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Le quotidien de Fabrice : lycéen, légèrement blasé de la vie, vivant seul avec sa mère et sérieusement introverti. En pleine déception sentimentale, celui-ci fait le bilan sur sa situation personnelle assez chaotique.
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Vite, vite…
Il se dépêchait autant que ses capacités physiques le lui permettaient. Quelques mètres de plus et il serait en sécurité. Il savait que c’était une erreur de sortir dehors alors qu’il faisait nuit.
Il aperçut une maison au loin, mais son agresseur était toujours à ses trousses. Plus rapide, plus agile et définitivement plus fort que lui.
Allez, tiens le coup, encore quelques petits mètres, tu peux le faire !!!
Il aperçut alors une ouverture tandis que celui qui le poursuivait l’avait momentanément perdu de vue. Il s'engouffra à l'intérieur et se fit aussi discret que possible, tapi dans l’obscurité rassurante de cette vieille bâtisse.
Dehors, l’ennemi rôdait toujours.
Mais qu’est-ce que je lui ai fait ? Pourquoi moi ?
Hélas, ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait. Ce genre de course effrénée pour sauver sa peau était devenue presque habituelle.
La respiration haletante de son ennemi à l’extérieur de la maison semblait s’éloigner. Apparemment son agresseur avait lâché prise.
Il pouvait enfin se laisser aller au soulagement. Enfin un peu de répit.
Il regarda autour de lui : pas grand-chose d’inhabituel, il s’était réfugié dans une espèce de vieux cagibi qui sentait le moisi, mais cette odeur lui était des plus familières.
Lorsqu’enfin la peur le quitta pour de bon – ce qui prit une bonne heure au moins – la faim qui le tenaillait depuis des jours refit surface.
Pourquoi ne pas visiter la cuisine ? La maison était peut-être encore habitée, ça serait pas mal de se caler la panse avant de tenter une nouvelle sortie…
Il sortit la tête prudemment du cagibi, puis s’engagea dans le couloir.
Personne de visible, bien.
Il s’y engouffra avec le plus de précautions possibles, afin de faire le minimum de bruit. Même s’il n’était pas très lourd, on ne sait jamais…
Apparemment la chance était de son côté : non seulement personne de visible à l’horizon, mais en plus la première pièce qu’il découvrit était la cuisine. Même si la maison était plongée dans l’obscurité, il pouvait aisément sentir la bonne odeur qui y rôdait.
À peine commença-t-il à explorer les environs qu’une exquise odeur de fromage fit son apparition, légèrement fruitée, une odeur forte, qui promettait un festin des plus copieux. C’est presque instinctivement qu’il se dirigea en direction de cette odeur.
Lorsqu’enfin il atteignit l’origine de cette délicieuse senteur, une grande barre de fer le frappa à la nuque. Il sentit une violente douleur et était certain que sa colonne vertébrale s’était brisée. Sa longue queue grise s’agitait frénétiquement dans l’air avant de retomber inerte. Son museau sentit une dernière fois ce merveilleux fromage persillé, puis il eut le temps de penser dans un ultime effort de son esprit :
Alors c’est comme ça que l’on quitte ce monde ?
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À l’horizon, se dressait l’antique cité d’Eghdar, la cité des rois.

Ce lieu, autrefois la plus belle et la plus cosmopolite des cités du monde, se situait bien au-delà de la forêt mystique, dont les arbres centenaires déployaient leurs cimes haut dans le ciel grisâtre. Son sous-bois, dense et sombre, ne laissait que peu de place à la lumière du soleil pâle, la végétation inférieure semblant s’en être accommodée.
De cette forêt émanaient des senteurs mystérieuses, fortes, froides et résineuses.

Surplombant la forêt sur son flanc droit, la Montagne Noire, massive, déchirait l’horizon à l’est avec ses pics tranchants. Le vent puissant étant selon toute vraisemblance à l’origine de l’aspect menaçant de cette montagne : la pierre lissée comme du verre mais effilée comme un rasoir lui donnait un air des plus terribles. Au sommet, on pouvait apercevoir la neige en toute saison, qui reflétait en ce jour un éclat pâle et froid.
La légende voudrait que cette montagne abrite une créature maléfique d’un autre âge, qui tuerait sans la moindre pitié tous ceux qui oseront troubler son sommeil pluriséculaire.

