Tewfik Alimoussa
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Un jeune orphelin français décide de s'installer dans la ville de Chicago pour poursuivre ses études au sein de l'université réputée du nom de "Northwestern".
Ayant passé toute sa jeunesse dans un pensionnat, une toute nouvelle vie l'attend comprenant des valeurs qui lui ont cruellement manquées par le passé. Il se lie rapidement d'amitiés avec d'autres étudiants et découvre enfin le sens du mot liberté.
Mais tout n'est pas rose pour autant, il abrite un secret traumatisant au fond de son cœur. Malheureusement ces démons reprennent le dessus.
Il n'est pas le seul à posséder certaines habilités, ils sont cinq, liés par un passé commun.
La ville de Chicago sera le cadre de leurs affrontements épiques.
Le jeune orphelin tente de faire les bons choix dans sa vie, mais il est en perpétuel dualité entre le bien qu’il souhaite faire et les ténèbres qui coulent dans ses veines. Il ne sait pas combien de temps il pourra continuer à leur résister et s’il ne devrait pas plutôt y céder.
Ayant passé toute sa jeunesse dans un pensionnat, une toute nouvelle vie l'attend comprenant des valeurs qui lui ont cruellement manquées par le passé. Il se lie rapidement d'amitiés avec d'autres étudiants et découvre enfin le sens du mot liberté.
Mais tout n'est pas rose pour autant, il abrite un secret traumatisant au fond de son cœur. Malheureusement ces démons reprennent le dessus.
Il n'est pas le seul à posséder certaines habilités, ils sont cinq, liés par un passé commun.
La ville de Chicago sera le cadre de leurs affrontements épiques.
Le jeune orphelin tente de faire les bons choix dans sa vie, mais il est en perpétuel dualité entre le bien qu’il souhaite faire et les ténèbres qui coulent dans ses veines. Il ne sait pas combien de temps il pourra continuer à leur résister et s’il ne devrait pas plutôt y céder.
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La suite des aventures de Shawn et de ces camarades.
Une page vient de se tourner mais une nouvelle ne va pas tarder à s'ouvrir.
c'est l'heure de prendre son destin en main.
Plus aucun retour en arrière n'est possible.
Nos vies sont définies par la somme des choix que nous faisons.
Bons comme mauvais, l'avenir dira de quel coté de la balance Shawn se trouvera.
Une page vient de se tourner mais une nouvelle ne va pas tarder à s'ouvrir.
c'est l'heure de prendre son destin en main.
Plus aucun retour en arrière n'est possible.
Nos vies sont définies par la somme des choix que nous faisons.
Bons comme mauvais, l'avenir dira de quel coté de la balance Shawn se trouvera.
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Défi
Par une après-midi ensoleillée. Peter Hepburn est tranquillement assis sur la terrasse de son appartement, une cigarette aux lèvres. Il rêvasse tranquillement sur sa vie, un sentiment de bien-être l’envahi. Il vient d’avoir 37 ans et pour la première fois de sa vie, il se sent heureux. Que pourrait-il demander de plus : il vient de décrocher un contrat pour son nouveau roman, il est apprécié par nombreux de ses pairs. Et surtout il a rencontré une personne avec qui il a envie d’avancer.
Alors qu’avant de connaitre Patricia, sa vie était tellement morne. Toujours traversée par des hauts et des bas, comme le cycle d’une marée. Avançant et reculant sans cesse, sans jamais de stabilité. Il pensait ne jamais découvrir l’amour. Qu’il finirait sa vie dans un couvent, sans plus jamais connaitre l’ardeur d’un doux baiser. Mais Patricia a balayé tout ça. Elle lui a donné le courage de croire en lui. Et si aujourd’hui il est devenu un auteur de roman reconnu, c’est uniquement grâce à elle. Peter ne la remerciera jamais assez pour ça.
Il sort de ses rêveries en regardant sa montre. Il se redresse rapidement dans le transat en se rendant compte qu’il va finir par être en retard à l’inauguration. L’écrivain se dépêche d’aller prendre une douche et de s’habiller, ne tenant pas se faire remarquer en raison de son retard. C’est son éditeur qui l’a poussé à y aller. Peter n’y tenait pas vraiment, n’appréciant pas ces soirées mondaines. Où tout le monde est en train de faire de la lèche à son voisin, de se vendre le mieux possible. Peter n’a jamais su se vendre, ses anciens entretiens d’embauche peuvent le prouver.
La route pour se rendre au capitole, lieu où se déroule l’inauguration, est fluide. Il lui faut donc moins de trente minutes pour s’y rendre. Une fois à l’intérieur, il n’a même pas le temps de savourer une coupe de champagne. Son éditeur tient à le présenter à tout le gratin, n’arrêtant pas de lui dire que cela pourrait déboucher sur une perspective professionnelle intéressante. Peter serre des mains, sourit et rit poliment à certaines plaisanteries. Mais la vérité, c’est qu’il s’ennuie profondément. Il se dit qu’il reste encore ½ demie sur place et après il trouve une excuse pour mettre les voiles.
C’est à ce moment que tout s’apprête à changer dans la vie de Peter. Il tourne la tête sur la gauche, cherchant un serveur servant du champagne. Lorsque soudain, il la voit. Elle : la seule et l’unique. Dans sa tête, il entend résonner la symphonie du nouveau monde d’Antonin Dvorak. C’est comme si tout le monde était devenu invisible et qu’il ne reste plus qu’elle sur scène. Il apprendra plus tard qu’il s’agit de Chloé Marston, une journaliste de guerre.
Grande, le teint halé, brune, aux cheveux longs. Des yeux en forme d’amande de couleur vert, espiègle et possédant un sourire à damner un saint. Elle est rayonnante dans sa robe de soirée de couleur bleue claire. On peut apercevoir son joli décolleté en dentelle en dessous.
Pour la première fois de sa vie, Peter ne sait pas comment réagir. Il ne sait plus rien, sur rien. Il désire ardemment aller à sa rencontre mais il a peur. Peur de ne pas savoir quoi dire. Peur de gâcher ce moment pour toujours. Peur du rejet tout simplement.
Heureusement Olivier, son éditeur, est là pour l’aider. Grace à ce dernier, les présentations sont rapidement faites. Peter tente de cacher son émoi derrière un sourire de façade mais il a l’impression que Chloé voit à travers malgré tout. Elle ébauche un petit sourire complice au coin des lèvres.
- Enfin, je vous rencontre Mr Hepburn.
- Vous …me connaissez balbutie l’écrivain.
- J’ai dévoré votre dernier livre et votre éditeur m’a parlé de votre prochain projet.
- Ah oui, il a fait ça s’exprime Peter, commençant à se sentir mal à l’aise.
La vérité, c’est que la présence enivrante de la jeune femme ne le laisse pas indifférent. Il manque de tituber comme s’il était saoul. La journaliste ressemble trait pour trait à la femme qu’il a entraperçu dans ses rêves. Il a rêvé d’elle à plusieurs reprises, elle apparaissait pour lui apporter réconfort et amour avant de disparaitre. Tel un ange qui s’envole vers un ciel étoilé. Il jurerait que cet ange se trouve juste en face de lui.
- Je pense qu’avec vos recherches sur le sujet et mes contacts, on peut arriver à quelque chose d’intéressant.
- Vous avez toute mon attention, vous voyez ça comment ?
- Rejoignez-moi demain à 13h devant le restaurant « le Bellini ». Je m’occupe du reste.
Intrigué au plus haut point, il ne faut pas longtemps à l’écrivain pour accepter la proposition. La journalise s’excuse, étant attendue ailleurs. Mais avant qu’elle n’atteigne la sortie, Peter la rattrape et lui dit :
- Juste une chose.
- Je vous écoute.
- On se tutoie et ce n’est pas une requête lui répond Peter, un large sourire sur les lèvres.
La journaliste hoche la tête timidement en lui rendant son sourire avant de s’éclipser.
C’est ainsi que pendant près d’un mois, la journaliste et l’écrivain se retrouvent tous les deux jours. Le restaurant « Le Bellini » devient leur repère, leur deuxième maison. Ils discutent de tout, apprennent à se connaitre, à découvrir les nombreux points commun qu’ils partagent. Rapidement, ils deviennent des amis proches.
Au départ, ce n’est qu’un jeu pour l’écrivain. Son couple n’est pas en jeu, il aime sa fiancée et sa vie. Il ne va pas tout foutre en l’air à cause d’un coup de cœur passager. La personne a beau être très intéressante et très attirante, Peter ne va pas trahir la personne qui croit le plus en lui. La rationalité doit prendre le dessus sur les sentiments. Il est heureux actuellement. Alors pourquoi vouloir changer ?
Mais plus les jours passent et plus il se rend compte qu’il se ment à lui-même. Peter attend avec impatience les moments où il peut la retrouver. C’est comme si plus rien n’avait d’importance, il ne se sent vraiment vivant que lorsqu’il est près d’elle. Il ne s’imagine pas ne plus pouvoir la voir. Chloé est devenue sa boule d’oxygène, sa muse. L’écrivain ne peut s’empêcher de se demander : comment a-t-il fait pour vivre sans elle jusqu’à présent? Et surtout comment va-t-il pouvoir survivre après elle ?
Car il n’a aucun doute à ce sujet, il n’a pas la moindre chance de lui ravir son cœur. Chloé est dans une ligue bien au-dessus de la sienne. Il ne peut pas s’empêcher d’imaginer la vie qu’il pourrait avoir à ses côtés. Peter a beaucoup d’imagination. Mais cela doit s’arrêter, c’est lui qui souffre et personne d’autre. Le mieux pour lui, c’est de fermer cette porte pour toujours et d’arrêter de vouloir toujours détruire sa vie.
Peter n’a pas son pareil pour démolir ce qu’il a de plus beau. Cela est déjà arrivé par le passé, il avait tout pour être heureux et il a tout détruit. Il doit arrêter de vivre avec ces illusions.
Il essaye d’effacer ses sentiments pendant qu’il entre dans le restaurant habituel. Il doit la retrouver autour d’un verre pour discuter d’un rdv avec un réfugié politique. Il ne peut s’empêcher de grimacer en pénétrant à l’intérieur, le nez attaqué par certaines senteurs. Le propriétaire a l’habitude de brûler de l’encens, mais l’odeur qu’il utilise aujourd’hui, ressemble plus à l’odeur de la poudre à canon.
Chloé est déjà arrivée, assise à leur table habituelle. Peter ralentit son allure, voulant savourer ce doux moment. Chloé est plus belle que jamais, vêtue simplement d’un jean et d’un t-shirt noir. Mais il se dégage d’elle quelque chose de fort. Quelque chose qu’aurait dû mal à décrire le jeune écrivain. Mais qui l’envoute complètement, il est enivré.
Arrivé à sa hauteur, il s’assoit en face d’elle, heureux de la retrouver. Elle boit son habituel chai latte tandis qu’une bière repose devant Peter. Elle a eu la gentillesse de commander pour lui. Peter sent une chaleur agréable l’envahir même s’il sait qu’il joue avec le feu.
Chloé lève les yeux et le fixe longuement avant de prononcer les mots qui vont résonner très longtemps dans la tête de Peter.
- Veux-tu partir au Congo avec moi ?
Un long silence se fait entendre. L’écrivain ne sait quoi dire, pris de court. Même dans ses rêves les plus fous, il n’avait jamais imaginé un tel retournement de situation. C’est comme si tout son monde s’effondrait. Il a perdu toute notion de temps.
- Excuses moi ? demande Peter, n’étant pas sûr d’avoir bien entendu.
- Alors qu’est-ce que tu en penses ?
- Mais… pourquoi ?
- Je ne pense pas me tromper en disant que le mois que l’on vient de passer ensemble a été tout simplement incroyable. Je sais que j’ai des sentiments pour toi et que toi aussi. Je sais que tu es en couple et que normalement je ne devrai rien tenter. Mais je ne peux pas taire mes sentiments. Je sais que je le regretterai toute ma vie si je le faisais.
- Je ne sais pas quoi te dire balbutie Peter, perdu.
- Je ne cherche pas à te compliquer la vie mais j’ai envie de vivre cette aventure avec toi. D’avoir un vrai partenaire dit-elle en insistant bien sur le dernier mot.
- J’ai toujours voulu partir à l’aventure songe Peter, perdu dans ses pensées.
- Tu as mon numéro. Tu sais où me trouver. Prends ton temps. Je ne veux pas te brusquer. Tu es quelqu’un de bien. Tu mérites le meilleur. On ne rencontre pas deux fois une personne comme toi. C’est pourquoi je te prie d’excuser ma méthode quelque peu cavalière.
Chloé finit sa tasse d’une dernière gorgée, avant d’ébaucher un petit sourire crispé. Elle ne sent pas bien, ayant l’impression de torturer un homme. Comment ose-t-elle tout chambouler dans la vie rangée d’un futur écrivain célèbre ? Mais comme, on lui a déjà dit par le passé, il faut parfois savoir penser à soi. Peter est la première personne qui lui donne envie d’y croire. De croire que l’amour peut exister et qu’il vaut la peine de se battre. Mais pourquoi les choses ne sont jamais simples ? Ce serait trop demandé se dit la jeune femme. Elle sait que les prochains jours vont être une véritable torture. Il n’existe rien de pire que d’être dans l’attente. Ne pas savoir de quoi son destin sera fait. C’est tellement frustrant.
Appartement de Peter, le soir même. Ce dernier est allongé dans son lit, Patricia est lovée contre lui. Mais à la différence de la jeune femme, l’écrivain n’arrive pas à trouver le sommeil. Trop torturé par ses propres pensées. Il aimerait pouvoir sortir du lit et fumer une cigarette en regardant la pleine lune, mais le corps de Patricia l’empêche de bouger. Peter est à la fois emprisonné dans son corps mais également dans son esprit.
Comment aurait-il pu penser que Chloé lui fasse une telle proposition. Il tente depuis de peser le pour et le contre. Mais, il se sent toujours profondément perdu. Il a toujours voulu voyagé, faire le tour du monde mais la vie active l’a rattrapé. Partir au Congo avec la femme de ses rêves a tout d’un conte de fée. Il pourra passer ses journées avec elle et se documenter sur le terrain pour son prochain livre. Tout semble parfait. A un seul détail près… Patricia.
Il ne peut pas l’abandonner, il a des sentiments forts pour elle. Ils ont vécu tellement d’épreuves ensemble qui les ont soudées à jamais. Elle a toujours cru en lui, elle l’a toujours poussé en avant. Elle s’est sacrifiée pour sa carrière à lui.
Elle était avec lui quand il était en bas et maintenant qu’il est en haut, il va la quitter ! Cela ferait de lui le pire des salauds. Elle ne mérite pas un tel sort.
Peter ne peut s’empêcher de sourire dans sa barbe. Un triangle amoureux, cela fait très film romantique de seconde zone. Plus cliché, tu meurs ! Qui sait un jour, il écrira peut être un roman sur cette histoire.
Mais ce qui l’intéresse, c’est comment elle va se terminer !
Car il a beau avoir de bonnes intuitions, son cœur n’en est pas moins partagé. Il sait que s’il laisse partir Chloé, il ne sera plus jamais le même. Elle lui enlèvera une partie de son âme. La plus belle. Et il n’est pas sûr que la vie, sans cette partie de lui, vaille la peine d’être vécue. Chloé représente tout ce qu’il a toujours voulu. Elle est la réponse à ses prières. Pour une fois, on lui a répondu…même si c’est avec un certain retard.
Peut-il se permettre de renoncer à tout afin de respecter une certaine règle de l’honneur. Ou doit-il envoyer tout balader et vivre pleinement sa vie avec celle qui le complète. Tant pis si personne ne comprendra son geste, il doit être sincère avec lui. Il doit arrêter de se mentir. Le destin a décidé de lui mettre cette personne sur son chemin. Elle lui a montré qu’il existait plusieurs routes pour lui. A lui de franchir la frontière du chemin qu’il souhaite emprunter.
Lendemain midi, restaurant « le Bellini ». Peter fume cigarette sur cigarette, assis sur la terrasse du restaurant. Il en est déjà à sa cinquième. C’est plus par reflexe qu’il les allume les unes après les autres. Il est songeur lorsque Chloé vient à sa rencontre, s’asseyant sans bruit à ses côtés. Elle tente de paraitre naturelle, de ne rien montrer du trouble qui l’anime. C’est une femme courageuse se dit l’écrivain. Peter lui a envoyé un message pour lui demander de le rejoindre au restaurant, sans rien préciser d’autre.
A peine est-elle assise qu’un serveur se présente avec une tasse de thé. Elle sourit devant la délicate attention de son camarade. Ce dernier avait mandaté un serveur de guetter son arrivée pour la servir.
- Bien joué ! s’exclame t’elle en applaudissant légèrement.
- Eh ! On est gentleman ou on ne l’est pas.
- Je sais que ce n’est pas un moment facile mais ça me fait plaisir de te voir.
- Moi aussi.
