Qui es-tu ?

Valentine.

Qu'es-tu ?
Une Sans-cœur.

Q-qu'as-tu dit ?

Une Sans-cœur.

Qu'est-ce qu'une… Sans-cœur ?

J'ai un vide au creux de la poitrine.

Un vide ?

Un trou béant. Personne ne peut le remplir.

C'est terrible. Comment te sens-tu ?

Je ne sais pas ce que ça veut dire.

Hum, très bien…

Scriii ! Scriii !

Vis-tu seule Valentine ?

Oui.

Tu n'as pas de parents ?

Qu'est-ce que c'est ?

Euh… Ce sont des personnes qui s'occupent de toi. Tes parents sont… prennent tes responsabilités tant que tu n'es pas majeure.

Je ne comprends pas.

Hum, ce n'est pas très important.

Scriii !

Valentine, que fais-tu dans les bois ?

Je lis.

Tu lis ? Quoi donc ?

Des lettres.

Et de quoi parlent ces lettres.

De l'amour.

De l'amour ?

Oui. Ce sont des gens qui s'écrivent. J'en reçois une fois par an.

Ah… As-tu noté la date ?

Le 14 février.

Intéressant.

Scriii ! Scriii !

Et que fais-tu de ces lettres une fois lues ?

Je les tamponne.

Les tamponne ?

Oui. Un cœur pour oui ; un éclair pour non.

Euh… d'accord. Et sais-tu ce qui se passe quand tu fais ça ?

Je ne sais pas.

Je vois… Peux-tu me donner des noms ?

Je ne m'en souviens pas.

Comment ça ? Aujourd'hui on est le 14 février, donc tu as forcément reçu des lettres.

Je ne sais pas. Je les vois, je les tamponne, puis elles disparaissent.

Scrii ! Scriii !

J'imagine que tu ne sais pas où elles vont ?

Non.

*soupire *

C'est bien dommage.

Toc ! Toc !

J'arrive ! Bon, Valentine, je reviens dans quelques heures. Pendant ce temps, prends un peu de temps pour te reposer et mange un morceau : tu n'as pas encore touché à ton assiette.

♥♥♥

Bon… Hum… Reprenons là où on s'était arrêté. Valentine, sais-tu quelle fête a eu lieu le 14 février ?

Non.

Et bien, tu vois, le 14 février, il y avait la Saint-Valentin. C'était une fête… pour les amoureux.

Et puis ?

J'y venais, j'y venais. Patience, jeune fille. Donc, je disais que c'était une fête pour les personnes qui se déclaraient leur flamme. Ils s'offraient des chocolats, des cartes avec plein de petits cœurs… Bref, sais-tu pourquoi tu es ici ? Dans ce poste de police ?

Non.

Vois-tu, ces lettres sont interdites ; plus personne n'a le droit de gaspiller des ressources pour ces idioties. Donc, ce que tu fais avec ces textes mièvres est contraire à la loi. Nous t'avons donc arrêtée et menée ici pour que tu passes un interrogatoire.

C'est quoi ?

Un interrogatoire ?

Oui.

Et bien, c'est quand on te pose beaucoup de questions.

…

Ne fais pas cette tête. Il n'y a rien de mal à ça.

Qu'est-ce que vous allez me faire ?

Oh rien. Rien… Il faut juste que tu restes ici, le temps que cette enquête aboutisse.

Ce sera long ?

Cela dépendra de ta coopération. Alors, je t'en prie, donne-moi tous les noms dont tu te souviens et cette mauvaise passe prendra fin.

…

Aller, Valentine. Ce n'est vraiment pas le moment de te taire.

…

Regarde-moi !

… Je ne veux pas.

*soupir *

Pourquoi faut-il que tout soit si difficile ?

Toc ! Toc !

J'ai presque fini ! Bon sang, parle ! Parle ! Sinon ils vont nous tuer tous les deux !

J-je ne veux pas…

Parle ! Parle je te dis !

Aïe ! A-arrêtez ! Vous me faites mal !

Vlan !

Que se passe-t-il ici ? Que faites-vous agent Bercillar ?! Lâchez cet enfant sur le champ !

Attendez ! Elle est sur le point de cracher le morceau !

… !

Non ! Lâchez-moi ! O-où me menez-vous ? Non… Non ! Je n'ai rien fait de mal ! Lâchez… !

Vlan !

Tout se passera bien jeune fille. Le méchant monsieur est parti.

Que va-t-il lui arriver ?

Rien de très grave. Appelons ça une rétrogradation.

… ça veut dire quoi ?

Il est descendu de rang. Bref, désormais, c'est moi qui vais prendre en charge ton dossier. Repose-toi, je vais aller chercher de quoi grignoter.

♥♥♥

Bon, reprenons là où mon collègue s'est arrêté. Sais-tu ce qui arrive aux personnes qui enfreignent la loi ?

Non.

Et bien, ces personnes sont « méchantes ». Donc, on les punit pour qu'elles deviennent meilleures.

Je ne comprends pas.

Réfléchis un peu : tu es dans un poste de police, tu sais que tu as enfreint la loi… Vraiment aucune idée ?

J… Je suis méchante.

C'est ça. Maintenant, tu peux éviter la punition si tu nous dis les noms des personnes qui ont écrit ces lettres.

Je ne m'en souviens pas.

Bam !

Bon sang : Bercillar avait raison ! Enfin, ne me dis pas que même pas un prénom ne te revient !?

Je…

Fais un effort. Sinon, la punition sera plus sévère.

Je… Je ne sais pas. Je ne m'en souviens pas.

Grr… Ce n'est pas fini ! Je reviens dans une heure. D'ici-là, j'espère que ta langue se sera déliée !

Vlan !

♥♥♥

Qu'on apporte l'accusée !

Criii !

Hum, mademoiselle Valentine, vous êtes accusée de... de gaspillage de ressources pour... pour des lettres d'amour. Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense.

Non.

Dans ce cas, messieurs, menez-la à sa sentence.

Clap ! Clap ! Clap !

Un dernier mot, mademoiselle ?

L'amour n'est pas inutile.

Du point de vue de la loi si. Allez, finissons-en. J'ai d'autres choses à faire.

Clap ! Clap ! Criii !

*soupir*

Encore une criminelle menée sur le droit chemin. Ernest, tu fais vraiment du bon travail.

Ding ! Ding !

Déjà midi ! Il est temps d'aller déjeuner. Ah, messieurs, avant de quitter la salle, pourriez-vous... enfin, vous voyez... Moi, je vais de ce pas clore cette affaire.

En êtes-vous sûr, Votre Honneur ?

Absolument ! Comme le dit notre bon Président: "il n'y a qu'un seul moyen de soigner définitivement une âme égarée". Et c'est le cas de cette... comment s'appelle-t-elle déjà ? Ah oui, Valentine. Et c'est le cas de cette Valentine. La limite, c'est la limite. Nous n'y pouvons rien. Bref, passez une bonne journée, messieurs !

Vlan !