LE JEU DES QUATRE COINS

C'est un jeu que j'aime pratiquer, lorsque le temps maussade me prive d'un après-midi de plage ou d'une excursion solitaire, sur cette côte bretonne changeant au rythme des marées.
Y jouer à deux ou plus...en silence...aujourd'hui ce sera à deux...Plusieurs fois par an, nous nous retrouvons ainsi, seuls dans le noir, offrande réciproque à notre gourmandise...et nous livrant sans retenue à ce rituel adolescent..
L'obscurité apporte une difficulté supplémentaire qui en augmentera le plaisir..Privé de la vue, l'attention sera plus forte pour, avec l'odorat, le toucher, le goût, déguster l'objet de ma convoitise. Phénomène de compensation bien connu...
Le jeu commence, je cherche ma proie, m'avançant à pas prudents, dans la pièce silencieuse, j'évite une chaise, touche a peine un coin de table, m'oriente vers la source d'un léger bruit de glissement que ma peau, sensibilité exacerbée, perçoit plus que mon oreille.
Et après quelques tâtonnements, trouve celui que je cherche. Je l'attrape... Il aurait pu se dérober, n'en fait rien, ne dit rien...Je le tiens fermement, ne pas le laisser s'échapper... Tout en douceur, ne pas le brutaliser, ne pas rompre cet instant agréable, prélude du doux moment de plaisir espéré...
Je le caresse, et promène sur ses formes un index sensible, dessinant lentement ses rondeurs, tourne tout autour, recherchant l'endroit le plus doux où poser mes lèvres. Je guette son parfum de paille chaude, le reconnais, identifie facilement, narines dilatées, sa senteur de blés mûrs. Il en a la couleur, tellement blond et doré sous tous les angles, il éclaire mon plaisir...
Plusieurs inspirations, m'imprégner de son odeur; excité, je salive d'avance cherchant la meilleure façon de le prendre...
Avec ma bouche d'abord, mes lèvres explorent sa peau dorée et par quelques pressions apprécient sa fermeté ... Elles pincent avec douceur une de ses petites oreilles arrondies...la mordiller délicatement du bout des dents. Patience, il est encore trop tôt pour consommer, prolonger les préliminaires...je n'ai rien d'autre à faire cet après-midi sinon profiter pleinement de cet instant. Le faire durer...Chercher, découvrir l'endroit magique, où, de la pointe de ma langue, je dépose un peu de salive, humidifier cette extrémité délicate, puis son pourtour, mais pas trop, ça le précipiterait vers une fin trop rapide, et me priverait de l'essentiel de mon plaisir... Cette moiteur accentue sa fragrance campagnarde...
Mes lèvres l'entourent, le pressent, le repoussent, l'engloutissent, le mouillant encore, attendant l'instant fatidique avant son relâchement ... C'en sera fait et il ne supportera pas un aller-retour supplémentaire... Je l'engloutis alors, l'aspirant avidement...
Ma langue goûte ce nouveau moelleux. Sa saveur sucrée se répand d'un coup dans toute ma bouche, je l'avais un peu oubliée, muet, il ne me le reprochera pas...Je garde entre langue et palais cette douce crème, l'avalant le plus lentement possible, jusqu'à n'en garder en bouche qu'une infime trace... Souvenir subtil du plaisir...
Ma jouissance serait elle presque complète ? Respirer, respirer encore, récupérer lentement...

Que faire des trois autres coins? Les prendre de suite ou attendre un peu?

Je continue bien sûr !! Et m'y précipite goulûment ...

Le problème, avec le Petit Beurre, c'est qu'on ne peut y goûter avec modération :-))

Créé sur Docti le 07 Septembre 2011 à 20h15

Derniers jours d’une merveille

L'enfant sort du batiment en ruines, hagard, le regard dans le vide, les mains sur les oreilles tenant sa tête au bord de la folie. Il hurle sa détresse, seul dans sa rue jonchée des débris des missiles qui ont anéanti sa vie, sa famille, son quartier... Cette image repasse en boucle sur la chaîne info, dans l'indifférence générale de ceux qui dégustent leur apéritif pendant ce long week de l'Ascension C'est si loin de nous...