Un silence s’installe, chacun concentré à éviter le regard de l’autre. De peur d’y lire quelque chose qui les chagrinerait. N’en pouvant plus, Chloé ne peut s’empêcher de lui demander :
- Alors ? Est-ce que c’est un peu plus clair pour toi maintenant ?
Peter hoche la tête silencieusement, le visage grave. Il pousse un long soupir avant de dire :
- Je viens de me rendre compte que quelque chose ne va pas.
- Quoi ?
- En préparant mon sac, je me suis rendu compte que j’ai oublié ma brosse à dents dit-il en sortant un sac de voyage de sous la table.
Chloé déglutie avec peine, les yeux grands ouverts, n’en revenant pas. Peter ne peut se retenir plus longtemps et ébauche un large sourire. Le plus rayonnant jamais dessiné sur son visage. Avant de se pencher et de l’embrasser d’un long baiser passionné.
- Alors, on part quand ? demande-t-il avant de mettre un chapeau borsalino sur sa tête.
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Défi
Marcus Garnier a toujours été un jeune homme sans histoire. Il mène une existence tranquille, loin de toute agitation. Du haut de ses 25 ans, il sourit tant bien que mal à la vie.
Fan de cinéma, il adore regarder des films d’aventure et s’imaginer un destin hors du commun. Mais sans s’en rendre compte, il s’est enfermé dans une bulle. N’en sortant qu’en de rares occasions. Il espère toujours, qu’un jour sa vie prendra un autre tournant.
Un soir, il rejoint ses deux meilleurs amis dans une galerie d’art. Ce n’est pas vraiment son monde et le nouvel arrivant ne s’y sent pas à sa place. Mais il a promis de faire un effort pour Samuel, il ne peut pas le laisser tomber.
Le trio est né durant leurs années en maternelle. Ils ont toujours été inséparables depuis cette époque. Les trois mousquetaires, c’était leur surnom. Marcus qui a toujours été le plus sage est un parfait Athos. Samuel, l’artiste romantique ressemble à Aramis. Et Gabriel, est le plus volubile des trois, mais il n’aime pas qu’on le compare à Porthos. Mais le surnom lui est resté malgré tout.
A l’intérieur de la galerie, Marcus rejoint ses camarades au centre de la pièce. Ensemble, ils passent un joyeux moment. Prenant plaisir à se moquer gentiment des œuvres présentées, tout en s’enivrant gratuitement. Marcus remarque que plusieurs personnes l’observent avec insistance. Il n’y fait pas attention, ne voulant pas laisser sa paranoïa prendre le dessus. Il est juste là pour passer une agréable soirée en bonne compagnie. Si des personnes ont un souci avec lui, ils peuvent toujours venir le lui dire. Marcus les accueillera avec plaisir. Il n’est pas contre une petite bagarre de temps en temps.
Soudain, une femme dans la trentaine s’arrête devant lui, son téléphone portable à la main. Elle semble surexcitée, un large sourire tremblant sur les lèvres. Elle fixe avec de gros yeux Marcus, lui donnant l’impression qu’elle va lui sauter dessus. Ce qui serait loin de lui déplaire.
- Excusez-moi, vous êtes bien… ? demande-t’elle, n’arrivant pas à finir sa phrase.
- Je suis bien…continue Marcus, ne voyant pas où cette mystérieuse femme veut en venir.
- Je n’arrive pas à croire que vous êtes là devant moi. C’est le plus beau jour de ma vie.
- Euh…ajoute Marcus, quelque peu dépassé.
- Je peux vous prendre en photo ?
Marcus se tourne vers Samuel et Gabriel qui regardent la scène, tout en se retenant avec difficultés d’éclater de rire. Ils ne comptent pas l’aider à se sortir de ce quiproquo. C’est beaucoup plus amusant de le regarder se démener tout seul. Il leur jette un regard noir, les remerciant de leur soutien. C’est beau l’amitié !
- Euh ! Ecoutez, je suis désolé mais il y’a erreur. Vous me confondez avec quelqu’un d’autre.
- Vous n’êtes pas l’acteur Sean Williams.
- Eh non, désolé moi c’est Marcus annonce t’il en grimaçant, quelque peu mal à l’aise.
L’intruse se mortifie sur place, se sentant tout d’un coup très honteuse. Elle se multiplie en excuse avant de s’empresser de prendre congé. En jetant un regard autour de lui, Marcus comprend que la femme n’était pas la seule à penser qu’il était ce dénommé Sean Williams. Il n’a aucune idée de qui il peut bien s’agir. Il se promet de regarder ce soir sur « Google ». Le jeune homme hausse les épaules, n’y pensant plus, trop intéressé par le buffet dinatoire.
Gabriel et Samuel passent le reste de la soirée à se moquer de lui. Encore un dossier de plus à rajouter à la longue liste que ses amis d’enfance a sur lui. Il va en entendre parler pendant longtemps, ça c’est sûr.
Lendemain soir. Marcus est tranquillement installé dans son salon, jouant en ligne à la PlayStation 5. Il porte un casque audio et échangent à distance avec Samuel et Gabriel. Ils ont découvert un jeu d’héroic fantasy et depuis plus d’un mois, ils y jouent, voulant le finir à 100%. Ils se sont promis de découvrir tous les secrets que le jeu recèle. Ils ont formé un clan de trois : un archer, un troll et un magicien. Athos, Porthos et Aramis. Ils sont bien placés dans le classement du jeu.
Ils discutent de stratégie, tout en sortant toutes les bêtises qui leur viennent à l’esprit.
Gabriel est le premier à reparler de la soirée de la veille.
- Alors ? Tu as regardé qui c’était ce mec ?
- Ouais. Une star du cinéma. Pourtant, je n’ai vu aucun de ses films. Il fait plutôt des films indépendants. J’en ai regardé un ce matin et j’avoue qu’on se ressemble comme deux gouttes d’eau.
- C’est dingue quand même. Tu as un sosie et c’est une star de cinéma. T’es vraiment chanceux, mec dit Samuel
- Ce n’est pas comme si ça allait changer ma vie. Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ?
- J’ai peut-être un plan annonce Gabriel, d’une voix guillerette.
Marcus grimace derrière son casque, sachant d’expérience que ce n’est jamais bon signe lorsque Gabriel a une idée. Il se demande quel plan foireux son meilleur ami a encore fomenté.
Il ne faut pas plus de quinze minutes pour que Gabriel arrive à les convaincre que son plan est parfait. Il les persuade qu’il va leur faire vivre une aventure, qu’ils ne sont pas prêts d’oublier.
Une semaine plus tard. Les trois amis atterrissent à Los Angeles, où se tient un festival de films d’action. Ils savent qu’ils n’ont pas beaucoup de temps devant eux, mais ils ne peuvent pas s’empêcher de jouer les touristes. Ils passent la journée suivante à s’amuser, tout en visitant les plus beaux endroits de la ville. Immortalisant ces souvenirs dans leurs mémoires.
Marcus doit avouer tout en remontant Hollywood boulevard qu’il ne s’était pas amusé comme cela depuis longtemps. Dernièrement, il a dû mettre les bouchés doubles pour finir son mémoire. Il n’a pas vraiment eu le temps de s’amuser, ni de passer du bon temps. Il lui faut rattraper le temps perdu.
Après avoir diné dans un super restaurant, les trois amis se retrouvent dans la chambre d’hôtel de Gabriel. C’est la veille du grand soir. Ils sont assis chacun d’un côté du lit et discutent de la marche à suivre. Pour toutes personnes extérieures, ils ressembleraient à des criminels, préparant leur prochain casse.
Demain, une grande soirée sera donnée pour ouvrir les festivités. C’est uniquement le gratin du gratin qui y aura accès. Une soirée immanquable. Des personnes seraient prêtes à vendre leurs reins pour obtenir une invitation.
Les trois amis comptent bien faire partie des invités. Pour cela, ils loueront une limousine et Marcus se présentera comme étant Sean Williams, accompagné de ses deux agents. Ils seront obligés de le laisser rentrer même s’il ne figure pas sur la liste. Ils voudront par-dessus tout éviter un incident diplomatique. Il s’agit d’une star mondialement connu, pour qui toutes les portes sont ouvertes.
Mission accomplie !
Ils passeront la soirée à faire la fête sous le son des meilleurs DJs du monde, à boire et à manger à l’œil. Ils pourront draguer tout ce qui se présente à leurs yeux. Ils ont conclu un pacte. Hors de question de retourner à l’hôtel sans une femme à son bras. C’est censé être un voyage dont ils se rappelleront toutes leurs vies. Multiplier les expériences sexuelles est tout en haut de la liste des choses à faire.
Les trois amis voient ensemble les derniers points, avant de se quitter pour une bonne nuit de sommeil.
Marcus a beaucoup de mal à s’endormir. Il est trop excité pour trouver le sommeil. Une soirée mémorable lui tend les bras et pourtant, il a peur. Si ça se passe mal, il risque gros. Falsification d’identité, ça peut coûter cher. Il se demande si le risque en vaut la chandelle. Le jeune homme n’a aucune envie de passer les dix prochaines années de sa vie en prison. Il a d’autres aspirations.
Mais l’idée d’être célèbre, ne serait-ce qu’une soirée le fait saliver. Toutes les femmes rêveront de lui parler. Il peut bien en profiter un soir. Il ne fait pas de mal au vrai Sean Williams. Il ne fait que lui emprunter son bonheur, l’espace de quelques heures. Gabriel s’est assuré que le véritable Sean Williams ne serait pas de la partie. L’acteur est coincé à l’autre bout de la planète sur un tournage.
C’est une véritable aventure qu’il s’apprête à vivre. Le genre dont on se rappelle longtemps. Il s’endort, un large sourire aux lèvres. Prêt à vivre son heure de gloire.
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Défi
Je me suis posé un nombre incalculable de fois la question de savoir ce qui était le pire. Avoir des remords ou avoir des regrets. Eh bien, encore aujourd’hui je n’ai pas la réponse à cette interrogation…
Je suis pourtant encore jeune mais j’ai de nombreux regrets dans ma vie. Chaque action que l’on fait entraine une réaction et malheureusement elle n’est pas toujours positive.
Mon regret le plus douloureux est sans doute un évènement que j’ai vécu juste avant mes trente ans. J’ai dû mal à en parler alors le fait de l’écrire sera une certaine forme de thérapie. Je ne sais pas pourquoi je souhaite la partager mais je pense que c’est la bonne solution. L’avenir le dira…
Après des années à baver devant des films romantiques et à espérer un jour connaitre une belle histoire. J’ai enfin rencontré une femme dont je suis tombé éperdument amoureux. Alors que j’ai l’habitude des rencontres sans grand intérêt que l’on peut faire sur internet, elle est arrivée dans ma vie comme par magie. C’est elle qui m’a trouvé et elle correspondait à tout ce que j’avais toujours recherché. J’étais aux anges, j’étais enfin sur mon petit nuage et je ne voulais plus en descendre.
Je faisais semblant de ne pas voir les signes qui pourtant étaient là, pour me mettre en garde. Mais j’avais trop besoin, trop envie d’y croire. Je me suis attaché à elle car je pensais qu’elle était la réponse que j’avais toujours attendu. Et qu’enfin c’était mon jour de chance et que j’avais le droit au bonheur comme tout le monde. Que cette personne allait me sortir de mes ténèbres et m’emmener vers la lumière.
Je me suis toujours senti rabaissé en raison de ma couleur de peau, elle a souvent été un frein pour beaucoup de gens que j’ai pu croiser. On m’a même dit plus d’une fois que j’aurai pu intéresser la personne mais qu’elle avait peur de ce que les gens diraient si elle sortait avec un noir.
Et pour une fois, je pouvais enfin connaitre le bonheur, je m’en fichais qu’elle n’était pas souvent libre. Qu’elle était en instante de divorce ou qu’elle avait déjà une fille de trois ans. Je l’aimais et c’est tout ce qui comptais pour moi.
Et soudain, elle m’annonce une nouvelle incroyable, elle est enceinte. Waouh, je vais devenir Papa ! Incroyable, j’allais avoir un enfant avec la personne que j’aimais le plus au monde. Un enfant né d’un amour profond, que demander de plus. J’étais aux anges.
Et là, je suis très vite redescendu de mon nuage lorsqu’elle m’annonce qu’elle veut se faire avorter. Et là c’est la fin du monde pour moi. Je me sens rejeté du plus profond de mon être. Elle ne veut pas un enfant de moi car je n’en vaux pas la peine, que je ne le mérite pas. Mais j’ai essayé de garder tout ça au fond de moi car je veux me montrer présent pour elle. Il s’agit de son corps, qui suis-je pour lui dicter quoi faire ! Alors que tout mon être n’a qu’une envie, c’est de lui hurler de ne pas le faire mais non je ne dis rien et je garde ma tristesse pour moi.
C’est jusqu’à aujourd’hui le plus grand regret de ma vie. C’est d’avoir l’impression de ne pas avoir été là pour sauver mon bébé. De ne pas avoir plus discuté avec cette femme pour qu’elle réfléchisse à cette décision. Je me suis senti lâche, pas assez courageux pour taper sur la table et dire que j’avais aussi mon mot à dire.
Je ne lui en veux pas, je sais qu’elle avait beaucoup de soucis entre son divorce et sa petite fille mais j’aurai juste voulu compter pour elle. Encore une fois, j’ai eu l’impression de ne pas exister, d’être invisible. Que les gens ne voient pas ma vraie valeur.
Pendant plusieurs années, je me disais « Ah tiens, l’enfant aurait eu un an », je me demandais ce que ma vie serait devenue si on l’avait gardé.
J’ai fait une longue dépression après tout ça, un sentiment de culpabilité énorme enserrait mon cœur. C’est surtout le sentiment de l’avoir abandonné qui était le plus dur.
Un jour ma mère m’a emmené voir une amie à elle, une télépathe qu’elle avait déjà consulté. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Ma mère aime depuis longtemps l’occulte avec les cartes de tarot et compagnie. Du coup j’ai toujours baigné dedans depuis mon plus jeune âge. Je ne sais pas si j’y crois vraiment à 100% mais je sais qu’on ne peut pas toujours tout expliquer de façon rationnelle dans la vie.
Cette télépathe a ressenti la présence de l’enfant en question, elle m’a dit que c’était un garçon et que je devais lui donner un prénom. D'où le titre! Elle le voyait dans un halo de lumière, qu’il me remerciait pour l’amour que je lui voue. Mais que s’il n’est pas venu sur terre, c’était pour une bonne raison et qu’il était temps pour moi d’avancer. Son esprit m’a serré dans les bras et vous me croirez ou pas mais à ce moment j’ai ressenti une chaleur et un bien être envahir mon corps.
Il m’a dit qu’il m’aimait et qu’il était temps pour lui de disparaitre, avant de pénétrer dans le halo de lumière.
J’ai retrouvé le sourire en me disant qu’il a su que je l’avais aimé et qu’il ne m’en voulait pas s’il n’était pas venu sur terre. Que c’était son choix aussi.
Je suis libéré de ce sentiment de culpabilité et je peux à nouveau me regarder dans une glace. Et ça, c’est grâce à lui. Mon fils m’a offert un cadeau inestimable, il m’a permis de me pardonner moi-même.
J’espère un jour connaitre la joie de la paternité mais en attendant ce jour, je continue à avancer dans ma vie en tentant de ne pas regretter mes choix.
Et surtout cette histoire m’a fait comprendre que la seule personne qui peut me sortir de mes ténèbres, c’est moi et personne d’autre. J’essaye d’être le plus positif possible et d’y croire, tout simplement.
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Les yeux dans le vague, j’ai l’impression d’être déconnecté de tout ce qui m’entoure. La seule chose que je ressens, c’est le vent qui fouette mon visage. J’ai envie d’hurler au monde entier toute ma colère, de pleurer toutes les larmes de mon corps mais pourtant je me sens vide, tout simplement vide.
Je sors de ma léthargie en regardant autour de moi, je me trouve en haut d’une falaise, tout près du bord. Je peux entendre le bruit de la mer agité qui s’abat contre la roche.
J’ai perdu le fils du temps : Depuis combien d’heures est ce que je suis là ? Depuis combien de temps ma vie n’a plus aucun sens ? Depuis combien de temps est ce que je me sens perdu et seul ? Depuis combien de temps le monde est devenu fou ? Toutes ces questions existentielles, je pourrai me les poser encore et encore mais au final, je n’aurai jamais aucune réponse.
Cela fait tellement longtemps que je me sens invisible dans ce monde, dans cette société. Je ne me retrouve nulle part. j’ai beau avoir voyagé à travers le monde. Je pensais que je découvrirai peut-être un endroit où je me sentirai chez moi. Où les gens seraient moins fous mais au final c’est la même « merde » partout. Alors à quoi bon continuez à croire en un jour meilleur ! Croire qu’il reste de l’espoir. L’espoir, je déteste tellement ce mot. Je ne peux m’empêcher de sourire sur un ton moqueur.
