
Proses & Maux
Les plus lues
de toujours
Il me répétait souvent, je me souviens, ton combat est mon combat. C'était beau, tellement beau. Il m'a tant aidée, supportée, soignée.
Il restait des heures à mes côtés dans la salle de bain, dans la chambre ou la cuisine. Il m'entourait de ses bras. Il me rassurait, me murmurait des mots doux.
Il savait chacune de mes douleurs. Il connaissait ce regard de souffrance dès les moindres débuts de crises. Il était là, tellement présent.
Il me défendait, quitte à se mettre contre les autres. Ceux qui ne comprenaient pas, que je ne pouvais ni boire, ni fumer, ni jouer, ni sortir. Ils se moquaient en partant et lui restait.
Il avait ce regard tellement bienveillant. Comme un père, il me berçait pour que je m'endorme. Pour que j'oublie le mal que j'avais en moi, pour que je sois apaisée.
Il savait me faire sentir belle et féminine. Malgré la perte de poids et des rondeurs qu'il aimait tant au début... J'étais si bien près de lui.
Il passait ses journées avec moi, ses matins, ses après-midi, ses soirées et ses nuits. Et quand il sortait sans moi, il avait toujours son téléphone à porter de main.
Il était prêt à venir à la moindre sensation de douleur. Au moindre doute d’une future crise. Il était là. Il débarquait chez moi et me guérissait de sa présence.
Il me couvait. Comme si j'étais son enfant, il me protégeait. Sa présence m'aidait à oublier parfois le mal qui me rongeait.
Il m'aimait. Il était toujours là. À passer sa main dans mes cheveux en me disant que tout irait bien, que tout se passerait bien.
Il était tellement sûr de lui que je commençais, moi aussi, à y croire. Je me disais que je pouvais guérir, que c’était possible.
Il cherchait sans cesse de nouveaux examens à faire, de nouveaux médicaments à prendre, afin de soigner ma douleur ou au moins de me soulager un peu.
Il a toujours été présent. Je lui dois tellement pour tout ce qu'il a fait pour moi.
Alors dites-moi. Qui a voulu ça, qui a voulu qu’il parte avant moi et sans moi ?
Il est mort dans un accident de voiture. Il avait 25 ans. Il était mon seul ami, mon seul allié, mon seul amour. Il est parti sans moi...
Je n'espérais qu'une chose, aller le rejoindre au plus vite. Dites moi alors, qui a décidé que je devais rester, que je devais guérir sept mois après sa mort...
Triste ou malheureux hasard, me direz-vous…
J'ai souvent parlé de lui. Toujours, même. Je commençais toutes mes phrases par "lui" ou "il". Même dans ce texte d'ailleurs, je viens de m'en apercevoir.
Je me vois également écrire "je" à chaque début de phrase depuis qu'il est parti. Il n'y avait que lui. Je n'avais que lui à regarder, que lui à qui parler, que lui à aimer.
Aujourd'hui, je suis seule. Même ma maladie m'a quittée. Il n'est plus là et elle n'est plus là. Je ressens quelque chose en moi, près de mon coeur. Une douleur.
Je ne pensais pas qu'un mal plus fort que le cancer pouvait exister, mais à présent, je sais que le manque de l'être aimé est la pire des souffrances.
...
Je t'aimerai au-delà de tout mes maux.
Mon ami, mon amour.
Je ne t'oublierai jamais.
Sois en paix là où tu es.
62
79
0
2
J'ai les marques de notre relation sur le corps. La douleur en moi ne partira jamais, tu sais. Ces yeux, tes si beaux yeux sur moi.
Mais ce regard... Ce désir de me faire du mal. Pourtant tellement de jolis mots, de jolies promesses. Je ne recommencerai pas, me disais-tu.
J'y ai cru, plus d'une fois, tu es revenu. Pourquoi rester, pourquoi subir, pourquoi ne rien dire ? Pourquoi hocher la tête quand on me demande si ça se passe bien entre nous, pourquoi baisser les yeux quand un autre homme m'aborde et que tu es au loin, les yeux rivés sur moi.
