jason
Jason venait d'entrer dans la pièce et avait surpris la conversation de Scott avec Anne. Scott sursauta tout comme la jeune femme. Elle se mordit la lèvre, quelque peu gênée.
- Mes parents n'ont jamais été présents pour moi. J'ai été élevé par une nurse. Elle fut renvoyée quand j'ai atteint l'âge d'aller au lycée. La seule personne que je considérais comme une famille m'a été retiré. Mon père, m'a obligé à poursuivre des études de Droit ou j'ai fait la connaissance de Karl. Scott et moi étions voisins et nous avons toujours été proches tous les deux. J'ai rencontré Elodie comme vient te le dire, Scott. Et elle n'a rien trouvé de mieux que de me tromper avec mon père. Mon père a eu beaucoup d'aventures à côté de ma mère. Il a fait une chose des plus horribles ce jour-là. Mais, je ne lui en veux pas. Mon père sait comment s'y prendre pour avoir ce qu'il veut et pour me pourrir l'existence. Et les chiens ne font pas des chats d'où le fait que je ne suis pas quelqu'un de fréquentable comme je te l'ai annoncé tout à l'heure. Maintenant, tu en sais un peu plus sur moi. Et je crois que tu en sais déjà trop à mon sujet. Scott n'avait pas à te révéler cela. C'est ma vie. C'est personnel et ne regarde personne. Si tu voulais savoir tout ça, tu pouvais venir me voir et me demander, je t'aurais répondu, enfin peut-être, je ne sais pas.
- Jason, excuse-moi, tu as raison, je n'aurais jamais dû parler de tout ça, intervint Scott mal à l'aise
- Laisse-tomber les excuses. Ce n'est rien, tu pensais bien faire. Je te connais.
- Je crois que je vais vous laisser discuter tous les deux.
Scott s'éclipsa aussitôt de la chambre et ferma la porte derrière lui.
- Tu comptes rester silencieuse ? Aucun commentaire à faire sur ma triste existence ?
- Je... je suis...
- Ne me dis pas que tu es désolé, par pitié. Tu n'as pas à l'être de toute façon. Tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé dans ma vie. On ne se connaissait pas. Et maintenant, tu me connais un peu plus, mais pour ma part, je ne sais toujours quasiment rien sur toi mis à part que tu es l'élue de cette prophétie.
- Jason, pourquoi parle-tu de toi de cette manière ?
- Pourquoi ne réponds-tu pas à mes questions ?
- D'accord. Je te dis ce que tu veux savoir si toi aussi tu décides de répondre à mes questions.
- Marché conclu. Mais, tu commences.
- Que veux-tu savoir à mon sujet ?
- Tout. Je ne sais pas grand-chose.
- Bien. Comment dire... je m'appelle Anne, j'ai bientôt 20 ans et je suis encore au lycée. Je n'aime pas trop parler de ça. En effet, j'ai redoublée. Et je suis loin d'en être fière. A part ça, j'aime beaucoup le cinéma, les livres et la musique. J'aime également les animaux, en particulier, les chevaux. J'ai fait de l'équitation par le passé. J'ai trois frères et une sœur. J'ai aussi un chat, Nala. Que dire d'autre ? Je crois qu'il n'y a rien d'autres de bien intéressant.
- C'est déjà pas mal.
- Tu parles, c'est d'un ennui. Bref, passons à toi. Réponds à ma question
Pourquoi dis-tu que tu seras forcément comme ton père ?
- Je ne suis pas fréquentable comme lui.
- Je ne trouve pas. Si tu n'étais pas fréquentable, tu n'aurais pas d'amis aussi extra comme Scott, Karl et Emmanuel. Tu ne chercherais pas à fuir ton monde.
- Qu'est-ce qui te fait dire que je cherche à m'enfuir ?
- Comment expliques-tu le fait de ne pas vouloir montrer que tu es riche ?
- Je ne veux pas être pris pour mon père.
- Exactement ! Ce qui fait de toi quelqu'un de différent et forcément de mieux que ton père. Cesse de te comparer à lui. Profite de la vie, et oublie le passé. Tu ne peux pas passer ton temps à t'enfermer sur toi-même. Tu souffres Jason, c'est certain mais laisse le monde venir à toi ou tu resteras seul toute ta vie et donc tu seras toujours malheureux. On a besoin des autres pour vivre. La solitude n'est jamais bonne pour personne. Tout à l'heure, j'étais très mal et tu as cherché à me faire sortir de ma bulle de déprime. Et j'ai refusée sur le moment parce que je ne voulais pas être vu dans cet état. Mais, la vérité est que j'ai apprécié ton geste. Tu es maladroit, c'est certain mais je te remercie parce qu'au fond j'avais besoin de compagnie. Je suis stressée et paniquée depuis le début et toi avec tes provocations, tu m'as fait prendre conscience des enjeux et tu ne m'as pas ménagé. Tu m'as permis d'avancer, et sur Kalypso, je sais que tu seras encore là pour me secouer s'il le faut. Donc, malgré tes efforts pour être méchant, comme tu peux le voir, ta véritable nature ressurgit. Il te faut seulement faire attention et apprendre à faire confiance aux bonnes personnes.
- Tu penses que j'étais gentil avec mes provocations ? Tu es sure que tu n'as pas un grain ?
Anne éclata de rire à sa remarque. Jason la regarda perplexe.
- Ce n'était pas censé être drôle mais je préfère te voir ainsi.
- C'est vrai tu as raison, j'ai un grain. Mais, plus on est de fous plus on rit.
Jason eut un sourire. Par moment, elle était bizarre comme fille.
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