On dit souvent que l’espoir nous permet d’avancer, de croire en soi, en ses rêves mais pour moi l’espoir ce n’est rien d’autre qu’un mirage. Il n’y a rien de pire que d’avoir de l’espoir car ce monde n’est pas doux avec les rêveurs et les personnes sensibles, on finit par se faire écraser par la machine que représente la société.
Je baisse les yeux vers l’objet qui m’a poussé à venir me perdre dans cette campagne bretonne. Pour n’importe qui il s’agirait d’un rubicube tout ce qu’il y’a de plus normal avec des couleurs chatoyantes. Mais la vérité est toute autre.
Alors qu’un soir, je noyais mon chagrin dans l’alcool en pestant contre ce monde, j’ai fais la connaissance d’une personne qui a changé ma vie. Nous avons disserté pendant des heures sur le monde, sur ce que nous voudrions faire si nous pouvions le changer, ce qu’il y’aurait à sauver. Au final, nous avons conclu que la meilleure solution serait de tout détruire. Il m’a dit que si j’arrivais à solutionner le rubicube, je n’aurai qu’à appuyer sur une des touches pour que le monde explose.
J’ai bien sûr cru à une mauvaise farce, mais l’individu m’a prouvé qu’il n’était pas humain. Je lui ai demandé pourquoi moi ? il ne m’a jamais répondu, se contentant d’un sourire bienveillant avant de disparaitre. Est-ce que c’était un ange, un magicien, une camera cachée, je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est que j’ai solutionné ce rubicube et que maintenant je me trouve en haut d’une falaise, prêt à aller au bout de mon destin.
Je ferme les yeux, prends une bonne inspiration et je m’apprête à appuyer sur le bouton.
Lorsque j’entends une voix féminine derrière moi. Une voix que je n’ai pas entendue depuis des années mais que je reconnaitrai entre mille, la seule femme que j’ai aimée plus que tout. Mais c’est tout simplement impossible car elle est morte depuis 3 ans suite à une longue maladie.
J’ouvre les yeux et je me tourne lentement pour la découvrir à mes côtés. Je déglutie avec peine, restant sans voix, les yeux écarquillés sous la surprise.
Elle n’a pas changé, toujours aussi belle et aussi jeune. Mais sa présence semble irréel, elle ne se déplace pas avec ses jambes mais flotte dans l’air. Son teint est presque transparent. Le fantôme de ma défunte compagne est venu me rendre visite avant que je rende mon dernier souffle.
- Tu veux vraiment aller jusqu’au bout ? tu veux vraiment tout détruire ?
- A quoi bon continuer à faire semblant, le monde est devenu fou.
- Ça c’est ta vision des choses.
- Soyons honnête, les gens détruisent tout ce qui les entoure. Les gens ne pensent qu’à eux, sont prêt à tout, juste pour leur petit confort ou pour leur égo. Même si ce n’est pas moi qui le détruit, le monde n’en a plus pour longtemps. Regardes comment ils traitent l’environnement. Il n’y a rien de bon dans l’Homme. J’ai voulu y croire mais ça suffit !
- Tu es juste profondément seul. Je sais que ma mort a été un coup dur mais tu dois rebondir.
- Rebondir ? mais rebondir vers quoi ? j’ai essayé, j’ai vraiment essayé ! Mais je suis fatigué, fatigué de croire qu’il y’aura des lendemains meilleurs.
- Alors c’est donc ça ta solution ? tout détruire.
- J’en ai le pouvoir. J’ai enfin le pouvoir de faire quelque chose d’utile, de changer la donne. J’ai toujours cru que je n’existais pas, que ma vie ne valait rien mais là, aujourd’hui j’ai enfin du pouvoir.
- Et alors ! Est-ce que ça te rend plus heureux ?
- Je ne le fais pas pour me sentir heureux mais pour faire quelque chose d’utile. En détruisant ce monde, je permettrai à ce qu’un jour un nouveau puisse apparaitre et j’espère, j’espère du fond du cœur que les prochains être vivants quels qu’ils soient fassent des meilleurs choix et que les gens puissent vivre dans l’amour et dans la paix. C’est tout ce que je souhaite.
Je me sens tellement fatigué d’essayer de convaincre un fantôme de l’utilité de mon geste, que je finis par me retrouver à genou, les larmes aux yeux. Je tremble de tout mon corps, je me sens tendu comme jamais. Le fantôme de ma défunte amie s’assoit à mes cotés et caresse d’une main spectrale mes cheveux.
- Quel que soit ta décision, je serai avec toi jusqu’au bout.
- Merci.
Je prends une bonne inspiration et j’essaye de penser à tout ce qui est bon dans ce monde, ce qu’il vaut qu’on se batte pour. Je sais qu’il existe des gens bien, des personnes qui tentent de faire la différence, qui veulent changer le monde mais le problème c’est qu’ils n’y arriveront jamais car les puissants de ce monde ne voudront pas perdre leurs avantages. Et le résultat sera toujours le même. C’est pourquoi je pense vraiment qu’il faut tout détruire pour qu’on puisse appuyer sur le bouton reset et qu’on reparte de zéro. C’est la seule solution.
- Je t’aime !
- Je sais
Je retiens ma respiration en posant un doigt tremblant sur une des touches. Maintenant que je suis arrivé au moment de vérité, je commence à paniquer. Elle a raison. Qui suis-je pour décider du sort de l’humanité ? Est-ce que j’ai vraiment le droit de condamner tous les êtres vivants uniquement parce que ma vie est pourrie et que je suis un incompris ? Pourquoi moi ? pourquoi m’a-t-on donné ce choix ? Il doit y avoir une raison qui me dépasse. Je me demande ce qui me manquerait le plus dans ce monde. Je n’ai pas besoin de réfléchir longtemps pour connaitre la réponse. Il s’agit bien sûr des rires d’enfants. Les enfants sont des innocents avant que le monde ne les façonne malheureusement à son image. Par le passé, quand je me disais qu’il n’y avait rien à sauver dans ce bas monde, j’entendais des rires d’enfant et je me disais que finalement. Il y’a tout de même des choses pour lesquels se battre. Est-ce que je suis vraiment prêt à tout détruire ! A plonger le monde dans une obscurité éternelle.
Au fond, je connais déjà la réponse…
Je pèse une dernière fois le pour et le contre, avant de prendre le rubicube à pleine main et de le jeter au loin. Je le regarde virevolter dans les airs avant de perdre de l’altitude et de se faire engloutir par les vagues violentes. Je ferme les yeux et j’essaye de calmer les battements rapides de mon cœur. Est-ce que j’ai fais le bon choix ?
Je me tourne vers le fantôme de mon amie mais elle a disparu, me laissant seul à nouveau avec mes propres interrogations. Le monde mérite-il une nouvelle chance ? Mais surtout, est ce que moi je mérite une deuxième chance ? Est-ce que je ne devrai pas me suicider en sautant de cette falaise. En finir une bonne fois pour toute. Est-ce que j’ai ma place dans ce monde ?
Perdu dans mes pensées, je lève la tête et je vois un magnifique arc en ciel. Je ne peux m’empêcher de sourire, un sentiment de bien être m’envahi. Je me rappelle une phrase que me disait souvent mon amie lorsqu’elle était encore en vie :
- Après la pluie, on a toujours le droit à un magnifique arc en ciel.
Elle me disait ça pour me faire comprendre qu’il y’a toujours de la lumière, même dans le tunnel le plus sombre. C’est comme si son fantôme me faisait un dernier signe avant de disparaitre.
Je ne sais pas de quoi demain sera fait, je ne sais pas ce que le monde nous réserve. Mais ce dont je suis sûr, c’est qu’en refusant de le détruire, j’ai offert un « reset » au monde même s’il n’en a pas conscience. Et comme on dit souvent, si on veut que le monde change, il faut faire soi même le premier pas. C’est ce que j’ai fais ! Alors, c’est à vous, les gens de faire ne serait ce qu’une bonne action envers autrui. Car si vous faites une bonne action, d’autres personnes le feront et ce qui aura commencé comme quelque chose d’anodin deviendra une chaine qui n’aura jamais de fin. Et ainsi, le monde renaitra et il ne sera plus nécessaire d’avoir un destructeur.
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Lamarque Pontacq est une petite ville située dans le sud de la France. Dans les hautes Pyrénées pour être précis. Elle compte moins de 1000 habitants, on y trouve le minimum en termes d’infrastructures.
Pour tout ce qui concerne l’alimentaire, il faut se rendre dans la ville voisine qui compte près de 3000 habitants du nom de Pontacq. Mais même là, il s’agit uniquement du minimum. Une fois par semaine, un petit marché pose ses étales dans le centre-ville, face à la mairie.
Lamarque Pontacq est une commune sans histoire. Le dernier acte notable serait le passage l’été dernier du tour de France. Toute la ville était en effervescence pour l’évènement.
L’école élémentaire porte le nom d’un célèbre peintre français de l’époque impressionniste. Il s’agit d’Edgar Degas. C’est dans cet établissement que le jeune Thomas Galvier est scolarisé depuis le début de l’année. Samedi est un jour très important pour lui. C’est le jour qu’il attend avec impatience depuis si longtemps. Ce weekend, il va avoir 11 ans. Il a trop hâte de découvrir ce que son père a pu dénicher comme cadeau. Pour chacun de ses anniversaires, son père a toujours eu des idées incroyables. Thomas est sûr que cette année, ce sera une nouvelle fois le cas.
Centre-ville de Pau. Tout près du parc Beaumont, se trouve une boutique de farces et attrapes. Elle appartient à deux frères parisiens qui ont voulu ouvrir un commerce en province. Elle n’est pas ouverte depuis longtemps. Il n’y a donc pas foule lorsque Mr Guillaume Galvier entre à l’intérieur. Il les a contactés la veille pour un produit en particulier. C’est un collègue de bureau qui lui a parlé de cet endroit. Maintenant qu’il se trouve à l’intérieur, il doit avouer que la boutique ressemble à une caverne de sorcier. Avec de nombreux produits extravagants disposés un peu partout. Il aimerait prendre le temps de tout regarder mais il est assez pressé.
Dix minutes plus tard, il ressort du magasin avec deux sacs entre les bras. Il s’empresse de retourner à sa voiture et de les cacher sous une bâche dans son coffre. Il ne faut surtout pas que son fils découvre son cadeau en avance. Guillaume ne peut s’empêcher de sourire, fier de sa trouvaille. Il est sûr que son fils va apprécier, qu’il ne s’y attendra pas du tout. Encore une fois, on lui remettra la médaille du père de l’année !
Le soir même, chambre de Thomas. Ce dernier est blotti sous ses couvertures, faisant semblant de dormir. Il utilise la tablette informatique que lui ont remise ses grands-parents à noël. Il n’a normalement le droit de s’en servir qu’une heure avant le diner en semaine et un peu plus durant le week-end. Mais, il lui arrive parfois de ne pas respecter ce règlement. C’est le cas ce soir. Un élève de sa classe lui a parlé d’un film qu’il doit absolument voir. A l'approche d'Halloween, tous les garçons de sa classe ne font que de parler de film d'épouvante. Le film en question est : Massacre à la tronçonneuse.
Voulant pouvoir en parler lui aussi, Thomas l’a secrètement téléchargé sur sa tablette. Il est en train de le visionner en ce moment même. Il met pause au bout d’une heure, le front en sueur et le rythme du cardiaque haletant. C’est la première fois qu’il regarde un film d’horreur. Ses parents ne lui ont jamais permis d’en visionner un. Etrangement, il n’est pas dans cet état en raison du côté sanguinolent. C’est même plutôt le contraire, cela le fascine et il est plus intrigué par cette violence qu’autre chose. Il se sent excité comme il ne l’a jamais été.
Il sort du lit, ayant une envie pressante. Il se faufile sans bruit hors de sa chambre. Après sa commission effectuée, il traverse le couloir qui le ramène à sa chambre. Il passe devant la chambre de ses parents et les entend parler à voix basse. Curieux, Thomas colle son oreille à la porte, voulant en savoir plus.
- Tu es vraiment sûr que c’est une bonne idée ?
- Mélanie, il va sur ses 11 ans. Thomas n’est plus un petit garçon.
- Oui mais bon, tu es sûr que ça va l’intéresser ?
- Mais bien sûr et avec ça, il va devenir plus autonome, j’en suis sûr.
- Il ne faut pas qu’il tombe dessus avant la date.
- Aucun risque. Je l’ai caché sous la planche cassée dans l’armoire du salon. Personne n’ira regarder las bas.
Thomas a hâte d’en savoir d’avantage, intrigué au plus haut point. Mais, ces parents mettent fin à cette conversation et allument la télévision de leur chambre.
Le jeune garçon retourne dans la sienne, essayant d’imaginer ce que son père a bien pu lui trouver. Son père a toujours eu le don de l’impressionner, trouvant des idées plus originales les unes que les autres. D’après la réaction de sa mère, il a dû faire fort cette année.
Il retourne se blottir sous ses couvertures, voulant découvrir la fin du film. Tout en n’arrêtant pas de se demander ce que son père lui réserve. En regardant le film, Thomas ne peut s’empêcher de se dire qu’il aimerait bien qu’on lui offre la tronçonneuse du film. Il s’amuserait bien avec, mais c’est un instrument trop dangereux pour un enfant de son âge. Il a hâte de grandir et de pouvoir faire tout ce qu’il veut.
Lendemain matin, jour d'Halloween. Lorsque Thomas ouvre timidement les yeux, il est près de 10 heures. Ce sont les rayons du soleil, dardés sur sa fenêtre qui l’ont réveillé. Il se redresse dans son lit, quelque peu désorienté. Il a veillé tard hier. Après le film d’horreur, il a voulu découvrir d’autres films culte du même genre. Il n’a réussi à se coucher que vers 2 heures du matin, après avoir vu « Halloween » et « vendredi 13 ». Il a tenté de regarder « les griffes de la nuit » avec Freddy Kruger mais il tombait de sommeil. Il se promet que ce sera pour une prochaine session.
Il se demande encore comment il va se deguiser ce soir pour Halloween, il aimerait bien un costume de tueur en serie comme Michael Myers ou Jason Voohrees. les tueurs des films qu'ils a vu hier.
Il s’étire en sortant de son lit et sort de sa chambre pour prendre son petit déjeuner. Aujourd’hui, c’est mercredi, le seul jour de la semaine où ses parents ne sont pas là. Il aime le mercredi car il est normalement sous la surveillance de sa sœur mais elle le laisse faire ce qu’il veut.
Claire est l’ainée de la famille. Elle a 5 ans de plus et aime qu’on la laisse tranquille. C’est sa dernière année au collège, le lycée lui ouvrira bientôt ces portes. Elle a hâte car cela signifie qu’elle devra aller au lycée à Pau et sera donc un peu plus indépendante. Claire n’en peut plus du côté maternel de sa mère.
Comme chaque mercredi, elle est avachie devant la télévision et discute avec sa meilleure amie au téléphone. Elle jette à peine un regard à son frère lorsqu’il entre dans le salon, toujours vêtu de son pyjama.
- Le petit dej est sur la table, cendrillon !
- Arrête ! s’exclame Thomas, ne supportant pas les railleries de sa sœur.
- Tu n’avais qu’à te réveiller plus tôt aussi. Tu as vu l’heure. Tu as de la chance que maman n’a pas encore téléphonée.
- Elle ne pourrait pas, tu es tout le temps au téléphone raille Thomas.
Pour toute réponse, sa sœur lui fait un bras droit d’honneur en grimaçant.
Thomas engloutit rapidement son petit déjeuner mais il est continuellement gêné par Rocky. C’est un chien pékinois que son père lui a offert pour ses 8 ans. Le garçon ne supporte pas les jappements interminables de l’animal. Devant ses parents, il le caresse en lui disant des mots gentils. Mais dès qu’ils ont le dos tourné, il lui assène des coups de pieds. Il a déjà pensé à l’abandonner quelque part en forêt ou à le jeter du haut d’un immeuble. Mais jusqu’à présent, il ne l’a jamais fait, surtout par peur de son père.
- Dégage le chien ! s’exclame t’il en le repoussant d’un coup de pied.
Rocky pousse un petit cri avant de repartir d’où il venait sans demander son reste. Thomas lève les yeux et voit sa sœur qui lui jette un regard noir en secouant la tête. Le garçon se contente d’hausser les épaules, ne voyant pas où est le mal. C’est son chien, il a le droit de faire ce qu’il veut.
Thomas a une journée chargée qui l’attend et n’a aucune envie d’avoir ce maudit chien entre les pattes. Il débarrasse rapidement la table et se retrouve rapidement devant la fameuse armoire. Celle qui a servi de cachette à son père. Il sait très bien qu’il ne devrait pas chercher son cadeau mais il ne peut pas attendre plus longtemps. Il se promet de faire attention avec le papier cadeau afin que son père ne remarque rien.
Il ouvre rapidement l’armoire et après quelques minutes de recherches, finit par localiser la fameuse planche cassée. Il la soulève et trouve un sac. Il s’empresse de le sortir, étonné de voir qu’il n’est pas emballé.