Dans la vallée en contrebas, l’eau glaciale descendait furieusement le fleuve, avec sa clarté cristalline et son rugissement inquiétant. On dit que les valeureux aventuriers qui ont osé braver le fleuve pour rejoindre les contrées du sud n’ont jamais été retrouvés.

Enfin au loin, au milieu d’une immense plaine verdoyante, la cité d’Eghdar.
Même si le temps à fait son œuvre, elle gardait sa majesté d’antan : ses hautes murailles de pierre blanche brillaient de mille feux lors des rares jours de soleil, elle était alors visible jusqu’au lointain pays de Galan.
Ses tours s'établissaient sur chaque flanc de la cité, où l’on pouvait apercevoir autrefois les immenses bannières rouges et or flottant allègrement au vent à leur sommet.
Eghdar était bâtie sur trois niveaux de cinq cents coudées chacun, chaque niveau étant attribué en fonction du rang social de ses habitants, le dernier et le plus haut niveau était réservé au palais des rois de jadis : l’on raconte que la salle du trône était autrefois entièrement recouverte d’or du sol au plafond sertie de décorations en rubis et en émeraude ; le trône lui-même était composé d’ivoire et de marbre.

Sur les murs extérieurs du palais, les grandes batailles qui ont fait la légende et la réputation d’invincibilité de la cité ont été gravées dans la pierre.

Les derniers niveaux de la cité ont été désertés et sont tombés en ruine suite à la grande bataille de l’Épée, qui a vu pour la première fois la cité d’Eghdar subir une défaite. La cité s’est vue alors pillée des nombreux trésors qu’elle abritait, pour finir aujourd'hui entièrement désertée par son peuple.

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23h17.

Quentin se dit qu’il était peut-être temps d’arrêter les frais. Demain sera une journée chargée au bureau, et arriver avec une gueule de déterré serait de mauvais ton...

Alors que son PC affichait « Arrêt en cours », il alla dans la salle de bain se brosser les dents. Il en profita en passant pour s'admirer dans la glace.
Mouais ça va, ça peut aller.
Tout compte fait, des heures passées à jouer à League of Legends n’avaient pas laissé trop de traces visibles sur son visage.

Il se déshabilla, enfila un short et s’allongea sur son lit, sans couverture évidemment : l'été était caniculaire !
Il se coucha, repu et la tête pleine de prises d'assauts de forteresses médiévales...

*Criiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii*

Un bruit dans la cuisine le tira de son sommeil.
Mais putain c'était quoi ça ?
Il n'avait entendu le bruit que brièvement, il lui semblait que c'était une espèce de crissement sur une surface métallique.
Le coeur affolé, il se demanda s’il n’avait pas tout simplement rêvé.

Il descendit inspecter les lieux le plus discrètement possible, malgré sa furieuse envie de rester bien planqué sous sa couette...
Il longea le couloir plongé dans la pénombre, et atteignit péniblement la cuisine. Il scruta l'obscurité à la recherche d'une présence, mais on y voyait que dalle, il fallait allumer pour en être sûr !
Nan mais ça va pas non, imagine qu'il te tombe dessus...
Mais qui ça "il" tout d'abord ?
Le coeur prêt à exploser, la carotide pulsant plus fort que jamais, il appuya sur l'interrupteur...
*Clac*
L'ampoule s'alluma, le sang tambourinait dans ses tempes, il fit une inspection rapide , rien d'étrange. Le soulagement qui s'ensuivit fut le bienvenu.
Ouf....
Bof, c’est juste une casserole qui a dû glisser. De toute façon avec ce que j’ai laissé dans l’évier, pas étonnant. Et bordel arrête de stresser pour rien !

Rassuré, il regagna sa chambre.


01h32
Quentin se réveilla d’un bond. Un grand fracas provenant du salon l’avait tiré de son sommeil.
Merde, encore ?
Il commençait à avoir sérieusement peur pour le coup ; il était en nage et ce n'était pas seulement à cause de la chaleur de la nuit. Les poils de la nuque hérissés et tremblant comme une feuille, il s'extirpa une nouvelle fois de son lit.

Le plus silencieusement possible, il se précipita à pas de loups au salon. Caché derrière le mur comme un vulgaire voyeur, il épia aussi discrètement qu’il put la pénombre de la pièce.
Rien..
Il scruta néanmoins une nouvelle fois les ténèbres. Quelque chose de petit et sombre attira son attention, près de la fenêtre.
Il s'avança de quelques pas, toujours à pas feutrés, et sentit un liquide visqueux sous la plante de ses pieds. Il bondit en arrière en poussant un cri de surprise puis courut allumer la lumière du salon.

