Lèaure Idlebod
Les plus lues
de toujours
Des chansons à l'arrache, elles ont pas encore toutes de mélodies et aussi elles sont parfois en anglais. Aussi parfois elles sont tristes.
TW idées noires
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De queer et de cuir. Du rock hardcore dans le coin des bars.
! Pour public averti !
TW : usage de drogue, suicide, maladie mentale, racisme, queerphobie, sexe
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Défi
Il y avait le monde, et une géante bleue. Entre ses mains elle prit la terre, entre ses mains elle la broya, elle l'écrasa, la pétrit, en cendre elle la réduisit.
Et les humains tombaient sans fin, en pluie fine, dans l'espace infini où elle était assise.
Doucement, du bout des doigts, elle les attrapa au vol, les ramassa, et les posa dans son immense bouche, sur ses dents, sous sa langue, dans son haleine sèche, dans les vents brûlants et amers de son souffle. Et les humains s'y installèrent.
J'étais une humains et je vivais là. Nous nous étions construit des habitations dans les dents de la géante, creusant la roche blanche et pure de l'émail. Ses dents s'étendaient comme une longue chaîne de montagne derrière moi ; elles marquaient le bout de notre monde, l'extrême limite avant la chute dans l'infini vide.
J'étais descendu chasser. Dans la matière rosée et spongieuse de ses gencive, je marchais. Mes pieds s'enfonçaient dans le sol avec un bruit doux et humide. D'autres humains avaient construit leur maison ici, sous les dents, dans la matière meuble du fond de sa bouche ; le dernier Grand Souffle les avaient emportés, tous autant qu'ils étaient, et je me promenais désormais entre ruines et ossements, dans le bruit spongieux de mes pieds nus sur le sol.
J'arrivais dans le centre ville. La statue sur la place centrale du village était toujours là : une immense bouteille d'alcool brisée. A côté d'elle, un voyageur, dernier survivant, dansait en rond. C'était un peintre. Sa toile avait été déchirée sur son crâne et ses bras étaient demeurés enserrés entre les reste de son oeuvre sans qu'il puisse s'en défaire. Non lui de lui, un des animaux de compagnie de ce village, un survivant, marchait ; c'était un grand dromadaire, avec une tête à chaque extrémité de son corps, qui avançait en biais d'un pas lent et dansant.
Je pressais le pas vers les plaines roses. Dans mon dos, le souffle du vent se faisait plus fort. La respiration de la géante, les prémices du prochain Grand Souffle, qui tuerait, détruirait, broierait, brûlerait tout ce qui serait sur son passage. Quand elle expirerait l'air qu'elle était en train d'inspirer, les refuges seraient rares, et les destructions nombreuses.
J'allais devoir me dépêcher. Je raffermis ma main sur ma lance d'émail et me hissait sur la langue ; je partais en chasse.
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Défi
Altruisme
Barge
Chat
Danser
Ecrire
Fatigue
Glauque
Hérodote
Imaginer
Jasmin
Kabuki
Louvoyer
Marcher
Narcolepsie
Observer
Parme
Questions
Rauque
Serpenter
Tamisé
Ubuesque
Valse
Walkyrie
Xénomorphe
Ysopet
Zèbre
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Défi
Je suis un cadeau de grand-mère. C'est bête, quand même, comme vie, pour un objet. Si j'avais été un objet de grand-mère, j'aurais eu une histoire, j'aurais eu un sens.
Mais non. J'étais un cadeau de grand-mère, un de ces cadeaux nuls, qu'on pose dans un coin et qu'on oublie. Un attrappe-poussière un peu bête.
Je suis une petit statuette d'angelot, du pur made in china. Je suis le troisième petit ange de ce genre qu'elle reçoit, la petite ; et pas son préféré. Il y en a d'abord eu un, assis sur une pierre, yeux baissés, qu'elle a posé sur son bureau ; puis un deuxième, son préféré, celui qui porte un chat dans ses bras ; elle l'a posé sur l'étagère à DVD. Parfois, elle le regarde, et elle sourit. C'est vrai que cet ange-là lui ressemble un peu. Les même cheveux bouclés. Et presque le même chat.