Il écarquille de joie en découvrant ce fameux cadeau, celui qui a tant fait parler ses parents. Il s’agit d’une boite où trône au milieu un masque blanc. Thomas n’arrive pas à y croire. C’est une copie du masque du tueur du film Halloween. Incroyable alors qu’il vient à peine de découvrir le film. C’est comme si son père avait pu lire dans ses pensées. Il va pouvoir s’amuser comme un fou. Ça va être halloween tous les jours maintenant.
Il sort de ses rêveries en entendant sa sœur lui ordonner de sortir le chien. Elle n’en peut plus de l’entendre japper comme un crétin.
Thomas sent la colère poindre le bout de son nez. A cause de ce maudit chien, il ne peut jamais être tranquille. Furieux, le jeune garçon attrape l’animal par le collier et le jette dehors sans cérémonie.
Il secoue la tête, lorsque soudain, une idée commence à germer dans son cerveau. Il a juste besoin de quelques instruments pour atteindre son objectif. Cela promet d’être amusant.
Une heure plus tard. Claire raccroche avec sa meilleure amie, tout en zappant avec la télécommande, à la recherche d’un programme intéressant. Elle finit par se lever pour aller grignoter un petit quelque chose dans la cuisine. Elle pousse un cri de surprise en sursautant. Son frère se trouve immobile dans le couloir, un masque blanc sur le visage.
- Non mais ça ne va pas la tête ! Ce n’est pas encore Halloween, débile.
Son frère ne répond pas de suite, se contentant de rester sur place, en dodelinant la tête de chaque côté.
Voyant qu’elle n’obtiendra aucune réponse de sa part, Claire avance vers lui et relève son masque. Ce qui ne plait pas à Thomas qui le remet rapidement en place en s’écartant d’elle.
- Qu’est-ce que tu fous ? demande-t-elle, n’y comprenant rien.
- Je voudrais jouer avec toi.
- Tu crois que j’ai que ça à faire !
- Juste 5mn et après promis je te laisse. Je ferai la vaisselle ce midi si tu veux.
Claire fronce les sourcils, se demandant ce que son frère a derrière la tête. D’habitude, il rechigne toujours devant les tâches ménagères. Elle finit par hocher la tête. Se disant que ne de pas être de corvée de vaisselle en vaut la chandelle.
Thomas semble aux anges, ne tenant plus en place. Il sort de sa poche un foulard et le donne à sa sœur.
- Tu dois d’abord mettre ça sur tes yeux. C’est une surprise.
Claire fait la moue mais accepte tout de même de jouer le jeu. Elle met le foulard noir sur ses yeux, cela lui obstrue totalement la vue.
- Bon, c’est quoi ton délire !
Claire sursaute en sentant la main froide de Thomas sur son bras mais elle le laisse la guider à l’extérieur. Elle frissonne à cause du froid mais ne dit rien, voulant en finir rapidement avec cette histoire. Il la laisse quelques minutes, ayant oublié quelque chose dans la maison. D’après le trajet parcouru, Claire pense être à l’arrière de la maison. Elle peut sentir l’herbe du jardin sur ses chaussures.
Son frère revient, ramasse un objet au sol avant de le placer entre les mains de sa sœur. Elle tapote l’objet en question et a l’impression qu’il s’agit d’une batte de baseball.
- Et je fais quoi avec ça ?
- J’ai installé un pinata au-dessus de toi.
- Ah ouais.
- Vas-y ! essayes de taper dessus. Je te laisse 5 chances.
- Trop généreux de votre part, monseigneur raille Claire.
La jeune fille serre le manche de la batte et commence à frapper devant elle. Les deux premiers coups ne rencontrent que le vide. Mais elle touche sa cible lors du troisième essai. Claire pousse un petit cri de triomphe. Ragaillardie par son succès, elle continue et donne deux autres coups sur la cible qu’elle a, à peu près visualiser. Ce qui est étrange, c’est que la pinata ne semble pas se désagréger sous les coups. Claire a plutôt l’impression qu’il s’agit d’un objet solide sur lequel elle frappe. Lors du dernier coup, elle sursaute en sentant un jet chaud sur le visage.
Claire lâche la batte et arrache le foulard, se demandant ce qu’elle a reçu sur le visage. Elle découvre avec horreur, du sang qui dégouline le long de sa joue. Mais le pire reste à venir.
En levant la tête, elle voit la fameuse pinata installé par son frère. Il s’agit du chien Rocky, qu’il a ficelé avec une corde dans un arabe. Il lui a même coupé la langue pour que l’animal ne puisse pas prononcer le moindre son. Le chien ne ressemble plus rien. Son corps est contorsionné dans tous les sens, un œil sort de son orbite. Son crane a été fracassé et une partie est même visible. Du sang dégouline le long de l’arbre, commençant à former une flaque cramoisie sur le sol. Le corps continue à être traversé de soubresauts alors que le chien est mort.
Elle recule devant l’horreur de la scène, les jambes tremblantes et des larmes aux yeux. Elle se tourne, les yeux écarquillés vers son petit frère. Ce dernier est toujours immobile et la regarde avec attention. Ne voulant pas manquer une seule de ses réactions.
- Mais tu es fou !
Pour toute réponse, l’enfant lui jette la langue sanguinolente du chien au visage. Claire recule en poussant un cri d’effroi, à deux doigts de vomir.
- Tu n’as pas aimé ?
- Mais il faut te faire soigner.
- Papa a dit qu’il fallait que je devienne un adulte. C’est ce que je fais dit-il en sortant de sa veste un large couteau de boucher étincelant.
Claire n’a même pas le temps de réagir, que son frère la lézarde de deux coups bien placés. Le premier lui laisse une belle entaille au niveau de l’avant-bras, tandis que le deuxième lui fait une profonde coupure à la jambe droite.
Claire pousse un cri sous la douleur, en reculant rapidement pour se mettre hors d’atteinte de son agresseur. Ce dernier reste à l’observer sans faire mine de la frapper à nouveau.
- Je vais appeler maman dit-elle, en se précipitant dans la maison afin de s’y refugier.
En sang, Claire court aussi vite que ses jambes le lui permettent. Elle se faufile par la porte vitrée et part à la recherche de son téléphone portable. Elle le découvre en miette sur le sol. Elle ne se décourage pas et cherche le téléphone fixe. Pour finir par découvrir que son frère a bien fait les choses : il a coupé les fils. Claire commence à sentir la peur l’envahir. Son frère a toujours été un peu particulier, mais elle ne pensait qu’il s’en prendrait à elle.
Soudain, elle entend des couinements apeurés provenant du salon. Il s'agit de son animal de compagnie Mr Tinkel. Horrifiée, elle aperçoit sur la table du salon, son rat qui continue à couiner sans s’arrêter. Son frère l’a scotché sur la table, l’empêchant de pouvoir se mouvoir. Claire soupire de soulagement en découvrant qu’il ne l’a pas blessé. Elle ne perd pas de temps, libérant rapidement Mr Tinkel tout en faisant attention. Il est recouvert de scotch, qui lui arrache les poils lorsque sa maitresse tente de le libérer. Elle finit par y arriver mais elle était tellement concentrée sur sa tâche, qu’elle n’a pas remarqué son frère. Sorti de nulle part, ce dernier avance à pas de loup vers elle. Une fois libéré, le rongeur file se réfugier dans la paume tendue de Claire.
Soudain, Claire entend un souffle chaud dans sa nuque. Elle fait volte-face pour voir avec horreur son frère masqué. Il est toujours armé de son couteau de boucher, prêt à l’abattre sur elle. Claire pousse un cri en reculant, avant de s’emmêler les jambes et de finir par s’écrouler au sol.
Sous le choc, elle perd le flacon de parfum des mains qui roule au sol, hors d’atteinte. Son frère se jette sur elle, décidé à l’empaler avec son arme mais Claire, mue par un instinct de survie, roule sur le côté. La lame du couteau s’enfonce dans la moquette à l’endroit où se trouvait sa tête quelques secondes plus tôt. Claire roule rapidement se réfugier sous le canapé.
Elle se recroqueville sur elle-même, se tenant le plus loin possible des bords. Elle n’a aucune envie de se prendre un coup de couteau, ses deux blessures lui ont suffi. Elle entend son frère pousser un cri de frustration avant qu’il ne se hisse sur le canapé. Il saute dessus pendant quelques instants, voulant incommoder le plus possible sa victime. Il enfonce au hasard, trois fois la lame dans le matelas. Le troisième coup manque de quelques centimètres un œil de sa sœur.
Cette dernière n’en pouvant plus de ce supplice, tente une sortie. Elle a agi tellement vite que cela prend son agresseur de court. A côté d’elle, se trouve la table basse du salon avec une grosse encyclopédie posée dessus. C’est la dernière passion de son père, trouver toutes les encyclopédies d’une même collection. Claire s’empresse de ramasser le livre volumineux et l’abat sur son frère avant qu’il ne puisse l’atteindre. Un coup bien placé au niveau du visage.
Son frère s’écroule au sol, à moitié sonné. Une partie du masque s’est dégagé sous la puissance du coup et claire peut voir le visage haineux de son frère. Du sang dégouline de son nez. Ce qui la réjouit, heureuse de pouvoir lui faire mal.
Claire ne demande pas son reste, elle se relève et au passage, laisse tomber l’encyclopédie sur le ventre de son frère. Mais ce dernier réussit à l’atteindre d’un coup de couteau à la jambe gauche. La lame s’enfonce de plusieurs centimètres mais Claire se dégage et part aussi vite qu’elle le peut. Elle manque de tituber au sol à cause de la douleur mais elle tient bon.
Elle marche d’un pas rapide en boitant sévèrement, en direction d’une porte près de la cuisine. Elle l’ouvre rapidement et s’empresse de se réfugier à l’intérieur. Il s’agit de la cave familiale où son père entrepose beaucoup d’outils. Elle allume la lumière et commence à descendre en se tenant fermement contre la rambarde de sécurité. C’est seulement ainsi qu’elle arrive à descendre, tout en tenant Mr Tinkel qui tremble dans sa main.
Arrivée en bas, la jeune fille regarde tout partout, à la recherche du moindre outil qui pourra lui servir d’arme. Claire aurait pu s’enfuir hors de la maison mais blessée, elle ne serait pas allée bien loin. Son frère aurait fini par la rattraper. La cave était sa seule solution. Elle est plus âgée que son frère, si elle trouve la bonne arme, elle pourrait avoir le dessus. Encore faudrait-il qu’elle en trouve une. Elle prend tout d’abord un tournevis avant de finalement jeter son dévolu sur la canne de son grand père.
Elle place Mr Tinkel dans un casier afin qu’il soit protégé, puis ramasse la canne. Elle la serre entre ses mains et donne quelques coups dans les airs afin de tester sa force. Si son frère veut encore s’en prendre à elle, Thomas va découvrir de quel bois elle se chauffe.
En parlant du loup, elle entend des bruits de pas qui se rapprochent. Claire se glisse sous les escaliers après avoir pris soin d’éteindre la lumière. Elle se retrouve dans l’obscurité totale où le seul son qu’elle entend, est celui de sa respiration.
Après un temps qui semble avoir duré une éternité, la porte de la cave s’ouvre en grand. L’ombre de l’enfant tueur se dessine sur plusieurs marches. Il allume la lumière, avant de descendre les marches une à une, prenant tout son temps.
- Claire. Si tu me donnes Mr Tinkel, je te promets que je ne t’embêterai plus.
Claire reste immobile dans sa cachette, retenant sa respiration, la canne levée.
- Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer.
Il ne reste plus que dix marches à Thomas pour accéder à la cave. Ses pieds s’apprêtent à atteindre la neuvième marche. Lorsque Claire, qui se trouvait derrière, lui fait un croche-pied avec la canne à travers l’espace vide qui existe entre deux marches. Thomas n’a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive, ses pieds s’emmêlent et il est emporté en avant.
Il pousse un cri en faisant une chute d’environ 1 mètre. Il s’écroule au sol au niveau de la première marche, se brisant le bassin dans la chute. En chutant, il s’est rentré par inadvertance le couteau dans le visage. L’instrument de cuisine a pénétré sa peau comme du beurre. La lame a traversé sa mâchoire, avant de ressortir par le nez et de s’enfoncer dans son œil droit. Le globe oculaire a explosé et l’orbite ne ressemble plus à rien. Son corps sans vie continue de s’agiter, parcouru de violents spasmes qui finissent petit à petit par s’espacer. Pour finalement rester totalement immobile.
C’est seulement à ce moment que Claire ose sortir de sa cachette, la canne toujours prête à frapper.
Elle avance lentement en boitant vers le cadavre de son frère. Elle ne peut ni empêcher les larmes de ses yeux de couler, ni de crier le nom de ses parents. Elle ne veut plus rester seule, pas après tout ça.
Elle s’écroule à genou, en pleurant toutes les larmes de son corps. Elle entend à peine les couinements de son rat qui veut retrouver la liberté.
Comment son frère a-t-il pu faire ça ? Comment a-t-il pu devenir ce fou furieux ?
Claire s’affaisse complètement au sol, épuisée après ces derniers évènements. Elle n’arrive toujours pas à y croire et a l’impression qu’elle va bientôt se réveiller d’un mauvais rêve.
Quelques heures plus tard, commissariat de Pontacq. Mr Galvier est interrogé depuis plusieurs heures par la police. Cette dernière cherche à comprendre les agissements de son défunt fils. Guillaume Galvier n’arrête pas de leur expliquer que le masque n’était pas le cadeau prévu pour son fils.
En rentrant dans la boutique, il était tombé sur une pièce de collection. Une copie du masque du tueur du film Halloween. Le masque de Michael Myers. Son film d’horreur préféré. Il l’avait acheté pour sa propre collection. Puis, il avait acheté le cadeau pour son fils et était reparti avec les deux. Le cadeau pour son fils, c’était une boite de magicien. En rangeant le cadeau de son fils dans l’armoire, il avait posé le masque dessus. C’est tout. L’histoire est aussi simple.
Comment aurait-il pu imaginer que son fils agirait de la sorte ? La vie de toute sa famille a tourné au cauchemar et il n’est pas sûr qu’elle arrive un jour à se relever. Pas après ça !
Au même moment, dans la maison des Galvier. La police s’active dans la cave et dans le jardin à la recherche de la moindre évidence. En bas des marches, le masque du tueur d’Halloween trône au milieu d’une flaque de sang. Dans sa chute mortelle, Thomas a perdu le masque, qui a glissé au sol. Le visage sans vie du masque projette sa triste ombre sur un mur. Attendant son nouveau porteur pour replonger dans une frénésie meurtrière. Michael Myers en serait fier !
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Défi
Dans un futur proche, la surpopulation a atteint un tel degré que les gouvernements ont dû prendre des mesures drastiques. La politique de l’enfant unique a été remise en application. Les contrevenants s’exposent à des peines de prison très lourdes. Même chose en ce qui concerne les animaux domestiques. Il est possible d’en obtenir un de nos jours uniquement en participant à un jeu mystérieux. La personne est soumise à un certain nombre d’obstacles et si elle en sort victorieuse. Elle a le droit d’obtenir l’animal de compagnie de son choix.
Pour participer à ce jeu, il faut avoir été sélectionné à une loterie annuelle. A ce jour, seul 5% de la population a des animaux de compagnie. Il existe toutefois d’autres moyens non légaux pour obtenir un ticket gagnant de loterie. L’argent a toujours été le nerf de la guerre. Les temps n’ont pas changé. Avec assez d’argent, vous pouvez vous acheter un ticket gagnant.
Une des clauses pour participer à ces épreuves est de ne rien révéler à personne. Personne ne doit savoir ce qui s’est passé durant le jeu. Les organisateurs tiennent particulièrement au respect de cette loi. Les joueurs ayant bafoué cette règle, en ont sévèrement payé le prix.
Les jeux ne sont retransmis que pour une poignée de privilégiés. Les plus fortunés, ceux qui participent au financement de ce projet. Personne d’autre ne sait ce qui se passe durant ces épreuves. Et le mystère n’en est plus grand, il attire chaque année de nombreuses personnes. Mais peu sont sélectionnés.
Mr Anthony Kheint fait partie des chanceux. Il a économisé pendant plus d’un an pour avoir assez d’argent afin de participer au jeu. C’est demain, l’anniversaire de son fils Gregory et il compte bien lui ramener un petit chiot. Il stresse quelque peu, ne sachant pas ce qui l’attend. Mais c’est un fonceur qui ne recule jamais pour obtenir ce qu’il souhaite. Il a toujours été très sportif, remportant de nombreuses compétitions.
Mr Kheint est un homme d’une quarantaine d’années, grand, svelte, les cheveux châtains courts. Il travaille dans le service informatique d’une banque. Il a rejoint les chanceux, ceux qui ont pu conserver leur travail.
Avec une population toujours grandissante, le chômage a atteint un pourcentage élevé. De nombreux sans abris ornent les rues, attendant un miracle. Mais la société les a rejeté, un nouvel ordre nouveau est en place. Et Mr Kheint compte bien l’intégrer.