Les mêmes images tournent en boucle dans ma tête, ces soirées devant le miroir à parcourir mon corps et à pleurer sa triste transformation, sa dégradation, petit à petit. Devoir se couvrir le corps, devoir te demander l'autorisation, pour tout, pour n'importe quoi. Cette spirale infernale ne s'arrête pas, c'est toujours plus, ce n'est jamais assez pour toi.
T'entendre te plaindre de moi, de mon comportement, à ta famille, à nos amis. Rien ne te satisfait, tu n'es jamais d'accord, jamais content. Tu parles d'amour, de pardonner, qu'il faut oublier, passer à autre chose. "Arrête de ressasser le passé, pense à notre avenir".
Tes projets. Nos projets. C'est fini.
Stop.
Je m'en vais, il le faut. Laisse-moi partir. Ne me regarde pas comme ça, je le connais trop bien ce regard. Mais ce soir, non, je ne me laisserai pas faire. Je puiserai jusqu'à la dernière force qu'il me reste pour t'empêcher de lever la main sur moi. Je ne suis plus à toi, je ne suis plus ta chose, plus cette personne que tu penses à tes pieds pour l'éternité et sous tes conditions.
Je ne peux plus, je ne tiens plus, tu m'as détruite. Est-ce que c'est ce que tu voulais ? Est-ce que tu l'avais prévu ? Est-ce moi, est-ce de ma faute ? Est-ce que c'est de ma faute ? Je t'ai rendu méchant. Ce sont tes mots. Mais qu'ai-je fait pour cela ? Tu es incapable de me répondre.
Je te crie de me laisser partir, que j'ai trop mal pour que ça continue. Je vois tes poings se serrer, ton regard changer. Je te supplie de ne pas faire ça. Et dire que tu parlais d'amour, mais putain tu cachais bien ton jeu…
Tu sais ce que tu es, au fond de toi, tu le sais. Tu es dangereux. Tu as mal, donc tu fais du mal. Ce n'est pas la solution, ça ne le sera jamais. Preuve en est. Tu ne t'arrêtes que quand je ne bouge plus. Tu ne fais pas du mal dans le vide, tu as besoin de réaction, tu as envie que je résiste. À croire que tu aimes que je me défende. Mais comment le pourrais-je ?
Ce soir, c'est terminé, plus de promesses, laisse-moi partir.
Tu vois, tu pleures. Tu cries que tu m'aimes, que cette fois-ci, tu vas arrêter, que c'était une mauvaise passe, que tu vas en parler et que ça ira mieux. Mon pauvre. C'est en toi. C'est ce que tu fais tous les jours qui t'a rendu comme ça.
Je te laisse là, mais une autre prendra sans doute ma place. Tu me demandes une dernière nuit, une dernière fois. Tu n'as même pas conscience que tu m'as brisée, que tu m'as trop frappée pour que je me relève sans difficulté.
Je te vois te lever, tes larmes ont séché, tes poings sont fermés. Tu te rapproches de moi. Je comprends.
Mes derniers mots étaient pour toi, cette dernière phrase t'était destinée, mais tu ne l'as jamais vraiment écoutée.
"Ce que je voulais, c'était ton amour."
40
67
14
3
De la haine à l'amour, le chemin est long,
Grâce au nouveau jour, la belle saison.
Tant espéré tu sais, le sourire sincère,
Pourtant maintes fois essayé, de plaire.
Sera beau, sera nouveau, il sera nous,
L'enfant nu, l'inconnu, au corps si doux.
L'avenir est proche, tends moi tes mains,
Mais avant, la roche brisée annonce la fin.
Ta bouche, ton esprit et ta voix,
Troublée, je tombe amoureuse de toi.
Poème court et maladroit,
Puisque je pense à toi.
Simplement pour t'exprimer,
Tout cet amour qu'en moi, j'ai.
Amour, mettons les voiles,
Je te suivrai partout mon étoile.
43
44
0
0
On m'a dit et répété que le temps passera, que certes les souvenirs resteront, mais que la souffrance s’en ira.
Tout le monde pense comprendre ce que je ressens. La mort, tout le monde l'a connu, mais personne de la même façon.
