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Charles Linares
Les plus lues
de toujours
Chabraque Nom masculin et féminin, qui désigne soit le mâle soit la femelle. En cygénétique, chat d’arrêt de Gascogne, utilisé pour la chasse aux sourouines (mot occitan, au Nord de la Loire, on dit plutôt et vulgairement fouinouris). Ne pas confondre avec chabraque, adjectif, mot d’origine farsie (shah’braq’), signifiant maboul, givré, cinglé. Première citation en français dans les lettres persanes de Montesquieu.
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N'y cherchez aucun message liminal, subliminal ou surliminal, c'est juste pour s'amuser. Bon, au passage, si je peux distribuer des tartes, je ne m'en priverai pas non plus...
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Défi
— Fils, je ne veux plus entendre ces mots sortir de ta bouche !
— Mais maman, tu ne comprends donc pas la situation ? Il y a eu un bateau, puis un deuxième, puis un troisième, et encore un, et un autre… Et à chaque fois, au moins deux-cents débarquent.
— Oui, mais ce sont des êtres humains, ils ont traversé la grande mer, parce qu’ils fuient la misère et l’oppression dans leur pays. Nous devons les accueillir.
— Mais ils sont de plus en plus nombreux ! Ils se reproduisent comme des chiens de prairie !
— Maintenant, ça suffit. Comment ces idées de haine ont-elles pu naître dans ton esprit ?
— Ils ne nous respectent pas, maman. Demain, ils nous tueront. Il y a déjà eu des cas.
— Oh oui, des faits divers montés en épingle par des bas du front qui refusent d’accepter que cette immigration est une grande chance, et je te vois venir, tu vas me ressortir ta théorie raciste et immonde du grand remplacement. Honte sur toi, mon fils.
— Si on ne réagit pas de suite, nous finirons à moisir dans des réserves, et encore, pour les moins malchanceux.
— Nous, nous sommes un grand peuple, généreux, tolérants, et si nous sommes gentils avec nos nouveaux compatriotes, ils seront gentils avec nous, ainsi va la vie. Mais toi, tu es un méchant, tu te vois déjà comme le dernier des nôtres dans ton esprit torturé.
— Et bien, moi, je veux et je vais résister.
— Comment ai-je pu rater ton éducation à ce point ? Tu es devenu un identitaire. Mon fils est un facho ! Ouvre ton esprit, regarde les derniers arrivants, ces Jackson, Washington, Custer, ne sont-ils pas, ou ne seront-ils pas une richesse pour notre pays ? N’as-tu pas écouté le beau discours du grand sachem de L’Amérindie Insoumise ? Ou du petit sachem libéral, celui qui nous vend l’alcool ?
— Pour le pays, peut-être, mais pas pour nous. Nous, Les Mohicans, nous n’y serons plus. Et même si certains survivent, ils auront perdu leur langue, leur culture, leurs lois... Quant au grand sachem, je me demande bien quelles plantes il fume dans son calumet. Ou alors il est juste con. L’un n’excluant pas l’autre… Mais enfin, maman, ne vois-tu pas la réalité ?
— La réalité ? Ah ah la réalité… Mais enfin, peut importe la réalité, fils, seule la vérité compte. Le réel n’existe pas. Nous créons le monde à notre image, notre esprit crée la vérité.
— La vérité ? Quelle vérité ?
— Celle du grand sachem, bien sûr. Et beaucoup de gens croient en ses idées. Ou à celle du petit sachem. Parce que vois-tu, malgré leurs différences apparentes et les signaux de fumée médiatique aggressifs, sur le fond, il veulent la même chose.
— Alors nous méritons vraiment de disparaître...
P.S. Si vous souhaitez une autre version, Cherokee, Comanche, Nahuatl, Séminole, Arawak, Patagone, etc. (la liste est longue), prière de contacter l’auteur.
P.P.S. Toute ressemblance ou rapprochement avec une situation actuelle ne serait due qu’au plus grand des hasards et à l’insu de l’involonté déflagrante et improbable des connexions neuronales aléatoires de l’auteur qui, malgré sa barbe, reste un grand naif attardé qui ne comprend rien aux grands discours idéologiques et moralinateurs, et qui, de plus, ne voit pas plus loin que le bout de son nez, qu’il a heureusement fort long.