Après avoir subi une batterie de test pour évaluer sa santé physique, on place Anthony dans une salle d’attente. Il s’assoit tranquillement et attend que la suite des festivités commence. Il est bientôt rejoint par une femme. Après quelques minutes dans un silence total, les deux adultes finissent par faire connaissance.
L’informaticien apprend ainsi que Catherine Sanchez est venue pour un chiot également. Elle veut l’offrir à sa fille qui est en phase terminale de cancer. Elle a travaillé toute sa vie pour payer les soins médicaux de sa fille. Catherine est une femme qui semble plus vieille qu’elle ne l’est vraiment. Stressée, elle ne peut s’empêcher de jouer avec ses longs cheveux noirs grisonnants. Elle a le visage anguleux et un nez crochu. Des rides sont visibles sous ses yeux malgré ses efforts pour les cacher sous une couche de maquillage.
Ils discutent ainsi pendant un certain temps, échangeant le peu d’information qu’ils ont sur ce jeu. Anthony la trouve sympathique et il espère sincèrement qu’elle réussira également les épreuves. Elle poursuit un but noble, elle mérite d’en sortir victorieuse.
Au bout de quinze minutes, ils sont rejoints par un androïde qui leur explique le déroulement du jeu. Ils vont être soumis à trois épreuves et testés sur plusieurs facteurs.
Il existe une multitude d’épreuves sur différents thèmes: comme la logique, la dextérité, l’équilibre, la confiance ou le courage. C’est un ordinateur high-tech qui décide quelles seront les épreuves sélectionnées. Suite à un calcul à base de statistiques et de probabilité. Cela permet de s’assurer que personne ne triche. Personne ne peut savoir en avance ce qui sortira. Chacun a la même chance de réussir.
Anthony et Catherine retiennent leurs respirations pendant qu’ils ont les yeux rivés sur l’écran géant. Une série de symboles et de chiffres défilent dessus à vitesse grand V. Finalement, trois mots apparaissent : Courage, détermination, sacrifice.
Anthony se dit qu’en fin de compte, ils ne s’en sortent pas si mal. Il se tourne vers sa partenaire et hoche la tête pour lui faire comprendre qu’il est confiant pour la suite.
Une fois qu’ils ont signé une décharge, les deux joueurs sont placés dans une camionnette. On leur met une cagoule noire sur le visage, ne voulant pas qu’ils sachent où on les emmène.
Le trajet dure près de deux heures. Les deux joueurs restent silencieux, rassemblant leur courage et leur force pour ce qui les attend. On les sort de la camionnette et après quelques minutes de marche, on leur enlève leurs cagoules.
Les deux adultes découvrent avec horreur qu’ils sont au milieu d’un grand hangar sombre. Le lieu est loin d’être vide, c’est une décharge qui sert à disposer des corps sans vie d’animaux. Il doit y en avoir plus de mille, qui pourrissent à différents stades.
Des chiens, des chats, des lapins et autre animaux. Au fond du hangar, une montagne a même été formée à base de cadavres, entassés les uns sur les autres. Le tout, offre l’image d’un tableau cauchemardesque. La montagne doit faire près de 6 mètres de hauteur. Anthony voit même la carcasse pourrissante d’un cheval dans un recoin. Tous les animaux qui ont dû être abattu afin que le niveau de la population reste en parfait équilibre.
Une odeur pestilentielle se fait sentir. Catherine se met la main devant la bouche, se demandant si elle va réussir à ne pas vomir. Anthony ne pourrait pas lui en vouloir. Il a lui-même toutes les difficultés du monde à garder une certaine contenance. Il dépose un bras réconfortant sur l’épaule de la joueuse. Catherine finit par souffler un bon coup avant d’hocher la tête à son tour.
Ils voient un écran noir au-dessus de la montagne de carcasse Il affiche 30minutes. L’androïde, qui leur a expliqué les règles, se trouve à leurs côtés, un large sourire sur les lèvres.
- Vous avez 30 minutes pour arriver au sommet. Bonne chance à vous !
L’employé s’éclipse discrètement, suivi par ses deux hommes.
Catherine se tourne vers son partenaire, une grimace de dégout sur le visage
- Ce n’est pas possible. Il doit y avoir une erreur. C’est inhumain !
- Ils ont tous les droits et nous avons signé une décharge. Je ne vois qu’une seule solution.
- Laquelle ? demande Catherine, totalement perdue.
- Réussir.
Une fois que la porte du hangar se referme, ils entendent une violente sonnerie résonnée. Lorsque celle-ci s’achève, les 30 minutes disparaissent et un décompte commence à défiler.
Le sang d’Anthony ne fait qu’un tour, il s’élance vers la montagne, désireux de triompher quoi que cela lui en coûte. Catherine le suit de près, tenant à sortir de cet enfer. Elle ne veut pas qu’on la considère comme un boulet, sa fille compte sur elle.
Les deux adultes tentent de faire abstraction de l’horreur et de gravir tant bien que mal cette montagne de cadavre. Ils ont le même visage horrifié sur le visage et ils grimacent de dégout. Ils s’aident tant bien que mal des carcasses pour grimper rapidement, voulant en finir avec ce challenge le plus vite possible. Ils comprennent pourquoi cette épreuve fait partie de la catégorie : courage. Car il en faut pour ne pas abandonner devant un tel spectacle.
Catherine rencontre plus de difficultés, n’arrêtant pas de glisser sur les mâchoires ou les oreilles des corps. Mais elle tient bon et continue à monter.
Leurs vêtements sont immaculés de sang en moins d’une minute. Des morceaux de viscères et autres organes s’accrochent sur eux. Au départ Catherine tente de les enlever mais voyant que cela lui fait perdre trop de temps, elle abandonne l’idée.
Anthony est en tête, grimpant sans s’arrêter et s’assurant un minimum que les prises, sur lesquelles il s’accroche, tiennent bon. Il pousse un petit cri de douleur lorsque sa main droite accrochée à une mâchoire est perforé par une dizaine de dents pointues. Il retire vivement sa main en sang et continue à monter. Il arrive à mi-chemin et s’autorise une petite pause en se tenant aux oreilles d’un vieux labrador. Il regarde l’écran, il leur reste moins de 20 minutes.
Voyant que sa compagne a plus de difficultés, il lui tend la main gauche afin de la hisser et ainsi de le lui faire gagner un peu de temps. Lorsque soudain, la gueule du chien devant lequel elle passe, s’ouvre en grand. L’instant d’après le corps du chien tout entier se dégage et il lui saute dessus. La femme pousse un hurlement en tombant en arrière sous le coup de la terreur.
Elle fait une chute de trois mètres avant d’atterrir dans une flaque de sang, se brisant plusieurs cotes au passage. Elle reprend rapidement ses esprits et rampe difficilement au sol. Voulant mettre le plus de distance entre elle et son agresseur. Il s’agit d’un doberman adulte en piteuse état, les deux pattes arrière atrophiées, avec des lambeaux de chairs en moins.
Elle hurle de terreur, rampant dans les flasques de sang, s’en mettant tout partout sur le corps. Malgré son état, le chien tente de la rattraper. Il est aux portes de la mort, titubant mais voulant continuer à avancer. Dieu seul sait depuis combien de temps, il est dans cette décharge, écrasé par le poids de ses congénères. Attendant la mort, qui se fait attendre.
Anthony est en panique, il ne sait pas quoi faire. Une partie de lui, lui susurre de grimper les derniers mètres qui le séparent de la victoire. Mais une autre, le pousse à jouer les héros en portant secours à Catherine. Mais il se demande pourquoi il ferait ça. Il est venu pour son fils et rien d’autre. Il la connait à peine, il ne lui doit rien. Si elle n’est pas assez forte pour remporter cette épreuve, c’est son problème, pas le sien.
Il finit par pousser un long soupir avant de regarder autour de lui. Il ramasse la première arme qu’il peut trouver. Dans son cas, c’est la patte arrière d’un grand chien. Elle trainait au sol parmi d’autres membres en état de décomposition avancé. Des liquides gluants lui coulent sur le visage. Il n’y pense pas, concentré sur sa tâche. Il jette un dernier regard vers l’écran. Il leur reste près de 15mn. Il va devoir faire vite.
Il prend son courage à deux mains avant de sauter dans le vide. Atterrissant sur ses deux jambes à moins d’un mètre de sa proie. Le chien qui a presque rattrapé Catherine, pousse des grognements agressifs.
Soudain, Anthony hurle de rage et se jette sur le chien. Il ne se retient pas et abat son bâton improvisé sur le crâne de l’animal. Une fois, deux fois, au bout d’un moment, il ne tient plus le compte. Il l’abat jusqu’à ce que Catherine le secoue pour le sortir de sa frénésie meurtrière.
Anthony finit par se reprendre et regarde au sol. Le chien est secoué de spasmes mais il est bel et bien mort cette fois. Son crane est ouvert, béant, des bouts de cervelle un peu partout. L’informaticien lâche son arme de fortune, horrifié au plus haut point. Il recule en tremblant, n’arrivant pas à croire qu’il ait pu faire une telle chose. Il n’a jamais fait de mal à une mouche, ce n’est pas un tueur. C’est encore une fois Catherine qui en le giflant sèchement, lui permet de reprendre ses esprits.
- Il ne reste plus beaucoup de temps, il faut y aller dit-elle, en hochant la tête pour le remercier de son geste chevaleresque.
Son sauvetage l’ayant revigorée, Catherine mue d’une volonté nouvelle, recommence l’ascension. Les deux adultes font abstractions des animaux sur lesquels, ils rampent, s’accrochent, écrasent. C’est comme s’ils avaient fini par s’habituer à ce lieu sinistre.
Il leur reste moins d’une minute lorsqu’ils atteignent enfin le sommet. A deux mètre d’eux se trouve une passerelle avec une porte au bout. Les deux joueurs s’activent, se tenant l’un l’autre pour aller plus vite. Ils franchissent la porte alors qu’il ne leur restait plus que 15 secondes.
La pièce suivante est plongée dans le noir. Ils entendent un petit sifflement dans l’air et l’instant d’après les luminaires de la pièce se mettent en fonction. Inondant la pièce d’une lumière jaune opaque. L’endroit est une grande salle blanche, très propre avec au milieu une cage avec un homme à l’intérieur.
Il semblerait qu’il s’agisse d’un prisonnier, vu la tunique orange qu’il porte. L’homme doit avoir dans la cinquantaine, barbu, l’air aussi perdu qu’eux. Il est attaché à un poteau à l’intérieur de sa prison. La particularité de la situation, c’est que de chaque côté de la cage, il y’a un mécanisme. Ils abritent chacun un revolver, visant la tête du prisonnier. Les deux armes sont solidement harnachés, impossible de les retirer ou de changer leurs trajectoires.
Les deux joueurs se regardent, ne comprenant pas très bien ce qui est en train de se dérouler. Seulement que cela ne ressemble plus du tout à un jeu. Une feuille de papier se trouve à leurs pieds. Anthony l’a ramasse et la lit à haute voix :
- Il s’agit de Dimitri Kirkov, un terroriste qui a tué plus d’une centaine de personne. Votre mission sera de l’exécuter. Mais pour que le jeu soit validé, vous devez appuyer sur la gâchette en même temps. Bonne chance.
A la fin de sa phrase, un écran qu’ils n’avaient pas vu, s’illumine et affiche un chronomètre. Il leur reste moins de 5mn.
Les deux joueurs se regardent tout tremblant. Ils n’arrivent pas à croire ce qu’on leur demande.
- Je rêve, ce n’est pas possible. Ce sont des conneries, pas vrai ?
- Je ne suis pas un tueur, je ne suis pas un tueur se répète inlassablement Anthony.
Le prisonnier se racle la gorge pour attirer leur attention, il les regarde longuement en silence, l’un après l’autre. Avant de dire :
- Ecoutez-moi. Dimitri, c’est bien mon nom. Mais le reste est faux. Je ne suis pas un terroriste, je n’ai jamais tué personne. Je suis un ancien joueur et j’ai fait la connerie de raconter ce qui c’était passé à un ami. Et voilà où je me retrouve, c’est ma punition.
Les deux adultes font les cents pas dans la pièce, terrifiés par ce qu’on leur demande.
- C’est n’importe quoi, il y’a des lois bordel ! s’exclame Catherine.
- La loi, c’est eux. Ils ont assez de pouvoir pour être intouchables. Ils font ce qu’ils veulent crache Dimitri.
Anthony lève les yeux vers l’écran, il leur reste trois minutes. Son cerveau est en ébullition à force de réfléchir à des hypothèses. Cela ne peut pas être réel. Il savait que le jeu serait risqué mais pas au point de devoir tuer des personnes. Abattre un chien l’a suffisamment traumatisé.
Puis, il se rappelle qu’il joue à un jeu. Qui dit jeu dit épreuve et qui dit épreuve dit test. Il se redresse, un sourire sur le visage.
- Il s’agit de l’épreuve de la détermination. Ils veulent voir si nous sommes prêts à tout. Je parierai qu’aucun coup de feu ne partira. C’est un test rien d’autre. Et il nous reste deux minutes pour le réussir.
L’idée commence à germer dans l’esprit de Catherine, qui finit par hocher la tête. Dimitri commence à paniquer, n’aimant pas la tournure des évènements. Il tente de se dégager violemment mais il est solidement ficelé. Il pousse un cri de frustration avant de se tourner vers les deux joueurs qui prennent chacun position sur un coté de la cage.
- Attendez ! Attendez un peu ! Vous ne pouvez pas faire ça. Ce sont des malades, vous ne savez pas de quoi ils sont capable.
- Relax, ce n’est qu’un jeu. Personne ne va être blessé. J’en suis sûr. Fais-moi confiance !
- Tu es en train de parier ma vie dessus lui répond Dimitri d’une voix tremblante.
Les deux joueurs sont en position, leurs mains moites serrées autour de l’arme. Catherine a tout d’un coup des doutes et relève la tête vers son partenaire. Ce dernier lui répond d’un hochement de tête, confiant. Anthony compte jusqu’à trois pendant que Dimitri hurle de désespoir. En arrivant à trois, les deux joueurs appuient sur la gâchette. Répandant dans un nuage de poudre, de la cervelle et du sang un peu partout. Sous le double impact, la moitié de la tête de l’ancien joueur a explosé, des morceaux de cervelle et de sang volent un peu partout. Les deux adultes couverts de sang, reculent, hébétés, sous le choc. Catherine est la première à craquer, hurlant d’hystérie pendant qu’Anthony s’écroule à genou. Il a l’impression que son monde vient de s’écrouler, que tout est flou autour de lui.
- Oh mon dieu ! Oh mon dieu, qu’est-ce qu’on a fait ? On a tué un homme !
- Je ne pouvais pas savoir. Ce n’est pas de ma faute. Je ne pouvais pas savoir répète Anthony, les larmes aux yeux.
Les organisateurs ne leur laissent que quelques minutes de repos avant de lancer les festivités.
Une musique d’ascenseur résonne à travers différents hauts parleurs. Avant qu’un pan du mur de droite coulisse sur le côté, donnant accès à un long couloir.
Anthony jette un coup d’œil dans ce nouveau passage, voulant penser à autre chose qu’au cadavre sans tête. Il voit une porte au fond. Il se doute qu’il s’agit de la toute dernière épreuve. Il pousse un soupir, n’étant pas très désireux de savoir ce qu’on leur réserve. Qu’est ce qui pourrait être pire que tuer un homme. Anthony n’a pas très envie de le découvrir.
Si ce n’était pas pour son fils, il aurait tout arrêté. La vie de nos jours a beau être dure, on ne joue pas comme ça avec celle des gens. C’est tout simplement inhumain. Anthony a envie de cracher au sol son mépris pour ces sadiques d’organisateurs. Ils ont dû bien rire lorsqu’ils ont appuyé sur la détente. Tout ça n’est qu’un jeu pour eux. Anthony n’est qu’un pion. Cela a beau le plonger dans une colère noire, il n’a pas le choix. Il doit l’accepter, il a signé pour ça ! C’est trop tard pour regretter. Trop tard pour faire machine arrière. Il se promet de tout faire pour que la mort de Dimitri ne soit pas vaine.
Autant en finir une bonne fois pour toute, se dit l’informaticien en se relevant et en avançant vers le couloir. Quoi qui se dressera devant lui, il le vaincra. Il n’a pas fait tout ce chemin pour perdre maintenant. Il s’en fait la promesse.
Catherine ne semble toujours pas remise, grelotante, en étant de choc. Elle le regarde avec de grands yeux, comment s’il avait perdu la tête.
- Vous ne comptez pas continuer leur jeu quand même.
- Je ne vois pas d’autres solutions. Vous, comme moi sommes en état de choc. Mais on ne peut pas abandonner maintenant. Si on le fait, la mort de Dimitri n’aura servi à rien. On doit leur prouver qu’on est plus forts que ça !
- Je ne sais pas si j’y arriverai balbutie Catherine
- On a commencé ensemble, on finira ensemble. Juste suivez-moi, je m’occupe du reste.