Vous avez peut-être perdu un être cher. Un oncle, une grand-mère, un ami, un père... Pour moi, c'est un petit frère.
Tous les deuils ne sont pas identiques, on le sait bien. Tout autant que les personnes qui les subissent sont différentes.
Je ne sais pas la douleur des autres et je ne veux pas la connaître. Gardez votre peine et laissez moi en paix avec la mienne.
C'est vrai, certains diront que j'ai la parole et la critique facile. Mais je crois que c'est bien la première fois que je ne trouve pas les mots.
C'est sûrement de loin, le texte que j'ai eu le plus de mal à écrire.
De loin, le plus douloureux, car il m'a fallut beaucoup de larmes pour l'écrire.
Vous dire qu'il me manque ne serait pas utile, vous dire que je l'aimerai toujours, le serait encore moins.
J'éprouve le besoin de vous hurler ma souffrance. De vous crier que sa mort a creusé en moi un vide que je ressens jour et nuit.
Laissez moi vous parler de ce qu'il était et de ce qu'il est encore pour moi.
Il avait cette façon d'être là, à l'écoute, sans jamais prononcer un mot.
Son regard brillait d'amour et de sincérité. Je suis tombé en amour de ses petits yeux marron. Vous me trouverez sans doute folle de l'avoir autant aimé.
J'aurais aimé que vous, que le monde entier puisse le connaître et l'aimer pour ce qu'il a fait pour moi. Car il a toujours été là, à chacun de mes sourires et pour chacune de mes larmes.
Je me souviendrai toujours de ce dernier moment passé près de lui...
J'ai passé la nuit à le câliner en ne pouvant retenir mes larmes.
Il comprenait pourquoi je le serrais si fort contre moi, il tentait d'effacer les traces de mes larmes sur mes joues.
Je n'ai pu compter le nombre de baisers que j’ai pu faire sur son front.
Cette nuit là, j'ai compris certaines choses. En restant allongée près de son corps, j'ai compris ce que cela faisait d'aimer quelqu'un.
J'ai compris que l'on pouvait aimer tellement fort une personne, que l'on trouve en nous la force de l'accompagner jusqu'à la fin.
Je vous le dis, cette nuit là et pour la première fois de ma vie, j'ai aimé.
J'ai aimé mon petit frère, mon petit amoureux, mon camarade de jeux.
16
26
0
2
Il y a eu ton sourire, puis ta voix,
Ton innocence qui me fascine.
Je sais que je n'ai pas le droit,
Pourtant, c’est la passion qui domine.
Quand nos regards se croisent,
Cela me trouble, me rend fébrile.
Mon corps se tourne vers l'ardoise,
Mon esprit lui, rêve de cette idylle.
Te parler ailleurs que dans cette pièce,
Là où l'on se retrouve chaque jour,
Où tu laisses petit à petit ta jeunesse,
Ici-même où j'imagine notre amour.
Un amour impossible, entre toi et moi,
Selon les autres, selon les règles ...
C’est dans tes yeux que je me noie,
Toi, tes yeux et ton petit regard espiègle.
Dis-moi ce que je devrais faire,
Le garder en moi ou te le dire ?
De quelle façon, de quelle manière ?
Je ne sais pas comment agir.
Aujourd'hui, c'est décidé, je t'avoue tout.
Je te demanderai de rester un peu.
Mais comment aborder ce sentiment fou ?
Qui brûle en moi depuis que je te veux.
Quelle sera ta réaction ? J'ai si peur.
De la colère, du dégoût, vu notre différence ?
Ou la compassion, l'envie, la ferveur ?
C'est notre jour, notre moment, notre chance.
Tu es resté là, avec un sourire en coin,
Devant moi, ne sachant plus que faire.
Puis tu t'es approché de moi, très serein,
Et tu as laissé tes bras ouverts.
Nous nous sommes embrassés comme ça,
Durant de longues minutes passionnées.
Ce fut pour moi une révélation, tu vois,
Le début d'un rêve éveillé.
Notre relation restera dans l'ombre.
C'est mieux ainsi, c'est mieux pour nous.