Du sang ! Putain mais c’est du sang !

Le salon éclairé ne laissait aucune place au doute, il s’agissait bien de sang. Ses tremblements ne faisaient que s’accroître, et la sueur sur son front perlait sur le parquet.

Se retournant sur lui-même, il vit les traces ensanglantées jusqu’à l’interrupteur. À l’origine de ses traces, le sang qui s'écoulait d’un cadavre de chien. Il crut qu’il allait se faire dessus, la panique l'envahissait !

D'une voix chevrotante il lança la question classique, et parfaitement inutile :  
- Il y a quelqu'un ?    
Comme il s’y attendait, aucune réponse.
Il fouilla chaque recoin du salon : rien de rien, hormis le cadavre qui trônait en plein milieu.

Et si le taré qui a fait ça s’était caché dans une autre pièce ?

Cette idée le fit frémir, la seule idée de chercher l'auteur de cette horrible carnage derrière chaque porte close de son appartement lui était insupportable.
Il sprinta vers la porte d'entrée et dérapa sur le parquet avec ses pieds ensanglantés, en évitant de justesse d'exploser la table basse en verre. Il se saisit du trousseau de clés sur la commode de l’entrée et mis un temps fou à trouver celle de la porte.
Merde, vite, vite…
Quand il put enfin mettre la main sur la bonne, il l’inséra dans la serrure avec empressement. À peine commença-t-il à tourner la clé, qu’elle se brisa en deux, laissant une bonne moitié coincée dans le mécanisme.
Mais putain, c’est une blague ?

Il commença alors à marteler la porte de ses poings en appelant à l’aide. Il n’était pas fier de céder à la panique, mais il n’avait aucune idée de la menace potentielle qui l’attendait s’il restait une minute de plus dans cette baraque.
Inutile non plus d’espérer s'échapper par la fenêtre, à moins qu’il n’apprenne à voler dans les minutes qui suivent en sautant du neuvième étage.
Son sang commençait à sourdre furieusement au niveau de ses tempes et de son coeur, ce qui lui brouillait l'esprit et l'empêchait de raisonner avec logique.
Allez mon vieux, réfléchis...
Le portable !!

Hélas, cela signifierait retourner dans sa chambre plongée dans l’obscurité, au bout du couloir…
Mais t’es vraiment qu’une lopette !

Il s’insultait mentalement de son manque de courage.
Allez vas-y merde ! T’aurais fait comment si t’avais une famille en danger ? Tu serais bien allé leur porter secours, non ?
Il espérait que oui, mais rien ne l'assurait...

Hé puis merde, j’y vais !!

À peine s’engagea-t-il dans le couloir qu’un murmure guttural s’éleva des ténèbres de sa chambre …Un son qui lui rappelait un grognement animal.
Il rebroussa chemin en direction de la porte et se mit à la marteler de plus belle en hurlant de toutes ses forces.

- AIDEZ MOI ! EST-CE QUE QUELQU’UN M’ENTEND ? À L’AIDE !
Sans succès.
Il se recroquevilla par terre, dos à la porte, en sanglotant comme un enfant.

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Julien n'avait aucune envie de s'asseoir aussi précipitamment, aussi il fut rasséréné de voir que rien ne l'y obligeait : Il aurait dû comprendre qu'il fallait mieux réfléchir avant d'intenter quelqu'action que ce soit. Il pensait ainsi à la propension de la nature humaine à ne faire que ce qui lui était ordonné, sans jamais vouloir réfléchir en son for intérieur sur le bien-fondé d'une telle demande. Réfléchissant de plus en plus vite et hésitant de plus en plus, pourquoi diable cherchait il à peser le pour et le contre ?
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Jour : lundi
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Jour : dimanche
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Jour : mardi
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Hiver 2006