Catherine n’arrive plus à penser par elle-même, totalement perdue. Elle finit par hocher timidement la tête, ne voulant de toute façon pas rester seule dans cette pièce. Elle le suivra, quoi que cela lui en coûte.
Les deux adultes se tiennent la main, pour se donner du courage et avancent à travers le long couloir. Anthony ne peut s’empêcher de se demander s’ils sont toujours dans le hangar. Ce dernier semble immense.
Ils s’arrêtent devant une porte en bois, un papier a été accroché dessus. Anthony l’arrache, voulant découvrir la nouvelle invention macabre des organisateurs. Il le lit avant de le donner à Catherine. Ils affichent tous les deux un regard perplexe. Ne sachant pas comment ils doivent prendre les choses.
« Bravo !! Voici votre dernière épreuve. Si vous décidez de franchir cette porte, aucun retour en arrière n’est possible ! Choisissez bien ! »
Catherine pousse un long soupir de dépit, épuisée aussi bien physiquement et moralement.
- Qu’est-ce que ça veut dire encore ? se lamente la mère de famille.
- Ils veulent peut être nous faire peur.
- Eh bien, c’est réussi !
Anthony souffle un bon coup, essayant de faire des exercices de respiration. Mais le résultat n’est pas à la hauteur, il est toujours aussi stressé. Il se tourne vers Catherine et hoche la tête pour lui faire comprendre qu’il comprend ce qu’elle ressent.
- Ecoutez, on a vécu l’enfer. Je serai en état de choc plus tard, là je dois avancer. Pour mon fils. Je ne peux pas m’arrêter là. Pas après tout ce cauchemar. Je vais passer cette porte. A vous de choisir ce que vous voulez faire.
Catherine est au bord de l’effondrement mais elle ne s’écroule pas pour autant. Elle hoche mécaniquement de la tête. Au départ, elle faisait tout ça pour sa fille. Pour la rendre heureuse dans les derniers mois qui lui restent à vivre. Mais maintenant, elle veut juste sortir de cet enfer, peu importe qu’elle perde. Sa vie paisible, ennuyante lui manque et elle donnerait tout pour la retrouver. Sa fille comprendra que parfois, on ne peut pas obtenir ce que l’on veut. Que c’est important d’avoir des principes et de s’y tenir.
La main sur la poignée de la porte, Anthony se tourne vers elle, afin de savoir si elle est prête. Elle lui répond de manière affirmative, désireuse d’en finir une bonne fois pour toute. Les deux adultes s’engouffrent dans la dernière pièce, s’attendant au pire.
Il s’agit d’un ancien bureau, mesurant près de 40m². Il a dû être abandonné depuis longtemps, vu l’état d’insalubrité de la pièce. D’anciens mobiliers trainent un peu partout, sous des multitudes de couches de toiles d’araignée.
Mais ce qui attire le regard des deux adultes est un petit chiot blanc, allongé au sol, dormant paisiblement. Il s’agit d’un labrador qui ne doit pas être âgé de plus de cinq mois. Anthony et Catherine ébauchent leur premier sourire depuis le début du jeu. Ils ont enfin droit à la récompense tant attendue. La troisième épreuve était de savoir s’ils allaient avoir assez de volonté pour traverser la porte. Le mot accroché dessus était uniquement pour les tester, pour leur faire peur.
Malgré tout ce qu’ils ont vécu, ils se sentent tout deux soulagés. Un poids énorme en moins dans leurs poitrines. Tout est fini, ils ont réussi. Ils se regardent et rient nerveusement sans pouvoir s’arrêter. Leurs nerfs en ont pris un sacré coup avec toute cette histoire. Ils regardent de chaque côté, à la recherche du deuxième chien. Se disant qu’il doit aussi dormir dans un coin.
Lorsque soudain, ils entendent une voix à travers un haut-parleur accroché au mur. Il s’agit de celle de l’androïde qui s’est occupé d’eux. Elle est toujours aussi joviale :
- Félicitation !! Votre récompense est devant vous. A vous de choisir qui le mérite. Ceci est la troisième épreuve.
Anthony n’en revient pas, alors qu’il pensait être prêt au pire, il n’avait en fait rien vu. Ce jeu est le fléau le plus épouvantable du monde. Alors que tout est fait pour créer une solidarité entre les joueurs, maintenant ils veulent qu’ils se déchirent. Les organisateurs sont des sadiques, les pires au monde. Il comprend mieux le thème de l’épreuve : le sacrifice.
Après avoir traversé tout ça, personne n’abandonnerait. Pas aussi près du but. Pas alors que l’on peut voir la récompense devant son nez. C’est ça le pire : pouvoir la voir, la toucher mais ne pas repartir avec. Comment peut-on jouer avec les émotions des gens ?
Contre toute attente, Catherine éclate de rire, ne pouvant s’en empêcher face à la folie de la situation.
- Ils s’attendent à quoi ? ils pensent peut être qu’on va s’entretuer. C’est du délire !
La mère de famille se tourne vers Anthony pour savoir s’il trouve la situation aussi ridicule qu’elle. Pour toute réponse, elle reçoit en pleine face le dossier d’une chaise. La joueuse grimace sous la douleur, crachant du sang et des dents, avant de s’écrouler au sol.
Le visage ravagé par la folie, Anthony lâche la chaise qu’il a ramassé. Il pousse un cri d’animal avant de se jeter sur sa partenaire. L’homme n’a aucunement l’intention de lui laisser le temps de reprendre ses esprits. Il enserre la gorge de la joueuse blessée et commence à serrer. Catherine tente de se dégager, se débattant à coups d’ongles mais la poigne d’Anthony est trop ferme. Ce dernier hurle de rage, tout en serrant le plus fort possible. De la bave coule de ses lèvres, tellement il est aspiré par sa transe meurtrière. Catherine l’implore du regard, ne voulant pas mourir.
Anthony est tellement plongé dans sa folie, que c’est comme s’il ne la voyait plus. Il ne pense qu’à son fils. Il lui a promis un chien pour son anniversaire et c’est un homme de parole. Il n’a pas tout enduré, tout sacrifié pour s’arrêter maintenant. Il s’est promis d’aller jusqu’au bout, c’est ce qu’il est en train de faire. Catherine ne représente rien pour lui. Il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur, c’est le plus fort qui gagne. Il faut être prêt à tout lorsqu’on participe à ce type de jeu. Catherine le savait, elle en paye le prix, c’est tout. Le fils d’Anthony passe avant tout.
Au bout de cinq minutes, Anthony reprend quelques peu ces esprits. Il découvre le corps sans vie de sa partenaire qui pend entre ses mains. Catherine est morte, le regard tétanisé de frayeurs avec des yeux terrifiés encore ouverts. Anthony recule vivement du cadavre encore chaud. Il veut mettre tout ça dans un coin de son cerveau et ne plus jamais y penser. Il sait que ce ne sera pas facile mais il n’a pas le choix. S’il ne veut pas plonger dans la folie. Tuer une personne de sang-froid, c’est quelque chose qui laisse des séquelles.
Dix minutes plus tard, Anthony sort du hangar, boitant et couvert de sang. Il continue à avancer, sa récompense serrée contre lui. Le chiot est réveillé et lui donne des coups de langue sur le menton. Anthony ébauche un sourire de dément. Heureux de faire partie des « winners ». Il sent au fond de lui que la folie ne demande qu’à l’envahir. Il a peut-être remporté le jeu mais il sent qu’il a perdu beaucoup plus derrière. Il a perdu son âme.
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C’est l’histoire des dernières minutes d’existence de la vie de Noah Pilsen. Il s’agit d’un homme célibataire proche de la quarantaine, usé par la vie.
Actuellement, il est allongé sur la moquette d’une chambre d’hôtel, respirant difficilement. Il a les yeux mi-clos, le teint livide et transpire à grosses gouttes. Comme tout le monde, il s’est déjà demandé quand viendra le jour où il rendrait l’âme et où il se trouvera à ce moment. Jamais, il n’aurait pensé que cela se produirait dans une chambre d’hôtel miteuse. Ce serait assez cliché que son corps soit retrouvé le lendemain matin par une femme de ménage. Comme les stars qui se suicident, sauf que dans son cas, sa mort passerait totalement inaperçue.
Noah est monsieur nobody. Personne pour le pleurer, ni lui rendre hommage. Les funérailles risquent d’être ennuyeuses. Alors que son cœur bat la chamade dans sa poitrine, il ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il a foutu pour finir ainsi… Seul et abandonné de tous.
Sa vue commence à se troubler. Comme si un voile recouvrait ses yeux, sa respiration se fait de plus en plus laborieuse. Sans qu’il ne puisse l’en empêcher, il sent partir. Pour où ? C’est la grande question du jour. Les yeux braqués vers le plafond, il sent ses derniers instants approchés.
Soudain, il ressent une sensation étrange, comme si un courant d’air parcourait tout son corps. Noah ferme les yeux quelques secondes, vidé de toute énergie. Se demandant s’il les rouvrira un jour.
Lorsqu’il les ouvre à nouveau, il lui faut quelques instants pour prendre pleinement conscience de la situation dans laquelle il se trouve.
Noah est allongé sur le lit qu’il possédait dans sa chambre d’enfant. Il se redresse rapidement, ne comprenant pas du tout ce qui lui arrive. C’est tout bonnement impossible. Quelques secondes plus tôt, il était en train de faire un malaise mortel dans une chambre d’hôtel et maintenant, il se retrouve dans la chambre de son enfance.
Il se rend compte également qu’il se sent en forme, plus du tout à l’article de la mort. Il reste sans voix, tout en portant un regard circulaire à cette mystérieuse pièce. Noah reconnait les posters accrochés sur les murs et la décoration qu’il avait à l’époque. Il ne peut s’empêcher de sourire, heureux de retrouver un lieu familier.
La porte de sa chambre s’ouvre et une personne entre à l’intérieur, avant de se tourner vers lui, nullement étonné de le découvrir. Noah a les yeux écarquillés sous le coup de la surprise.
Il se retrouve face à un double de lui-même, âgé d’environ 6 ans. « Noah junior » porte même ses vêtements préférés de l’époque. Un baggy vert kaki et un pullover rouge à l’effigie de son super héros favori: Daredevil. L’enfant ébauche un large sourire espiègle à sa version adulte.
- Est-ce que je suis mort ? balbutie Noah, ne sachant pas quoi dire.
- Pas encore…
- Qu’est-ce que c’est que tout ça ? demande t’il en levant les bras en l’air, totalement perdu.
Noah junior avance de quelques pas et s’assoit nonchalamment sur une chaise de bureau, faisant face à l’homme qu’il deviendra.
- Il était temps qu’on parle.
- De quoi ? je suis à deux doigts de mourir là ! Je dois prévenir les secours.
- Crois-moi, ce n’est pas nécessaire lui répond le garçon sur un ton énigmatique.
- Je deviens fou ! se lamente Noah, ne sachant plus où commence et où s’arrête la réalité.
- Calme-toi, ça n’y changera rien.
- C’est quoi le but de tout ça ?
- Je te l’ai dit. Avoir une petite conversation ensemble lui explique-t-il, en lui décochant un clin d’œil complice.
Noah pousse un long soupir, faisant les cents pas dans la chambre avant de finir par se rassoir sur le lit et à observer le mystérieux individu. Son interlocuteur est son exact portrait rajeuni. Doté des mêmes mimiques et du même regard intense dans les yeux. C’est très étrange de se parler à soi-même enfant. Un exercice tout à fait loufoque.
- Je t’écoute souffle Noah, abandonnant toute résistance.
- C’est quoi le bordel que tu as foutu dans notre vie ? demande véhément le jeune Noah.
- Je n’en sais rien ! soupire Noah, ne cherchant même pas à le contredire.
- Quand est-ce que tu as arrêté de croire en toi ?
- Je ne sais pas.
- On ne va pas aller très loin comme ça ! ironise la jeune version.
- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Ma vie est merdique, elle est merdique, c’est tout ! soupire un Noah impuissant, en haussant les épaules.
- Tu sais que personne ne pourra te sauver, à part toi-même.
- On peut arrêter le discours de psychologie s’il te plait. La vie n’est pas aussi simple.
- Qu’est ce qui te bloque ?
- C’est ridicule ! Je suis en train de mourir et là je suis en plein délire avec mon subconscient.
L’adulte se lève subitement sous le coup de la colère. Il ne sait pas vers qui elle est tournée, mais elle arrive à le tourmenter.
- Il n’est jamais trop tard. Qu’est-ce que tu veux vraiment ?
Noah reste immobile, les yeux tournés vers la fenêtre, réfléchissant à la question.
- Ne plus ressentir ce vide en moi et être tout simplement en paix.
- Il existe une solution pour ça, tu sais.
- Ah oui et laquelle, petit génie ?
- Reprendre confiance en soi. Quand tu crois en toi, tu dégage une aura qui donne envie aux autres de croire en toi. C’est aussi simple que ça. Mais tu dois te ressaisir avant tout.
- C’est bien joli tout ça ! Tu ne crois pas que j’ai essayé répond Noah, en se rasseyant sur le lit.
- Si… mais tu as abandonné à la première embûche. Il faut que tu te montres plus courageux. Tu as perdu la bataille contre le pire des adversaires : La peur. Tu l’as laissé prendre l’ascendant et te contrôler.
- Je n’ai jamais réussi à contrôler ma vie de toute façon soupire Mark.
- Tu oublies que le contrôle est une illusion. Tu n’es pas sur terre pour tout contrôler mais pour ressentir et expérimenter. La vie est belle si tu le décides.
- Je suis tellement fatigué… J’ai essayé. J’ai voulu croire que j’avais ma place quelque part… mais je ne l’ai jamais trouvé. J’ai commencé à me droguer. Non pas pour ressentir des choses mais au contraire pour les atténuer. Faire disparaitre ce sentiment de vide qui me détruit de l’intérieur depuis si longtemps. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même se lamente Noah, les larmes aux yeux.
- Tu en as conscience. C’est déjà énorme comme avancée.
- Quand j’allais chez ma mère, je voyais toujours une photo de moi quand j’avais 4 ans environ. Je n’avais qu’une envie, celle de pleurer. Je me fixais dans les yeux et j’avais l’impression de l’avoir trahi. De ne pas être devenu l’homme que je devais être. Je suis trop sensible pour ce monde. J’ai souvent pensé au suicide mais même ça, je n’avais pas la force d’aller jusqu’au bout.
- C’est tout à fait normal de ressentir ce type d’émotion. Tu n’as tout simplement pas encore mené le plus grand de tous tes combats.
- Et c’est quoi ?
- Celui de vivre ! Tu dois accepter que tu aies le droit de vivre pleinement ta vie et d’être heureux. La plupart des gens ne vivent jamais vraiment, se contentant de survivre. Ce n’est pas ça le but de vos existences. Les blessures de la vie finiront par cicatriser avec le temps. Le poids sera toujours là mais la vie suit son cours. Tu dois laisser le passé où il est.
Noah s’agenouille et ramasse un jouet qui traine au sol. Il s’agit d’un robot de 50cm de hauteur, armé jusqu’aux dents. C’était son jouet favori lorsqu’il était enfant. Il a vécu de nombreuses aventures à ses côtés. Il l’allume et le laisse rouler au sol.
- C’est sympa de me dire tout ça… mais c’est un peu tard, je suis mort. Tu te rappelles !
Le garçon conserve le silence, se contentant d’ébaucher un sourire complice. Alors qu’il s’apprête à lui poser une question, Noah ressent une contraction au niveau de la poitrine. Si vive et douloureuse qu’elle lui fait poser une main au sol. Le front en sueur, la tête baissée, il pousse des halètements, tentant de reprendre son souffle. Il pensait que les morts ne ressentaient pas la douleur. N’est-ce pas tout l’intérêt d’être mort ?
- Qu’est ce qui m’arrive ? Ce n’est pas normal ça. Je suis mort, non !
- Peut-être que ce n’est pas encore la fin ? Peut-être qu’une personne tente de te ranimer en te faisant un massage cardiaque.
- Je suis vivant ! s’exclame Noah hilare, retrouvant espoir.
- Ça ne dépend que d’une seule personne.
- Et de qui ? demande Noah, perdant son sourire.
- Mais de toi, gros bêta ! Tu peux descendre le rideau final ou alors tu te sors les doigts du cul et tu commences à réaliser tes rêves. Le choix t’appartient.
Le jeune Noah désigne la porte de la chambre qui semble tout ce qu’il y’a de plus normal.
- Ton ultime épreuve est de passer cette porte. C’est elle qui décidera si tu dois vivre. Il faut que tu le veuilles vraiment au plus profond de toi. Que tu veuilles t’en sortir et devenir un homme meilleur. L’homme que tu aurais dû devenir.
- Aussi simple que ça ?
- Je n’ai jamais dit que ce serait simple. Tout dépendra de ta volonté.