Il nous faut éviter ce côté sombre.
Jusqu’où va nous mener cet amour fou ?
Mon amour, les mois passent et passent…
Tu es toujours là et je ne regrette pas,
D'avoir un jour osé ce face-à-face,
Mélange de peur, de bonheur, avec toi.
Tu es pourtant si jeune, si vif, si mature,
Je sais que ce n'est pas raisonnable.
Je suis ta professeure de littérature,
Et tu es mon plaisir coupable.
13
17
0
1
Je suis leur rose, leur fleur, celle dont ils prennent soin, dont ils s'occupent.
Ils ont peur que je m'égare, que je me blesse, ils veulent me protéger, peut-être même m'aimer. Je suis la rose qu'ils veulent près d'eux, le matin, le midi et le soir.
Je ne dois pas m'éloigner, je ne dois pas parler, ni même pleurer...
Ils m'appellent, me demandent d'être là, d'être présente, d'être moi ou parfois une autre. Je dois savoir jouer, seule ou avec eux, je dois m'exercer pour cela, sinon ça ne leur convient pas.
Les restaurants étoilés ont un goût amer. Les flûtes de champagne ne me tournent plus la tête et les soirées mondaines ne m'impressionnent plus.
Ils m'ont habitué, ils m'ont éduqué, ils m'ont conseillé, présenté, habillé, déshabillé...
Rose. C'est le prénom que je dois porter.
Rouge. C'est la couleur de mes robes de soirée.
Noir. C'est la couleur de mon corps bleutée.
Ils rient fort, sourient en coin et observent le moindre de mes gestes, écoutent chaque mot que je prononce.
Je dois être à leur bras, sourire sincèrement et converser avec leur semblable.
Les hôtels 5 étoiles et les palaces, leur quotidien devient le mien. Je suis avec eux à chaque sortie.
Chaque petit-déjeuner, chaque déjeuner, chaque dîner.
Chaque sortie au golf, aux courses hippiques et automobiles.
Ils n'y connaissent rien, ils veulent seulement être vus. Et ils m'ont choisi pour être à leur bras.
Les gens me voient, me regardent, me parlent, me posent beaucoup de questions.
Rose, qui êtes-vous, d'où venez-vous, que faites vous ici...
Je ne peux pas répondre, je n'y suis pas autorisé.
Je ne peux que sourire, cligner des yeux doucement et passer mon chemin.
Mes journées passent, elles ne se ressemblent pas, elles ont seulement un point commun...
Elles passent trop rapidement à mon goût...
Je sais ce qu'il se passera ensuite. Lorsqu'un d'entre eux me déposera sa clef de chambre sur mes cuisses...
Ma gorge se serre, mais je dois continuer à sourire. Je ne dois plus tarder à présent.
Je monte dans l'ascenseur.
Appuie, tremblante, sur le numéro de l'étage, sent l'ascenseur monter, voit les portes s'ouvrir...
Je me regarde un instant dans le miroir de cet ascenseur.
Des talons noirs d'une quinzaine de centimètres, un collant opaque qui remonte sur une robe rouge sang, ouvert sur un côté où l'on aperçoit le long de ma cuisse.
Mon cou est orné d'une rivière de diamants, allant de pair avec les boucles d'oreilles.
Mes cheveux sont lâchés, bouclés, mes yeux sont parfaitement maquillés, avec un dégradé maîtrisé et effectué par une professionnelle chaque matin.
Et mes yeux... Mon regard. Il est vide.
Je sors de l'ascenseur.
Marche jusqu'à la porte de chambre et insère la clef dans le boîtier.
La porte s'ouvre.
L'atmosphère est étouffante, pesante, malsaine...
J'avance, j'entends rire, parler, je sens l'odeur de la cigarette en entrant à peine.
Ils sont trois.
Je suis seule.
Rose est là, présente, disponible.
Mais moi, je suis parti.
Je ne suis plus là.
***
L'odeur du café et des viennoiseries me réveille.
J'ai un plateau rempli de gourmandises, posé sur un coin du lit, uniquement là pour moi.
Je mange sans plaisir, je me hâte pour être prête à l'heure imposée.
