À l'horizon, le ciel est rouge comme le sang. Ou comme la sauce tomate, cela dépend du moment. Les étoiles brillent et les métérorites forment un jardin de caillou. Je me sens comme le Petit Poucet qui suit le chemin que les pierres ont tracé pour lui. Sauf que moi, je ne rentre pas à la maison, je vais découvrir l'univers. Notez que c'est quand même bien plus important.

Cela va faire bientôt trois ans que nous parcourons les astres à la recherche d'une nouvelle étoile. Astraléine, ou AP pour "astre perdu" comme on l'appelle sur le vaisseau. Il est vrai que nous ne l'avons même pas apercue, cette étoile. On nous a dit qu'elle existait et je n'ai pas demandé plus de precisions. Je suis quelqu'un qui aime l'aventure.

Je regarde ma montre. Il est temps d'aller faire le tri.

Je quitte la salle de Visualisation et me dirige habilement dans les couloirs du LASTRE. Mes pas me guident jusqu'à une porte blanche qui s'ouvre après un scan de mes yeux. Me voilà enfin dans la salle que l'on appelle la Mer.

Je tape sur quelques boutons qui apparaissent devant moi et les couleurs changent. Des boules lumineuses flottent devant mes yeux et j'attends qu'une seule se stabilise devant mon visage. Ma sphère a une couleur grise, signe qu'elle est presque surgargée. J'avais raison de venir faire du tri.

Je me connecte à la sphère par un long fil de pensées et commence à naviguer sur le ruisseau de mes souvenirs.

Des souvenirs de ma terre natale, de mes parents, des mes anciens amis, de mon premier amour.

Supprimé. Supprimé. Supprimé.

Pas de remords, il faut faire de la place pour les nouveaux, ceux que je vais me créer dans les prochaines années de ma vie.

J'ai un peu la tête qui tourne. Les effets secondaires de la suppression, qui s'estomperont bien assez vite.

Des souvenirs, il y en aura d'autres. Et puis ce n'est pas la première fois que je tente l'experience. On fini par s'habituer à ne plus faire de rêves.

Et si les souvenirs pouvaient être effacés à volonté ?