19. Tag du matin, chagrin
Alexei
Je me lève tôt ce matin. Je n’ai pas passé une bonne nuit, me repassant en boucle la soirée de la veille. Je ne sais pas comment j’ai fait mon compte, mais à un moment, elle était là, sur mes genoux, à se frotter contre ma queue, et pouf ! Disparue ! Un tour de magie que je ne comprends toujours pas et qui me laisse un goût amer, surtout que je mets cette disparition sur le dos du tonton. C’est à cause de lui si je suis dans cette position de merde et si j’ai fini la nuit tout seul comme un con !
Et c’est tout seul dans mon lit que je l’ai entendue se faire plaisir chez elle. Je la soupçonne, suite à ma petite remarque, de n’avoir rien fait pour se montrer discrète. Je me suis même levé à un moment et je suis allé dans la salle de bain pour la rejoindre. Mais je n’ai pas osé franchir la dernière porte, j’ai juste profité du spectacle auditif. Le bruit du petit moteur, ses gémissements… À un moment, j’ai même cru que c’est mon prénom qu’elle susurrait en gémissant. C’était tellement bon que j’ai joui moi aussi.
Dire que nous aurions pu faire ça à deux, ensemble, plutôt que chacun séparément. Mais qu’est ce qui me prend ? N’importe quelle autre fille, ça fait longtemps que je l’aurais mise dans mon lit ! En plus, ce n’est pas comme si je n’avais pas envie d’elle ! Dès que je vois ses seins lourds et bien ronds, je n’ai qu’une envie : venir les caresser et les couvrir de baisers. Quand je vois ses fesses voluptueuses, je ne peux m’empêcher de penser à la sensation que j’aurais à m’en saisir et à m’insérer en elle. Avec elle, je veux tout, les baisers, les caresses, le sexe, l’amour… Et je crois que c’est là, le problème. Même avec ma femme, ce n’était pas aussi intense. On était bons copains, on passait du bon temps, mais rien n’était aussi sensuel que ça ne l’est avec Clémentine. Elle me rend fou.
Bref, j’ai passé la nuit à ressasser tout ça et là, il faut que j’aille courir pour tout oublier, pour me changer les idées. J’enfile juste un short et mes baskets, et je file vers la plage où j’ai vu ma voisine nue pour la première fois. A cette heure-ci, il n’y a vraiment personne et la chaleur qui règne en ce milieu du mois d'août n’est pas encore assez intense pour être désagréable. Je cours en écoutant le bruit des vagues et j’arrive pendant cet instant d’effort physique à oublier ma fille, ma voisine, le restaurant et tout le reste. Je ne pense qu’à la foulée suivante, qu’à maintenir mon souffle le plus régulier possible. Dans mon esprit, je suis de retour dans mon campement et je sais que je suis de loin en tête. Personne ne peut rivaliser avec moi.
Perdu dans mes pensées, je ne réalise pas que j’ai fait plusieurs fois le même tour quand une mouette vient me survoler et passe à quelques centimètres de ma tête, provoquant mon dur retour sur la planète réalité. Quand je regarde ma montre, je vois que j’ai passé une heure à courir et que la journée va bientôt commencer. Je vérifie que je suis seul sur la plage, je retire mon short et plonge dans l’eau fraîche pour m’y délasser un peu et me rafraîchir. Lorsque je ressors, je ne m’essuie pas et me rhabille, reprenant le chemin vers le restaurant en trottinant.
Un crissement de pneus se fait alors entendre et j’aperçois à mon arrivée sur le parking qu’un gros SUV blanc se fait la malle à une allure folle. Et je comprends vite pourquoi. Toutes les portes et tous les volets du restaurant sont couverts de tags. En rouge, bien entendu. Des menaces de mort, pour la plupart. Des insultes. Je suis révolté qu’Hervé en arrive là. Il est en train de détruire tout ce qu’il pourrait récupérer un jour !
