Dimanche 6 juillet

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— Il faut qu'on parle, Jacques.

— C'est trop tard ! On s'est déjà tout dit, petit frère. Tu n'as pas l'air de t'en souvenir.

Comme des flashs, des images lui reviennent soudainement. Des mots. ...Ta coiffure ! Ce n'est pas une coïncidence... Cette phrase surgit au milieu d'un chaos d'autres, sorties de tout contexte. ...Pour qui me prends-tu ? Tu crois que tu peux régler le problème en me faisant un chèque... Des images. La voiture. La sortie précipitée de l'appartement. Des virages. Aucune chronologie dans ces images qui pourrait l'aider à comprendre. La tête lui tourne, mais il se refuse à s'asseoir. Il sent qu'il ne doit pas se montrer faible face à son frère. Sans toutefois en comprendre la raison. Tout à coup, une nouvelle image, très précise, lui apparaît, avec une violence inouïe. Comme s'il recevait un coup. Une arme !

— Tu... commence-t-il, mais les mots ne sortent pas. Tu as voulu me... tuer ? finit-il par lâcher.

— Tu vois, les souvenirs commencent à revenir. Encore un effort, petit frère.

— Comment as-tu pu faire ça ? Croyais-tu que cela effacerait tes difficiles années à l'orphelinat ? Je suis ton frère.

Les deux frères se font maintenant face dans la cuisine. Moins d'un mètre les sépare.

— Ton frère ! C'est ce que les liens du sang disent, mais qu'est-ce que ça signifie ? Nous n'avons rien en commun. Nous n'avons rien partagé ensemble. Il y a encore quelques semaines, je ne savais même pas que tu existais. Tu es un inconnu. Un inconnu qui a pris ma vie. J'avais autant le droit que toi à un avenir. Moi aussi, j'avais le droit à une famille ! Si notre géniteur m'avait abandonné dans ton orphelinat et toi dans le mien. C'est toi qui serais à ma place !

Jacques regarde son frère avec un air méprisant. Son regard plein de haine. Les poings serrés à en faire blanchir les articulations.

— Et moi à la tienne ! ajoute-t-il en se jetant sur son frère.

Il l'attrape à la gorge et tente de l'étrangler. Saisi de stupeur, Lionel tombe à la renverse. Sous le choc de la chute, il réussit à se défaire de l'étreinte. Il tente de se relever aussi rapidement que possible et s'élance vers le salon. Il tente de se reprendre. Que faire ? Le téléphone ? Sortir ? Encore sous le choc, son hésitation d'à peine une seconde a été une erreur. Son frère est déjà face à lui. Cette fois-ci, il n'a pas l'intention de se laisser surprendre. Il tente de reprendre l'initiative.

— Tu voulais m'éliminer et prendre ma place ! Tu avais cette idée depuis le début ? Avoue !

— Pour qui me prends-tu petit frère ? Pour un tueur sanguinaire ? Non, je ne suis pas venu ici avec cette idée. Mais je dois t'avouer que l'idée n'a pas tardé à germer, ajoute-t-il. Prendre ta place semble si facile.

Soudainement, aussi précisément que s'ils avaient voulu synchroniser leurs gestes, les deux frères se lancent l'un vers l'autre. Seul, l'instinct de survie les anime.

Ils roulent par terre au milieu du salon. L'un d'eux réussit à se dégager et à se relever en premier. Il est prêt à un nouvel assaut. Lorsque l'autre tente de se jeter sur lui, il s'esquive. Pris par son élan, son adversaire n'arrive pas à s'arrêter. Il trébuche sur le repose-pied. Il part à la renverse. Sa tête heurte lourdement le bord métallique de la table de salon. Un bruit sec retentit. Il ne bouge plus. Les yeux grands ouverts en direction de son frère, mais sans vie.

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