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Défi
« À ce moment-là, je glisse la felle à four sous la tarte et je la sors. La fâte fine est cuite juste à foint. Les rondelles de fommes fument comme les collines du Montana la veille de Little Big Horn. La crème s’est couverte de bulles dorées, frêtes à éclater, comme les boutons sur la joue d’un vérolé. Je verse une belle rasade de grand marnier et tire une allumette. J’aime utiliser encore les allumettes, gratter, voir le fremier foint rouge avant l’embrasement général. La trainée de flamme se réfand comme derrière l’avion qui décolle dans un film avec Bruce Willis. La tarte devient la surface du soleil éblouissant la cuisine »
— Alors, tu en fenses quoi ?
— Pas mal, ouaih… c’est pas du Victor Hugo, mais de toi, ouaih, c’est bien… Tu fais des progrès, mais… Les fumées de Little Big Horn, c’est bien trouvé, par contre, je suis dubitatif pour la joue du vérolé. Tu vois, savoir écrire ne signifie pas inventer n’importe quelle image ou métaphore, il faut aussi un minimum de bon goût pour sentir si elle se marie bien avec le sujet. Bruce Willis non plus, je ne le sens pas trop ici.
— Je vois, surtout four une histoire culinaire.
— En plus, oui. Mais au fait, pourquoi as-tu écrit ce texte ?
— Four le défi.
— Lequel ?
— Le flambé.
— Je ne l’ai pas vu, où est-il ?
— Là, frofosé par Laklandestine. Oh le fseudo avec le jeu de mot fourri.
— T’as vu le tien ? « Ours mal lêché cherche oursonne ». D’ailleurs, c’est même pas un pseudo, c’est juste bête, et encore, je suis gentil avec toi. Non… c’est débile. Mais pour le défi, le sujet est « le plan B ».
— Oui, le flambé.
— Oh putain…
— Futain ? C’est quoi ?
— Tu ne le fais même pas exprès.
— Je ne comfrends rien.
— Pas grave… Heureusement que le défi n’était pas « Poutre épaisse à Porniquet ».
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Ne vous fiez jamais aux apparences... Cherchez la petite bête
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Formule d’abjuration traditionnelle des églises catalane, castillane, asturienne, etc. lors de la Reconquista, prononcée par le prêtre, quand un musulman, soit habitant une zone reconquise, soit réfugié, se convertissait au christianisme.
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Défi
Pandiculer
verbe transitif ou intransitif.
Faire justice soi-même.
L’histoire du mot est plaisante. Il vient de l’allemand Pandikulieren, lui-même emprunt du français bandiculer. Amusant retour des choses.
L’origine en est une tradition de la Lorraine francophone, attestée depuis le XIVème siècle, et pour la dernière fois en 1832. Il s’agissait, pour certains délits, de la punition en place publique du délinquant qui, la tête et les bras coincés dans un piloris, se faisait sodomiser par la victime. De façon naturelle par un homme, avec un objet adéquat si la victime était une femme. La première attestation dit « culer le bandit » ce qui est devenu au fil du temps le verbe bandiculer.
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— Tu as suivi l’actualité parlementaire récente ? — Pas vraiment, quoi de neuf ? Une nouvelle histoire en dessous de la censure ? — Oh non, mieux. Mille fois mieux. Ils ont déposé un projet de loi pour faire interdire la vente, la diffusion et la lecture des contes des frères Grimm. — Tu te fous de ma poire ? — Non, sérieux… Le projet de loi a été déposé par une député EELV, mais toute la Neuneupes le soutient à fond. — Et pour quelle raison ? — À cause des loups, enfin, du loup, celui avec les sept chevreaux. — Attends, avant que tu m’expliques, j’ai besoin d’un verre de chouchenn, pour mes nerfs. T’en prends un aussi ? — Oui, je ne laisse jamais un ami seul dans l’anxiété. — Hmm, aaaah, que du bonheur ! Allez, je suis prêt, raconte-moi. — He bien, parce que le conte du loup et des sept chevreaux est raciste et risque de traumatiser les enfants. — Mon père nous lisait les contes de Grimm, le soir, et je n’en ai jamais fait de cauchemars, bien au contraire, on était tout heureux quand Gretel poussait la sorcière dans le f… — Tais-toi, malheureux ! — Mais, je… — Laisse-moi parler. Justement, Hänsel et Gretel ont été évoqués aussi au parlement. Donc, je disais, le loup… Alors, voilà
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Défi
La vie est une marche, ou course, du néant au néant, la suite des deuils de ses idéaux, espérances et rêves, et quand ils se sont tous envolés, par échec brutal, déception, lâcheté ou usure, ceux qui vivent assez longtemps, et réussisent à l’accepter, peuvent mourir à peu près sereinement. Dans tous les autres cas, c’est moins sympa...