Je m’approche et je constate que la peinture qui a été utilisée, même si elle est encore bien fraîche, ne partira pas comme ça. Il va falloir faire intervenir les services de la mairie, il n’y a qu’eux qui ont le produit nécessaire pour tout bien nettoyer. Et ça veut dire aussi qu’il faut que je prévienne Clémentine et que je l’informe de cette nouvelle mésaventure.
Je soupire en montant les marches et viens frapper à son carreau. Bien entendu, mémé Clémentine dort. Et quand madame roupille, il n’y a pas grand-chose qui peut la réveiller. Même son réveil qui hurle de manière stridente a besoin de trois alarmes au moins pour qu’elle émerge. J’essaie d’ouvrir la porte et je suis surpris de voir qu’elle n’a pas verrouillé. J’aurais peut-être vraiment dû la suivre hier soir plutôt que de la laisser s’échapper. En tous cas, pas besoin de faire le tour par la salle de bain, je suis dans son royaume.
Je m’approche de sa chambre et je la trouve étendue en étoile de mer sur le lit. Elle est totalement nue et son jouet est juste à côté du lit. Il est de belle taille, mais je me fais la remarque que je n’ai rien à lui envier, à part les vibrations, sûrement. Ses seins sont vraiment magnifiques, bien plus imposants que ceux que j’ai connus avant. Tout de suite, mon corps réagit et tout se tend. Je crois que tout le sang a quitté mon cerveau pour venir se nicher au bout de mon sexe bandé. J’admire aussi sa jolie toison brune entre ses jambes et je la trouve si invitante, si excitante que j’en oublie quelques secondes la raison de mon intrusion.
Je me secoue mentalement et je m’approche d’elle. Je fais attention à ne pas marcher sur son jouet et, debout près du lit, je lui caresse tendrement le visage pour essayer de la réveiller en douceur. Elle reste les yeux fermés et tourne la tête vers le mur opposé sans se réveiller. Je continue mes caresses sur son visage et me demande jusqu’où je dois aller pour la sortir des bras de Morphée. Clémentine finit par marmonner et se retourne sur le ventre, m’offrant la jolie vision de sa cambrure tout aussi alléchante que ce que j’avais encore sous les yeux il y a quelques secondes. La face Nord a l’air aussi intéressante à conquérir que la face Sud.
Elle s’est éloignée de moi et je dois m'asseoir sur le bord du lit pour maintenir le contact. Je me décide à y aller de manière un peu plus vigoureuse. Je commence par lui secouer un peu les épaules, puis voyant qu’elle ne bouge pas, je lui mets une petite tape sur ses fesses, ce qui a au moins le mérite de lui faire ouvrir les yeux.
— Qu’est-ce que tu fous là ? bougonne-t-elle avant de sourire.
— Je cherche à te réveiller, Clemchka, et c’est pas facile.
— Tu te venges ? Je t’ai empêché de dormir ? Tu as une sale tête, et c’est suffisamment rare pour que je le note.
— Une sale tête ? C’est vrai que toi, tu es ravissante, même au réveil, dis-je en continuant de la mater, oubliant presque pourquoi je suis venu.
— Te moque pas, vilain !
Clémentine tire son oreiller et m’en colle un coup dans le visage avant de se cacher dessous.
— Ça veut dire quoi, Clemchka, d’ailleurs ? continue-t-elle, sa voix étouffée par le coussin.
Avant de répondre, je ne peux m’empêcher de passer mes mains sur ses jambes et remonter jusqu’à ses fesses que je caresse en appuyant légèrement, encouragé par le fait qu’elle les remonte un peu au contact de ma peau. J’adore quand elle se cambre comme ça et je vois tout un horizon de possibilités s’ouvrir en imaginant ce que ce serait de venir la prendre là, comme ça. Elle est si sensuelle, elle répond de manière si automatique à mes caresses que j’en perds presque totalement la raison. Je me fais violence et viens lui retirer fermement le coussin sous lequel elle se cache.
