Fournaise

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Le Chaos. Partout. Né de la folie destructrice de l’Homme, voilà des millénaires. Le Chaos qui détruit. Ravage. Tue. Le Chaos qui s’insinue partout où l’Homme passe, comme un chien suit son maître. Il frappe, iniquement, de ses immenses griffes, comme si tout cela n’était qu’un jeu. Est-il fou ou aveugle ?

Il a de nouveau sévi. Fort, comme à son habitude.

Dragon démoniaque, le Chaos a répandu sa fureur dans le monde rendu sec par son souffle ardent. Des tropiques à l’équateur, ses flammes ont dansé. Dansent encore. Danseront après. Jusqu’à ce qu’il ne reste de ce monde plus rien d’autre que des cendres et des morts.

Le feu n’est que colère et haine. Intangible, immarcescible, rien ne semble en mesure de stopper son avancée. Il agit à sa guise, indifférent des gouttelettes qu’on lui balance de-ci de-là. Il transforme les vertes plaines en déserts pourpres et noirs. Son front aussi large qu’un pays, aussi redoutable qu’une lignée de mercenaires, frontière de la vie et de la mort, semble lancé dans une marche si acharnée que même un océan ne saurait l’arrêter. Il avale les hectares comme un alligator dévore sa proie. Il répand ses fumées toxiques dans les villes, qui se retrouvent plongées sous un voile opaque de pollution. Les gens toussent, une fois, deux fois, puis continuent leur route, s’habituant presque à ce désagréable manège. Parce que le feu devient coutume, tant il est fréquent.

Mais c’est le petit peuple de la nature qui subit le plus ses foudres. Sans rien pouvoir faire d’autre que de fuir l’horrible brasier, fuir des jours et des jours, talonné toujours de plus près par les flammes, qui finissent tôt ou tard par se refermer sur lui. Les plus rapides courent. Les plus malins franchissent les rivières. Les plus petits s’enterrent. Mais le nombre de survivants est ridicule comparé au chiffre immense de ceux qui n’ont pas pu s’échapper. Une hécatombe. Qui se compte en milliards de morts. Bien plus que n’importe quelle guerre humaine, guerres pourtant considérées comme infiniment plus tragiques aux yeux des hommes.

À chaque instant, au milieu de cet enfer, un petit être se traîne, cerné par l’intense brasero. Il suffoque sous la chaleur. Il meurt de soif. Sa peine est injuste. Il rampe, encore un peu, poussé par cet instinct de survie qui lui offre encore quelques minutes d’existence. Il voit une ombre obscure, au milieu des flammes. Un sauveur ? L’être crie à l’aide, l’implore, lui tend un membre démuni, désespéré. L’ombre s’approche alors, et l’observe. Ses traits se font plus nets : il s’agit de l’Homme. Il peut encore sauver le pauvre animal, l’attraper et le traîner hors de ce pandémonium de pyromane. Il le peut. Mais il se contente de rire, un peu niaisement au début, puis de plus en plus fort, comme on rit d’une bonne blague après le repas. Il rit si fort que sa mâchoire s’en tord, et il continue, sans même plus se soucier de l’animal que le feu vient d’engloutir. Mais son fou rire se transforme en petit cri de douleur alors que le feu, ayant fini de consumer l’innocent, commence à s’emparer de son corps.

L’Homme comprend que son Chaos vient de se retourner contre lui. Mais il est maintenant trop tard. C’est lentement qu’il sera dévoré par les flammes, jusqu’à qu’il ne reste de lui qu’un petit tas de braises. Alors, peut-être, une rose en surgira.

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