Martin rentrait du collège en balançant des coups de pieds dans les monçeaux de neige accumulés au bord de la route par les voitures, en chantonnant "La Boulette" de Diam's.
Ce soir passait son film favori : Jurassic Park 2 ! Il attendait cette soirée depuis tellement longtemps, il s'était préparé tout un petit programme pour en profiter bien comme il se doit, c'est qu'il ne passait pas très souvent ! Trois jours avant, il avait demandé à son père d'acheter un DVD vierge pour l'enregistrer, au moins il pourrait le revoir pendant toute la durée des vacances de Noël ! Il se ferait sûrement engueuler mais bon, une engueulade de plus ou de moins...
Et puis pour ne rien gâcher, c'était la dernière journée d'école ! Il en avait tellement marre de ses cours de maths qui avaient plombé son trimestre, ça sentait encore le redoublement cette année !
Pour la première soirée de vacances, sa mère avait vu les choses en grand : en partant à midi, elle commençait à préparer la pâte à gaufre et les ingrédients apparemment pour un énorme gâteau au chocolat, il en salivait d'avance ! Faut dire que sa mère ne faisait pas les choses à moitié quand elle s'y mettait question "pâtisserie". Et il se sentait d'attaque pour s'éclater le bide !
La tête pleine de ces promesses de sucre, il continuait sa route dans une douce pénombre hivernale, bien au chaud dans sa doudoune rembourrée. Avec un peu de chances, sa mère le laisserait allez chez ses potes pour une belle bataille de boules de neige en perpspective, voire une ou deux parties de Fifa sur la Playstation 2 ; d'ailleurs peut être qu'il en aurait une bientôt comme cadeau de Noël, depuis le temps qu'il bassinait ses parents avec ça ...
Il arrivait enfin chez lui : la neige commençait à sérieusement s'accumuler devant l'entrée de l'immeuble, Martin avait de la neige au moins jusqu'aux chevilles. Il regardait en l'air et vit les fines volutes de neige tourbillonnant au gré du vent glacial et scintillant sous la lumière des lampadaires, et, à travers ce magique ballet, la lueur de la pleine lune venait sublimer le tout.
Martin pris une grande inspiration de l'air glacé pour s'en remplir les poumons, et expira lentement pour voir son souffle faire fondre les flocons qui y passaient, tout en formant une belle expiration de dragon, à chaque fois qu'il le faisait un grand sourire de satisfaction venait se fendre sur son visage.
Il s'engagea dans le couloir sombre et tâtonna quelque temps pour trouver l'interrupteur, et se cogna contre le pilier qu'un sagouin de maçon avait eu la géniale idée de placer là. Il jura et grimpa deux à deux les marches pour arriver au deuxième étage.
Dès qui tourna la poignée, il fut envahit par la douce odeur de gâteau au chocolat émanant de la cuisine, associée à la bonne senteur de café (son père en avalait des litres par jour !). Il résista à la furieuse envie de courir directement à la cuisine pour s'empiffrer, mais sa mère détestait cette sale manie et il ne voulait pas gâcher l'ambiance festive. D'ailleurs des parents n'avaient pas lésiné sur la décoration cette année, et puis de toute façon autant faire durer le plaisir de l'attente !
Il se rua dans sa chambre pour se débarasser de son sac à dos qu'il balança à l'autre bout de la pièce, se changea et couru vers son ordinateur : lui et ses potes s'étaient donné rendez vous pour un chat MSN dans cinq minutes.
Mais bon, avant toute chose, manger !!
Sa mère l'attendait de pied ferme alors même qu'il cavalait en direction dans la cuisine. Néanmoins, il savait comment l'amadouer avec sa voix geignarde et de pauvre petit homme affamé et frigorifié. Lassée mais cependant amusée, elle céda comme d'habitude à ses caprices (le goûter n'était que dans une demi-heure pourtant) et lui servit une belle part de gâteau au chocolat aux noisettes, avec trois gaufres bien garnies de chantilly subtilement sucrée avec une pointe de miel, et une grande tasse de chocolat chaud. Martin cru s'évanouir de plaisir à la vue du festin !
Il retourna dare-dare dans sa chambre avec les victuailles pleins les bras, posa le tout sur son bureau et s'assis devant son PC. Son ordi démarrait très lentement, mais à présent il avait de quoi s'occuper, et c'est peu dire ! Il prit la part de gâteau au chocolat et mordit à pleines dents : un ronronnement de plaisir fusa et la délectation la plus pure se lisait sur son visage. Il arrosa le tout d'une bonne lampée de chocolat chaud sucré à point, tout juste au moment ou Windows le saluait de sa tonalité robotique.
Les vacances d'hiver s'annonçait des plus réjouissantes !





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Jour : Mercredi
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Jour : Samedi
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Jour : Vendredi
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