A moi, elle n'a jamais prêté beaucoup d'attention. Le premier jour, elle m'a posé sur la bibliothèque. Le deuxième, je prenais la poussière. Le troisième, elle m'a fait tomber en cherchant un livre.
J'étais une petite statuette d'ange en robe blanche, les bras tendus devant moi ; d'une main je tenais une bougie, de l'autre, j'en protégeais la flamme. Mon bras gauche, celui à la bougie, fut cassé en deux. La bougie fut jetée, et tout ce que je protégeais désormais, c'était mon moignon de pierre.
Elle m'avait reposé sur l'étagère malgré tout. Et je pouvais la voir, chaque jour. C'était une fille renfermée, pas particulièrement joyeuse, pas particulièrement triste. La vie lui faisait peur, parfois. Elle ne sait pas où elle va, mais elle est jeune. Elle aime. Elle rougit, parfois, en regardant son téléphone ou son ordinateur. Je ne l'ai jamais vu, l'élu. J'aimerais bien. Je suis un petit angelot curieux. Mais elle n'a pas besoin de moi.
Moi, je reste sur l'étagère et je regarde le temps passer en prenant la poussière. Un an. Deux ans. Elle grandit. Elle ne fait pas grand chose. Elle est assez travailleuse. Elle est assez seule. Elle est beaucoup de chose, modérément, elle laisse couler le temps.
Cinq ans, dix ans. Elle est partie de chez elle. Aujourd'hui, elle revient.
Sa grand-mère est morte et elle est seule. Elle est là pour l'enterrement.
Ca faisait si longtemps qu'elle ne l'avait plus vue, sa grand-mère. Elle l'aimait bien, au fond. A l'enterrement, elle réalise qu'elle la connaissait peu, si peu. Elle est pensive. Toute ces histoire, toute cette vie dont elle vient d'entendre parler, de rires, de souffrances, de bêtises, elle n'en savait rien. Elle est encore jeune, et naïve. Entre sa maison familiale et sa vie, elle est un peu perdue. Elle veut partir et elle ne trouve rien. Elle m'attrappe et me retourne pour voir le nom que m'a donné le fabriquant.
« Angel of hope ». Elle aimerait bien en avoir un peu plus, de l'espoir. Elle me tient toujours, elle sourit un peu. Elle trouve ça mignon, comme cadeau. Mais il est trop tard pour y songer.
Elle est partie désormais, elle s'efface doucement de la maison familiale, habits après habits, meuble après meuble. Et moi, je reste dans une chambre vidée, et j'observe les posters qu'elle avait collé pour ne pas avoir à faire face au vide d'un mur blanc.
Je suis un ange au bras cassé dans une chambre vide. Je n'évoque aucun souvenir hormi une bougie perdue et une rencontre manquée.
Et pourtant j'étais là.
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Une vie tranquille et un peu répétitive, avec une drôle de mollesse, presque invisible. (Ou : petit texte déprimant mais inachevé crachoté il y a peu, que j'ai eu envie de partager malgré tout.)
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Défi
C'était pourtant simple. Soirée arrosée, jeux de société, jeu d'alcool. Je n'ai jamais... "Je n'ai jamais vomi dans un lieu public", a dit Jean. "Je n'ai jamais mangé d'animal", a dit Suzie, regardant avec amusement tout le monde boire son verre - tequila pour Jonathan, bière pour Aimée, jus de pomme pour Louis -il n'y a pas droit, à cause de ses médicaments-. "On forcera personne à boire", avait affirmé Mona. Mona, elle est plus agée que moi. Avec ses cheveux multicolores, ses joues roses, son nez un peu déformé et ses tâches de rousseur, c'est la plus belle fille que je connaisse. Je ne sais pas pourquoi, dans l'ambiance embrumée de la soirée, ma main proche de la sienne, sa drôle d'odeur de tabac et de jasmin mêlé m'embrumait l'esprit. Alors j'ai dit "je n'ai jamais embrassé de filles". Je la regardais en coin. Elle a capté mon regard et m'a souri ; de son verre, elle pris une longue gorgée de son bloody mary improvisé. J'ai détourné le regard, les joues au moins aussi rouges que sa boisson. "Je n'ai jamais dragué quelqu'un durant une fête...", a-t-elle dit enfin. Un bref clin d'oeil en ma direction : "...Pour l'instant".