Je vais dans la salle de bain, me retrouve devant un miroir. Mon regard est toujours aussi vide.
Aucune émotion ne transperce mes yeux.
La maquilleuse et la coiffeuse m'attendent dans la chambre d'à côté.
Une autre femme me montre mes tenues pour ce jour et m'explique le programme et le nom des personnes que je vais accompagner.
Sur la table, elle dépose en partant, une enveloppe.
Je sais déjà ce qu'il y a dedans, d'ailleurs, on voit le montant du chèque se dessiner à travers cette enveloppe.
Sur celle-ci, en gros, est inscrit ...
"Pour toi ma Rose, ma fleur"
0
3
0
3
Inès. Mon enfant, ma fille. Tu es là, enfin.
Ça fait si longtemps que je t'attends et pourtant j'en ai pris conscience que récemment. Tu as été désirée, tellement attendue par ton père et moi.
Nous voulions notre bébé, notre nous, notre tout et tu es arrivé. Tu es si belle mon Inès. Tes petits yeux marrons, ton sourire malicieux.
On ressent déjà que tu es un parfait mélange de nous deux. Le petit côté capricieux de ta maman, parfois un peu têtue et le côté un peu fou de ton papa, des fois trop sérieux.
Tu seras entouré de tout l'amour dont tu as besoin, tu seras bercé par cette chanson qui a fait naître ton prénom, ma fille.
Cette chanson qui parle de paix, de tolérance, d'ouverture d'esprit, d'amour... Ce sont ces valeurs que nous voulons pour ton avenir.
J'entends ton père te la chantonner pour t'endormir. Les larmes montent, ce sont des larmes de bonheur. Le voir, heureux, chanter notre chanson à notre fille...
Tu as su nous apaiser, apaiser nos mœurs destructrices, apaiser nos douleurs du passé. Simplement par ta présence, par ton sourire, par l'amour que tu nous procure.
Tu es belle ma fille, le parfait mélange entre ton père et moi... Rien n'est trop, ni trop peu.
C'est toi, mon Inès, notre Inès. J'ai les mains tremblantes en t'écrivant ces mots, j'aimerais te les lire chaque soir avant que tu tombes dans les bras de Morphée.
Je t'ai tellement rêvé, nous avons tellement parlé de toi. Tu es notre lien, celle qui nous uni ton père et moi. La simple évocation de ton prénom, nous réunissait après les disputes.
Tu es le fruit de notre amour, de ce miracle qui se produit quand deux âmes sœurs sensibles se rencontre.
J'aimerai te conter l'importance que tu as pour nous, et que tu auras pour les autres.
Tu seras quelqu'un de bien ma fille, tu seras une belle personne.
N'oublie jamais les tiens ni l'amour qu'ils te portent. N'oublie jamais ton père, peu importe où le vent te porte. Ne m'oublie pas ma fille, restes toujours forte.
Inès, Inès. Mon enfant, ma fille.
Je t'aime.
4
2
0
2
À cette personne dans le futur qui se posera plein de questions.
Je suis désolée si aujourd’hui, tu regrettes ma décision.
Crois-moi qu’à l’époque, je ne voyais pas d’autres solutions.
J’ai longuement réfléchi, peser le pour et le contre de la situation.
Aujourd’hui, peut-être que tu n’as plus cette chance-là,
Alors que tu as sûrement l’environnement et l’amour idéal pour ça.
Je te le souhaite pourtant, de vivre enfin et pleinement cette joie.
S’il te plaît, ne m’en veux pas, je ne pouvais faire un autre choix...
Est-ce que tu me hais aujourd’hui ? Dis-moi, que ressens-tu ?
De la colère, de l’incompréhension, du
dégoût pour ce refus ?
Je peux te comprendre, mais rappelle toi bien de ce que j’ai vécu.
C’était dur, c’était douloureux et surtout, ce n’était pas prévu.
Pardonne-moi si aujourd’hui, par ma faute, tu es condamnée.
Ce n’était pas le but, même si je connaissais cette éventualité.
À mon moi du futur, à cette lettre qui t’est destinée, sache que je suis désolée.
