Franz
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Un court récit d'une histoire qui pourrait vous arriver.
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Défi
Le souffle coupé, le coeur battant, il avait immédiatement perçu, à son réveil, le critique de sa situation : pour un motif qui lui échappait, il en avait l'intime conviction, il était seul.
Non pas seul dans son lit, non pas seul dans sa chambre, ni même chez lui. Seul, absolument seul, irrémédiablement seul. C'était certain : il était le dernier homme sur Terre, il était donc complètement et définitivement isolé sur une planète entière.
Il avait repoussé sa couverture, s'était levé en hâte avec le besoin irrépressible de se prouver qu'il faisait erreur. Il lui fallait faire quelque chose, mais quoi ? D'abord vérifier : sa raison lui exprimait l'impossible de ce que son instinct lui suggérait. Peut-être s'agissait-il juste du reste d'un rêve, une simple impression, erronée mais tellement vive qu'il en était affecté ?
Il prit son téléphone, tout en sachant au plus profond de lui qu'il n'y trouverait rien. Effectivement, il n'y trouva ni accès internet, ni réseau téléphonique, ni aucun moyen de se mettre en relation avec l'extérieur. La télévision, bien que fonctionnelle, n'affichait plus que du bruit.
Par la fenêtre, il ne vit personne aux alentours. Ni homme, ni animal, ni son, ni mouvement. Rien qu'un monde qui lui semblait tout entier en pause, comme interrompu.
Hagard, il s'assit dans son fauteuil, et prit quelques instants pour se recentrer. Concentré sur son souffle, sur l'air qui emplissait ses poumons, et sur la chaleur de son expiration, il revint à lui.
Il était méthodique, c'était dans sa nature. Le constat était sans appel : quelque chose s'était produit. Le pourquoi n'avait pour le moment aucune importance. Il lui fallait survivre. Revenir à ses besoins principaux pour rester en vie le temps de s'organiser.
Ses placards lui laissaient quelques jours de provision. L'eau coulait toujours de ses robinets, mais il n'était pas certain de la pérennité de sa situation. Il devait stocker de l'eau potable, rapidement. L'hiver était déjà là, le froid pouvait être un problème, mais gérable à court terme, grâce à ses vêtements et ses couvertures. Le principal était donc couvert, pour les heures et jours à venir.
Il se vêtit, chaudement et, considérant que l'extérieur était maintenant un terrain hostile, se munit d'un couteau, par précaution. Une fois dehors, la situation lui sembla empirer : l'impression de pause qu'il avait ressentie à sa fenêtre était à présent décuplée.
S'il n'y avait personne dans les rues, l'air était également complètement statique et étouffant d'immobilité. Il parcourut quelques avenues à la recherche de signes de vie, sans pour autant oser violer la propriété d'autrui – un espoir lui restait de retrouver le monde d'hier –, mais rapidement, il dût se rendre à l'évidence.
Il n'y avait plus personne à proximité.
Rien ne lui servait de rester à l'extérieur pour le moment, il décida donc de rentrer chez lui, en sécurité. Il passa plusieurs heures assis, à réfléchir, comme il en avait l'habitude lorsqu'il devait résoudre un problème.
Il repassa les faits un à un, calmement, avec lucidité.
Il était seul.
Il avait de quoi tenir quelques jours tout au plus chez lui.
Son alimentation en eau et en énergie était menacée à court terme.
Sa condition physique ne lui permettrait pas de survivre très longtemps sans assistance.
D'un point de vue psychologique, s'il appréciait la solitude, il était bien conscient que si l'on survit seul, l'on vit en relation. Et sans relation...
Si ce que son instinct lui dictait était vrai, si vraiment il était le dernier, il n'avait que peu d'espoir de survivre très longtemps.
Et de toute façon, cela en valait-il réellement la peine s'il devait passer le reste de sa vie seul ?
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A chaque instant,
un plaisir ;
A chaque mouvement,
un désir.
Joie de réciter
des vers ;
Envie de déclamer
mon a i r.
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Il faisait froid, j’étais glacé. Elle venait de me décharger de la voiture, et de nous mettre tous dans l’atelier. Sous un sac en plastique opaque, je n’y voyais rien. Avec le froid, je me sentais complètement figé, impossible à travailler. Ca serait pour un autre jour maintenant. Lumière. Chaleur. C’est éblouissant, ici. Pour la première fois, je voyais un peu mieux où j’étais. Au pied du bac de tournage, au dessus de la pile de mes frères pains d’argile. C’est mon tour maintenant. Je la sens qui m’attrape, qui me met sur son épaule, et m’emmène sur la table de travail. Elle me pose, et va chercher d’autres de mes semblables. J’en profite pour regarder autour de moi. C’est grand, lumineux. Il y des tables, des tours de potier. Des sellettes de sculpteur. Dessus, des bustes en argile en cours de façonnage. Et Elle. Mon regard s’arrête sur Elle, et je ne pense qu’à Elle. Qu’Elle est belle ! Que je voudrais qu’Elle me voit! Je suis modelable moi aussi, alors je tente de me changer un peu de forme. De devenir son égal. Toute ma volonté est dirigée vers ma matière, mon argile, ma densité. J’essaie fort, si fort, de changer de forme. Je sens les coins du pain de terre que je suis bouge
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