— Petite Clem, dis-je. C’est un diminutif gentil pour les personnes qu’on aime beaucoup. Et il faut qu’on parle, Clem, même si j’avoue que j’ai envie de bien plus que de parler.
— Parler ? Au réveil, comme ça ? T’es fou, tu veux ma mort ou quoi ? Je ne suis capable de rien sinon de me rendormir ou de papouiller, à toi de voir.
— Ne me tente pas, ou on va faire plus que papouiller, ma belle, dis-je en reposant ma main sur ses fesses qui m’attirent et me donnent une folle envie de lui faire l’amour, là, tout de suite, sans plus me préoccuper du monde extérieur.
— Hum… Il se passe quoi ? Tu commences à me faire flipper Alexei, soupire-t-elle en se redressant pour venir s’asseoir contre la tête de son lit, remontant la couverture sur elle au passage avant de se passer la main sur le visage.
— Tu es sûre que tu ne préfères pas papouiller ?
— Non, je veux savoir maintenant… Quel est le problème ? Tu démissionnes ? Tu repars en Russie ? Il y a le feu dans le restaurant ? Sonia est en arrêt ? Terrence a repeint le restau dans la nuit ?
J’hésite juste quelques instants avant de me lancer. De toute manière, il n’y a pas de bonne façon d’annoncer les mauvaises nouvelles.
— Quelqu’un est venu ce matin et a tagué toutes les portes et toutes les fenêtres du restaurant. Avec des insultes et des menaces.
— Hein ? Non… Arrête, c’est pas drôle !
Sa réponse sonne comme si elle ne me croyait pas, pourtant, elle a déjà sauté du lit et enfile sa robe de chambre à la vitesse de l’éclair avant de se précipiter vers la sortie de son appartement. Elle récupère ses clés accrochées au mur, dévale les marches pieds nus, et je la suis alors qu’elle traverse déjà le restaurant pour s’arrêter, même pas sortie, et observer la porte où entrent chaque jour les clients.
— J’y crois pas, murmure-t-elle sans plus bouger. Qui peut bien faire ça ? C’est quoi l’objectif ? Comment… Comment peut-on être aussi méchant ?
— Qui veux-tu qui fasse ça ? Hervé, bien sûr… dis-je en venant me positionner derrière elle pour lui poser mes mains sur ses épaules et tenter de la réconforter un peu.
— C’est tellement cruel… Mon père doit se retourner dans sa tombe, chuchote-t-elle en s’essuyant les joues. Il va finir par y arriver, cet enfoiré.
— Il ne faut pas abandonner, sinon il gagne. Il faut tout faire nettoyer. Et porter plainte. Tu ne peux pas le laisser empocher le restaurant, il ne le mérite pas.
Clémentine récupère la clé de la porte et l’ouvre sans me répondre avant de sortir pour observer les dégâts. Elle reste un moment à observer la façade du restaurant, avant de se précipiter sur le premier volet pour le frotter avec la paume de ses mains.
— C’est de son service trois pièces que je vais m’occuper, finalement ! Terrence, c’est du gâteau à côté de cet insupportable connard !
— Tu veux que j’appelle la mairie pour qu’ils viennent nettoyer ?
— Tu crois qu’on ne va pas pouvoir nettoyer nous-même ? Que vont dire les clients en voyant l’état du restau ? Bon sang...
— Les clients vont comprendre que c’est du vandalisme. Ils viennent pour la bouffe, pas pour les murs. Et non, on ne pourra pas nettoyer nous mêmes. Il faut un produit spécial.
— Très bien, soupire-t-elle en rentrant, les épaules voutées.
En la voyant aussi déprimée, je me dis qu’il faut absolument que j’arrête mes bêtises avec elle. Je veux être du bon côté, pas du côté des salopards qui viennent de lui mettre encore un coup. Je n’ai pas toujours été clean, mais il faut que je le sois à partir de maintenant. Je ne peux vivre et continuer à essayer de la trahir. Je veux la rendre heureuse, et tout faire pour me libérer afin de ne plus être contraint de lui nuire.
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