Je te promets que je ne pouvais pas, je ne voulais pas, le garder.
16
21
0
1
Aujourd'hui, il n'y aura ni de cris ni de pleurs. Il n'y aura pas non plus de chocolat, ni de bouquet de fleurs.
Aujourd'hui, il n'y aura pas de visites souriantes, ni de photos souvenirs. Il n'y aura pas non plus de joie, de peur ni de rire.
Aujourd'hui, il n'y aura personne qui sera présent pour moi. Il n'y aura pas ma famille, mes amis, personne ne sera là.
Aujourd'hui, il n'y aura pas ces murs blancs tout autour de moi. Il n'y aura pas non plus ces longs couloirs sans âme, et froids.
Aujourd'hui, il n'y aura plus de douleurs, plus de pression. Il n'y aura plus de stress, plus toutes ces questions.
Aujourd'hui, il n'y aura pas sa présence, il ne viendra pas. Il n'y aura pas non plus son odeur, ses mains, ni l'emprise qu'il a sur moi.
Aujourd'hui, il n'y aura pas de violence, plus d'obligation. Il n'y aura pas non plus de délivrance, car il reviendra, ce poison.
Aujourd'hui, il n'y aura pas de ciel bleu, mais de la pluie en continu. Il n'y aura pas non plus de soleil, il fera froid et gris bien entendu.
Aujourd'hui, il n'y aura pas de sourire, ni de satisfaction. Il n'y aura pas non plus d'amour, mais de l'incompréhension.
Aujourd'hui, il n'y aura plus de nous, c'est fini. Il n'y aura plus ces heures passées à te parler de nos vies.
Aujourd'hui, il n'y aura pas tout ça, puisque tu n'existes pas. Il n'y aura pas tout ça puisque tu es parti là.
Là où vont ceux qui partent avant leur premier cri de bébé, tu es parti là où les nouveaux nés reposent en paix.
16
10
1
1
Il est 23 h 16.
Tu viens me chercher comme convenu.
Je sors de mon travail, la neige est encore bien tombée en cette fin de soirée.
Je monte à tes côtés dans ta voiture et nous partons vers la ville.
C'est si beau.
Les lumières, les flocons, les décorations de fin d'année encore présentes.
J'aime la musique, l'odeur, le conducteur de cette voiture.
Pourtant, on se connaît à peine.
Nos fous rires de la veille résonnent encore en moi.
Ton sourire, tes yeux, tout commence si bien entre nous.
23 h 38.
Soirée annoncée : bowling, pizza, bière et billard, pourquoi pas.
Une fois de plus, nos rires et nos regards s'entremêlent.
Tu m'apprends à jouer, tu m'apaises quand je n'y arrive pas.
1 h 23.
Bières lassées, tequila prenant le relai.
"Il est tard, non ? Ma tête commence à tourner, pourrais-tu me ramener, s'il te plaît ?"
1 h 46.
Je suis perdue.
Ma tête tourne tellement que je n'arrive pas à retrouver la ressemblance avec la route de l'aller.
Ta main sur ma cuisse.
Je ris en la retirant doucement.
Ta main revenant sur ma cuisse.
Riant toujours, je la retire une nouvelle fois.
1 h 58.
La voiture s'arrête.
"Où sommes-nous ?"
Aucune réponse.
Il fait noir, il ne neige plus, il n'y a plus de musique.
J'ai froid.
"J'ai un peu la tête qui tourne."
Tu me tends une bouteille d'eau, que je m'empresse de boire pour que les effets de l'alcool se dissipent peu à peu.
Je me sens fatiguée.
Mes yeux se ferment doucement, je vais m'endormir paisiblement pendant qu'il me ramène chez moi.
...
10 h 42.
Une douleur que je ne comprends pas.
Je suis nue dans mon lit.
Je me lève pour aller sous la douche.
Cette douleur...
Je vois du sang sur les draps.
Je ne comprends pas.
Mes seins me font mal, mon vagin également.
Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
10 h 45.
Un SMS.
"Merci pour hier soir, coquine."
Non.
Ce n'est pas possible.