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Défi
Nycthémère
Pluriel irrégulier de Nycthamer.
Désigne un verre de Picon bière dégusté un soir de pleine lune.
C’est la consommation excessive de nycthémère qui a conduit à la croyance aux loups-garous.
Les archives de la ville de Paris nous renseignent sur le cas de Jacques Poivrot, en 1590, qui « après consommation de moults nictémères (sic) vulnéra et occida la mère de sa femme. Le sieur Poivrot affirmant que la vieille fut un lou-garou (resic) ». L’affaire ayant éclaté pendant le siège de la ville par les troupes du roi Henri IV, le jugement fut expéditif : « Les juges dirent la relaxe, commandant au sieur Poivrot de ne point recommencer, ce que promis promptement l’accusé »
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Défi
Josewa Makuna posa le fusil de chasse aux deux canons sciés encore fumants sur la table de la cuisine. Son épouse leva les yeux de la purée de manioc qu‘elle était en train d‘épicer.
— C‘était qui cette fois ?
— Deux espèces de zombies squelettes, pas bien distingué dans le noir. J‘avais chargé à chevrotines, ils ont volé jusqu‘à l‘autre côté de la rue. Quelle soirée de merde. Ras le bol de tous ces monstres.
— D‘où sortent-ils ?
— Aucune idée, mais j‘en ai déjà trucidés au moins une vingtaine. Bon, le rythme ralentit.
— Et la police qui ne répond pas au téléphone ! Dans quel pays vivons-nous, Josewa !
— C‘est quand même bizarre… Bon, le prochain, je me le fais à la machette.
— Josewa, les lumières dans la rue ! Des gyrophares ! La police, enfin !
— Pas trop tôt, cette bande de fainéants !
— Écoute ! Ils t‘appellent, par ton nom ! Ils te demandent de sortir.
— Mon heure de gloire. Attends, je prends le fusil. Je vais être fêté comme le héros sauveteur du quartier. Avec tous ces monstres que j‘ai butés.
— Au fait, quel jour sommes-nous ?
— Halloween, je crois. J‘ai entendu des collègues qui en parlaient au bureau.
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Élu. Il venait d’être élu. Défiant tous les pronostics, faisant mentir tous les sondages. Ses supporters exultaient. Massés par milliers devant l’estrade, ils scandaient son nom et ses slogans. Leur rêve s’était réalisé. Quand le nouveau président élu entra dans le hall, ce fut du délire. Il essayait de rester calme, serein, de ne pas trop montrer son excitation intérieure. Il avait de nouveau gagné. Lui, l’outsider méprisé, celui que personne ne prenait au sérieux, il les avait tous possédés. Suivi de son vice-président, il monta lentement les marches, saluant ses fans aux anges, pouce levé, sourire de satisfaction féroce jusqu’aux oreilles. Il attendit patiemment que ses partisans se calment quelque peu, puis il prit la parole, se caressant la mèche blonde de la main gauche et tripotant la cravate rouge de l’autre. Il approcha son visage du micro et dit d’une voix ferme : — From now on, it’s Mordor first, Mordor first! La foule se mit à scander : — Sauron ! Sauron ! Sauron ! Beaucoup de supporters agitaient des pancartes : Make Mordor great again ! Ork Women for Sauron ! Mordor First ! Après le mandat du détesté Gandalf, il venait d’infliger une cuisante défaite à son adversaire,
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