Noah acquiesce de la tête, l’air grave, comprenant que son destin ne tient plus qu’à un fil. Lui qui pensait ne jamais avoir le choix dans la vie, maintenant il l’a. Il détient les rênes de son existence. C’est à lui de choisir et à personne d’autre. Est-ce qu’il serait capable d’arrêter de se flageller et de vivre une vie emplie de rire et de folie. Ou est ce qu’il préfère abandonner une bonne fois pour toute et faire le grand voyage éternel. Il n’y aurait pas de honte à prendre cette décision.
Noah souffle un bon coup, cherchant du courage dans toutes les fibres de son corps. Comme lorsqu’il était jeune et qu’il faisait du saut à l’élastique. Ce jour, il avait vaincu la peur pour sauter dans le vide, gracieux comme un aigle. L’adulte avance d’un pas décidé vers la porte, prêt à affronter l’adversité. Il pose une main sur la poignée de la porte et se tourne une dernière fois vers son jeune psychologue. Ce dernier n’a pas bougé, toujours assis nonchalamment sur sa chaise. Ils échangent un long regard complice. Ils n’ont pas besoin de parler pour se comprendre ou se dire en revoir. Ils ne sont pas la même personne pour rien. L’adulte se contente d’hocher la tête en souriant du coin des lèvres.
Noah a beau se sentir courageux et prêt à découvrir son destin, quel qu’il soit. Il n’a pas vaincu sa peur pour autant. Elle est toujours là, tapie dans l’obscurité, le faisant hésiter et trembler.
Malgré tout, Noah tourne la poignée et s’élance à travers l’ouverture. Il découvre un long couloir empli de couleur lumineuse. Noah avance à travers ce dédale, se demandant dans quel délire il s’est retrouvé. Il avance lentement, regardant ce passage, s’attendant presque à ce qu’un monstre surgisse d’un coup. Il pense qu’il se trouve dans un espace-temps diffèrent, une sorte de passerelle entre deux mondes. C’est un sentiment très étrange qui l’habite, du fait de se retrouver dans un tel endroit. Mais malgré tout, un feu nouveau brûle en lui, lui donnant la force d’avancer.
Au bout d’un moment, il aperçoit enfin le bout du tunnel et s’empresse d’accélérer le pas. Ce qu’il découvre le stupéfie sur place. Cela dépasse tout entendement. Noah est accueilli par un grand ciel bleu, entouré de nuages impressionnants. D’ailleurs, il marche sur l’un d’entre eux, comme s’il s’agissait de n’importe quel sol. Il se trouve à plus de 10.000 m d’altitude. Les nuages ressemblent à des collines majestueuses. Il n’a aucun problème pour respirer et ne ressent pas le froid. Cela ne peut être réel ! Un vrai paradis !
Il pousse un long soupir, comprenant la situation. La porte ne l’a pas ramené à la vie mais l’a envoyé direct au paradis. Finalement, il est vraiment mort cette fois. THE END, générique de fin, rideau. Il a échoué une fois de plus. Il s’est révélé être à nouveau le perdant qu’il a toujours été. Il se laisse tomber au sol tandis que des larmes coulent le long de ses yeux. Il n’arrive pas à y croire, les secondes chances, ce n’est pas fait pour lui. Il ne les mérite pas, peu importe sa volonté de changer. Il ferme les yeux, se morfondant dans son chagrin, quand un raclement de gorge le fait sursauter.
Lorsqu’il les ouvre à nouveau, il découvre sa jeune version à quelques mètres de lui. Ce dernier s’amuse à jeter nonchalamment des objets imaginaires dans le ciel.
- J’ai encore tout foiré balbutie Noah, en larmes.
- Ah bon ! Première nouvelle ! Et qui t’as dit ça ?
- Ben, on est au paradis là s’exclame Noah, en écartant les bras pour montrer le décor.
- Le paradis ! Tu as une vision très hollywoodienne de l’Eden. Tu devrais vraiment moins regarder de films. Viens par-là plutôt.
Noah s’approche du jeune mystérieux, qui a marché jusqu’à une des extrémités du nuage. Ce dernier fixe le ciel en dessous de lui. L’adulte le rejoint et découvre un magnifique ciel bleu, avec au milieu une lumière blanche aveuglante qui semble représenter une large porte.
- Et voilà, on y est !
- Et on est où exactement?
- Tu es au tournant de ton destin. Tu dois sauter dit le jeune, comme s’il s’agissait d’une évidence.
- Mais oui bien sûr dit Noah, en souriant, pensant à une bêtise.
Il change vite de visage en découvrant que sa jeune version ne plaisante pas du tout avec lui.
- Le choix t’appartient. Si tu veux vivre, tu dois sauter. Sinon tu peux abandonner et repasser par la porte. Elle te guidera dans l’au-delà. A toi de décider où se trouve ta place.
- Mais c’est quoi cette porte ? C’est comme si elle était enchantée, mais la magie, ça n’existe pas.
- Qui t’as dit que la magie n’existait pas ? Ce n’est pas parce que tu ne peux pas la voir, qu’elle n’existe pas.
Noah se contente d’hocher la tête, son voisin a tout à fait raison. Depuis son malaise, il ne lui est arrivé que des choses qui dépassent l’entendement. Alors une de plus à rajouter à la liste… Cela ne devrait pas le surprendre plus que cela.
- Mais et si je me rate balbutie-t-il, devenant d’un coup tout blême.
- Tu te rappelles ce que disais un sage très connu : fais le ou ne le fais pas, mais il n’y a pas d’essai.
Noah sourit en reconnaissant la référence au personnage de « Yoda » de sa saga galactique préférée. Il se redresse, semblant trouvé de la force intérieure en lui mais pas suffisante. Ses jambes continuent de trembler. Il se pose dix milles questions, essayant de trouver quelque chose de rationnel dans tout ça.
- Et si tu te faisais confiance pour changer ! Tu dois te souvenir de l’époque où les gens t’enviaient car tu réalisais tes rêves. Il est temps que tu retrouves cette force et que tu fonces. Tu as une deuxième chance. Ne la gâche pas.
Noah s’écroule à genou sur le sol nuageux, apeuré. Des larmes coulent le long de son visage pendant que tout son corps est traversé par une série de tremblements. Il tente de se contenir pour retrouver une certaine stature, mais c’est plus fort que lui. Il ne se contrôle plus.
- Je ne peux pas, je n’y arriverai pas. Je ne suis pas assez courageux. C’est trop dur ! La vie est trop dure. Je n’ai personne qui m’attend alors pourquoi ne pas laisser tomber. Je suis tellement seul, c’est trop dur à porter. Je n’y arrive plus.
Sa jeune version s’approche en silence avant de s’agenouiller à sa hauteur. Il lui relève délicatement le visage et plonge son regard bienveillant dans les yeux de lui-même.
- La vie peut être difficile et sans pitié. Mais rien ne t’oblige à faire ce qu’on attend de toi. Tu peux dessiner toi-même un chemin à suivre et mettre un peu de couleurs dans ton existence. Personne ne le fera pour toi.
Noah essuie les larmes qui lui brouillent la vue et réussit à ébaucher un semblant de sourire. Sous l’impulsion de son compagnon, il se relève et se redresse, respirant une bonne bouffée d’oxygène.
- Tu ne seras jamais seul. Plus jamais. Je serai toujours là en toi. Je réchaufferai ton cœur pour que tu ne ressentes plus jamais ce vide en toi. Je crois en toi alors il est temps que tu commences à en faire de même.
Un spectacle incroyable nait devant ses yeux. Le corps de sa version jeune devient toute brillant. Ce dernier lévite dans les airs comme un fantôme avant de se diriger droit vers Noah. Ce dernier, les yeux grands ouverts, déglutie avec peine, mais ne ressent aucune peur. Sa jeune version ébauche un dernier sourire avant de rentrer dans le corps de son double. Ce dernier ferme les yeux quelques instants. Le processus n’est en aucunement douloureux.
Lorsqu’il les ouvre à nouveau, il a l’impression de découvrir la lumière du jour pour la première fois. C’est un sentiment incroyable, impossible à décrire. Il faut le vivre pour le comprendre. Noah ne ressent plus aucune douleur, ni vide en lui. C’est comme s’il était complet pour la première fois de sa vie. Il est enfin l’homme qu’il était censé être. C’est un sentiment incroyable qu’il habite. Il pourrait sauter sur place tellement il se sentier entier.
Une partie de lui, lui avait manqué toute sa vie et elle vient de retrouver sa juste place. Noah se sent empli d’espoir pour l’avenir. C’est un jour nouveau. Il lève les yeux et reste bouche bée devant la beauté représentée par le soleil. C’est comme s’il avait été aveugle toute sa vie et qu’il retrouvait enfin la vue. Le ciel est magnifique, ses éclats dorés offrent un panorama en toute harmonie.
Noah prend une bonne inspiration, sachant que le moment est venu. Il le sent au plus profond de son être. Il n’hésite plus, s’arcboute avant de foncer, comme pour un sprint. A chaque pas qu’il fait, il se sent renaitre et un sourire de plus en plus grand illumine son visage. Il n’a plus aucune peur, il n’est plus tout seul. Plus rien ne sera comme avant. Il est parcouru par une vague d’énergie. Une force nouvelle qui coule dans ses veines.
Arrivé au bout du nuage, Noah s’élance dans les airs sans une seule seconde d’hésitation. Sa silhouette est magnifique. Il ressemble à un ange, volant dans les airs. Il conserve les yeux ouverts durant toute la descente. Il rentre chez lui.
La chute semble être sans fin. Noah dégringole les mètres, les uns après les autres, prêt pour ce qui va suivre. Il est serein et sûr de lui. L’adulte qu’il était a disparu, laissant sa place à un enfant insouciant. Il s’amuse à faire des pirouettes en virevoltant dans les airs. Un large sourire amusé affiché sur le visage, il traverse le halo de lumière représenté par la lumière blanche. Elle est tellement étincelante qu’il est obligé de fermer les yeux.
Il les conserve fermer, voulant rester dans l’obscurité. Le seul bruit qui se fait entendre est celui de ses battements de cœur. Ils deviennent de plus en plus réguliers. Lorsqu’il ouvre les yeux, un monde nouveau s’ouvre à lui.
FIN
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Défi
Un soir de pleine lune. Il est près de minuit, l'air est plutôt humide mais la petite brise de vent fait du bien sur le visage. Je suis posé sur une rambarde à une dizaine de mètres au-dessus d'un lac très connu pour les noyades. Le lieu est totalement vide, aucun témoin à l’horizon.
J’observe depuis des heures l'eau d'une couleur sombre et je me sens comme appelé par cette immensité obscure. J'ai envie de plonger dedans et de disparaître une bonne fois pour toute de ce monde, de devenir l’invisible que les gens voient en moi. Je sens que les larmes commencent à monter aux yeux, liées à toute la tristesse et à la détresse qui est au fond de mon cœur depuis si longtemps.
Il est temps d'être honnete avec moi et de faire une vraie instrospection personnelle.
J'ai 37 ans, je suis pourtant dans la fleur de l'âge mais pourtant je ne suis rien. Je n’existe pas.
J'ai l'impression d'être invisible, que les gens ne me voient pas ou qu'ils me trouvent tellement insignifiant qu'ils font semblant de ne pas me voir.
Je ne ressens qu'une profonde tristesse en moi, je ne suis pas quelqu'un de bien. J’ai fait souffrir sans le vouloir de nombreuses personnes, en pensant agir pour le mieux.
J’ai tenté, j’ai vraiment tenté mais je ne peux plus vivre ainsi. L’espoir est une notion intéressante mais parfois c’est elle qui fait le plus de mal. On attend, on espère, on prie et au final rien ne se passe. Et on est encore plus au fond du rouleau qu’avant.
Je ne suis pas un égoïste et pourtant on me le reproche souvent, en raison de mon indépendance et du fait que je ne peux pas me forcer quand je fais les choses sinon
Je ne suis pas bien. Mais mon bien être personnel, tout le monde s’en fiche
Je ne ressens rien… Non, je me mens à moi-même. J’aimerai ne plus rien ressentir mais en fait je suis une personne trop sensible et émotive, que les coups de la vie ont épuisé. Je n'ai plus de famille, personne sur qui me raccrocher. Ils ne sont pas morts mais le lien avec ma famille c'est amenuisé au cours du temps. J'ai l'impression d'être un orphelin rejeté par ceux qui devraient compter.
J’ai toujours eu le sentiment de ne pas être à ma place, d’être un usurpateur. Je n’aurai de toute façon jamais dû exister. Ma mère a toujours voulu avoir deux enfants. Elle a eu mon grand frère et après elle a fait une fausse couche. Si elle avait eu l’enfant, je ne serais jamais venu au monde. Pourquoi moi ? pourquoi aie je pris la place de mon frère qui n’est pas venu au monde ? J’ai toujours eu cette impression que je n’étais pas voulu, que personne ne veut de moi, que ce monde n’est pas fait pour moi. Qui suis-je pour mériter la place d’un autre qui aurait peut-être pu apporter de l’amour autour de lui, alors que moi je suis vide. Vide de l’intérieur, vide dans mon cœur et tout simplement vidé.
J’ai une noirceur, une mélancolie qui m'habite et que je ne saurai expliquer. Elle est liée à moi comme une seconde peau et je n'arrive pas à m'en séparer.
Je suis comme un reveur qui aurait fait une longue chute pour se rendre compte que le monde ne veut pas de lui et qui n'a aucune prise pour s'accrocher, éviter la longue descente et sombrer dans l'oubli total.
Je n'ai jamais rencontré le vrai amour. J’ai sans doute vu trop de film car j'ai toujours espéré connaître le rêve américain avec une femme douce, aimante, des enfants, une maison et des animaux. Mais j'ai compris que je n'y avait pas droit. Est-ce dû à mon karma ou mon destin était-il déjà pipé dès le départ ?
Je sais qu'une partie de cela est lié à ma couleur de peau. Je pensais que les mœurs avaient changé mais pas du tout. Malgré les mouvements comme "black live maters", le fait d'être noir a été handicapant pour moi. Même si pour rien au monde, je ne changerai ma couleur de peau comme Michael Jackson l’a fait pour répondre à une norme de la société. Mais j'aurai aimé qu'on voit qui je suis vraiment et pas uniquement une couleur de peau. Je suis jugé par elle avant même qu’on sache quoi que ce soit sur moi. Je ne peux pas être résumé à une couleur, je suis heureusement beaucoup plus que ça. Mais malheureusement pour beaucoup de gens c'est compliqué. Je me rappellerai toujours quand j’etais intéressé par une fille et que dans mon dos on se moquait de moi en me traitant de singe ou qu'on me disait que la personne avait peur de ce que les autres pourraient penser si elle sortait avec un noir. Sans amour je ne suis rien, je n'ai rien à partager, rien à offrir. Je suis seul et je ne veux plus être seul. Je veux mettre fin à cette solitude. Je ne veux plus être seul.
Je ne suis rien sauf la colère que je peux ressentir face à injustice que représente ma vie
pourquoi est-ce toujours les autres qui ont tout ? quel est le secret du bonheur ? pourquoi est-ce que mes rêves sont inaccessible ? Le comble pour un rêveur tel que moi.
Je pense à toutes ces questions en balançant mes jambes dans le vide. La noirceur de l’eau m'appelle. J’ai l'impression qu’en plongeant dedans, le lac va m'avaler et que je disparaîtrai pour toujours. Qu’on ne retrouvera pas mon corps, comme si je n'avais jamais existé. Personne à décevoir, plus de colère, plus de tristesse. Je suis fatigué, je suis làs!
Mes jambes continuent à se balancer dans le vide plus rapidement, prenant le rythme du tempo d'une musique dont j'ai oublié l'auteur. Vais-je plonger dans l'oubli ou vais-je trouver ma voie dans toute cette noirceur ? Je réfléchis à la question tout en étant de plus en plus hypnotisé et attiré par l’eau sombre du lac. C’est un beau jour pour mourir...
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Canada, aéroport de Calgary, le 23 mai 2011. J’attends patiemment devant la porte 36B afin de pouvoir m’installer dans l’avion.
Cela fait presque un an que je vis au Canada. J’ai décidé de tout plaquer en France pour vivre une aventure d’un an à l’étranger et de me découvrir par la même occasion. Tout quitter n’est jamais chose aisée et j’ai vu plusieurs jeunes rentraient retrouver leurs proches. Je ne souffre pas de ce manque. C’est une nouvelle vie, une nouvelle aventure ponctué de belles rencontres. J’ai soif de nouvelles expériences. Je n’ai malheureusement pas encore connu l’amour dans ce magnifique pays mais je continue d’y croire.
Après avoir visité la ville de Calgary, je décide de rentrer à Montréal, mon pied à terre. Cela fait presque un mois que j’avais quitté ma colocation pour aller me balader à travers le pays. Il était temps que je rentre et que je retrouve un travail.