Ce n'était pas pour moi, il s'est trompé, ce n'était pas moi.
Oh.
Hier soir, la fin du travail, la voiture, la route, le bowling, les pizzas, les bières, le billard, les tequilas, la tête qui tourne, la voiture.
Voiture.
La route différente, la main sur ma cuisse, le rejet, la main sur ma cuisse, le refus, l'arrêt de la voiture, la tête qui tourne, la bouteille d'eau.
D'eau.
La fatigue.
Mon réveil ici.
Nue et dans mon lit.
11 h 02.
J'ai compris.
Je vais oublier.
Pitié, faites que j'oublie.
...
Il est 9 h 07.
C'est un matin de printemps, mais le vent est frais.
Le soleil est présent, mais j'ai si froid.
J'arrive à l'accueil, je tends le papier froissé que je tiens de ma main tremblante.
Elle me regarde, de haut en bas, et hausse les sourcils.
Mes yeux se remplissent de larmes.
Elle me dit d'attendre là, assise et de patienter jusqu'à ce qu'on m'appelle.
Il est 9 h 21.
"Mademoiselle, c'est à vous"
Je suis la femme qui est venue me chercher.
Elle ne prononce pas un mot.
Ce couloir est interminable.
Beaucoup de monde marche dans des directions opposées, je me perds à essayer de tous les observer.
J'ai l'impression qu'ils savent tous, pourquoi je suis ici.
On s'arrête enfin.
Elle me montre une pièce, puis une chaise face à un bureau où elle s'assoit.
Elle me pose des questions, banales, que j'entends à peine...
Nom, prénom, âge...
Puis...
"Vous êtes sûre ?"
"Oui."
"Connaissez-vous les risques ?"
"Oui."
"Très bien, allons y."
...
9 h 54.
C'est terminé.
Tu n'es plus là.
Ne m'en veux pas, je l'ai fait pour toi.
...
16
22
0
3
- Reviens quand tu seras guérie.
Me disent mes "amis"
- Nous sommes désolés, mais vous n'avez rien".
Me disent les "spécialistes"
Alors quoi ? C'est tout ?
Je suis condamnée à subir sans pouvoir guérir ?
Mais guérir de quoi ? Qu'est-ce que j'ai ?
C'est ma franchise qui vous pose problème ?
Mes sautes d'humeur, mon impulsivité ?
Je me sens rejeté.
Ils ont toujours de bonnes excuses, trop de travail, le chien est malade, la belle-mère vient dîner, pas le temps ... Pas l'envie ouais.
" Ma porte sera toujours ouverte, mais reviens quand tu seras guérie."
Me dit-elle en m'annonçant ses fiançailles sans me lancer d'invitation.
Une amie de moins me direz-vous, qu'est-ce ...
Et bien, c'est douloureux.
"Tu sais, les amis, ça va et ça vient. C'est compliqué tant que tu n'as pas changé."
Me dit-il pour justifier qu'il s'est marié le week-end dernier en me laissant l'apprendre grâce aux réseaux sociaux.
Un ami de moins, une fois de plus...
Alors je dois guérir, je dois changer...
Mais guérir de quoi ?
Changer comment ?
Personne n'a l'air de savoir ce que j'ai en moi, ce qui ne va pas, même pas moi.
Sont-ce ces messages qui me brisent le plus ?
Ou ceux des autres dans le déni...
" Enfin ! Tant que la santé va, tout va ! Toi, tu vas toujours bien, toujours ce sourire, je sais pas comment tu fais !"
Je ne sais pas non plus.
Mais je le fais.
Vous me conseillez quoi ? De leur parler ?
Pour leur dire quoi ?
"Pardon, je suis malade."
Vous ne m'entendrez jamais dire ces mots, ni même les écrire, si ce n'est ici.
Ils sont presque aussi douloureux que ceux des autres.
Et puis... Si le courage, si c'est ce mot qu'il faut employer, me venait pour leur dire, pouvez, vous m'assurer qu'ils comprendront ?
Mettez-vous à leur place.
Maladie inconnue de la majorité.
Personne n'en parle.
Ni médias, ni magazines, ni réseaux sociaux.