Pas beaucoup de place dans ma maison, déjà une chance que les parents soient partis. Je distribue les couvertures ; Mona se tient en retrait. Quand il ne reste plus qu'un pauvre sac de couchage, elle s'approche tranquillement. Je la coupe dans son élan. "On partage ?"
L'une contre l'autre, son souffle contre mon cou. Il fait chaud dans notre chambre étroite. On discute, on rit un peu. Un sac de couchage pour deux et quelques batailles pour savoir qui aura la plus belle part de couverture. On le déchire sur quelques centimètres ; cela nous fait encore plus rire. Sa main court sur mon épaule et bientôt, nous sommes poitrine nue, réchauffant nos peaux mutuellement, somnolentes ; je sais qu'elle m'aurait bien embrassé. Je l'aurais bien embrassée. Mais sa chaleur et la petite flamme riante partagées nous suffisaient. Une petite bulle de tendresse, une petite bulle de chaleur.
Est-ce que je le regrette ? Je cherche encore, parfois, dans le sac de couchage que mes parents m'ont laissé, l'odeur de Mona. "Encore cette lesbienne", qu'ils ont dit. "Mauvaise influence", qu'ils ont dit. Alors je suis partie.
Je suis mieux dehors. Dehors, à attendre. Là où Mona et moi nous sommes rencontrés ; là où Mona et moi avons posé notre premier graph. Et j'attends ; j'attends qu'elle revienne par ici, qu'elle comprenne où je suis ; j'attends son aide, ses bras, et le baiser que cette fois-ci, je lui volerai.
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Défi
J'ai la rage. Un truc qui brûle, qui fait fondre les tripes, qui déchire le torse. Ca m'empêche d'avoir peur, ça m'empêche d'avoir mal, j'ai la colère anésthésiante dans un univers trop lourd pour moi. Ca me dépasse, ça me flingue, je ne sais pas quoi en faire et pourtant je ne sais pas si je survivrais sans. J'ai passé tant d'année à être triste et à retenir mes cris. Tant d'années à souffrir et à me dire que c'est bien de ma faute. Mais ça ne l'était pas. Tout n'entre pas dans une binarité agresseur-agressé, mais agressé, je l'ai assez été. C'était plus facile de m'en vouloir. D'inventer des raisons aux gens. D'être la personne calme, compréhensive, raisonnable. Je le suis toujours. Mais parfois ma colère sort. Et avec elle, l'envie soudaine de me défendre. L'envie qu'ils comprennent, l'envie qu'ils ressentent ne serait-ce que la moitié de ce que j'ai ressenti à cause d'eux. Qu'ils vivent pendant un temps avec les marques que m'ont laissé leur attitude, les vergetures de traumas sur ma peau, le cerveau toqué que je me tape au quotidien. J'ai la rage. J'ai la rage contre eux, mais surtout contre le monde entier. Ca me déchire. Les gens qui crèvent dehors, le mépris des grands cont
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Un journal, j'imagine. Un espace où j'écris comme je veux, quand je veux et ce que je veux. Beaucoup de colère, de la tristesse, mais aussi le bonheur bizarre que c'est d'être en vie et de connaître sa force.
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Dans le grand vaisseau orphelinat La Cigogne, où règne le culte de Phusis, l'intelligence artificielle qui permet de diriger l'appareil, un groupe divers se retrouve face à la disparition d'un enfant.
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