En faisant la queue dans la courte file d’attente, je remarque une personne quelque mètres devant moi. On doit être à peine une quinzaine de personne à prendre cet avion. Quand cette personne se retourne, j’ai l’impression qu’on vient de me jeter un poids sur les épaules ou comme une claque qu’on vient de m’assener. Elle fait dans les 1m70, mince, des longs cheveux châtains qui lui tombent un peu plus bas que les épaules. Son visage ressemble à celui d’un ange, affichant une grande douceur et délicatesse. On sent une certaine innocence et pureté qui se dégagent d’elle. C’est un vrai bonheur de pouvoir l’observer. J’aimerai pouvoir arrêter le temps et me retrouver juste avec elle. La prendre par la main et la guider pour une valse amoureuse qu’on serait les seuls à entendre. Pendant un instant, j’oublie tout. Elle m’a ensorcelé.
Je ne sais pas ce qui m’arrive mais je ne peux plus la quitter des yeux. J’essaye de me montrer discret, ne voulant pas passer pour un lourdaud. Mais si j’étais le protagoniste d’un dessin animé, c’est sûr que je serai en train de tirer la langue à la façon Tex Avery. Je n’ai pas été charmé de cette façon par quiconque depuis une éternité. J’ai l’impression d’être plongé en plein milieu d’un film romantique. Je reste les yeux écarquillés sous le charme de cette belle inconnue. J’ai envie de l’appeler et de me glisser tout contre elle. Ce n’est pas juste du désir, cela va plus loin que ça.
Elle se retourne et je reste hypnotisé par son regard. Ses yeux bleus ressemblant à des émeraudes, sculptées par un orfèvre de génie. Ses lèvres fines ne demandent qu’à être embrassées. Tout le reste forme une telle harmonie qu’on ne peut que tomber amoureux sur le coup.
Je ferme les yeux et je m’imagine à ses côtés. J’ai envie de l’approcher, d’être complice avec elle et de trouver une réplique classe qui me ferait gagner des points auprès d’elle. Mais je suis comme paralysé et tout tremblant.
Elle semble avoir remarqué mon trouble car elle se tourne vers moi et ébauche un sourire timide. Je le lui rends sur le même ton. Mon cœur bat la chamade et tout d’un coup, j’ai très chaud. Je me sens tout petit devant l’intensité de son regard. On ne voit pas ça tous les jours.
Le sourire est aussitôt apparu, qu’il a aussitôt disparu. C’est étrange comment parfois quelques secondes semblent durer une éternité. Je fais tout pour graver ce moment dans ma mémoire. Si j’avais pu prendre une photo discrètement, je l’aurais fait sans hésitation.
On nous autorise à pénétrer dans l’habitacle de l’avion et je découvre avec joie que nous ne sommes séparés que de quelques rangs. Merci le destin ! Je me trouve 4 rangées derrière elle, dans un axe qui me permet de l’observer à loisir. J’avais prévu de dormir dans ce vol de nuit mais impossible maintenant. J’ai été charmé par une sirène et maintenant il ne me reste plus qu’à sombrer dans les abysses de l’océan avec elle.
Je passe l’heure suivante à l’observer pendant qu’elle passe le temps sur son ordinateur. Mon cœur bat fort, entamant les rythmes d’une chanson qu’il est le seul à connaitre. Je me dis qu’il faut que je trouve un prétexte pour lui adresser la parole, mais je sèche complètement. Je ne sais rien d’elle, elle pourrait très bien être une étrangère de passage ou être en couple. Que pourrais-je dire pour attirer son attention ? Qui suis-je pour la mériter ? Dans la réalité, les filles comme elle ne s’intéressent pas à des gars comme moi. J’essaye d’effacer ces pensées négatives pour me concentrer sur le moment présent.
Elle est si magnifique, je pousse un soupir amoureux. Je me sens tout petit, fragile et j’ai les mains qui tremblent. Mon cœur me plonge dans l’agonie. Ce n’est pas possible que cette rencontre soit un hasard. Je ne peux pas… je ne veux pas le croire. C’est un véritable enchantement et je mérite ce bonheur ! Je tente de m’en convaincre même si tout me semble trop beau.
J’écris un livre depuis quelques années du nom de « the darth ». Le personnage principal : Shawn qui est un peu moi, tombe amoureux d’une dénommée Sarah. Ce que je ressens pour cette fille est exactement ce que Shawn éprouve pour Sarah. Cette fille pourrait être ma Sarah ! l La fille que je recherche depuis tout ce temps. Un véritable coup de foudre aveugle.
Je prends mon courage à deux mains et me lève de mon siège. Je passe devant elle comme si de rien n’était pour me rendre aux toilettes. A l’intérieur, je réfléchis à la meilleure phrase d’accroche mais je ne trouve pas. En repassant devant elle, elle lève les yeux dans ma direction et nous échangeons un court regard qui me laisse pantois. Je ne trouve pas la force de lui parler ou de soutenir son regard, trop impressionné. Mais en passant devant son ordinateur, je peux voir un papier avec son nom dessus.
Je me rassois, épuisé par toute la bataille émotionnelle qui se déroule dans mon cerveau. Si on avait été dans un film, j’aurai trouvé la bonne réplique et elle serait tombée dans mes bras en quelques instants. Mais je ne m’appelle pas James Bond.
Je continue à l’observer en silence, me sentant toujours tout smooth. Mon cœur bat au ralenti et je n’ai plus goût pour rien. Tout ce que je souhaite c’est pouvoir lui parler, pouvoir à nouveau plonger mes yeux dans les siens. Ça serait déjà une grande victoire en soi. Je rêve de plus bien sûr mais déjà ce serait un bel exploit.
Epuisé par tant d’émotions, Je fini par m’endormir. Une image se présente dans mon esprit et c'est celle de son visage, comme un phare qui éclaire la nuit obscure.
J’ouvre les yeux quelques heures plus tard, réveillé par l’avion qui amorce sa descente. La carlingue est traversée par une sérié de turbulences. Elle se retourne vers moi et on échange un sourire complice. Comme pour rire ensemble de la situation.
Le dernier regard que l’on échange est au moment où elle récupère son bagage à la sortie. Un sourire qui me donne du baume au cœur. C’est beau de se sentir amoureux, on se sent vivant, léger, sur un petit nuage. Elle disparait ensuite dans le flot des voyageurs et je la perds de vue. C’est un déchirement au cœur. J’aurai aimé être près d’elle, de lui voler chaque seconde de son temps. Je l’ai attendu toute ma vie, elle est arrivée et a disparu aussi vite qu’elle est entrée dans mon existence. La lumière qu’elle représente disparait laissant place à un vide froid.
Je me dépêche de rentrer chez moi, une tâche importante m’y attend. A peine ai-je posé mon sac que je me jette sur mon ordinateur portable. Je me connecte sur Facebook et tape d’une main tremblante son nom dans le moteur de recherche et là, comme par magie…elle apparait. Elle a bien un profil Facebook !
J’essaye de calmer l’excitation qui m’envahit et de rester serein. J’ai envie de mettre de la musique et de danser sur place. Je l’ai retrouvé ! Heureux comme jamais. N’étant pourtant pas croyant, je remercie Dieu de m’offrir cette chance.
Je m’assoie sur mon lit, le pc portable sur mes jambes et réfléchit à ce que je vais bien pouvoir lui dire. J’ai envie de lui déclamer ma plus belle prose mais je ne veux pas la faire fuir. Elle pourrait croire que je suis un désaxé mental. Hors de question que cela se produise.
Je prends une bonne inspiration et commence à laisser libre cours à mon imagination, tapant sur le clavier au rythme du battement de mon cœur.
FIN
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Le rêve. La réalité. Le rêve. La réalité. J’ai souvent eu des difficultés à faire la part des choses entre ces deux concepts. J’ai toujours eu beaucoup d’imaginations. Ce qui m’a permis étant enfant de vivre des aventures extraordinaires. Mais depuis quelques années, j’ai de plus en plus de mal à me souvenirs de mes rêves. J’essaye pourtant de m’y accrocher à mon réveil… mais sans succès.
Mais il existe parfois des exceptions qui resteront gravées à jamais dans ma mémoire. C’est l’un d’eux que je m’apprête à vous dévoiler. Il s’agit d’une histoire que je n’ai jamais racontée. Vous en aurez toute la primeur. Alors asseyez-vous confortablement, mettez-vous à l’aise et partageons ce doux moment ensemble.
Le souvenir est très clair même si je ne me rappelle plus de la date de ce jour mémorable. C’était en fin d’année 2019.
Il faut savoir que j’ai toujours été attiré par la culture asiatique et encore plus celle provenant du Japon. J’ai eu l’occasion de m’y rendre à deux reprises et je suis tombé amoureux de ce pays. Des paysages, de la nourriture, des gens et du coté zen que l’on ressent lorsqu’on se trouve las bas. Je me suis toujours dis qu’un jour, j’épouserai une japonaise et que nous aurions des beaux enfants métisses. Mais, c’est une chose d’avoir des désirs, la réalité est parfois tout autre.
Je me rappelle juste que nous approchions du milieu de la nuit, lorsque le rêve prend vie dans mon esprit.
Lorsque j’ouvre les yeux, je ne suis plus dans ma chambre douillette mais sur une plage magnifique dans je ne sais quel pays. Même si je parierai sur une plage japonaise. Je lève les yeux et je découvre des nuages et un ciel bleu magnifique. Je sens que je suis la même personne mais avec quelques années de plus. C’est comme s’il s’agissait d’une vision d’un futur possible.
J’étais tranquillement allongé sur une large serviette à une dizaine de mètres du rivage. Je profite de ce panorama paradisiaque, lorsqu’un rire d’enfant sur ma gauche attire mon attention. Mon cœur fait un raté dans ma poitrine et je déglutie avec peine en découvrant une scène de toute beauté. Il s’agit de trois personnes : une femme et deux enfants. En portant un regard dans leur direction, je sais tout de suite qu’il s’agit de ma femme et de mes deux filles. Je me redresse sur mes coudes, un large sourire sur les lèvres et reste en extase devant un tel spectacle. J’aimerai avoir un appareil photo pour immortaliser ce bonheur parfait.
Elles sont debout au niveau du rivage, les pieds dans l’eau et semble apprécier ce moment en famille.
De ma position, je ne peux pas voir le visage de ma femme. Elle est de dos, le regard tourné vers l’horizon, tenant une des filles par la main. Elle est brune, les cheveux courts, mince, portant une robe bleue. Je peux deviner d’après sa silhouette qu’elle est asiatique et d’après le visage des enfants, je dirai même japonaise.
Je ne peux pas la voir, mais je ressens une belle aura l’habiter. Je me fie toujours à mon instinct et il me dit qu’il s’agit d’une femme aimante et bienveillante. Tout ce dont j’avais besoin de savoir. Je sens de la fierté émanée de mon cœur en observant cette femme. C’est un amour véritable.
Les deux filles, brunes également, semble avoir environ 5 et 8 ans. Elles sont habillées de la même manière, une robe rouge et un haut blanc. La plus jeune parait être la plus téméraire. Elle se moque d’être mouillée et éclabousse sa grande sœur. Cette dernière ne semble pas trouver cela très amusant et pousse des cris avant d’aller se réfugier derrière sa mère. La plus jeune est trempée jusqu’au haut de sa robe mais cela lui est égale. Elle a toujours ce sourire espiègle sur le visage, amusée par sa bêtise. Elle continue à s’amuser en balançant de l’eau un peu partout.
Je souris à mon tour, le rire de ma fille est communicatif. Je me retrouve dans sa fantaisie et cela me donne envie de jouer avec elle. Je ferme les yeux quelques instants et lorsque je les ouvre à nouveau. Une nouvelle image se présente à mon regard. Je vois ma femme avec la plus petite dans ses bras, tandis que la plus grande est serrée contre elle. Elles regardent toutes en direction de l’horizon. Je donnerai tout pour pouvoir voir leurs visages mais cela n’arrive pas. Je ne sais pas pourquoi je ne me suis pas levé pour aller les rejoindre. Je crois que je ne voulais surtout pas perdre une seule miette de ce magnifique tableau.
Je me souviens avoir été traversé par une série d’émotions tout en les observant. Tout d’abord une grande fierté d’avoir réussi à fonder une si belle famille. Il ne manque plus que le chien pour que tout soit parfait. Je ressentais également une paix incroyable en moi.
J’ai toujours eu beaucoup de peurs tapies en moi et ce n’est pas toujours facile de me sentir totalement relaxé. Mais pourtant devant un tel paysage, je me sentais enfin moi-même. Entier et bien dans ma peau, ce qui est plutôt rare pour le noter. Un sentiment grisant incroyable m’envahi. J’avais enfin réalisé le rêve de toute ma vie. Celui de fonder une belle et heureuse famille. Je ne pouvais pas me sentir en plus parfaite harmonie avec moi-même. J’avais enfin ma place et j’avais enfin le droit au bonheur.
C’est fou comment on se sent plus léger. C’est un sentiment que j’espère que tout le monde connaitra un jour. Cela en vaut vraiment la peine. On sent une énergie nouvelle en nous. Elle nous donne envie de crier au monde entier notre amour ou d’aller décrocher la lune pour sa promise. Je ressentais tout l’amour qui se dégageait de ma famille et je n’avais qu’une envie : ne faire qu’un avec elle.
Je me décide à les rejoindre, je ferme les yeux et lorsque je les ouvre à nouveau. La scène idyllique a disparu, laissant la place à l’obscurité de ma chambre. Je me réveille avec effroi, comprenant en quelques secondes que tout cela n’a était qu’un rêve. Je prends en pleine face la froideur de la réalité. Je tente par tous les moyens de me rendormir. Je n’avais aucunement l’intention de sortir de ce paradis. Je veux y retourner, je dois y retourner. J’ai ma place là-bas. Là-bas, je suis quelqu’un, je suis heureux.
Au bout d’un moment, je me rends compte que c’est sans espoir. Le rêve a disparu pour toujours, effacé tel un nuage de poussière.
C’est comme si un poids lourd venait de s’abattre sur moi. Je me recroqueville sous la couverture et j’écoute les battements rapides de mon cœur. Cela a été un sacré voyage et j’ai besoin de quelques instants pour me remettre. Je retiens avec difficultés les larmes qui menacent de m’envahir. Alors que j’étais l’homme le plus heureux quelques secondes plus tôt, je suis maintenant le plus déprimé et le plus seul.
Je donnerai tout pour pouvoir revivre ce magnifique moment. Parfois la réalité est si douloureuse qu’il ne reste que le monde des rêves pour s’y réfugier. C’est dur de passer de père de famille à … juste moi. S’il pouvait durer éternellement, je ne dirai pas non, non plus.
Ce n’est pas pour rien qu’une de mes phrases fétiches est : « j’aimerai que ma vie soit un rêve dans lequel je ne me réveille jamais ». Malheureusement ce n’est pas moi qui décide de ce genre d’expérience. Je n’ai pas mon mot à dire, c’est mon subconscient qui décide de ce que je dois rêver. J’aimerai bien pouvoir lui en toucher deux mots d’ailleurs. Mais encore une fois, c’est hors de mes compétences.
Soudain, une image s’insinue dans mon esprit. Une idée qui redistribue totalement les cartes. Peut-être que ce rêve est un message. La réponse que j’ai longtemps attendue. De nos jours, le cerveau humain est encore un mystère pour les scientifiques. Si nous savions utiliser 100% de notre cerveau, qui sait de quoi nous serions capables. Nous serions de véritables dieux sur terre. Certaines personnes pensent que notre cerveau est capable de nous révéler une partie de notre futur. J’ai toujours trouvé cela complètement loufoque. Mais ce soir, pas tant que ça.
Et si ce rêve était un cadeau qui m’a été fait. Il m’a montré ce que je souhaite le plus au monde. Je n’ai jamais voulu quelque chose de plus fort. Mon rêve est peut-être là pour me faire comprendre que je ne dois pas lâcher et que ce spectacle pourrait devenir réalité.
Depuis toujours, je me suis accroché à l’espoir. J’ai toujours espéré beaucoup de choses dans la vie. Mais avec les années, j’ai appris que l’espoir pouvait être douloureux. Parfois les rêves ne restent que des rêves, malgré toute la force que l’on peut mettre dans nos prières. J’avais fini par croire que ce dessein n’était pas pour moi. Qu’il fallait que j’arrête de courir après des chimères, qu’il fallait que je me contente de ce que je pouvais. Et que je ne demande rien de plus à la vie.
Mais ce rêve vient de me redonner espoir. La vie, ce n’est pas juste vivre mais c’est exister véritablement. Je ne dois pas abandonner. Peu importe les embûches et retards qui se dresseront sur mon chemin. Je dois continuer à croire en mes rêves. A croire en moi !
Parfois, avant de me coucher, il m’arrive d’espérer que mes rêves me ramènent sur cette plage. Mais malheureusement cela n’a jamais été le cas.
Si je veux un jour pouvoir avoir cette famille à mes côtés, je dois continuer à le vouloir. Ce n’est pas pour rien, qu’on dit que le monde appartient aux rêveurs.
Et je compte bien donner raison à cette citation. Je veux découvrir cette plage. Je veux connaitre le vrai bonheur.
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