Sauf ceux concernés, comme toujours.
Et même en vous le disant à vous, comprendriez vous ?
Réflexe premier d'aller taper ce nom japonisant sur Internet, découvrir des dizaines de symptômes, qui ne sont que des symptômes écrits systématiquement sur presque chaque maladie.
Mais comment comprendre ce que je vis ?
Ce que je ressens vraiment ?
Moi, et les autres étant atteints.
Tout se passe en nous, rien n'est visible.
Tout est caché.
Sauf la souffrance.
Elle, elle est bien là.
La douleur dans le ventre, à la tête, au cœur...
Mais la pire est la psychologique.
Ne pas comprendre, ne pas être comprise.
Vouloir savoir, vouloir oublier, vouloir être présente, vouloir être absente.
Tout est mélangé.
Les bonnes et les mauvaises choses.
On confond les bonnes et les mauvaises personnes.
Les bons et les mauvais actes.
On se sent bien, puis mal.
Il suffit de trois fois rien,
Un mot, un geste que l'on interprète mal.
On ressent que le monde est contre nous,
On se sent seul.
Pourtant, on ne l'est pas,
On est nombreux à subir ça.
Chacun vit la maladie différemment,
Chacun a ses propres ressentis.
Mais nous serons tous d'accord pour vous dire,
Que nous n'avons pas choisi cette maladie.
Et s'il vous vient l'envie de nous fuir,
Je vous invite à lire et relire ce récit.
13
14
13
2
Tu es belle dans cette robe blanche.
Tu le sais, tu es devenue une femme, une mère, une adulte pleine d'envie et d'ambition.
Je te vois heureuse.
Tout le monde est là, ils te prennent en photo, certains te font rire, d'autres te font pleurer.
Il y a ta famille, tes amis, tes collègues...
Et moi ? Moi, je ne suis pas là.
Tu ne l'as sûrement même pas remarqué.
Ton sourire, ton rire, tes yeux pétillants d'amour, je ne les vois que sur les photos, sur les réseaux.
Les tables sont bien décorées, les robes toutes colorées et les danses surexcitées.
Je n'étais pas là pour en profiter.
T'es-tu seulement posé la question ? Sur la raison de mon absence en ce jour si important pour toi.
Te souviens-tu de nos promesses de lycéennes ? De nos espoirs d'accompagner l'une et l'autre peu importe où dans les bons et les mauvais choix ?
La vie m'a prouvé que tu as tout oublié de cela.
Tu m'as vu effondrée, déboussolée, paniquée... tu n'as pas bougé.
Je t'ai appelé à l'aide, je t'ai écrit des centaines de mots. j'ai tenté de t'expliquer..
Tu n'étais pas là, tu avais toujours mieux à faire, une autre personne à voir, une autre raison de me dire non.
J'allais sombrer, et tu le savais.
Je me suis relevée et tu réapparais.
Tu t'es marié aujourd'hui.
Et je ne suis pas présente.
Je pense que ce n'est plus ma place ici,
Car je ne veux plus que l'on se mente.
Nous ne sommes plus amies.
Tu m'as fait trop de mal pour cela.
Après tout ce que j'ai subi,
Je ne veux plus que l'on se voie.
Tu es belle dans cette robe blanche.
Et j'aurais aimé te serrer contre moi.
Je t'aurai dit que j'étais fière de toi.
Mais ça n'aurait eu aucun sens.
Tu m'as tellement déçue,
Et cela me fera toujours souffrir.
J'espère qu'un jour, tu t'en voudras,
De tes absences, de tes coups bas.
C'est ainsi donc que cela finit,
Notre amitié, après tant d'années.
Après avoir partagé un bout de ma vie,
Je te demande de tout arrêter.
Arrêtes de faire semblant, s'il te plaît.
Tu n'es plus celle qui me faisait rire,
Ton sourire n'est plus aussi vrai,
Ton cœur n'a fait que s'endurcir.
Laisse-moi partir loin de toi,
De tes mensonges, de ton hypocrisie
Laisse-moi te dire que cette fois,
Toi et moi, c'est bel et bien fini.
12
6
1
2